samedi, 08 janvier 2011

Constat de divorce dans Face à l'Info (RTBF) ? (MàJ)

J'étais invité ce vendredi 7 dans Face à l'Info sur La Première(et non «Face à la Presse», comme je l'ai écrit un peu vite) Présenté par Philippe Walkowiak, dont les chroniques d'une lucidité rare éclairent le débat politique d'un jour toujours très intéressant. Autour de la table ronde, j'ai eu le plaisir de débattre avec Marc Sirlereau (RTBF) , David Coppi (Le Soir) et, last but not least, Boudewijn Vanpeteghem (Trends) dont je vous recommande le blog (pour lire une opinion différente, ce qui est toujours très sain).

Je vous recommande chaudement d'écouter l'émission en entier. Pas tellement pour mon opinion, que chacun connaît ici, mais pour le fait que, sur ce plateau, les quatre «Francophones» semblent bien établir un constat de fin de régime, tant le blocage est patent. «En face», Vanpeteghem donne une interprétation qui me paraît bien correspondre à l'opinion d'une partie importante de la presse flamande : c'est le peuple flamand qui a élu la N-VA, et donc, il faut aller chercher l'accord avec elle. Autrement dit, les Francophones doivent encore faire un pas en avant. Un pas que, faut-il le dire, ils ne feront plus. 

Voici l'émission : podcast

Plus que jamais, je pense donc qu'il faut, d'une manière ou d'une autre, arrêter toute négociation avec la N-VA. Assez étrangement, c'est d'ailleurs à peu près ce qu'Elio Di Rupo faisait hier après-midi, en renvoyant la balle dans le «camp flamand», et en se mettant en position d'attente. Mais cette position intermédiaire comporte le risque de donner à la N-VA la possibilité de revenir avec une note inacceptable, qu'elle présentera comme très modérée, pour provoquer un nouveau «non» francophone. Il faut sortir de ce jeu dès maintenant, le seul moyen que j'entrevois est une rupture déclarée : nous ne négocierons plus avec les partis qui ne répondent pas au minimum à certaines conditions. Le (con)fédéralisme à trois en est la première.  

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jeudi, 06 janvier 2011

De Wever, le grand foutage de gueule médiatique.

Tandis qu'un séisme politique de magnitude 206 provoquait l'agrandissement de la faille de San Albertas, Mijnheer Fricadel étalait sa confiture culturelle, et son humour tout juste pas tout à fait francophobe, sur un plateau de la VRT, dans l'émission de jeu «de allerslimste mens ter wereld» (l'homme absolument le plus intelligent du monde), où une jeune blonde lui fit un discours avec un (faux) accent «francophone» suite à quoi il répondit : «c'est effrayant de justesse» (rires). Plus tard, quand on lui demanda s'il parlait plusieurs langues, il répondit «surtout français ces derniers temps» (hilarité générale). Rien de bien méchant, en fait, dans ces deux traits d'esprits, qu'on peut prendre un peu comme on veut. La question serait plutôt de savoir s'il n'est pas complètement con de permettre à un homme politique, surtout de sa tendance, de se rendre sympathique en décochant des flèches aux Francophones, pas scandaleuses en elles-mêmes (si ç'avait été Mark Eyskens, on aurait simplement ri de bon cœur), mais bien plus significatives qu'elles n'en ont l'air dans la bouche Mijnheer Onfhankelijkheid. L'inviter à un jeu télévisé au titre aussi évocateur, c'est financer sa campagne avec l'argent du contribuable.

Car la télévision publique flamande a offert là à notre infarctus ambulant une tribune formidable. Imaginez : 1.870.640 téléspectateurs flamands, soit près d'un tiers de la population, a pu s'abreuver de la sympathique bonhomie, et de l'esprit remarquable de l'homme qui veut l'indépendance de la Flandre, mais ne le dit jamais trop fort. PDM de l'émission : 75%. À titre de comparaison, l'émission politiquement indispensable de Ivan de Vadder, le Bye Bye Belgium flamand, avait intéressé dix fois moins d'électeurs potentiels. Bien pire encore : sur la crise politique gravissime qui s'est déclenchée hier, et dont il est le principal artisan, Mijnheer DraaksevautbienBruneau n'a désiré piper mot, refusant de se rendre dans les studios de la même VRT (l'émission ayant été enregistrée, c'était à tout le moins son devoir de répondre aux citoyens). Les électeurs potentiels de l'homme aux yeux de grenouille ne le lui reprocheront pas : dame ! il fut si brillant dans son concours, de circonstance !

Si vous vous demandez demain pourquoi tant de Flamands votent pour un parti indépendantiste aux discours wallophobe, vous avez désormais la réponse. Pas parce qu'ils sont nationalistes. Pas parce qu'ils sont républicains. Pas parce qu'ils sont indépendantistes. Pas parce qu'ils sont flamingants. Non. C'est juste que Bart a beaucoup d'humour, et que la VRT a encore une fois tout fait pour lui permettre de le montrer. Quant au programme politique réel, plus il le tait, plus il gagne.

Ça s'appelle le populisme. Et certains médias du Nord feraient bien d'enfin comprendre que ce jeu, télévisuel, est tout simplement sordide.

Autant qu'une apparition de Daerden chez Cauet, me dira-t-on. C'est vrai. Sauf que Daerden ne voue pas son existence à l'anéantissement du pays.

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mardi, 04 janvier 2011

The Wall (ou pourquoi la Crise belge va perdurer).

 

Le jour de l’an est à peine passé que, pfuit, les manœuvres machiavéliques des flamingants ont repris. De quoi s’agit-il ? Une fois encore d’une théorie de la N-VA présentée comme une nécessité absolue, à laquelle les Francophones ne veulent une fois de plus par répondre (ça aide à les présenter sous un jour négatif, ce qui est bien utile pour améliorer le score de la N-VA). Je résume : Bart De Wever et quelques autres de son «camp élargi» (N-VA et CD&V) ont encore asséné une vérité : si Di Rupo veut être premier ministre, il doit reprendre le flambeau de la négociation dès à présent. Du coup, une partie de la presse flamande (la partie un tantinet nationaliste) reprend en chœur : «Di Rupo, reprends le flambeau et deviens formateur onmiddellijk (immédiatement) !» Sinon, tu es un lamentable labbekak. Et le lecteur flamand n’aura pas d’autre chose à se mettre dans le cerveau que cette pensée unique. Étrange pensée unique, d’ailleurs, car moi, j’ai toujours cru que ce genre d’attribution de mission était une prérogative de notre chef d’État, Albert van Cobourg machin. Non ? Quoi ? Ah ! C’est Bart De Wever qui décide ? Ah bon. D’accord. Je comprends mieux.

 

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mardi, 21 décembre 2010

Les Boules (ou «Bart Attacks»)

Mesdames et Messieurs les démocrates, je suis au regret de vous annoncer que vous avez perdu vos couilles. Je les ai retrouvées, racrapotées, ridées comme des pommes reinettes de fin de saison, dans un caniveau de la Place Saint-Géry. Elles avaient roulé toutes seules depuis le 16 rue de la Loi. Pour l’instant, quelques rédactions, et quelques eunuques de la pensée, continuent à papoter — comme si de rien n’était — du sexe des anges, de l’élasticité de leur préservatif fiscal, du taux d’échancrure du split-rate qui se dilate, et du 1% qui séparerait la Loi de financement de la N-VA de celle du PS. Ils le font d’une voix fluette et doucereuse, censée nous rassurer sur l’avenir de la Nation (avec «N» majuscule) belge. Nous ne sommes pas rassurés. Étudions le patient.

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vendredi, 10 décembre 2010

Peumans, les Juifs, les Turcs, la VRT et le pot de rillettes.

Pas mal d’encre a déjà coulé à propos de la réponse de Jan Peumans — et du débat qui s’ensuivit — sur le plateau du jeu télévisé «De Pappenheimers», à la VRT (télévision publique flamande). Le titre de l’émission est tiré de l’expression «Hij kent zijn pappenheimers» (il connaît son monde), ce qui se traduirait grosso modo par «les grosses têtes» en français. On a beaucoup commenté le clash, mais tout n’a pas été dit, loin de là, sur la question qui mit le feu aux poudres, la réponse de Jan Peumans (président du parlement flamand), et la suite (notamment l’hilarité générale provoquée par la remarque de l’animateur sur l’association entre `Juif`et `liquider`). Dans la presse néerlandophone, une voix se distingue toutefois, celle de Mia Doornaert (conseillère indépendante du premier ministre), qui sous le titre «Odeur de ranci» (Ranzig geurtje), a publié un billet magnifique par sa justesse et sa rareté, dans De Standaard du 6 décembre. Elle n’y va par quatre chemins. «Regarder le fragment [que j’ai posté sur Youtube] m’a fait froid dans le dos sur la Flandre telle que la N-VA la conçoit». Elle reproche notamment à Jan Peumans d’«accuser la communauté juive de littéralement chercher à manipuler l’histoire». Ainsi que de suggérer «que le débat démocratique n’est pas légitime quand il est dirigé contre lui». Les rires qu’a suscités l’association de «juif» et de «liquider» lui inspirent une critique acerbe de la VRT, où «l’on peut remarquer un glissement des valeurs depuis que plus de nationalistes y ont obtenu des postes d’autorité. Autrefois, on n’aurait par exemple jamais pensé, dans une émission de cuisine, à mettre Hitler entre des artistes encensés». Pour conclure que de telles vidéos «donnent au nationalisme flamand une odeur de ranci.» Oui, il y a donc bien une réaction en Flandre, et une prise de conscience que le nationalisme entraîne irrémédiablement un glissement des valeurs.

 

Reprenons l’affaire depuis le début, et commençons par défendre Voltaire. Mais auparavant, regardez la vidéo, pour prendre connaissance de «l’Affaire Pappenheimer» et mieux comprendre la réaction de Mia Doornaert, objet d’innombrables critiques sur certains blogs. Lisez ensuite mon analyse.

 

 

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04:50 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (130) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mardi, 07 décembre 2010

Faits d’asile (ou la loi du plus menteur).

Bart De Wever a donc lancé un nouveau front : l’immigration (et l’asile en particulier). Logique. À présent que la N-VA et le CD&V sont isolés sur le front de la loi de financement, autant utiliser une crise (scandaleuse au demeurant) pour s’éloigner un pas de plus de tout accord de gouvernement. Et là, la N-VA joue sur du velours. Elle déposera un projet de loi au Parlement, qui sera — le doute est-il permis ? — tout sauf acceptable pour la gauche, francophone comme flamande. Mais la stratégie N-VA/(CD&V) est claire et bien relayée par les médias flamands : il y a deux démocraties en Belgique, une «flamande» et une «francophone». La Francophonie est associée dans l’imaginaire politique flamand au PS (socialiste, «marxiste», «bolchevique», enzovoort). Elle est de fait plus à gauche que la «démocratie flamande». Mais pas pour autant exclusivement socialiste : la gauche franche (PS + Ecolo) n’y représente toujours que la moitié des suffrages (et encore, pas à toutes les élections). Et dans tous les pays du monde, quand il y a plusieurs régions, il y a plusieurs «démocraties». Cette dichotomie permet d’opposer politiques flamands et wallons dans un discours de plus en plus manichéen. La mécanique étant engagée, quand les «Francophones» refuseraient la proposition de loi de la N-VA, ce sera «l’État P.S.», assimilé à la francophonie, qui sera désigné responsable. Et si les socialistes flamands s’opposent eux aussi à cette loi, ce ne sera pas présenté comme «un refus des Flamands de gauche», mais bien comme «une rupture du Front Flamand», sous-entendu due à ces bolcheviques de Francophones. Le programme N-VA, lui, est assez clair pour susciter un nouveau blocage : zéro immigration, à l’exception principalement des ressortissants de l’UE (et encore, temporairement), et zéro asile, à l’exception des («rares») «vrais» réfugiés, ceux qui sont menacés de mort dans des pays réputés très, très dangereux. Mais pourquoi Bart De Wever s’intéresse-t-il soudain à ce dossier, et est-il si crucial pour «la Flandre». Revue de détail

 

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vendredi, 03 décembre 2010

Tic, tac, faisons la bombe avec Bart.

La note de Di Rupo aura fait long feu. De Standaard annonce ce matin qu'elle sera rejetée par la N-VA, et que le CD&V n'est pas très chaud non plus. Ce qui avait été annoncé comme «un geste» par le président du PS, sorte de coup médiatique pour ne pas être pris en défaut, suppose-t-on, lui est donc renvoyé via les fuites habituelles, de la N-VA au Standaard. Cela permet-il à la N-VA d'apparaître comme les bons, ceux qui font les efforts, répondent au Flamand de la rue, pour lequel Bart montrait hier, à Villa Politica (VRT) une empathie formidable ? «Les gens en ont marre», disait-il. Sous-entendu, «marre du PS», «marre de l'Olivier», ou plus généralement : «marre des (politiciens ?) Francophones».

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05:47 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (164) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mardi, 30 novembre 2010

Quand Ivan De Vadder plaisante sur le «collaborationnisme» des Germanophones.

Les Francophones sont souvent accusés de prétendre que les Flamands seraient, comment dire, mus par une nostalgie d’un certain régime, euh… enfin, vous voyez, quoi. On suppose donc qu’il n’y a pas plus prudents sur ce terrain que les journalistes néerlandophones belges. Eh bien, figurez-vous qu’ils ont quand même un humour, disons, eh bien, euh… bizarre, quand ils parlent, par exemple, des Germanophones, donc, d’une certaine manière, des Allemands. Vendredi, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant une suite de gazouillis (ma traduction française pour «tweet») suite à une info «twittée» par Ivan De Vadder en personne, auteur de l’émission de la VRT sur le Plan B.

Ivan De Vadder : «BRF zendt woensdag een Duitse versie uit van ‘Plan B’ in het Duits #dontmentionthewar». En français, ça donne : « La BRF (télévision belge de langue allemande) diffuse mercredi une version allemande de ‘Plan B’ en allemand #neparlezpasdelaguerre».

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vendredi, 26 novembre 2010

Krispation.

Neen. S'il y a une leçon que les «Francophones» ont apprise, c'est qu'il ne vaut pas mieux dire «non». Milquet, Maingain font encore aujourd'hui les frais d'une réputation de non(n)isme en Flandre, au point d'être associés comme «M&M» du «non». Alors, l'Olivier a pris acte de la note et dit «oui, mais». Hier matin, tôt, De Standaard titrait «Non, Neen» avant que qui que ce soit ne se prononce. Plus tard dans la journée, les partis du Sud annonçaient la reprise des négociations. Ce n'était donc pas «non», que le journal flamand avait pris soin de mettre en premier dans son titre (étrange choix, mais passons). Vers 2 heures ce matin, c'est encore De Standaard qui vint avec une nouvelle négative, mais cette fois basée sur l'interview de personne de moins que Kris Peeters, ministre-président du gouvernement flamand. C'est «neen». Parce que la Flandre serait obligée, selon ses calculs, d'économiser 2 milliards. Et Peeters, à la gauche de la N-VA, est à la fois le président (dixit son chirurgien) du Deelstaat Vlaanderen, et le vrai chef du CD&V. 

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jeudi, 25 novembre 2010

Vande Lanotte en bémol (déjà).

La note Vande Lanotte est à peine arrivée dans les partis que déjà, les «non» et les «neen» se chuchotent dans les couloirs politiques. Selon De Standaard, pourle PS, elle est trop flamande, et la N-VA parle déjà d'amendements. L'encre n'est pas encore sèche que les tiraillements commencent. Le scénario de la note De Wever pointe à nouveau le nez : ce qui est insuffisant pour les partis néerlandophones est déjà trop demander aux partis francophones. On aura beau jeu de dire que tout ça, ce sont des jeux politiques, la réalité est tout autre : il s'agit de nous, de chacun de nous. Et les résultats électoraux ne permettent tout simplement pas de sortir un gouvernement, parce que l'opposition, entre nationalistes d'une part et eurodémocrates d'autre part (soit les partis qui adhèrent à l'article 2 du Traité de Lisbonne — il y en a au Nord aussi, mais ils sont aujourd'hui minoritaires) est tout bonnement inconciliable. Sans compter qu'un gouvernement avec un Muyters aux finances ou un Bart De Wever aux affaires étrangères, un Jan Jambon à la défense ou un Ben (Laden) Wuyts aux pensions serait pour tout dire ingérable. Le «Radio Mille Collines» de Leterme sonnerait alors comme une gentille plaisanterie. Du coup, seules des élections — et encore, ce n'est pas sûr — pourraient abattre le mur devant lequel nous nous trouvons à chaque nouvelle tentative de conciliation ; toujours le même mur, infranchissable, impossible à abattre autrement.

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