lundi, 25 novembre 2013

La Belgique condamne Bénédicte à l’exil pour avoir adopté Dipika au Népal.

Dipika20013.JPGC’est une histoire hallucinante. Depuis plus de deux ans, Bénédicte Van de Sande est coincée au Népal avec sa fille adoptive, Dipika. Elle ne peut plus rentrer en Belgique parce que la petite Népalaise qu’elle a sortie de l’orphelinat, qu’elle a nourrie au biberon, qu’elle élève, qu’elle soigne, et dont elle est incontestablement la mère, ne peut obtenir de visa. Sa seule solution pour rentrer à Bruges, où elle est domiciliée : remettre la fillette de quatre ans à un orphelinat népalais ou l’abandonner dans la rue. Impossible, inhumain. Et illégal : comme elle est la maman officielle de Dipika, elle commettrait alors un crime pour la justice népalaise. Aujourd’hui, Bénédicte est donc coincée au Népal, un pays de grande misère, où il faut bouillir l’eau avant tout usage, où sévissent la dengue, le paludisme, le choléra et où la médecine n’a rien à voir avec ce qu’elle est en Belgique. 

 

Avec une petite Dipika qui, de surcroît, a un problème cardiaque qui serait léger en Belgique, mais pour lequel le Népal n’est pas équipé. Les Népalais ont une espérance de vie d’une soixantaine d’années. Bénédicte est seule avec sa fille, désespérée, abandonnée par son propre pays. Et tout ça, parce qu’elle a voulu être maman.

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lundi, 14 octobre 2013

Occident de Parcours

Qu’est-ce qu’on est beaux, nous, les Occidentaux ! Voyez Hollande : prêt à envoyer des avions punir Bachar el-Assad pour avoir utilisé du gaz sarin contre sa population ! Oui, nous portons haut les valeurs humanitaires ! Exemple : l’accueil des réfugiés syriens. La semaine passée, Joëlle Milquet appelait à créer 4.000 places pour ces fugitifs désespérés. Mais après que Maggie De Block a rappelé que 895 d’entre eux étaient déjà arrivés en Belgique en 2013, la ministre de l’Intérieur a reculé. Car 895 hommes, femmes et enfants, ça fait tout de même près de… 0,12 % du nombre de réfugiés syriens actuellement au… euh… Liban (742.000) ! Un pays qui comme la Jordanie (519.000) peut se permettre d’accueillir toute la misère du monde ! Nous, on ne peut pas : on a besoin de notre argent. Au total, on n’accepterait donc pas plus de 50.000 de ces réfugiés dans toute l’Union européenne (dont 5.000 en Allemagne…) Hauts les cœurs : ça fait déjà un petit dixième de ce que l’immense et richissime Jordanie héberge ! Quant à la France, si généreuse en paroles dures contre Damas, elle a reçu 700 réfugiés cette année. Soit un petit vingtième du nombre de Syriens arrivés en… Algérie. Mais bon, l’Algérie, c’est le Maghreb, un mot qui signifie occident en arabe. Au final, ce sont donc bien des Occidentaux qui accueillent le mieux les Syriens : mais ceux du sud de la Méditerranée. Au Nord, on parle beaucoup, on s’agite, on palabre. Mais quand il s’agit de mettre notre bel humanisme en pratique, c’est le désert… des Tartuffes !

Chronique parue dans Marianne Belgique le 5 octobre 2013

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mercredi, 09 octobre 2013

Tous des Européens, sur France Inter ce vendredi

Ce vendredi 11 octobre de 18h25 à 20h, je vous recommande particulièrement l'émission de France Inter Tous des Européens (un vendredi sur deux), par Hélène Jouan. Et pas uniquement parce que je fais partie des invités ! Une belle brochette, d'ailleurs, avec notamment Paul Magnette, Johanne Montay, Thomas Gunzig et le groupe liégeois Paon, en live.

Mais surtout, l'idée de France Inter de «faire (re)découvrir l’Europe à ses auditeurs, cet espace qui leur est commun, en s’installant aux quatre coins du continent avec un nouveau rendez-vous bimensuel» me paraît un excellent exercice de citoyenneté en vue des élections de 2014. 

En pratique, Tous des Européens s'invite déjà dans le 7/9 de Patrick Cohen (de 7h à 9h donc). Et de 18h25 à 20h, Hélène Jouan, Jean-Marie Colombani, Éric Valmir et Caroline Gillet feront le tour de la relation politique et culturelle entre les Belges et «l'Europe», le tout entrecoupé de laïves, de reportages et de chroniques. Deux heures «de direct et d'humeur» à ne pas rater.

L'émission est présentée en direct de Flagey (entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles). Bonne écoute !

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mardi, 10 septembre 2013

Les Francophones de Belgique, ces Serbes du Nord (MàJ)

Mis à jour le 11 septembre suite à une correction de Dennis Abbott — les modifs sont en gras (1). 

La Belgique, la Flandre et Menin étaient à l’honneur hier au briefing presse de midi de la Commission européenne. Mais détail piquant, les querelles de notre beau pays furent évoquées suite à une question portant sur les problèmes entre… Croates et Serbes à Vukovar ! Autant savoir que notre vieille démocratie si fière d’elle-même est associée dans l’esprit des correspondants internationaux à un pays qui était en guerre il n’y a pas vingt ans. Ce qui a donné l’occasion à Dennis Abbott, le porte-parole pour l'Éducation, la Culture, le Multilinguisme et la Jeunesse de la Commission européenne de rappeler la position de la Commission européenne. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est assise entre deux chaises.

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jeudi, 22 août 2013

Frères musulmans, ma réponse à Julian.

Julian Schaak a répondu à mon dernier article sur l’Égypte. Réponse intéressante mais attendue. Son point de vue me paraît entrer exactement dans ce que j’appellais «l’eurocentrisme (dialectique)», à savoir une application des valeurs développées en Europe autour de la démocratie à des pays où les conditions de vie, le débat (ou plutôt la guerre) politique ne permettent pas la moindre comparaison. D’emblée, Julian explique qu’il répond à un article que j’aurais publié sur «le coup d’Etat militaire en Egypte», prenant donc le parti de sensibiliser le lecteur occidental à un «crime de démocratie». Or, les événements en Égypte se vêtissent difficilement de ces concepts très complexes et très élaborés tels que nous les connaissons en Europe. Déjà, «la démocratie» est une notion très imparfaite ici (j’en prends pour exemple les intimidations dont le Guardian font l’objet suite aux révélations de Snowden), mais elle correspond à un idéal vers lequel nous voulons tendre et que nous brandissons lorsque nous nous sentons menacés (dans le cas de Snowden par exemple ; quand Aube Dorée influe sur des partis installés ; quand le CPAS d’Anvers supprime des droits à la femme d’un combattant syrien sans passer par une cour de justice, etc.) Ce mot, c’est une arme.

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mardi, 20 août 2013

Egypte. L'Occident se mord la queue.

L’Occident est pris au piège. Qui doit-il soutenir ? Le général Al-Sissi qui a la faveur de bien des intellectuels égyptiens, mais qui est à l’origine, et d’un coup d’État, et d’un massacre ? Les pro-Morsi, ce Frère musulman qui a tenté de transformer une révolution démocrate en succès islamiste ? Dans le premier cas, il croit abandonner l’une de ses valeurs fondamentales, la «démocratie». Dans le second, il s’acoquine avec une galaxie de manifestants, pas tous mal intentionnés, mais dans laquelle on trouve aussi les jihadistes violents, et qui soutient les Frères musulmans, un mouvement qui prône une vision totalitaire de l’Islam — je le montre plus loin. À la rigueur, l’Occident ne retrouvant ses valeurs dans aucun des deux camps pourrait, au final, ne soutenir personne. C’est évidemment le plus simple. C’est ce qui se profile. Ne pas trop s’en mêler. Et demander, placidement «l’arrêt des violences». Point. Une phrase à ce point idiote qu’il vaut mieux ne rien dire du tout et se contenter alors d’un «c’est un problème interne à l’Égypte, nous ne pouvons rien faire». Mais non, la réponse européenne semble passer par une suspension de l’aide à l’Égypte pour cause d’atteinte à la démocratie. Bizarrement, d’une telle suspension, il n’était pas question lorsque le gouvernement de l’islamiste Morsi grignotait petit à petit les libertés fondamentales et fermait, par exemple, une chaîne de télévision qui lui semblait hostile !

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vendredi, 14 juin 2013

Troïkatastrophe

Ce n’est pas par sympathie. Je n’ai presque jamais regardé l’ERT, tout simplement parce que je ne comprends pas le grec.

Ce n’est pas par conviction. Comme la plupart des journalistes européens, je ne peux pas juger par moi-même de la valeur et de l’indépendance des informations de la télévision publique grecque. Pour me faire une idée, j’ai posé la question à quelques Grecs et le faisceau de réponses ne me semble pas différent de ce que produiraient les mêmes questions sur la télévision française ou belge. Il y a ceux qui la trouvent assez équilibrée, ceux qui n’en pensent pas grand-chose, ceux qui la disent pro-gouvernement et ceux qui la disent trop socialiste.

C’est donc par inquiétude. L’impression qu’on tente de nous convaincre avec des arguments faciles, voire populistes, du fait qu’il n’était pas seulement normal, mais aussi nécessaire de supprimer le service public d’information grec. Les éléments donnés par Antonis Samaras ne devraient pourtant satisfaire aucun journaliste, pas plus que ceux qui nous furent donnés, emballés, pesés, par Diesel-boom pour justifier la première mouture de la liquidation des comptes chypriotes, amputant des dépôts en principe garantis. Et pas plus que ce que la Commission européenne et la BCE nous proposent de penser sans réfléchir quant au succès garanti de l’austérité en Grèce, pensée unique du reste contredite par le FMI (d’abord à l’automne dernier, ensuite aujourd’hui) et par les faits : le redressement de la Grèce n’est pas en vue, sauf sur les graphiques joliment présentés et conçus par des professionnels de l’information nostradamussienne labellisés European Commission…

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vendredi, 07 juin 2013

Clément Méric : un proche de Serge Ayoub annonce d'autres morts antifascistes. (MàJ)

Sur sa page Facebook, le national-solidariste flamand, Kris Roman, réagit à l'annonce du décès de Clément Méric en ces termes : «'Un militant de gauche décède après une bagarre à Paris' Les petits antifascistes pervertissent à nouveau la réalité. Je ressens la frustration du citoyen normal devant l'antifa. À juste titre. Si les antifas continuent à harceler les gens, d'autres mommies de "gauche" suivront…» Autrement dit, « on va en tuer d'autres ». Et ça, c'est sans parler de l'absence totale de regrets pour le décès de Clément Méric. 

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Kris Roman (à gauche) est un ex-membre de la N-SA (Alternative néo-solidariste), groupe néo-nazi flamand qui a notamment assisté à un concert prônant la haine des juifs, avec saluts nazis et tout le toutim. Mais ce qui est plus intéressant ici, c'est que Roman a intégré le mouvement belge Nation cette année. Or, Nation est l'antenne belge (francophone) de la Troisième Voie de Serge Ayoub. Il était l'un des quatre orateurs lors d'une conférence de presse de Nation en mars 2012 annonçant une manifestation à Bruxelles le 11 du même mois, comme je le révélais dans cet article. Serge Ayoub et Kris Roman étaient aussi deux des personnalités les plus en vue à la manifestation nationale-solidariste du premier mai, cette année à Bruxelles. La photo montre l'un filmant l'autre. Ils se sont encore retrouvés, selon le Front antifasciste, à la manif nationale-solidariste du 12 mai à Paris. Ils se connaissent, c'est le même mouvement, la même idéologie, la même pensée. Au point que Kris Roman ait osé, sur son Facebook belge, ce que Serge Ayoub ne peut pas se permettre de dire à la télévision française ? À vous de juger…

MàJ : ce matin, sur son site, Nation se plaignait d'avoir été agressée par une trentaine de militants antifascistes, menaçant d'un "drame" potentiel si ce genre d'attaque se reproduisait. Cette menace est à prendre très au sérieux. Le mouvement antifasciste doit impérativement réfréner ses ardeurs, refuser toute vengeance, ne pas s'approcher de skins ou membres de ces mouvements d'extrême droite, ne pas les insulter ni les provoquer, laisser la société, la justice, la presse travailler. Nous n'avons pas besoin d'autres drames, Troisième Voie a montré son visage hideux, à nous de développer pacifiquement l'information. c'est par celle-ci que nous pouvons lutter contre le néo-solidarisme, une variante du nazisme, la violence ne peut qu'agraver les choses.

Lire aussi le blog du Front Antifasciste belge (en néerlandais).

 

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vendredi, 24 mai 2013

Woolwich. Zone de guerre.

L’attaque djihadiste d’hier à Londres ne constitue pas une nouvelle étape du terrorisme djihadiste. Mais il confirme une évolution du mouvement qui a des implications profondes pour nos sociétés. Contrairement aux attaques du World Trade Center ou à l’attentat de Madrid, soigneusement organisés, qui requéraient des équipes coordonnées, celle de Woolwich était menée avec des outils de cuisine, et n’a pas nécessité l’importation de terroristes venus du Golfe ou d’ailleurs. Il est apparemment le fait de jeunes Anglais d’origine nigériane. Le plus énervé des deux (celui qui a parlé à la caméra) serait identifié comme étant Michel Adebolajo — info sous réserve, mais publiée par la BBC — issu d’une famille chrétienne très pratiquante, converti à l’islam après ses études…

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mercredi, 22 mai 2013

Les méchants Chypriotes, légende eurogroupienne.

L’une des choses qui m’avaient choqué dans la crise chypriote était la mise sur le marché par l’Eurogroupe de sophismes qui ont rapidement été adoptés tels quels par une partie de la presse. L’un des pires, de mon point de vue, concernait la «saleté» des dépôts dans les banques chypriotes. Entendez l’argent russe. Le sophisme partait d’une évidence entendue «l’argent russe est mafieux». Sans même en passer par là, on aboutissait immédiatement à la conclusion que Chypre ayant accepté les dépôts russes, les banques chypriotes étaient forcément complices de la maffia, et donc «sales». Dit autrement, toute mesure prise contre elles, y compris la pire, se justifiait par le simple caractère russe, donc maffieux, des dépôts. Outre le fait que cet argent ne constituait qu’une partie des dépôts, l’argument montre surtout une condescendance coupable de la part des pays «sains» envers cette Chypre «dégoûtante» et le raisonnement permit à l’Eurogroupe d’imposer à l’île des mesures qu’il n’aurait osé utiliser contre des pays à la meilleure réputation. 

 

Or que se passe-t-il aujourd'hui ? D’après RT.COM, une partie de cet argent a désormais été replacée dans d’autres pays qui devraient à leur tour, selon les critères unioneuropéens, être pointés du doigt pour leur «saleté» protomaffieuse. D’après Istvestia, ce seraient le Luxembourg (7 milliards de dollars), les Îles Vierges britanniques (4,7 milliards), l’Irlande (4,6 milliards) et les… Pays-Bas (2,8 milliards). Soit, si je compte bien, quelque 20 milliards de dollars.

 

Mais heureusement, tous ces pays n’ont pas dû faire face à des pertes énormes pour sauver… la Grèce, se dit-on. Un aspect oublié dans le traitement de la chute de Chypre. Oui, car la hausse des taux d’intérêts dans les pays périphériques a permis aux nations centrales et nordiques d’emprunter à des taux très inférieurs à l’inflation. Alors que les banques chypriotes, elles, se sont pris la restructuration de la dette grecque de plein fouet. Ou comment le malheur des uns fait le bonheur des autres, avec cette infamie supplémentaire que pour justifier le malheur des uns, on les a fait passer pour plus méchants qu’ils n’étaient. 

 

(Info RT. COM via @chrischavagneux, Alternatives Économiques, à suivre sur Twitter)

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