jeudi, 24 mars 2011

La Belgique coulée par les affaires coulantes.

Sur Terzake, Inge Vervotte nous permet enfin de comprendre la raison d'être du gouvernement en affaires courantes et pourquoi il travaille "bien". En gros, elle lève le voile sur le mystère du "successful failed country". Le gouvernement en affaires courante a un rôle précis : il est là pour donner le temps nécessaires aux partis flamands à obtenir une grande réforme de l'État, ou plutôt, à donner vie aux résolutions votées unilatéralement par le Parlement Flamand en 1999.

En d'autres termes, deux partis néerlandophones ont pris l'État doublement en otage. D'abord, en suspendant l'arrivée d'un gouvernement "réel" à la signature préalable d'un éventuel accord. Ensuite — pour rendre cette période supportable pour le pays — en donnant à d'Yves Leterme la charge d'utiliser le concept d'affaires courantes le plus judicieusement possible pour que le temps ne soit pas un problème ; chacun sait que les réformes précédentes ont pris dix ans voire plus, cette fois, le pari est d'y arriver en cinq ou six ans, les quatre premières étant passées.

Cela explique pourquoi Jean-Luc Dehaene a annoncé que les affaires courantes pourraient encore durer 500 jours s'il le faut, une déclaration hallucinante, mais dont le sens est désormais très clair. Le CD&V n'est pas prêt à faire couler le bateau économique, mais il s'autorise à l'immobiliser pendant que les autres pays, nos amis et concurrents avancent. Les deux partis fonctionnaient jusqu'ici en symbiose : le CD&V se chargeait de verrouiller le nogov pendant que la N-VA s'assurait qu'on reste bien radical et qu'on reste bien rigide dans ses exigences face aux francophones. Chacun dans son rôle : le CD&V dans une résistance raisonnable maintient l'outil en état. La N-VA dans une résistance jusqu'au boutiste tire "les Francophones" vers le Graal flamand, un confédéralisme qui pourrait, un jour, se muter en indépendance.

C'est une adaptation géniale du concept de Bart Maddens (ne pas négocier, mais laisser la francophonie et Bruxelles se paupériser jusqu'au moment où ils demanderont grâce). Car pendant que rien ne se passe et que rien ne se décide, Bruxelles s'affaiblit, les communes à facilités se voient imposer des Lois de plus en plus rigoureuses, la Wallonie ne se refinance pas plus qu'il ne faut et cerise sur le gâteau, on avance les petits chevaux flamands dans l'administration et l'armée. Vous voulez une direction de l'armée moins flamande ? Dites oui à tout, et on pourra en parler. Vous voulez refinancer Bruxelles ? Dites oui à tout, et on pourra faire quelque chose (mais pas trop quand même). Vous voulez qu'on relâche la pression sur les communes à facilités ? Lâchez BHV une fois pour toutes et on vous donnera une cacahuète, mais ce sera bien tout. 

Ce n'est donc pas la N-VA qui bloque la Belgique, c'est encore et toujours le CD&V, mais de façon intelligente. On ne bloque pas tout. On bloque surtout Bruxelles, tout en s'assurant par une gestion minimale que la population et la performance de la région flamande ne soient pas touchées. Autrement dit, on prend le pays doublement en otage pour obtenir une révision de la Constitution qui ne peut intéresser les Francophones, surtout pas les Bruxellois. On le prend une fois en otage en conditionnant son gouvernement à l'acceptation des seules conditions imposées par 60 % de 60 % de ses habitants (les électeurs du CD&V, de la N-VA, du VB et de LDD), on le prend une seconde fois en otage en utiisant même le gouvernement en affaires courantes pour empêcher que cette suspension nationale ne soit trop nocive. Dans 200 jours, on verra ce qu'il en sera de la "résistance" francophone. Sans compter le spectre des élections, qui signifieraient probablement la fin du pays. On l'agite à la N-VA, mais sans blague, qui peut être sûr qu'une telle perspective aura une majorité au parlement, sachant qu'à peut près tous les autres partis ont dit qu'ils n'en voudraient pas ?

Alors, pourquoi cette grosse dispute aujourd'hui entre la N-VA et le CD&V, ce clash au parlement, ces cris, ces hurlements sur les bancs nationalistes, en choeur, de la N-VA et du Vlaams Belang ? Parce que Leterme dérape. Il sort trop des affaires courantes. Et surtout, il s'est mis dans la tête de faire un budget sans la N-VA. La raison est simple : il sait qu'il est impossible d'établir un budget satisfaisant à la fois le PS, le CDH et Bart De Wever. Il n'a pas le choix. Dans son rôle de garder l'outil fonctionnel, il doit garder la N-VA à l'écart. Mais De Wever ne l'admet pas. Et il peut y avoir deux raison à ça : soit il est dans sa stratégie à lui et utilise le CD&V et les affaires courantes dans le seul dessein d'aller rapidement au bout de sa logique d'indépendance. Soit, au contraire, il est toujours d'accord avec la double stratégie, mais il y a mésentente sur le point d'affaires courantes à ne pas dépasser, et il le fait savoir. D'où un clash qui ne concerne que le CD&V et la N-VA. Parce qu'il s'agit d'un désaccord sur une stratégie commune peut-être préétablie.

On notera qu'aujourd'hui, sur les bancs de la Chambre, il y avait une unanimité de discours entre le Vlaams Belang et la N-VA. Tous ensemble, contre le CD&V. Était-ce une manière pour la N-VA, qui veut la fin du cordon sanitaire, de dire à Leterme : attention, vous n'êtes pas les seuls nationalistes avec qui nous pouvons nous entendre ? Ou le Stratego groep joue-t-il aussi habilement la carte Vlaams Belang, parti mis sous contrôle de la N-VA depuis l'affaire Morel, et dont plusieurs élus locaux sont passés avec une facilité déconcertante dans le camp De Wever, avec l'aide externe de Frank Vanhecke ? On le saura plus tard, trop tard probablement.

Mais que peut-on dire aux partis francophones ? Sinon qu'ils sont en train de se faire rouler dans la farine sur toute la ligne ? Un signe : le reproche fait par les ténors N-VA est simple : en ne jouant pas le jeu comme il le faudrait, le CD&V rompt le front flamand, et donne des points aux "Francophones". Finalement, Leterme a rendu à De Wever dans De Standaard la leçon que celui-ci a voulu lui donner dans une émission lifestyle. Et ça n'a pas plu. Mais c'est un crêpage de chignon entre frères, avec le cousin Vlaams Belang brandi en réserve (très peu) potentielle. Rien de très définitif parce qu'en tout état de cause, les intérêts des deux partis sont les mêmes. Et ce ne sont pas les intérêts des Francophones.

Ce sont en définitive les petits soubresauts d'une lutte pour la disparition de la Belgique que nous connaissons. Un coup d'État lent et non-violent. Bien plus complexe et fatigant à réaliser que le même en version brutale. Rien de bien nocif. Allons, ne vous en faites pas, la Flandre avance. Et Bruxelles ? Et la Wallonie ? Elles attendent d'avoir compris que la Belgique n'est plus un pays. C'est depuis un bon moment déjà un simple outil. À destination de la Flandre. La question n'est plus de savoir si on veut sa fin, cette question est dépassée. Mais de savoir ce qu'on fait après.

Mais évidemment, je peux me tromper. Après plus de 300 jours sans gouvernement, j'en doute cependant de moins en moins.

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mercredi, 23 mars 2011

Le pseudo-pays des pseudo-affaires courantes.

Patatras ! Johan Vande Lanotte vient d’inventer un nouveau concept constitutionnel : le gouvernement est «en fait» en «pseudo-affaires courantes». Comment mieux avouer que le pays est sorti des rails de son fondement démocratique ? Des pseudo-affaires courantes, ça n’est écrit nulle part dans la Constitution. Ça n’existe pas. Ou on a un gouvernement, ou il est en affaires courantes. Être entre les deux démontre qu’on est dans un flou artistique, que la Belgique a totalement perdu le sens de l’État de droit. La faute à qui ? Originellement, à Herman Van Rompuy semble-t-il, puisqu’il aurait été le premier à inciter à ne jamais entrer dans un gouvernement sans garantie de l’adoption par la Belgique des résolutions flamandes (illégales : le Parlement flamand n’est pas habilité à voter des résolutions) de 1999. Et ça arrange qui, ça ? Ceux qui veulent que la nation explose (VB) ou s’évapore (N-VA).

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dimanche, 20 mars 2011

La Belgique a (enfin) un gouvernement.

Ce n'est pas une blague, c'est un constat. Un gouvernement en affaires courantes ne peut régler que les affaires internes urgentes. Déjà, conclure un budget touchant à des choses aussi durables que les pensions revenait à sortir des affaires courantes, puisque c'est un acte typiquement gouvernemental. Mais ce qui me convainc que nous avons bien un gouvernement digne de ce nom, c'est notre entrée en guerre contre la Libye Ce n'est pas une affaire intérieure. Elle ne revêt de caractère d'urgence qu'en vertu des démocrates libyens, qui ne sont de toute évidence pas des résidents ou des citoyens belges. Or, Pieter De Crem lui-même a bien déclaré que la Belgique venait d'entrer en guerre contre la Libye. C'est donc bien que, par la force des choses, nous ne pouvons plus considérer le gouvernement Leterme comme un gouvernement en affaires courantes. Ce serait parfaitement inconstitutionnel, parce s'il y a bien une chose pour laquelle le gouvernement doit pouvoir être mis face à ses responsabilités, par exemple par une motion de défiance l'amenant éventuellement à la démission, c'est une guerre contre un pays étranger.

CQFD : la Belgique a, depuis vendredi, un gouvernement. Arrêtez le compteur, les négociations, le temps perdu. La Belgique est si dirigée qu'elle peut même entrer en guerre ! Place donc à Leterme III.

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mercredi, 16 mars 2011

Du café du commerce à l’institut de sociologie.

De Standaard s’est empressé de titrer : «Le gouffre entre Flamands et Wallons plus profond que l’on croyait». La Libre : «Les vrais problèmes sont culturels», la RTBF : «L’union fait… la différence». Trois titres sur base d’une étude sociologique des professeurs Mark Elchardus de la VUB et Olivier Servais de l’UCL. Trois titres qui à eux seuls méritent une étude sociologique à leur tour. À partir des mêmes données, De Standaard semble conforter la théorie de Bart De Wever de deux cultures coexistantes, éloignées, impossibles à réconcilier. La RTBF suggère que les différences ne sont pas incompatibles avec l’union, même si la conclusion de Philippe Walkowiak, «la Belgique n’a plus de projet commun» semble suggérer le contraire. La Libre Belgique prend position. C’est le tout au culturel. En gros, battez votre coulpe, peuples qui vous éloignâtes, et construisez des ponts pour que tout aille bien. À lire nos deux profs au travers du prisme médiatique, la «scission belge» ne serait en tout cas pas politique. Ni médiatique. Les Belges seraient-ils donc tous des saucissonneurs-nés ? Ou confond-on désormais deux choses qui n’ont que peu en commun, la culture et la politique ?

 

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lundi, 07 mars 2011

3.865 jours

Synthèse : après m’être demandé si je n’avais pas déjà tout dit, suite à une impression de déjà-vu permanent, je me dis que ce n’est pas moi qui tourne en rond, mais bien la Flandre. Quand nous, les Belges, calculons 265 jours sans gouvernement, la N-VA calcule 3.856 après les résolutions flamingantes de 1999. Alors, il est temps pour nos politiciens sincèrement démocrates, du Nord comme du sud, de changer radicalement de tactique.

 

Je n’ai pas publié de grand billet la semaine passée. Bon, je travaille à un nouveau livre. Scoop. Mais là n’est pas la vraie raison — je suis multitâche 64 bits. Il se fait simplement que je me suis demandé ce que je pouvais ajouter de nouveau à ce que j’ai déjà dit depuis 2007. Selstradamus inside ! Le 13 juin 2010, j’écrivais : «(…) la seule chose qu'on puisse sérieusement négocier avec Bart de Wever, ce sont les modalités de scission du pays (…) aucun accord signé avec ce parti n'a la moindre chance d'être respecté.» À cette époque, cela me valait surtout des regards amusés, sinon hostiles. Charles Bricman écrivait que j’étais «un francophonissime déjanté». 

 

Open source à l’Open VLD
Et puis, rendez-vous compte, ce dimanche 6 mars 2011, c’est l’homme politique belge que je respecte le plus, Guy Verhofstadt, qui confiait à l’indiscret Thomas Gadisseux (L’Indiscret, RTBF) : «Moi je vois mal comment on peut négocier avec des partis politiques qui disent qu’ils veulent la disparition de la Belgique.» Eh bien ! Eindelijk ! J’ai attendu, hein ! J’ai poireauté 265 jours pour qu’enfin un homme politique flamand de poids le dise tout haut ! Mais que puis-je encore dire de nouveau après ça ?

 

 

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dimanche, 27 février 2011

De la N-VA aux Waffen SS, en trois clics (Réédition).

Il y a quelques semaines, j'écrivais le billet ci-dessous. Aujourd'hui avait lieu la fête 2011 du chant flamand avec toujours les mêmes acteurs. L'occasion de reposer la question : un parti démocrate s'approche-t-il d'aussi près d'une fanfare scout qui joue aussi lors d'une soirée de l'amicale des anciens Waffen-SS. Le ton est abrupt, bien sûr. Ce n'est pas tant que je veuille choquer, c'est plutôt que le sujet est particulièrement choquant. Ou pas ? Voici donc l'exercice.

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Je sais, vous allez me dire que je diabolise. Soit. Je préfère ça que cette putain d'omerta qui est en train de noyer ce pays dans une brume brunâtre. Allons-y. Premier clic. Ouvrez le magazine de la N-VA de janvier 2010. Vous y trouverez une invitation à vous rendre à la Fête du Chant National Flamand (VNZ - Vlaams Nationaal Zangfeest). Dame ! Bart De Wever y va depuis 39 ans, et y amène même son fils et sa maman. C'est dire si cet événement intéresse la N-VA. La pub dit notamment «Sous le thème "Flandre, c'est ton tour", nous aurons à nouveau droit le dimanche 28 février 2010 à une belle fête combative au Lotto Arena d'Anvers.» D'accord.

Sur place, entre deux chansons, le grand moment est celui du discours du président de l'ANZ, organisateur de la fête. Il n'y va généralement pas par quatre chemins. D'après Gazet van Antwerpen du 1er mars 2010 (donc avant la chute du gouvernement), «le président de l'ANZ (…) n'a pas peur d'une scission de la Belgique : "Scindez BHV et laissez les Francophones déclencher une crise. Nous n'avons rien à perdre. Au contraire. Nous payons chaque année 11 milliards (sic) d'euros à la Wallonie. En nous ne recevons ni remerciement, ni respect.» Une fête aux discours musclés.

Image 134.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Deuxième clic. A cette fête du chant national(iste) flamand, l'un des clous du spectacle est traditionnellement l'arrivée des tambours et trompettes des Jeunesses Nationalistes Flamandes (VNJ), une organisation de jeunesse créée notamment par l'actuel président du Vlaams Belang, et qui a accueilli plusieurs futurs N-VA, dont son président Bart De Wever (mais il était enfant, ce n'est pas de sa faute). Sur la seconde photo, on voit la fanfare du VNJ à la Fête du Chant National Flamand, en 2010, entonner «trois jeunes tambours» sous les acclamations de la fouleImage 135.png

Les relations entre la VNJ et la N-VA sont plutôt courtoises (plus de liens dans l'article suivant). Ainsi, L'on voit sur cette page Facebook des Jeunes N-VA de Flandre occidentale, un membre du comité directeur de la N-VA Bruges (et aussi secrétaire de la section locale du Vlaamse Bolksbeweging) Image 138.pngtransmettre l'affiche qui annonce la fête annuelle du «Gouw» VNJ de Flandre orientale. Ah oui, parce que j'ai oublié de le préciser, mais la VNJ est divisée en «Gouw» (Gau en allemand). N'y voyez aucune mauvaise intention, c'est un hasard s'il compte aussi des Gouwleiders (Gauleiter en allemand) et si son logo ressemble à s'y méprendre à celui des jeunesses hitlériennes flamandes de pendant la guerre. Tout ça, c'est évidemment du hasard. 

Troisième clic. Voici le «jubilé des 55 ans» de la Communauté des Combattants du Front de l'Est. Entendez, les Waffen SS flamands. avec le Sint-Maartensfonds, l'amicale des SS flamands. On y voit les trompettes du VNJ côtoyer celles du Voorpost. Ce jubilé est particulièrement symbolique : «55» est une autre façon d'écrire «SS». Pendant son speech, le premier intervenant précise «nous sommes toujours les mêmes». Ben oui, à voir le texte «Kameraden» sur le podium, on n'en doutait pas trop, à vrai dire… Je vous recommande aussi la deuxième vidéo, où l'on voit notamment le «martyre» (entendez le collabo nazi) August Borms sur son poteau d'exécution, ainsi que des images d'époque des «braves Flamands» partis défendre le Westhoek à Stalingrad. 

Je vous donne rendez-vous dans l'article suivant, plus long et plus fouillé, mais j'attends qu'on me dise qu'il est parfaitement normal qu'un informateur royal (Bart De Wever) puisse promouvoir un événement dans lequel joue une fanfare d'un mouvement de jeunesse qui ne peut cacher sa dévotion aux «héros flamands» de l'idéologie nationale-socialiste. Autrement dit, d'un VNJ qui est de toute évidence trop apparenté au néo-nazisme que pour être qualifié autrement. Pour information, d'après Jonathan Trigg, historien anglais, la plupart des Oostfronters SS n'étaient pas de jeunes flamands naïfs embrigadés à la va-vite par leur curé de campagne, mais d'ex-membres des milices du VNV, de De Vlag ou du Verdinaso, qui n'ont jamais hésité à donner un coup de main pour dénoncer, déporter, arrêter des Juifs et abattre des innocents. Des nazis, en d'autres termes. Des vrais, grandeur nature.

La N-VA est bien proprette, elle n'en fréquente pas moins sans le moindre scrupule des organisations décidément nauséabondes. Si dénoncer ça, c'est «diaboliser» Bart De Wever, ou donner des armes aux nationalistes, je me demande bien ce qu'on a encore le droit de dénoncer dans ce pays couvert déjà par la chape de plomb d'une omerta obligatoire, au seul bénéfice des nostalgiques du IIIe Reich. Indignez-vous, écrit Hessel. Oui, il est grand temps de s'indigner. La nostalgie s'affiche sans vergogne sur YouTube, l'histoire dérape, et il faut être bien naïf, aveugle ou stupide pour penser que ça n'a rien à voir avec la crise gouvernementale que nous vivons.

Détail quant à la personnalité de Steven De Wulf, que je ne vise pas personnellement (sinon je l'aurais nommé) ajouté sur demande d'un responsable Jong N-VA (voir dans les commentaires.

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mercredi, 16 février 2011

La liberté de la presse francophone, sous les griffes d’un lion noir.

J’ai été étonné de voir le peu de réactions suite à «l’interdiction» faite par la N-VA au correspondant de Libération Jean Quatremer d’encore demander la moindre interview. La semaine passée, il a reçu une lettre officielle lui expliquant les raisons de cette «mise sur liste noire». D’autres médias, dont Le Soir et Le Monde, n’obtiennent plus de réponse à leurs appels au parti nationaliste depuis longtemps, et l’on peut supposer que la RTBF fait désormais aussi partie des indésirables. Mais c’est loin d’être la seule entorse à la liberté de la presse. 

 Outre le «trollisme» organisé de partis nationalistes qui monopolisent les forums de la presse flamande et francophone pour y diffuser leurs idées ou lancent des campagnes de haine dès qu’un article ou un message ne leur plaît pas (voir le texte d’Els Ampe contre le nationalisme), c’est aussi souvent la presse du Nord qui en arrive à museler celle du Sud, parce qu’elle «gonfle» toute formulation qui ne lui convient pas pour en faire une «phrase de haine», et désigne alors le coupable du «méfait». Ce week-end, la RTBF a découvert que les deux phénomènes, mails haineux et campagne de presse flamande, étaient une forme d’oppression. Et les exemples s’amoncellent.


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mardi, 15 février 2011

Le triomphe de Bartus Cacus (sur VTM).

(Lien corrigé après la disparition (étrange) de la vidéo. Cosmos 654 l'a sauvée pour nous.)


Dans une vidéo promotionnelle évoquant la venue de Bart De Wever dans son journal du soir, et le fait que les téléspectateurs pourront lui poser les questions, VTM nous démontre à quel point la pensée unique est devenue le mode de fonctionnement des médias flamands. Le ton, déjà, est trompettard. Je sais, ce n'est pas au dictionnaire, mais c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour évoquer l'entrée d'un empereur romain dans l'arène médiatique. Voyons cette vidéo de plus près. Et comme on dit au Soir : «ça va chier» !

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mercredi, 09 février 2011

Le Voorpost menace les Francophones.

Ce 7 février, le Voorpost publiait un avertissement : «Message aux Francophones : celui qui sème le vent récolte la tempète». Il répondait à une déclaration plutôt maladroite d’Olivier Maingain : «Les Flamands n’auront pas Bruxelles ni la périphérie ». Telle qu’elle, la phrase paraît scandaleuse. Mais à la lecture de l’interview http://fdf.be/spip.php?article3534, on se rend compte que ce n’est qu’un constat logique : en cas d’indépendance, la Flandre n’a effectivement pratiquement aucune chance d’emporter Rhode, Linkebeek, Wezembeek, voire des communes comme Overijse. Et donc, les Francophones seraient fous de ne pas les mettre sur la table dans une négociation qui pourrait revenir à fixer les frontières définitives de la future Flandre autonome.

La déclaration de Maingain a pourtant fait l’effet d’une bombe en Flandre, ou l’on jure ses grands dieux que personne ne pense à l’indépendance. Sauf bien sûr 45% des députés. Et le «message aux Francophones» du Voorpost (indépendantiste aussi) en est le noyau nucléaire. Les mots sont durs. On y parle d'Olivier Maingain comme du «Führer du FDF» ou comme «l'empereur sans couronne de la haine antiflamande». L'avertissement est guerrier, revanchard, illustré d'une photo de manifestation avec policiers casqués et autopompe. Le message est clair : Bruxelles sera flamande, ainsi que tous les territoires qui ont un jour appartenu à la Flandre (Lillois, tenez-vous prêts !). Maintenant que vous voilà prévenus, voici quelques extraits de cet avertissement du Voorpost. Et une mise en perspective dérangeante.

Image 172.pngLa photo du communiqué

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mardi, 08 février 2011

C'est fini.

 

C'est fini. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Kathleen Cools, présentatrice-vedette de Terzake, l’émission d’analyse de l’info de la VRT. Elle interviewait le seul député francophone du parlement flamand. Un député, un représentant du peuple, le «chef politique» d’une minorité. Un Francophone de Flandre qui parle presque parfaitement le néerlandais. Un bon exemple, en somme. Sauf qu’il est membre du FDF. Ambiance assurée… 

 

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