mercredi, 29 juin 2011

N-VA et Voorpost néo-nazi, même combat.

krainem nva 26-06 IMG_6739.jpgCe dimanche, à Kraainem, deux factions du mouvement flamand actif sont venues f… le b… dans une manifestation qui se voulait éminemment pacifique et réclamait le respect de droits démocratiques du reste reconnus par la commission des pouvoirs locaux du Conseil de l'Europe. Il y avait là le TAK, un groupe francophobe et anglophobe (notamment) étroitement lié au VVB, lui-même connecté tout aussi étroitement à la N-VA. Ce sont eux qui ont bousculé (on peut dire aussi "brutalisé") la bourgmestre de Rhode St-Genèse qui tentait de rejoindre le rassemblement francophone. L'autre groupe présent ce jour-là, c'est le Voorpost. Reconnu sans ambages par la Sûreté de l'État (dans son rapport annuel 2008) comme une association d'extrême droite nationaliste et identitaire, il commémore tant le nazi flamand Staf De Clercq que l'antisémite nazi Waffen-SS Raymond Tollenaere. C'est ce qu'on appelle dans n'importe quel autre pays d'Europe un "groupement néo-nazi". Son patron, Luc Vermeulen est d'ailleurs partisan de la déportation des Francophones de Bruxelles. «Nous allons conquérir Bruxelles et la reflamandiser.» a-t-il affirmé.

 

kraainem nva 26-06 P1010827.jpgAyant clairement évoqué le "renvoi" des Bruxellois (francophones) qui refuseraient de s'adapter, le Voorpost est une "milice" qui prône le nettoyage ethnique. Ses slogans sont eux aussi sans ambages : "Rats francophones, pliez bagages" ou "Racaille française, rentrez chez vous". Tout cela serait du folklore d'extrême droite raciste s'il n'y avait parmi les amis du Voorpost des membres de la N-VA. Mark Demesmaeker, échevin de Hal, député N-VA et ancien membre du bureau politique du parti, était ainsi présent aux côtés de Luc Vermeulen, fasciste, raciste, et antisémite, tant à la manif de Rhode St-Genèse qu'à celle de Kraainem et semblait très amusé par les slogans francophobes, quand il ne les scandait pas lui-même.

Mais il n'était pas seul. Comme on peut le voir sur la photo, un quidam non-identifié tenait absolument à montrer quel parti il soutenait. Il n'était pas dans la manif du TAK (très, très proche de la N-VA), mais bien dans celle du Voorpost, autrement dit, chez les néo-nazis. La faction néerlandaise de cette "milice" qui veut une grande-Hollande a, en 2006, molesté plusieurs squatteurs d'origine étrangère, et bouté le feu à leur squat. Dernier détail : la VRT était présente sur les lieux mais soit elle trouve parfaitement normal que des membres d'un parti "démocrate" comme le prétend la N-VA se promènent avec les adorateurs du Degrelle (Staf De Clercq) et du Himmler flamands (Tollenaere), soit ils sont juste complètement aveugles.

Bien sûr, on me dira que j'utilise des mots chocs. Mais ce ne sont pas mes mots qui sont choquants. Une fois encore, ce sont ces relations invraisemblables, ainsi que l'aveuglement et l'omerta dont ils font encore et toujours l'objet en Belgique. Oui, tant qu'il ne les dénoncera pas, tant qu'il n'interdira pas ces connexions, tant qu'il continuera à entretenir des liens avec les néo-nazis flamands, Bart De Wever continuera à être le Jorg Haider de la Flandre. Aïe ! Qu'ai-je dit ? Luckas Vander Taelen va encore m'accuser de caricaturer. Et Wouter Van Besien va me mettre au même niveau que le doberman vicinophobe Vic Van Aelst. Hélas, c'est un coup dans l'eau. Je n'ai rien, moi, contre les noirs flamands qui reçoivent des prêts au logement de la nation belge, contrairement au molosse parachuté.

 

Capture d’écran 2011-06-27 à 00.00.11.pngEh oui. Groen! gueule contre Maingain. Mais lui n'a aucune relation avec l'extrême droite. Le FDF ne crie pas "Flamands dehors". Il n'y a pas de "milice" qui lui soit liée. Il ne considère pas les Flamands comme des "rats" ou des "racailles" et je n'ai encore entendu aucun FDF scander "du cyanure pour la N-VA". Je n'entends pourtant aucun député écologiste flamand s'offusquer des relations que je viens de décrire. Aucun affirmer, malgré les évidences, que le Voorpost est néo-nazi ou que De Clercq était un collabo furieusement antisémite et fasciné par Hitler et les SS. Je n'entends aucun socialiste flamand qui cohabite dans le gouvernement flamand avec la N-VA de Marc Demesmaeker et de Vic Van Aelst évoquer autrement que par contorsions sémantiques cette insupportable compromissions. Pire : Caroline Gennez et Mark Demesmaeker siègent ensemble dans la majorité au Parlement flamand et ça ne semble déranger aucun socialiste !

En revanche, qu'un Olivier Maingain tire les conclusions de ces relations et de l'attitude scandaleuse de Bart De Wever à Anvers en 2007, et même les gens de Groen! se lèvent et hurlent à la mort que c'est un dangereux extrémiste. Mais est-ce si étonnant, quand on sait que Groen! est le parti qui a menacé de quitter le groupe des Verts/ALE au parlement européen si la N-VA n'y entrait pas ?

Cette porosité, cette moulitude, cette omerta, ces deux poids et mesures, c'est exactement ça qui mène aujourd'hui à la fin de la nation belge. Vlamingen, wordt wakker voordat het te laat is !

(Merci à A.?. pour la photo du N-VA jaune)

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mercredi, 22 juin 2011

Pour De Standaard, j'ai bien été (un francophone) paresseux.

Suite à ma demande de droit de réponse, De Standaard me répond par une fin de non recevoir par la voie d’Anni van Landeghem, rédactrice en chef «opinion» (En bas de cet article, la version originale en néerlandais). Je maintiens que plusieurs articles du Code de Déontologie journalistique du Conseil des Journalistes flamands ont été violés dans au moins deux billets dont je fais l’objet dans De Standaard. Après la version originale du courriel du Standaard, j’énumère les points de ce code qui ne me paraissent pas avoir été respectés. 

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jeudi, 16 juin 2011

Vic Van Aelst : Bart De Wever se fiche de nous !

Ô combien je suis content d'avoir sorti mon livre maintenant. D'abord, De Standaard me donne raison en éludant le débat dans leur critique de vendredi passé (je vous en reparle demain) et en me faisant passer pour un "paresseux", qui ne débite que "des généralités" que chacun connaît. Si c'est le cas, pourquoi les trois-quarts de ce qui se trouve dans mon livre ne s'est jamais retrouvé dans De Standaard ? Passons.

Ensuite, Bart De Wever montre qu'on ne peut en aucun cas se fier à ce qu'il raconte quand il prétend rassurer les Francophones, par exemple en disant que Vic Van Aelst n'est qu'un de ses 20.000 membres et qu'il ne peut pas les contrôler tous. Car voilà qu'avant le discours qu'il doit donner le 8 juillet à Beersel, le cerbère du parti est attendu le 22 juin à la N-VA De Pinte-Zevergem, et avec quelle impatience ! Un simple membre ?

Le communiqué de la N-VA est éloquent. C'est "personne de moins que Vic Van Aelst qui projettera ses lumières sur divers thèmes", un "orateur d'envergure" qui dira "tout ce que vous avez toujours voulu savoir, mais n'avez jamais osé demander sur les mégaprocès, la justice, sur un pays qui ne fonctionne plus." Ben tiens ! Et le racisme de ses déclarations sur les "noirs francophones" ne gêne pas la N-VA, apparemment. Pas du tout, en fait. Au contraire. Là aussi, Bart De Wever me donne raison. Il n'a pas besoin de respecter une "vérité politique". Il raconte n'importe quoi pourvu que ça flatte son électorat, ses adversaires, les Francophones. Et ensuite, il n'en a plus rien à fiche. Il fait ce qu'il veut, même si c'est exactement l'opposé de ce qu'il a raconté. Et il le fait ouvertement encore.  

Ainsi, l'invitation lancée par le parti pour son super-dupeur-doberman est une débauche de superlatifs. Il est question d'un "célèbre avocat de haut niveau en droit criminel. Il a plaidé pas moins de 71 affaires d'assises […] Il n'a pas peur de la controverse." Et quand la N-VA reprend les mots de Vic Van Aelst, ce n'est pas pour lui reprocher sa virulente francophobie teintée de xénophobie. C'est au contraire pour lui permettre d'assumer ses débordements verbaux :  "La vie est trop courte pour garder gentiment sa langue dans sa bouche. C'est vrai que je ne reste pas sagement dans les clous. […] Si l'on doit éviter de marcher sur les pieds de tout le monde, on ne touche plus le sol".

Ô combien je suis content d'avoir suivi les conseils de ce conseils-là. Je ne garde pas ma langue dans ma bouche. Je ne reste pas sagement dans les clous. Je n'ai pas peur de marcher sur les pieds des uns et des autres. Sauf que moi, je n'attaque pas toute une population. Seulement une idéologie. Et ça, pour De Standaard, venant du Sud, c'est apparemment déjà beaucoup trop.C'est toute la différence entre la "démocratie francophone" et la "démocratie flamande". Espérons que les vrais démocrates flamands s'en rendront compte. À temps.

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mardi, 14 juin 2011

Bourgeois pas gentilhomme

Cette fois, la non-nomination de Véronique Caprasse, "élue" bourgmestre de Crainhem par la majorité communale, ne fait suite à aucune faute de sa part. Le ministre flamand (N-VA) de l'Intérieur Geert Bourgeois a pourtant refusé de nommer cette nouvelle bourgmestre démocratiquement élue. Les raisons ? Elle n'a pas promis qu'elle respecterait la "circulaire Peeters" que la Flandre a établies dans les communes à facilités, et qu'une chambre flamande du Conseil d'État n'a pas déclarée inconstitutionnelle — ce qu'un tribunal francophone a récemment contredit. Le ministre Bourgeois a considéré qu'il n'avait pas à se soumettre aux jugement d'un tribunal francophone ! Cette circulaire a également été critiquée par une assemblée du Conseil de l'Europe, ce que le gouvernement flamand a considéré comme une ingérence… Ces mesures interdisent notamment aux échevins (adjoints au maire) de ces communes de la banlieue bruxelloise généralement à majorité francophone d'énoncer un seul mot de français lors des conseils communaux. Étant donné que contrairement aux échevins, les conseillers communaux sont de simples citoyens élus et ne peuvent être soumis à une règle linguistique en vertu de la Constitution belge, la Flandre impose en ce qui les concerne aux bourgmestres de les "obliger" à ne jamais utiliser une autre langue que le néerlandais.

Autrement dit, une cour (flamande) du Conseil d'État a laissé passer un règlement interne qui oblige des bourgmestres à faire quelques chose… d'inconstitutionnel. De la démocratie bizarrement appliquée. Et puis surtout, la Flandre interdit strictement d'envoyer un document communal en français aux Francophones : on doit l'envoyer exclusivement en néerlandais, et à chaque document, le citoyen qui souhaite l'obtenir en français doit faire une demande particulière. Les facilités (constitutionnelles) garantissent pourtant aux Francophones d'obtenir leurs documents en Français. Ne pouvant annuler ces mesures sans une loi spéciale pour laquelle il leur faut l'accord des partis francophones, les gouvernements flamands successifs, dirigés par de chrétiens-démocrates (le parti d'Yves Leterme et Herman Van Rompuy) ont donc joué la carte des tracasseries administratives pour en réduire la portée et se sont fichus des recommandations du Conseil de l'Europe autant que de l'esprit de la Charte des Minorités que M. Van Rompuy, en tant que président du Conseil européen (le Conseil des Ministres et Chefs d'États de l'Union européenne) est censé faire respecter. La Circulaire Peeters interdit également à un bourgmestre francophone d'une commune (flamande) à majorité francophone de dire un seul mot de français au personnel francophone, et notamment, celui de l'école francophone. Kafka exposant Ubu multiplié par la racine du mal.

Ayant refusé de garantir qu'elle appliquerait ces mesures qui contreviennent évidemment au Traité de Lisbonne, et dont la constitutionnalité prête à caution, la bourgmestre a donc vu sa nomination refusée par la Région flamande. Son prédécesseur avait également vu sa nomination annulée pour avoir envoyé des convocations en français aux Francophones, et en néerlandais aux Néerlandophones, une graaaaaaave entorse à l'intolérance flamingante au pouvoir en Flandre (qu'il faudrait jumeler à la Slovaquie, par exemple, qui a pris des mesures assez semblables envers sa minorité hongroise). Mais ici, la non-nomination n'intervient pas après un fait soi-disant "répréhensible", mais simplement sur une évaluation de l'engagement du bourgmestre à appliquer des directives qui contreviennent aux Lois, après une entrevue avec Geert Bourgeois, ministre flamand très jacobin. C'est en quelque sorte un jugement posé avant tout crime. Une vision de l'esprit de la justice citoyenne qui n'a rien de démocrate, mais c'est normal : la N-VA n'est pas un parti démocrate et nous le montre ici encore.  

Car lorsqu'une bonne vingtaine de bourgmestres néerlandophones ont refusé d'organiser des élections,  ou lorsque trois d'entre eux ont avoué "filtrer" leurs habitants (à la télévision !), afin d'éviter que les entrepreneurs ne louent ou ne vendent des biens situés sur leurs communes à des Francophones ou des expats, le ministre Geert Bourgeois a fait mine de ne rien voir ni de ne rien entendre, évoquant le fait que tout ce qui peut arrêter ou freiner la francisation et l'internationalisation de ces bourgs mitoyens de Bruxelles était bon à prendre. L'État de Droit a ses limites en région flamande, et il est clair qu'un citoyen francophone n'est pas traité de la même manière qu'un citoyen flamand, déjà aujourd'hui. À méditer avant de dire tout haut : "la N-VA est un parti démocrate". 

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La Flandre est 36e, dessous.

Beaucoup de gens pensent que la Flandre est l’une des régions les plus productives d’Europe et la Wallonie, l’une des plus «pauvres». Hélas, ce n’est pas du tout ça. Je montre dans mon dernier essai que la province de Liège se placerait 67e parmi les régions françaises, et que la Wallonie (y compris le Hainaut) n’aurait pas à rougir face à la Picardie, la Basse-Normandie, la Lorraine, la Franche-Comté, le Poitou-Charentes, le Limousin, l’Auvergne, le Languedoc-Roussillon ou la Corse. En gros, toute la France est une junkie ou presque. Elle ne ferait pas non plus si mauvaise figure au Royaume-Uni ni en… Allemagne : la formidable capitale de Berlin a un PIB à peine 18 % plus élevé que la Région wallonne, qui ne serait absolument pas dernière dans la liste de Länder (en PIB/ha  en SPA du moins) ! Ach ! Deutschland unter Perfusion… 

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samedi, 11 juin 2011

Superbart, ge zijt geDaan

Eh, les Wallons, les Francos, les fransquillons, les frouzes, les ceusses qui trouvez que le flamoutch n'est pas une belle langue, voici que vous allez écouter de la chanson flamande en boucle tout le week-end. Si,si, je vous le dis. Parce que vous allez vous brancher sur le site du Standaard qui a cette fois pris une (très) bonne initiative. En demandant à plusieurs personnalités d'écrire une lettre, soit à Elio Di Rupo, soit à Bart De Wever (oui, je sais, toujours mettre les deux sur pied d'égalité, c'est un peu fastoche : Elio n'a pas inventé le Nogov, il aurait au moins fallu proposer aussi Wouter Beke, mais bon), De Standaard a eu la surprise de voir arriver Daan (du talent, de l'attitude, du son…) avec une chanson à Bart De Wever. «Ton pays n'est pas mon pays». Et un clip du cadreur et reporter de guerre Daniel Demoustier. La chanson est déjà sur le site de la RTBF (avec traduction française). Quant à moi, ne comptez pas que je vous traduise quoi que ce soit. Je vous dis juste : «et pour les francos, la même chose». Les mots sont dur, le ton est radical. Et pour une fois que Daan chante en vloms, et vous dit «godverdomme», vous n'allez quand même pas bouder votre plaisir ?

Je sais. À la première écoute, vous vous direz peut-être que ce n'est pas un style de musique très populaire au Sud. Mais à la troisième écoute, à la deuxième peut-être déjà, vous serez happé. C'est juste un tube. Demain, la chanson sera en téléchargement gratuit sur le site du Standaard.

Un tube indispensable : ce clip vaut 10 passages de Bart De Wever à De Slimste Mens. Alors, téléchargez, échangez, envoyez, internationalisez. Ce week-end, vous allez écouter du rock flamand. En boucle.

J'avais rencontré Daan à Ceci n'est pas un Pic-nic. Et contrairement à ce qu'il disait en radio ce matin, il est tout sauf pompeux. Et que ceux qui pensent encore que les humoristes (dag Bert…) et les artistes sont juste des rigolos aillent se faire voir.

Daan, jouw land is wel mijn land.

P.S. : en principe, je ne reprends pas l'information déjà parue en mainstream media, mais dans ce cas, si je ne l'avais pas fait, je ne me le serais jamais pardonné. 

 

 

 

 

 

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dimanche, 05 juin 2011

Respect.

Le débat de Mise au Point ce midi aura montré que tous étaient d’accord sur une chose : il faut apprendre le néerlandais. C’est une question de respect. Et surtout, après l’avoir appris, il faut le parler, et si possible le mieux possible. Sinon, on le viole. Dans les trois premières minutes du débat, les intervenants, surtout néerlandophones, avaient balayé le caractère raciste des phrases de Vic Van Aelst d’un revers de main. D’ailleurs, Onkelinx serait bien plus raciste pour avoir dit que le nationalisme était un cancer, dit le journaliste du Belang Van Limburg. Voilà bien la raison pour laquelle on ne peut tenir un débat sérieux dans ce pays. D’un côté, le racisme consiste à fustiger toute une communauté, francophone en l’occurrence, et à se plaindre que des «noirs francophones» bénéficient de prêts à bas taux d’intérêt en Flandre. D’un autre, le racisme consiste à critiquer le nationalisme. Onkelinx, Maingain, Deleuze, Milquet e tutti quanti sont des racistes, nous disent les flamingants. Mais Vic Van Aelst, non. À peine. Et puis, c'est "notre" faute. Mais lorsque Bart De Wever massacre le PS d’une phrase bien sentie, ce n’est pas du racisme, c’est de la politique. Allez comprendre ! Allez surtout comprendre comment un journaliste professionnel, chevronné, pas spécialement flamingant, ne parvient plus à faire la différence entre l’amalgame de toute une population d’une part, et une critique, acerbe fût-elle, contre le nationalisme, contre un parti, contre un politicien. Comment voulez-vous qu'un débat ait un sens quelconque si déjà on est à ce point pas d'accord sur le mot "racisme" ?

 

D'après l'OVV et la N-VA, Je suis une sorte de raciste parce que j’ai fustigé le panneau «Dilbeek, waar Vlamingen THUIS zijn». 

 

Bon.

 

Tout le monde se sera toutefois mis d'accord sur le fait que ne pas apprendre le néerlandais était un manque de respect, sauf José Happart, qui justement aurait dû l'apprendre en tant que bourgmestre d'une commune à forte minorité, puis à majorité néerlandophone. À ce sujet, je voudrais quand même faire quelques mises au point, justement…

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vendredi, 03 juin 2011

Vic Van Aelst, propagateur d'instincts gréraires.

Dans mon dernier article sur Vic Van Aelst, je suis passé à côté de l’essentiel. Et je me suis laissé enfermer dans le piège du communautarisme. On en est là. La question Van Aelst n’est pas communautaire, elle est juridique. Mais parce que, systématiquement, les attaques de la N-VA visent les Francophones, ceux d’entre nous, les Belges, qui ont la caractéristique «francophone» dans leur panel d’identités, se sont sentis visés, et ont instinctivement formé un groupe identitaire. C’est le «on ‘nous’ a attaqués» qui provoque cette réaction simiesque et grégaire. C’est probablement l’effet le plus pervers du nationalisme. Il crée un paysage identitaire dichotomique en envoyant ses messages depuis une source «identifiée». En s’attaquant aux Francophones, Vic Van Aelst établit un amalgame flamand d'abord : il prend la parole au nom de «nous, les Flamands», ce qui est évidemment un abus, puisque les Flamands ne sont pas tous, loin de là, «derrière» Van Aelst. Mais, plus grave, lorsque Bart De Wever, qui se targue de représenter un petit tiers des Néerlandophones, soutient Van Aelst, sachant que le Vlaams Belang est sans aucun doute sur la même longueur d’onde, on arrive à une représentativité fictive de près de la moitié des Flamands. 

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mardi, 31 mai 2011

Vic tord Hugo ou les chroniques de la haine (v.a.) ordinaire.

Lors de ma querelle avec Paul Magnette (on y reviendra, j’espère, lorsque mon prochain livre sera sorti, dans neuf jours ; le ministre énergique m’avait promis un débat qui ne le sera pas moins), j’avais reproché à mon camarade PS d’avoir affirmé que la N-VA n’était pas un parti raciste du fait qu’elle ne pratiquait pas l’islamophobie ouverte. Je lui faisais remarquer que le racisme le plus pernicieux, le plus dangereux, est celui que certains politiciens — des populisticiens plus exactement — développent vis-à-vis de la communauté voisine, celle avec qui l’on vit, celle qui est immergée dans notre société tout en exprimant une certaine différence (cela dit pour ceux qui regardent les différences au lieu de s’attacher aux ressemblances — ik ben een Brusseleir).

Toutes les communautés du monde pratiquent ce genre de racisme banal. C’est celui du café du commerce, celui des Francos stupidos qui affirment que les Flamands seraient tous nazis et celui desFlamins crétins qui prétendent que les Wallons seraient des chômeurs chroniques. Ça déblatère comme ça autour du zinc dans tous les sens depuis qu’un certain Neandertal a vu arriver Homo Sapiens Sapiens sur son territoire, qui a fini par en perdre — horreur suprême — son neandertalische karakter. C’est banal, universel, bénin. Mais quand les partis politiques instrumentalisent ce petit racisme du quotidien, ils lui donnent une tout autre dimension. Ces partis sont généralement nationalistes. La N-VA est nationaliste. Comme dans tous les partis nationalistes, ses ténors sont des gens banals et sans étoffe. Des gens ordinaires. De Wever et ses gaufres, Bracke et son désamour petit-bourgeois pour la grande culture flamande, Bourgeois et son jacobinisme néerlandolâtre (il critique les cours de West-vlaams, chose que je trouve insupportable ; j’ai moi aussi des «buikgevoelens», mais positifs, pour certains dialectes) ; Vic Van Aelst, esprit minuscule à la langue fourchue qui tord Hugo chaque matin pour s’assurer qu’il n’aura jamais à lire sa langue minable. Ils haïssent ceux qui savent transcender les différences et adapter leurs idéaux à la réalité humaine : Guy Verhofstadt ou Hugo Schiltz, par exemple, tous deux trop grands pour ce petit pays. Des hommes qui ont pourtant donné au mot flamand des belles lettres et de splendides reflets. Mais les frustrés de la haine ordinaire ne peuvent percevoir ce qui fait leur grandeur. Ils ne connaissent pas cette dimension. 

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mercredi, 25 mai 2011

Bourgeois plombe la formation (déjà).

Elio Di Rupo n'a pas encore vraiment eu le temps de commencer son travail de formateur que Geert Bourgeois et Jan Jambon lui tirent franchement dans les pattes. Rien d'étonnant : ils avaient fait exactement la même chose au début de la mission de Wouter Beke. D'après Geert Bourgeois, sur Terzake, Elio Di Rupo n'a pas de courage, il n'ose pas, il aurait dû — tenez-vous bien — rédiger sa note en huit jours ! Pffft. Même Bart De Wever a eu besoin de plus de temps que ça pour rédiger une note qui pourtant était tirée à 95 % de son programme de parti… Mais qui croit encore une seule seconde qu'il est possible de négocier avec des gens pareils ? 

Ou alors, il faudrait détacher quelques partis de la sacro-sainte N-VA et former un gouvernement sans eux. Mais oublions ça, même si Karel De Gucht ou Guy Verhofstadt présentent cette solution comme la seule possible aujourd'hui, ce en quoi personne de sensé ne peut leur donner tort, ce n'est pas avec l'Open VLD, le SP.a et Groen qu'on peut réformer l'État. Ils n'ont même pas une majorité côté néerlandophone ! Et le CD&V ne décollera pas de la N-VA, ça, c'est sûr. Non pas parce qu'ils aient peur, même s'il y a de ça aussi, mais surtout parce que la N-VA est le parti par excellence qui peut mener à cette note Octopus par laquelle les deux-tiers des CD&V jurent aujourd'hui. Pour le CD&V, la N-VA est à la fois un épouvantail et un outil de travail. Un adversaire et un partenaire. La seule question que l'on peut se poser, c'est de savoir si le CD&V comprend qu'il est en train de ruiner les structures du pays, au point, probablement, de l'amener à la séparation définitive.

Le mur est donc toujours le même qu'il y a six mois ou un an. Rien, mais alors rien de rien n'a réellement bougé. Continuer à se taper la tête contre cette montagne de briques n'a aucun sens. Cela renforce la N-VA qui joue à celle qui sait ce qu'il faut faire, le dit tout haut, prétend que les autres, surtout francophones, sont des incapables. Francophones, mais pas seulement. Suite à la proposition de De Gucht de continuer sans la N-VA, Siegfried Bracke (N-VA) a pour sa part réservé ses flèches les plus invraisemblablement arrogantes à Karel De Gucht dans un billet de sa main sur son blog. Lisez plutôt : «On a d'ailleurs l'impression que les hautes fonctions européennes ont le désavantage de couper [les politiciens] des réalités. C'est pourquoi une personne plutôt arrêtée dans ses opinions comme De Gucht dit quelquefois des choses plutôt stupides.» C'est vrai qu'il arrive à De Gucht de dire portnawak, notamment sur «la communauté juive». Mais ce n'est peut-être pas le rôle d'un partenaire gouvernemental potentiel de le crier sur son blog !

Bref, la N-VA tire dans toutes les directions au moment où il est patent qu'il vaudrait mieux ne pas faire feu de tout bois sur l'ambulance. Ce qui montre bien qu'ils n'ont qu'un agenda : le pourrissement de l'État belge. On me disait que je caricaturais lorsque je disais ça il y a un an. Je constate qu'aujourd'hui, même Luc Van Der Kelen le dit. Mais il se berce toujours d'illusions. Il croit que les notations négatives de Fitch vont pousser la N-VA à faire un vrai compromis. Quelle illusion ! Tout au plus vont-elles donner du grain à moudre à ces stratèges qui utiliseraient n'importe quel argument pour fustiger l'immobilisme belge. Bref, le blocage est toujours le même, et après un an, on semble n'avoir rien appris.

Je comprends qu'on tente tout pour montrer, au moins, que le PS n'abandonne pas et que les médecins resteront près du malade quoiqu'il en coûte. C'est logique. Mais c'est peut-être tout aussi dangereux que de quitter la chambre et d'exiger qu'il prenne ses médocs plutôt que de le regarder se suicider à petit feu tout en tirant à boulets rouges sur le coupable désigné : le docteur Belgique et ses étudiants. Aussi reviens-je avec toujours la même proposition : la grève des négociations, en réponse d'une part à l'idée brillantissime de notre bien aimé président européen de bloquer l'État tant «qu'on» n'aura pas la certitude d'une réforme à la flam(ing)ande, et d'autre part aux sempiternelles manœuvres de pourrissement de la N-VA. On est bien d'accord que cela risque de nous mener à la fin du pays. Mais ce qui se passe aujourd'hui comporte le même risque. À ceci près que personne ne comprend vraiment pourquoi, et qu'à l'arrivée, c'est l'ensemble de la classe politique belge qui se retrouvera dans le coin des incapables congénitaux. Refuser tout net toute nouvelle négociation avec la N-VA (et éventuellement le CD&V) aurait des conséquences difficiles à prévoir, mais aurait au moins le mérite d'être clair et d'imposer que l'on se pose des questions autres que celle de la capacité des Francophones à faire preuve de «responsabilité».

Or, si l'on doit négocier la scission, ou (soyons fou) un vrai gouvernement avec d'autres partenaires, il me paraît indispensable que les politiciens qui en seront chargés devront pouvoir compter sur le soutien de la population. Et à chaque jour qui passe, ils perdent une belle proportion de convaincus, de partisans, de téléspectateurs. Pour vous dire, mon billet «Belgian Circus» a été lu par quatre fois moins de gens que celui sur Fukushima ou que mon coup de gueule sur le «soutien» des partis traditionnels flamands à la proposition d'amnistie du Vlaams Belang que je continue à considérer comme négationniste. Autrement dit, les petits et les gros scandales intéressent toujours les Belges, mais la négociation, absolument tout le monde s'en bat les coucougnettes. Je l'avais dit déjà, et je le répète : insensiblement, chaque «avancée» des négociations nous rapproche du gouffre. Alors, autant dire stop. Dans trois ou quatre semaines, quand il sera patent que la mission Di Rupo est tout aussi impossible que les précédentes, je me demande bien qui regardera encore les infos politiques. Mais bon, les vacances approchent. Il paraît que les révolutions sont plus courantes en été. Tous à vos frites !

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