vendredi, 07 septembre 2012

À superbe étalon, belle salope.

La RTBF vient de diffuser Femme de la Rue, un documentaire «dérangeant» de Sofie Peeters. Il y a un mois, la VRT ouvrait le bal. Dans ce film de fin d’études, la jeune réalisatrice rend bien le sentiment de dépossession de liberté que des femmes, des jeunes filles, éprouvent lorsqu’elles ne peuvent plus traverser une rue sans se demander ce qu’elles vont encore se voir lancer comme quolibets, du compliment physique à l’insulte, jusqu’au geste déplacé ou menaçant. Ça existe, c’est une réalité, et les atteintes aux libertés doivent évidemment être abordées. C’est donc un film courageux. Même si ces attitudes existent depuis la nuit des temps, partout. Mais la force des images, et la diffusion ultrarapide des séquences les plus «dérangeantes» sur Internet l’ont rapidement transformé en argumentaire xénophobe pour certains. D’où une première confusion : un certain nombre de gens ont cru devoir faire un procès à la VRT qui diffusa le reportage, l’accusant plus ou moins de racisme, ou du moins d’amalgame. 

 

C’était passer à côté des nombreuses questions que pose le documentaire.

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mercredi, 04 juillet 2012

Éric Van Rompuy, ou la charité qui se moque de l'hôpital.

La twittosphère est en émoi. Un ponte du CD&V, Éric Van Rompuy (le frère d’Herman, membre du même parti et flamingant jusqu’au bout des ongles) s’est soudain rendu compte que la N-VA était indépendantiste. Selon lui, Bart De Wever mènerait la Flandre droit à l’indépendance, et le gouvernement flamand à la rupture. Double crime de lèse-majesté. Pourtant, c’est ce même parti chrétien-démocrate et (très) flamand qui s’est, voici 8 ans, mis en cartel avec une N-VA alors groupusculaire. À cette époque, la formation de Bart De Wever était pourtant déjà clairement indépendantiste et clairement antisocialiste. Ça n’a pas empêché le CD&V de faire ami-ami avec elle et de l’emmener au pouvoir en Flandre, avec… les socialistes. Depuis 2010, cela fonctionnait relativement bien. Tout ce petit monde vivotait ensemble, avec toutefois des aspirations plutôt opposées, du moins entre les socialistes et la N-VA ; le CD&V couvrant à peu près tout le spectre qui sépare ses deux partenaires gouvernementaux, du mouvement ouvrier chrétien proche de la gauche aux conservateurs proches de Bart De Wever. De même au niveau du flamingantisme, où le CD&V compte aussi bien de vieux belgicains comme Mark Eyskens que des flamingants qui, il y a peu, militaient pour un confédéralisme poussé, ce qui revenait à une scission du pays. Et parmi ces derniers, on trouvait… tiens, tiens… Éric Van Rompuy en personne.

 

Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? 

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lundi, 18 juin 2012

Pour la paix de nos enfants, cognons-les à sang !

Or, donc, ce dimanche, des néonazis défilaient tranquillement dans les rues de Bruxelles à la suite du Parti populaire — mais sans s’y mêler —, pendant que des jeunes ouvriers chrétiens, des socialistes, des anars, et des membres de la FGTB se faisaient tabasser par la police avec une violence inouïe à la station de métro Trône. Les images rappellent même furieusement celles du ratonnage des Algériens à la station de métro Charonne à Paris en 1962, telles que filmées par Rachid Bouchareb dans son film «Hors-la-Loi». Les images du film seulement : il y a eu huit morts à Charonne, et un seul blessé (hospitalisé) à Trône. Selon la DH, les insultes racistes des policiers étaient de la partie, et le journaliste présent raconte : «La charge policière est brutale. Elle ne distingue pas les manifestants des autres personnes présentes dans le métro. “T’es journaliste ? On s’en fout !” nous lance l’un d’eux pendant que ses collègues frappent dans tous les sens : manifestants, voyageurs, journalistes… “Arrêtez !” crie une femme. “On ne sait plus respirer !” Toujours sans succès. Bilan de ce vrai lynchage policier : deux hommes en sang dont un – Snatsh de son surnom – a dû être évacué en ambulance. Tabassé par la police (il en avait quatre ou cinq sur le dos), Snatsh présente une large ouverture sur le crâne. Il est resté inanimé durant quelques minutes dans le métro avant que la police ne le remonte à la surface tel un sac de patates. Les secours l’ont réanimé. Ils ont même sorti le défibrillateur, au cas où…» 

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jeudi, 24 mai 2012

Vlaanderen, une Charte sur un toit brûlant.

Régulièrement, "la Flandre" indépendantiste se rappelle à notre bon souvenir. Ah non, pas "indépendantiste", mais "autonomiste". Pardon. Si je maintiens le mot "indépendantiste", je vais me faire bouffer tout cru. Et régulièrement, le gouvernement et le parlement flamands avancent l'un ou l'autre pion en direction d'une future indépend… oups… autonomie. Le tout évidemment dans un cadre bien belge. Cette fois, c'est fait, une charte, prélude à une constitution, nous dit qui est réellement cette Flandre. Mais sans tout à fait nous le dire clairement. Kris Peeters, ministre-président de la Région et de la Communauté flamandes l'a présentée en grande pompe hier après-midi.

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lundi, 21 mai 2012

Pour les enfants, c'est Uccle, mais pas Ukkel.

MISE A JOUR CI-DESSOUS

Suite à mon billet sur l'ignominieuse règlementation linguistique de Zaventem, l'un de mes commentateurs a eu la bonne idée d'aller voir ce qui se passait dans la commune où j'habite, à Uccle. Et patatras, sur le site néerlandophone de la commune (bilingue de droit), il y a bien des liens en néerlandais vers les brochures d'activités pour enfants, sauf que ces brochures elles-mêmes sont uniquement… en français ! Je pense que ceci n'est pas conforme à la législation. Force est de constater qu'Armand De Decker, toujours prompt à fustiger les "excès" de ses anciens amis du FDF n'est lui-même pas très regardant en matière de courtoisie linguistique (d'autant qu'ici, il s'agit de respecter la Loi). Il me répondra qu'il n'y a pas plus de 3 ou 4% de Néerlandophones dans sa commune. Mais avec les moyens dont elle dispose (l'une des plus riches de Belgique), on pourrait au minimum espérer une promotion claire des activités en néerlandais ou bilingues, et idéalement, un site en anglais et en allemand, dès lors que Waterloo le fait !

Bien sûr, il ne s'agit pas ici d'un règlement contraignant qui impose une langue, inscrit dans les tables de la Loi et je sais par expérience que toutes les langues sont autorisées lors de ces activités ludiques. Mais une telle négligence dans l'information est d'autant plus inacceptable qu'elle donne du grain à moudre aux nationalistes du Nord, qu'elle crée une incertitude d'accueil pour les parents d'enfants néerlandophones et les expats et qu'elle donne une image minable de cette commune qui jouxte deux communes à facilités et ramasse une belle masse de pognon frais chaque année. 

Pour info, monsieur De Decker, tout près de chez moi, il y a des rues qui s'appellent Dieweg et Kauwberg ou chemin Avijl. La maison que j'habite appartenait il y a cinquante ans à un quidam qu'on appelait "de Zwette Louis" et non "Louis-le-noir". Dans mon quartier, les gens se parlent encore bruxellois et les chemins et rues sont truffés de références à cet héritage flamand. Alors, s'il-vous-plaît, faites un peu honneur à l'histoire de la commune que vous dirigez. Et revoyez-moi illico ce site et cette politique stupidement et égoïstement "francophile".  

As ge da ni rap dôd, Menier De Decker, zal ik a zegge de noste ki dakik a zee : ge zet ne schieve lavabo. En dat in a kas !

MISE À JOUR

Un ancien échevin ucclois me fait parvenir les remarques suivantes : "ceci remonte à de très nombreuses années où les activités parascolaires néerlandophones étaient gérées par l'enseignement néerlandophone, et ce à leur demande! C'est le Candelaershuys, la maison communautaire flamande qui gère ces activités! La commune s'est chargée d'organiser les activités parascolaires du côté francophone. Depuis plus de 10 ans, la commune a intégré et reconnu la communauté flamande de manière significative en ouvrant une bibliothèque néerlandophone, en fêtant la fête flamande et en organisant diverses activités culturelles avec le Candelaershuys...Celle-ci n'a pas pensé à demander à la commune de publier ces infos sur le site communal. C'est une idée qui peut être reprise. Il faut noter aussi, que toute personne peut mettre son enfant au parascolaire francophone s'il le souhaite! (…) J'ai dailleurs initié de nombreuses activités intercommunautaires comme un festival rock organisé par 6 associations de jeunesse( 3FR et 3 NL)! »

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dimanche, 20 mai 2012

L'Europe se crashe à Zaventem

Ça devient si courant que les journaux ne savent plus trop comment aborder le sujet, et du coup, ils ne l’abordent pas. C’est très bien pour les stratégies nationalistes, et leur aspect scandaleux qui se banalise doucement. Les faits : le 14 mai 2012, la commune de Zaventem vote un nouveau règlement pour les services d’accueil de la petite enfance et les «plaines de jour» organisées par la commune. (Pour info, en Belgique, les «plaines de jour» sont des services d’accueil ludique des enfants en période de vacances, qui impliquent une organisation et des animateurs, à ne pas confondre avec les plaines de jeux elles-mêmes, comme beaucoup de journalistes belges et étrangers l’ont fait à Liedekerke).

 

Dans ce nouveau règlement, l’article 7 est totalement en opposition au Traité de Lisbonne et à la Constitution belge : «Zaventem est une commune flamande. Sur la plaine de jeux, il ne peut être parlé que néerlandais, tant par les animateurs et les parents, que les enfants.» L’on notera la maladresse, volontaire ou non, de la formulation. Dans un règlement qui concerne spécifiquement les plaines de jour, la formulation précise que «sur la plaine de jeux », l’on ne parle que néerlandais, sans repréciser que cela ne concerne que les jeux organisés (par la commune). Certain interprèteront donc que Zaventem interdit effectivement aux gens de parler leur langue maternelle dès qu’ils sont sur une aire de jeu. Ce n’est pas ce que dit le règlement en lui-même quand on tient compte de son préambule. Mais cette formulation négligente pourrait autoriser l’un ou l’autre garde champêtre à penser que… et à virer des enfants qui ne parleraient pas néerlandais entre eux des balançoires et toboggans. Inquiétant.

 

Mais là n’est pas le pire…

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lundi, 14 mai 2012

De Wever, l'homme qui s'évapore par tous les pores.

Résumé : Lorsque Bart De Wever semble "découvrir" que la Belgique s'évapore, il met en réalité en œuvre un concept autoréalisateur prédigéré qui cache ses véritables intentions, avec la complicité d'une partie de la presse.


Tocqueville écrivait des jeunes États-Unis : «Ce qui met en danger la société, ce n’est pas la grande corruption de quelques-uns, c’est le relâchement de tous. » Cette phrase visionnaire est fondamentale en démocratie. Notre démocratie mérite une attention toujours renouvelée, qui commence par les médias. Il n’est pas question de laisser les politiciens, les banquiers, les économistes, les syndicalistes raconter n’importe quoi. Il y a lieu de décrypter systématiquement leurs messages, et de pointer le doigt sur les idées, les concepts absurdes, liberticides, et ceux qui cachent la réelle volonté de l’émetteur. C’est particulièrement vrai pour les politiques, parce que les banquiers, les économistes, les syndicalistes, les philosophes, les commentateurs, on les subit. Les Politiciens, on les choisit.

 

Alors, cette semaine, j’ai une fois encore été sidéré par la facilité avec laquelle on a laissé Bart De Wever nous resservir que, selon lui, la Belgique allait «s’évaporer». Le premier problème est qu’en disant ça, il se pose en observateur d’un phénomène auquel il semble être étranger. Les plus optimistes diront qu’il s’agit là de wishfull thinking. D’autres affirmeront qu’il serait plutôt question de stratégie autoréalisatrice. La réalité est qu’il s’agit d’un concept soigneusement conçu pour en cacher un autre.

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jeudi, 10 mai 2012

La Peene, waar Vlamingen thuis zijn.

La semaine passée, l'Écho de la Lys a publié un article extrêmement intéressant sur la Marche de La Peene, qui commémore la "perte" d'une partie de la Flandre au profit de la France lors de la bataille de Cassel ou de La Peene en 1677, et est aujourd'hui l'une des étapes de ce que j'appellerais le "rallye flamingant" où se retrouvent des régionalistes de toute orientation, des plus sympathiques amoureux de la Flandre flamandophone et de son patrimoine aux plus encombrants nationalistes identitaires. Je vous recommande la lecture de ce billet bien documenté, qui donne une assez bonne vision de la mosaïque "mouvementflamandienne", sous le titre “L'embarrassante marche flamande". En marge de ce billet, son auteur, Stéphane Lamek, m'a interviewé… Inteview que voici. 

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mardi, 03 avril 2012

Il semblerait qu'on en Vuye à Laporte.

C’est à chaque fois la même logique, le même modus operandi. Au point où l’on se demande si c’est calculé ou si certains journalistes réagissent systématiquement aux mêmes stimuli de la même manière. La cible ? Toujours la même : la RTBF et Le Soir. Autrement dit, deux médias truffés d’antiflamands, de méchants racistes qui sèment la haine, brisent les ponts, assassinent la Belgique. L’accusateur ? Il vient toujours de la même zone politique, la N-VA. Autrement dit, un parti ultrafrancophile, qui apporte l’amour, construit des ponts et fait tout ce qu’il peut, un peu désespérément, pour sauver le pays qu’il adore, adule, défend corps et âme — non, pas la Flandre : la Belgique. Ah ! si on avait laissé faire Bart De Wever lors des négociations, c’est sûr, notre pays aurait été sauvé. La mauvaise foi des N-VA n’a pourtant pas effleuré ces journalistes méthodiques, ultraobjectifs, sérieux, anticommunautaristes qui sont si nombreux dans les médias du Nord, oh oui, si nombreux à défendre une Belgique unitaire, solidaire, généreuse, et à refuser à tout prix de concevoir qu’il y ait la moindre différence entre un contribuable francophone et un contribuable flamand. Oh jamais, au grand jamais, aucun d’entre eux ne se permettrait de prétendre que les seconds auraient une monnaie différente, nommée «argent flamand», tant ils voient en chaque Belge un Belge comme un autre, indépendamment de la langue qu’il parle. Mais vraiment, non, jamais ! 

 

Je suis en colère, une sale colère, une colère sourde, les pires.

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mercredi, 14 mars 2012

Belgique brûle-t-elle ?

Mise à jour suite à une remarque d'Alain : mon total ne faisait que 145 députés. J'ai donc remonté ses bretelles à mon tableur et revu légèrement le commentaire

Badaboum, le baromètre RTL-TVI/Le Soir est sorti, et ça fait très mal. Tout d'abord, parce que la N-VA continue tranquillement sa progression. Je l'avais prédit, en tout cas, j'avais annoncé que ce serait probable dans un premier temps. Le fait est qu'un premier ministre francophone, une hexapartite avec soutien vert extérieur, ajoutés à la nécessité de la rigueur, ont tout pour ne pas être sexy aux yeux de l'électeur — y compris en Wallonie où le PS perd quelques belles plumes. La question est : cela va-t-il perdurer ?

En tout cas, comme je le fais régulièrement, j'ai fait une projection en sièges. Elle est très hypothétique et non scientifique, parce qu'elle ne tient compte que du pourcentage des partis et de la répartition des sièges (88 néerlandophones sur 150). Mais disons que si l'on votait aujourd'hui, la Chambre pourrait ressembler au graphique ci-dessous.

Que remarquez-vous ? C'est simple : il n'y a plus qu'une famille politique qui égale la N-VA, avec 36 sièges (39 selon Fabrice Grosfiley). Les socialistes du Nord ajoutés à ceux du Sud font jeu égal. Mais les libéraux doivent se contenter de 25 strapontins, contre 24 pour les démocrates-humanisto-chrétiens.

Autre constat : la N-VA et le Vlaams-Belang (les nationalistes) obtiennent plus de 50% des sièges néerlandophones. Imaginez une telle chose au Parlement flamand… Car oui, en 2014, on élira aussi nos parlementaires régionaux. Si ces intentions de votes devaient alors se concrétiser, le roi de la Flandre s'appellerait Bart De Wever, et il n'aurait besoin que d'un seul autre parti pour obtenir une majorité. Gageons qu'il ne choisira pas le Vlaams Belang.

Autre constat, la réforme de l'État, qui requiert les deux-tiers des sièges, requiert (mais c'est pratiquement déjà le cas) l'ensemble des partis traditionnels. Il en faut en effet la bagatelle de huit, sans aucune défection ou presque, pour parvenir aux 66,666… % fatidiques. Et il devient tout bonnement impossible de concevoir un gouvernement ayant une majorité en Flandre sans y intégrer, au choix, le Vlaams Belang ou la N-VA. Si Albert II a un jour fait un cauchemar, c'est bien celui-là.

Le Vlaams Belang ne va pas bien, c'est un fait. Mais il oscille entre 10 et 12,5 % depuis les dernières élections. Contrairement à l'Open VLD, il ne semble donc plus vouloir chuter. Dans le sondage de la semaine passée (RTBF/La Libre), il reprenait même des plumes piquées à la N-VA. Ceux qui crient à hue et à dia que ce parti est fini ("grâce à Bart De Wever" — je t'en foutrai, moi, des grâce à qui !) vont peut-être un peu vite en besogne. Et par mesure de précaution, je préfère considérer que le Vlaams Belang n'est pas encore enterré. Comme je l'ai déjà dit quelques fois, il doit sa chute d'abord à la disparition de son leader historique (Karel Dillen), et ensuite à la rigidité des "Anversois" (Filip Dewinter avant tout) et aux promesses de réforme non tenues de son président, Bruno Valkeniers, cofondateur du cercle étudiant néofasciste (ou néonazi, c'est selon) NSV. Oui, le Belang a perdu de sa superbe, mais il est aussi revenu vers plus de radicalisme. Un parti noir de noir. Filip Dewinter rappelait encore ce dimanche à un journaliste de Rue89 que son parti était "plus à droite que le FN (français)". C'est-à-dire à la droite de l'extrême droite.

Et même si le VB baissait encore, c'est au profit d'un parti tout aussi radical (belgiquement parlant) qui, à sa différence, a non seulement la capacité de se trouver au pouvoir, mais y est déjà — au gouvernement flamand, et dans un certain nombre de communes. Quant au Parlement belge, les gens de Bart occupent le terrain quasi quotidiennement. On se demande même qui est notre premier ministre, d'Elio di Rupo ou de Bart De Wever, quand on regarde le nombre de passages de l'un et de l'autre à la télévision, particulièrement en Flandre. 

À l'arrivée, la démocratie belge ressemble aujourd'hui à ce qu'était la démocratie italienne dans ses pires moments : elle est vaporisée façon puzzle. Les partis traditionnels du Nord ne parviennent même plus à faire, ensemble, jeu égal avec les nationalistes. Même la N-VA, seule, ne peut rien avec 36 sièges. Et en face, seule une tripartite traditionnelle serait encore en mesure de former un gouverment. C'est déjà le cas, me direz-vous ? Oui, mais avec une N-VA aussi dominante, et après 4 ans de gouvernements sans majorité en Flandre (6 en 2014), je pense qu'on peut exclure un accord du type de celui qu'Elio a signé. Et fin du fin, si même la N-VA n'est toujours pas maîtresse du jeu, la vaporisation politique lui profite, puisque son Credo, c'est que la démocratie belge est une hérésie. Et côté flamand, elle est tout simplement in-con-tour-nable. Bref, un tel parlement pourrait bien être notre dernier.

Une rumeur veut d'ailleurs que les Wallons n'étaient pas dupes au moment de s'engager dans le gouvernement Di Rupo. Et qu'ils n'y montaient qu'ayant à l'esprit de retarder tant que faire se pouvait l'inévitable: la scission du pays. Au vu de ce graphique, et pour autant qu'il se concrétise, ils avaient raison, tout simplement. Une chose est certaine : si ce scénario devait prendre vie, la seule chose sage qu'il nous resterait à faire serait de gérer la scission. Mais tout n'est pas joué. Nous avons un gouvernement. Il lui reste deux ans et des poussières pour inverser la tendance. Il n'a pratiquement aucun atout dans sa manche. Pire : il doit se faire détester pour maintenir le pays à flot. Il arrive dans ce bas monde que le courage et l'audace la plus folle payent. Mais de vous à moi, je n'y mettrais pas ma main au feu : il se pourrait qu'un jour prochain, dans deux ans à peine, cette actualité devienne brûlante. 


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