samedi, 23 juin 2012

Accord papillon et décret bourgeois : le prix de l'incertitude.

Suite à la confirmation de la décision du gouvernement flamand d'interdire la représentation des bourgmestres francophones (c'est eux qui sont visés), je reposte ce billet du 14 octobre qui éclaire un peu la question et prédisait déjà une chute des partis traditionnels flamands pour les prochaines élections.

Après avoir attentivement relu l’accord papillon, le décret Bourgeois portant notamment sur la nomination des bourgmestres ainsi que l’échange en commission du 4 octobre entre Geert Bourgeois et Joris Van Hauthem (Vlaams Belang), je constate que j’ai été un peu rapide (et pas tout à fait juste) dans ma couverture de la non-nomination des bourgmestres — (tout comme Le Vif, du reste). Je vais essayer de préciser ce que tout cela cache, avec un peu plus de justesse qu’hier, pour la nomination des bourgmestres.

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mardi, 22 février 2011

Bart attacks (Tom Lanoye) (Mise à jour)

Le nationalisme a besoin de mythes. Pour les installer, il a besoin du monde culturel. Quelquefois, celui-ci les lui livre inconsciemment, même innocemment. C'est la cas, par exemple, du « Lion des Flandres » d'Henri « Hendrik » Conscience, l'un des mythes fondateurs du Mouvement flamand, écrit in tempore non suspecto, pourrait-on dire, même s'il est vrai que Conscience était (très) sensible à l'émancipation flamande. Quand au contraire, les artistes refusent d'entrer dans le moule mythologique voulu par les nationalistes, deux choses peuvent arriver. Si le nationalisme en a le pouvoir, le mouvement est écrasé, l'artiste déclaré subversif, et envoyé aux îles Lipari. Si le nationalisme en question doit, pour garder une figure démocratique, retenir ses fourrés, l'artiste sera mis à l'index selon une dichotomie semblable à celle des « bons » et des « mauvais » flamands. 

C'est pour cela que les nationalistes, contrairement aux démocrates, se mêlent plus souvent qu'à leur tour de ce qu'il faut lire, et de ce qu'on peut, ou ne peut pas dire ou faire quand on est un artiste. Le tout sera difficile à percevoir, surtout en ce qui concerne la N-VA, parce que si De Wever tenait un discours radical, il perdrait à coup sûr les prochaines élections (qui pourraient se tenir encore cette année, par exemple). Alors, il utilise le porte-voix que lui offre De Standaard, sa chronique bimensuelle, pour régler ses comptes. Et cette semaine, non sans avoir préalablement consacré les deux tiers de sa chronique à présenter le nationalisme sous un jour démocratique et généreux, il réserve ses foudres à personne de moins que Tom Lannoye, probablement l'un des plus grands auteurs flamands actuels, et Paul Goossens, l'ancien rédacteur en chef du journal "de gauche", De Morgen. En France, ce serait Sarkozy incendiant Houellebecq et insultantJuly. Pour bien comprendre qui est Paul Goossens, lire cette interview du Soir,  très actuelle, mais datant du 6 octobre… 2007). De Wever n'oubliait pas non plus de s'en prendre aux artistes qui se sont opposés au discours très radicalement nationaliste de Jan Peumans, président du parlement flamand et autre homme fort de la N-VA, en lançant le mouvement "Niet in onze Naam" (Pas en notre Nom). Ce mouvement a commencé "son combat" au KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg, Théâtre royal flamand, Bruxelles).

On doit déjà se poser la question suivante : l'homme politique le plus fort de Flandre (et de Belgique) a-t-il sa place dans le Standaard en tant que chroniqueur ? Ce mélange des genres n'est-il pas dangereux, surtout si le même politicien n'hésite pas à arroser d'autres organes de presse de comparaisons scatologiques ? Ne devrait-il pas, à tout le moins, s'extraire lui-même des sujets qu'il y aborde ? Et bien entendu, question subsidiaire : n'est-il pas foncièrement dangereux de laisser une telle tribune apparemment indépendante et crédible (De Standaard est un peu "Le Monde flamand") à un politicien qui l'utilise plus souvent qu'à son tour pour défendre son combat idéologique ? La liberté de la presse est-elle possible quand des hommes d'un tel pouvoir y influencent le lectorat autant que l'électorat ?

Il y avait déjà insinué que Le Soir (actuel) était un journal (issu) de (la) collaboration, souligné, voir caricaturé la collaboration d'Hergé et affirmé, grand dadais, que les Wallons, en gros, n'étaient pas en état intellectuel de comprendre à quel point leurs aïeuls avaient collaboré de façon intensive, alors que quelques semaines plus tôt, il faisait preuve d'un aveuglement pire encore, puisqu'à propos son pépé condamné pour collaboration, il disait à la RTBF (en substance) : « Ce n'était pas un collaborateur dans le sens où il n'a pas porté l'uniforme nazi » (sic).

Aujourd'hui, il fait ce que font les grands nationalistes : il attaque le sommet de la culture, lui reprochant de ne pas travailler « pour » ce formidable nationalisme si ouvert et si démocrate ! Et c'est qu'il mord, le mamamouchi : « La prise de plus en plus lâche de la droite radicale [on note que Bart De Wever n'utiliser pas "extrême droite", mais "droite radicale", comme le font les gens du Vlaams Belang ou de la NSV] sur le processus de formation de la nation flamande n'a pas auprès de beaucoup d'artistes flamands comme effet de les mener à l'enthousiasme, mais bien à une grande inquiétude. C'est pour cela que le soussigné [Bart De Wever parle ici à la 3e personne pour s'attribuer le rôle d'arbitre] a été présenté comme "beaucoup plus dangereux" que le Vlaams Belang par le grossier peintre Luc Tuymans, et que Tom Lanoye ouvre tous les registres [des grandes orgues] contre ce qu'il appelle avec mépris "L'Élite Néo-Flamande". Par leurs plaintes larmoyantes, ils montrent avec beaucoup d'ironie à quel point ils ont perdu le combat contre leur fond petit-bourgeois ».

On notera la fin de la tirade. « Petit bourgeois » est un choix étrange. Généralement, on la trouve plus volontiers dans des discours communistes ou fascistes. Dans un discours démocrate, on se demande bien d'où vient l'expression. La violence des attaques de Bart contre les « soi-disant porteurs de notre culture du KVS bruxellois » laisse pantois de la part de quelqu'un qui crie haut et fort que la liberté d'expression doit être totale, et qui excuse avec autant de facilité le passé raciste d'un ex-président du Vlaams Belang, qu'il n'assomme tout artiste qui oserait dire tout haut ce qu'il pense de lui, du nationalisme néo-flamand, de l'ambiance délétère de la Flandre, où De Wever peut crier haut et fort « le Soir, c'est du caca », mais où personne n'a plus le droit de relever les problèmes de démocratie que posent, par exemple, les discours de Jan Peumans un jour de fête nationale sans s'attirer les foudres de Mijnheer Bart.

Un démocrate ne se mêle pas de la création artistique. Tout au plus peut-il s'inquiéter quand un groupe de rap attaque « les pédés », parce que c'est plus ou moins illégal. Mais jamais, il ne pointerait le doigt vers tel ou tel artiste pour lui reprocher qu'il est « petit-bourgeois » pour décrédibiliser son pouvoir artistique et populaire !

Je vous laisse sur cette réflexion, et tire conclusion de ce nouvel affront d'un membre de l'élite néo-flamande (N-VA) contre les artistes, que ce parti est, comme le dit Luc Tuymans, bien plus dangereux que le Vlaams Belang. 

MISE A JOUR : comme pour me donner raison, "Christophe" m'envoie un article paru la semaine passée dans De Morgen , où il est question d'un étrange débat parlementaire. Il commence par "La N-VA a désormais dans le colimateur les centres culturels dont la programmation serait trop belge au goût du parti".  Du coup, le parti de De Wever lance des questions insidieuses, comme celle de savoir quel fut le coût de la soirée de Niet in Onze Naam au KVS, et de quelle façon le théâtre flamand a été indemnisé pour l'événement. Ou ensore "pourquoi la vente de billets s'est-elle faite via le KVS" ; "de quelle manière le KVS fut-il impliqué dans l'initiative"… Le journaliste écrit très clairement : "Le parti radical-flamand veut mener une investigation pour savoir si de l'argent public flamand a été utilisé pour un événemnt culturel avec un message politique qui ne lui convient pas". Ceci n'est pas une première, l'an passé, le même député mettait une "Soirée Belge" d'un centre de débat flamand sur la sellette. Une phrase du journaliste Bart Eeckhoud vaudrait à un journal francophone une accusation de diabolisation : "Il n'est pas habituel que des politiciens se mêlent de la programmation artistique d'institutions subsidiées. En 2005, le Vlaams Belang avait cependant déjà demandé le retrait des subsides au KVS… aujourd'hui, les critiques proviennent de la majorité flamande (dont la N-VA fait partie NDT)." Dont acte.

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dimanche, 13 février 2011

Des funérailles.

Selon la VRT, il y aurait eu 2000 personnes dans et hors de l'église pour l'enterrement de Marie-Rose Morel, ex-égérie du Vlaams Belang et jeune mère de famille qui a lutté publiquement contre le cancer. La VRT met en "recommandation" sur son site le discours de 11 minutes prononcé à cette occasion par Bart De Wever. L'émotion suscitée en Flandre pour une personne combative et courageuse se comprend évidemment, elle serait la même partout. Mais ce qui n'est pas compréhensible du point de vue de beaucoup de Francophones (et je suppose d'un nombre important de Flamands), c'est le fait qu'on ait médiatisé précisément cette femme-là, parmi beaucoup d'autres qui ont souffert et souffrent encore de la même maladie — ou de tant d'autres maladies — et tiennent aussi des blogs pour partager leurs détresses et leurs espoirs…

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samedi, 12 février 2011

Le Voorpost appelle au nettoyage ethnique. À la justice de jouer. (Mise à Jour)

Note importante : Bjorn Roose, le Voorposter qui a posté la vidéo ci-dessous sur YouTube ainsi que d'autre officines d'extrême-droite, utilisent vos commentaires pour "prouver" à ses émules que les Francophones insultent les Flamands et les traitent de nazis. Il a ainsi posté un arcticle intitulé Tolérance à la wallonne — Réactions francophones à la promenade Voorpost du 27 mars" Dans cet article, il reprend des réactions haineuses collectées sur la page de la vidéo du Voorpost elle-même. Et il a de la matière. Florilège. "Sales putes", "Viens seulement à Tournai, demi-tête", "Sous-hommes", "Quand le peuple de Wallonie va se réveiller, vous allez voir la rouste que vous allez prendre". "Venez, petites poules, on n'a pas peur de fascistes de mes couilles." Bref, la réponse classique du berger à la bergère, la loi du Talion. En principe, si vous avez référé à cette page, vos commentaires figurent ci-dessous et sont modérés. J'espérais échapper à ce genre de traitement. Mais non. On me connaît un peu dans ces factions néo-nationalistes. 

Charles De Dille, de RechtActueel, un autre site d'extrême-droite, écrit dont un billet  "sous forme de plaisanterie" (c'est déjà ça) en reprenant quelques-unes des réactions à cet article, suite à quoi il nous a imaginé une vraie-fausse affiche "Festival du meurtre de masse" plutôt morbide dont les groupes s'appellent  "Escadron de la mort d'avant poste (Voorpost Doodseskadron)", "Taal Aktie Komitee Kamikazes" ou "De N-VA Wurgseksdames (les étrangleuses sexuelles N-VA). 

L'auteur est venu "chercher" des commentaires ci-après qu'il met beaucoup d'efforts à présenter comme "scandaleux" (une allusion aux Sudètes, une autre (qualifiée de "sage" avec ironie par l'auteur) constatant "la haine collective est quelque chose de profondément pathologique… [suite dans le billet]", rien de très méchant, surtout en regard de ce que l'on peut lire sur la page de la vidéo elle-même. Mais même si vous aviez été encore plus modéré, apparemment, cela n'aurait pas suffi : De Dille fustige la lâcheté de celui qui a ouvert un "nouveau" compte pour demander l'effacement de la vidéo, prétend que certains (ci-dessous) appellent à une action dure. Et parmi les autres commentaires que l'extrême droite trouve apparemment révoltants, il y a ceux qui appellent la justice "flamande" ("Ils sont bien informés là-bas en Wallonie en matière de justice et de régions" raille-t-il, alors qu'on parlait évidemment d'un tribunal néerlandophone) ou le CECR (Centre pour l'Égalité des Chances et la Lutte contre le Racisme). Apparemment, les appels à des mesures légales ou juridiques, où le recours à YouTube sont des mesures haineuses pour ces gens.

Afin de ne pas leur donner trop de grain à moudre (même le silence leur en donnerait…), je vais donc être rigoureux sur le sujet. Ne m'en veuillez pas si j'efface des choses qui vous paraissent innocentes. Bien sûr, la liberté d'expression est garantie sur ce blog, mais tout ce qui pourrait être interprété comme un appel à la violence, même involontairement, ou à rendre coup pour coup sera effacé. Je vous demande aussi de toujours transmettre le lien vers l'article de ce blog, JAMAIS celui de la page Voorpost de YouTube. De ce fait, les visiteurs seront toujours confrontés à cet avertissement avant de prendre connaissance de l'information, et je serai en mesure de modérer leurs propos. Enfin, si vous transmettez cette page, je compte sur votre maturité pour ne pas le faire à des gens qui vous paraîtraient susceptibles de péter les plombs. Mon but est de donner l'information que les journaux ne peuvent généralement pas donner, à un public pacifique qui sait se maîtriser. Bonne lecture.

Dans une vidéo intitulée "Voorpost se promène dans les régions volées", le "service d'ordre" du Vlaams Belang annonce des marches dans les territoires "flamands" "volés" par les Wallons et les Bruxellois. Après avoir passé quelques images de leurs "ennemis", Maingain ou Charles Piqué, ils revendiquent Bruxelles, ainsi que toutes les communes wallonnes offrant des facilités pour les Flamands. Mais ils vont bien plus loin que ça : ils demandent aussi le "retour" à "la Flandre" de Tournai, Ittre, Soignies, Lessines et… Waterloo ! La vidéo se termine par un défilé de ces ultranationalistes, scandant ce slogan de nettoyage ethnique "rats français, pliez bagages" et un autre, plus politique, d'appel au meurtre politique : "du cyanure pour le FDF". Et si tout cela ne suffisait pas, une menace claire de guerre ethnique clôture le film, spécialement réalisé en français pour que les Francophones comprennent bien : "rappelez-vous les Fourons", suivi par une invitation à la confrontation : "ceci est un rendez-vous". Le Voorpost se promènera dans "les territoires volés à la Flandre" le 27 mars, et promet de recommencer régulièrement.

Par ce genre d'action et de vidéo, le Voorpost cherche clairement l'affrontement. Dans l'état de colère, de dégoût et quelquefois de désespoir dans lequel les Francophones sont aujourd'hui, cet appel est totalement irresponsable. Il montre l'objectif du Vlaams Belang et de sa milice : provoquer une réaction violente francophone pour "prouver" que le Francophone est l'agresseur et le Flamand la victime. Toute réaction leur ferait trop plaisir, ne tombons pas dans ce piège qu'ils tendent.

Pour être bien sûr de s'en prémunir (il y a des fous dangereux partout), il faut impérativement que la région flamande empêche les membres du Voorpost de passer la frontière linguistique ou qu'on entame sans délai une procédure juridique pour incitation à la haine raciale. Car il ne s'agit plus d'une simple querelle linguistique, mais bien de racisme, de francophobie, de provocation violente. Une telle provocation, par un groupe militant aussi proche du Vlaams Belang, qui représente quelque 12% de l'électorat flamand, doit être étouffée dans l'œuf, faute de quoi nous nous exposons à revivre, en effet, les batailes rangées des Fourons qui, pour rappel, ont failli très mal se terminer quand des flamingants ont tiré à la mitraillette sur un café francophone.

Le Belge n'est pas plus pacifique qu'un autre. Croire cela, c'est s'aventurer dans un marécage dont on ne sortira pas de sitôt. Les seuls moyens intelligents de s'opposer à ces fous dangereux sont des moyens policiers, pacifiques, ou juridiques. Mieux vaut prévenir que guérir. Au Centre de l'Égalité des Chances, à la justice (flamande), au gouvernement du Nord de jouer. Courageusement. Tout de suite.


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lundi, 24 janvier 2011

Un coup dans l'eau.

Voilà. Ils sont rentrés. Ils ont échangé les photos. Ils y étaient. Ils ont vécu des moments de joie, de fusion, ils ont parlé flamand, bruxellois, wallon, français, néerlandais. Ils ont, le temps d’une journée, contesté ensemble. C’est bien. Il faut s’indigner, écrit Stéphane Hessel. Au soir du 23 janvier 2011, les télévisions unanimes parlaient d’un grand succès, et les organisateurs ne savaient plus comment ils s’appelaient. L’un d’eux a même osé dire que c’était «le peuple belge» qui s’était levé derrière lui. Le peuple belge ? Quarante mille personnes ? Un peu moins d’un demi-pourcent de la population. Le peuple belge ? De Standaard publiera les chiffres tout à l’heure. À peine plus de 20 % de «Flamands », dira le journal, comme pour prouver déjà que cet «ensemble», organisé surtout par des jeunes Flamands, n’intéresse finalement que les Bruxellois et les Francophones. Et sur quel sujet sont-ils unanimes, semble s’interroger le journal de centre-droit ? Eh bien, 16 % des manifestants ont marché pour une Belgique unie, 15 % pour une formation rapide d’un gouvernement, 13 % pour se plaindre du monde politique, et 56 % pour d’autres raisons. 

 

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mardi, 18 janvier 2011

La véritable nature de la crise belge, (une Manifestation pour rien).

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les gens qui s’apprêtent à manifester ce dimanche pour exiger un gouvernement n’ont pas compris en quels termes la «crise belge» devait se définir. Déjà, ce n’est pas une crise politique. Depuis juin, les discussions n’ont pas été politiques, mais structurelles. Les dissensions entre les partis le montrent bien : il y a d’une part l’ensemble des partis traditionnels, du PS au SP.a en passant par le CDH et Ecolo (et il pourrait parfaitement y avoir dans ce camp-là l’Open VLD ou le MR), et d’autre part, les partis que je qualifie de «nationalistes» (mais à deux degrés différents), la N-VA et le CD&V. La fêlure ne se fait donc ni sur un plan politique, ni sur un plan ethnique, ni sur un plan économique, mais bien sur un plan idéologique..

 

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mardi, 21 septembre 2010

The Belgetalist

Image 65.pngRed John sur la Une, Big Bart sur la dune.

Chronique parue dans Télépro le 8 septembre 2010.

Patrick Jane arrive, tout sourire, sur les lieux du crime — une villa sur côte, à West End. Il regarde à peine la victime qui gît, découpée en deux, dans le salon. «Elle s’appelait Labelle», dit Teresa Lisbon à son collègue. Sur le mur, un cercle beigeasse, la marque du meurtrier. «Tu crois que c’est Red John ?», demande Lisbon. «Non», assure le Mentalist. «D’abord, ça ne représente pas un smiley, mais bien une fricadelle. Et ce n’est pas dessiné avec le sang de la victime, mais avec du pickles.» Autour du corps sans vie, une famille en pleurs. Il y a là Albert, le mari de la malheureuse, Yves, son directeur, Didier, son comptable, et un certain Elio qui a les yeux baissés. Aurait-il quelque chose à se reprocher ? On l’interroge. «J’ai tout fait pour que ça n’arrive pas», dit-il désespéré. «Big Bart avait bien prévenu qu’il allait la couper en deux, mais on ne l’a pas écouté !» Lisbon et Jane se regardent. Big Bart ? Un copycat de Red John ?

Nos deux héros décident de faire le tour de la maison. Sur la dune, face à la mer, ils tombent sur un type bizarre, la tête vissée sur les épaules et des yeux globuleux. Il mange un paquet de 12 kilos de frites. Au premier regard, Patrick Jane a compris : «Lisbon ! C’est lui ! Regarde : il a une tache de pickles sur son veston !» Lisbon le fouille. Dans ses poches, il y a une dizaine de fricadelles. «Aucun doute, c’est Big Bart», fait le Mentalist. «Mais je n’ai pas tué madame Jik !» dit l’accusé. Patrick Jane regarde Lisbon, interloqué. «Je croyais qu’elle s’appelait Labelle ?» L’inspectrice répond : «Labelle, c’est son prénom. Son nom de famille, c’est Jik.» Jane murmure : «C’est donc elle, Labelle Jik ? Quel dommage. Une si belle femme !». On passe les menottes à Big Bart qui proteste : «Ça n’est pas juste, hein ! Je ne l’ai pas fait exprès, moi ! Je l’ai juste découpée en deux. Comment je savais savoir, moi, que ça allait la tuer !»

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Oh, la belge rentrée !

Image 65.pngDémission impossible.

Chronique parue dans Télépro le 1er septembre 2010.

Ah, ça fait du bien de rentrer chez soi ! La voiture est enfin déchargée, les enfants sont au lit, Madame vide les valises, j’ai comme prétexte pour ne pas l’aider d’avoir roulé 1.000 km d’une traite, et je me pose devant la télévision à 19h30 tapantes pour retrouver ma Belgique chérie, son journal, et découvrir le nouveau gouvernement qui se sera formé pendant que je dégustais des tartiflettes en Suisse.

Mais le générique du JT n’est pas habituel. Il y a bien la planète rouge, il y a bien Nathalie Maleux, mais il est écrit «Édition spéciale». Dans un sourire informatif, précis et sans âme, la présentatrice nous explique qu’Elio Di Rupo s’est rendu chez le roi pour donner sa démission. Bon sang ! Nous faire ça un 30 août ! Juste avant la rentrée ! À quoi ça servait qu’on parte à la montagne si c’est pour retrouver le même fatras qu’au départ ?

Ça ne va pas se passer comme ça. Je vais leur envoyer une lettre, à nos ministres et présidents de partis. Car j’ai la solution : puisqu’ils aiment négocier, ils n’ont qu’à monter un gouvernement de négociation. Ça ne servirait à rien, mais ça serait bien drôle.



Elio Di Rupo, chef de gouvernement, serait en plus ministre des Visites au Roi. Milquet recevrait le portefeuille de la Contradiction. Javaux celui de l’Optimisme Éternel, qu’il partagerait avec son homologue néerlandophone Van Bezien. Kris Peeters se verrait bombarder ministre de la Bonne Gouvernance et Bart De Wever… euh… qu’est-ce qu’on pourrait bien lui donner, à lui, d’acceptable à ses yeux ? Ah oui : le secrétariat d’État au Plat de Résistance. Parce que résister, il fait ça trop bien. Normal. Dans sa friterie préférée, il paraît qu’il mange… des mitraillettes. Comme je vous le disais : un plat de résistance. Et avec ça, je vous mets un pistolet ?

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La télé en vacances (8. Brizougnan-le-Château))

Image 65.png Le choix de Paris, il tonne.

Chronique parue dans Télépro le 25 août 2010.

C’est toujours pareil. Moi, Vandenburen Félicien, à chaque fois que je pars en vacances, bardaf, je me prends la drache nationale. Et l’orage, c’est paralysant. Surtout à l’Hôtel du Moulin de Brizougnan-le-Château. Quoi ? Vous ne connaissez pas ? M’enfin, vous savez bien, le petit patelin dans la vallée de la Brisouille, entre Chapoumont-la-Brézignère et Bouzanté, après le fort de Tresqueulin ! Vous devez connaître ! Sauf évidemment si vous n’êtes jamais allé dans le Gerzayan, région superbe située entre Biarritz et la Lorraine. À visiter.

Mais ce jour-là plutôt que d’affronter le tonnerre, je suis resté dans ma chambre à zapper du satellite. Et sur la chaîne Teva, j’ai découvert une série de télé-réalité encore pire que l’Île de la Tentation (si, ça existe) ! Ça s’appelle «Une amie pour la vie». Le principe ? Devenir le ou la meilleure ami(e) de Paris Hilton. Déjà, on ne comprend pas qu’ils aient trouvé des candidat(e)s pour un job pareil, mais bon. Voilà une brochette de sculpturales «belles» sophistiquées, réunies autour de la reine Paris qui les utilise comme bon lui semble, et va jusqu’à faire circuler des rumeurs entre les candidat(e)s pour provoquer… de splendides crises de larmes filmées en gros plan par la caméra avide d’émotions artificielles. Et dire que, pendant ce temps-là, on n’arrive pas à récolter le moindre sou pour le Pakistan !

Heureusement, tandis que Paris se prend pour Cléopâtre recherchant sa «meilleure esclave», d’autres milliardaires font preuve d’humanité : ils ont proposé de donner la moitié de leur fortune pour calmer la faim dans le monde. Parmi eux, il y a Bill Gates. Curieusement, ces stars-là, on ne les voit jamais à la télé… Mais je dois vous laisser, j’ai comme un creux. Je vais appeler le room-service. Si je descends au resto de l’hôtel, je ne saurai jamais qui sera la nouvelle amie de Paris ! C’est important : elle le sera au moins le temps d’un éclair.

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La télé en vacances (7. Télé réalité)

Image 65.pngLà-bas dans les îles…

Chronique parue dans Télépro le 18 août 2010.

je m’appelle Rhajid. J’habite une île de l’Océan Indien. Dans mon pays, il y a beaucoup de touristes. Ils vont dans des grands hôtels, près des plages. Certains voyageurs sont très riches. Ils louent des chambres qui coûtent plus d’une année de mon salaire. Pour une seule nuit ! Ils arrivent en car, ils repartent en car, ils visitent en car, ils restent entre eux. Je me demande comment on peut visiter un pays sans parler à ses habitants. Que vont-ils raconter à leur retour ? «J’ai été à Maurice, aux Seychelles, à la Réunion» ? Quel intérêt ? Moi, si je pouvais aller en Europe, j’essayerais de comprendre ses habitants, de sentir l’air du pays. Chez moi, ça sent la canne à sucre. Les grands hôtels mettent du désodorisant dans les chambres pour que ça «sente bon». Ils me font marrer !

On m’a dit qu’en Occident, ceux qui n’ont pas assez d’argent pour venir chez nous regardent des «émissions touristiques», pour voyager depuis leur salon. Je n’ai pas de salon. J’ai une maison en tôle ondulée. De temps en temps, un cyclone l’emporte. Mais ne me plaignez pas : une maison en tôle, c’est facile à reconstruire. Et puis, je ne manque de rien. Le matin, à 5 heures, je pars pêcher dans ma barque. J’aime la mer à cette heure-là, elle est comme un lac d’huile noire. Puis, je vends quelques poissons, et je partage les autres avec les amis pêcheurs. Ils me chambrent souvent, parce que je n’ai pas la télé. Et alors ? Le soir, quand le Soleil va bientôt tomber dans l’eau orangée du crépuscule, je vais au bord du lagon, je m’adosse à un arbre pour le plus beau spectacle du monde. Quelquefois, je sors un petit cadre de 16 cm sur 9 et je regarde un moment le coucher de Soleil à travers cet écran improvisé. Puis, je range le cadre, et je m’offre le spectacle grandeur nature. Je pense alors à mes amis pêcheurs assis devant leur écran, et aux Occidentaux qui ne peuvent voir cette mer qu’à la télévision. Et là, je sais que je suis heureux.

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