vendredi, 17 juin 2011

Fukushima : 3 fois Tchernobyl, en 10 fois pire.

(NOTE : un Collectif des Irradiés spamme des rédactions entières avec un "communiqué" faisant référence à cet article et faisant croire que je suis en quelque sorte mêlé à leur action. Je tiens à dire que je me désolidarise totalement de telles pratiques qui s'apparentent à du harcèlement textuel. Ceci ne retire rien à l'intérêt et à la qualité de l'article ci-dessous.)


Un article de Guy de Halleux.

La sous-information de la population par les médias accompagne l’inertie de l’action internationale face au désastre de Fukushima.
Nos médias traditionnels, journaux, radios, chaînes de télévision, à de rares exceptions près comme France-Inter, RFI, Sciences et avenir, ne nous informent pas correctement de l’évolution de la situation à la centrale de Fukushima. Dès lors, il est difficile pour le « grand public »  de se faire une idée précise de l’étendue du désastre….et se trouve incapable de juger la frilosité hypocrite de l’(in)action de la communauté internationale.

 

La situation à la centrale de Fukushima ou « Tout va très bien, madame la Marquise…mais il faut que l’on vous dise juste un tout petit rien ! »
La situation s’aggrave  de jour en jour à la centrale…En ce 6 juin, on peut résumer la situation de la manière suivante…Les réacteurs 1, 2 et trois ont complètement fusionné et les cuves sont poreuses au point de laisser passer le corium (lave nucléaire) au travers des cuves. Ceci est déjà en soi, trois fois l’accident le plus grave qui puisse arriver dans un réacteur nucléaire, et cela au même endroit ! La radioactivité augmente au point d’atteindre une vapeur d’eau dégagée de 4 sieverts/heure ! En plus, les sous-sols des trois réacteurs contiennent à ce jour plus de 100.000 tonnes d’eau radioactive. Jamais une eau aussi radioactive n’a existé. Les sous-sols sont tellement pleins qu’il ne reste plus que 27 cm dans le bâtiment du réacteur 1 pour qu’elle ne déborde ! Et la saison des moussons au japon débute fin du mois, en principe.

 

Tepco annonce qu’ils espèrent commencer à pomper l’eau ce 20 juin., le temps de mettre en place les cuves de stockage, entre-autre …

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vendredi, 15 avril 2011

Tchernobyl forever

(Erratum : merci à Denis d'avoir corrigé la date de la diffusion de Tchernobyl Forever, le 26 avril et non le 29)

Prenons un peu de hauteur, mettons notre vision à "loin dans le temps". La Belgique, le gouvernement belge, ce n'est pas important en soi. C'est un peu comme l'argent. Ce n'est pas ce qu'il est qui compte, mais ce qu'il permet. Or, tout comme le flouze, sans gouvernement, nous stagnons, et l'un des pays les plus riches de la planète ne remplit pas ses fonctions internes, ni externes. Non seulement nous mettons en péril l'avenir des citoyens, mais en plus, cette stagnation ne peut que compromettre d'autres projets à plus long terme, en matière de coopération, d'intervention — ou non — dans des conflits extérieurs, en soutien aux populations opprimées.

La crise de Fukushima le montre, autant que les premières traces de plutonium au large de la… Corée du Sud, le nucléaire ne peut être une solution à long terme, et certainement pas une solution générale — tout au plus une source d'énergie d'appoint. Quoique nous fassions, la terre sera toujours plus puissante que l'homme. Un tremblement, un tsunami, et toutes les mesures de protection que nous avions prévues tombent à l'eau, sans mauvais jeu de mots. La privatisation d'une petite centaine de Fukushima à travers l'Europe est un péril de plus, où la main d'œuvre, élément crucial de ce type de technologies, est exposée à des risques invraisemblables qui ne l'incite pas à l'optimisme.

Nous devons entamer notre sortie du nucléaire. Ce n'est pas (plus) une question de prudence, c'est le seul constat intelligent auquel Fukushima nous invite. Aujourd'hui, nous ne consommons plus japonais, et qui sait quand nous le ferons à nouveau ? Une catastrophe de cette nature peut arriver en Europe, et qui sait le crash économique que cela impliquerait ? Les ravages invraisemblables d'une seule catastrophe nucléaire sont tels qu'il n'est pas possible de parier sur cette solution pour l'avenir. Au même titre qu'Einstein a supplié le gouvernement américain de ne pas utiliser la puissance nucléaire qu'il avait contribué à développer, au vu de ce qui se passe au Japon, il ferait de même pour le nucléaire énergétique aujourd'hui, je pense.

Comment ne pas nous inquiéter quand nous avons vu des responsables de l'énergie nucléaire belge ou française nous assurer que les centrales japonaises avaient subi de simples incidents au moment où il était clair que les Nippons étaient confrontés à une catastrophe de grande ampleur, dans un cadre toujours pas maîtrisé aujourd'hui, avec des implications pour l'avenir que nous ne mesurons pas ? La gravité de toute fuite est telle que les entreprises privées chargées de gérer nos centrales atomiques auront toujours tendance à minimiser les dangers et à qualifier d'incidents ce qui ne peut être vu que comme des accidents. On a vu cette propension à l'euphémisme tant à Tchernobyl (et à l'époque, on pouvait encore parler de vétusté et de mentalité plus ou moins communiste) qu'à Fukushima, dans une société moderne et démocratique. Jusque là, l'exploitant n'était pas franchement plus suspect qu'un autre, depuis, on lui attribue tous les défauts du monde. La même chose arriverait dans une centrale occidentale. Silences, non-dits, attente du dernier moment pour évacuer les gens — on parle de trois heures avant le commencement de fusion, dans un rayon de quelque 20 kilomètres. Regardez ce qu'il y a dans ce rayon à Doel, et essayez d'évacuer Anvers en 3 heures, vous m'en direz des nouvelles !

Alors, la première chose à faire, c'est de s'informer. C'est pourquoi je vous recommande de regarder l'interview d'Alain de Halleux sur Arte, et de ne pas rater la diffusion de Tchernobyl forever le 26 avril à 20h40.

Il s'agit ici d'un problème fondamental de notre société, une question, littéralement, de vie ou de mort. Il est temps que les idéologues dogmatiques cessent de prendre notre société politique en otage de leur nationalisme anachronique. Nous avons d'autres problèmes bien plus importants à régler que de savoir si le méchant francophone a opprimé le pauvre flamand ou l'inverse. Il est temps que les électeurs se réveillent et prennent parti pour des décideurs courageux ayant le regard tourné vers l'avenir, comprenant le sens de la solidarité, cherchant à établir des ponts plutôt qu'à creuser des fossés. Il y a chaque jour un combat de plus que nous perdons faute d'y prendre part.

À bon entendeur, salut.

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vendredi, 18 mars 2011

«English rats, roll up your mats» (A letter to David Cameron)

Dear British Prime Minister, 

Yesterday, you welcomed Mister Bart De Wever at 10 Downing street. I hope you realize what you did. It was selling Belgium by the pound. Or maybe, did you just listen too much to morons who insured you that the N-VA was simply a right-wing party, like yours ? Or were you blinded by the obsession that people who «think like you» economically are your «natural family», whatever they say and do on other matters ?

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mercredi, 01 décembre 2010

Quand Dati fait sa princesse (Léa).

Exclusif.
Un vent favorable m'a raconté une histoire plutôt révélatrice du respect que certains Français, en l'occurrence Rachida Dati, portent à la famille royale belge. Ou disons plutôt qu'elle a l'air de s'y intéresser quand elle peut se mettre en valeur au niveau européen, mais beaucoup moins quand il s'agit de «se bouger». Ainsi, quand la princesse Léa (belle sœur d'Albert II) lui a proposé de préfacer le guide européen des urgences pédiatriques qu'elle faisait publier (à sortir prochainement), Dati a répondu «présente». En revanche, quand il s'est agi de répondre à une invitation et de se déplacer en personne, ce fut une tout autre affaire.

Il y a plusieurs semaines, les services de la princesse ont donc invité Rachida à venir à Bruxelles pour s'entretenir des problèmes de prise en charge des urgences pédiatriques en Europe, et de la mise en place du 112, numéro d'urgence unique européen (où la France est en retard). La princesse Léa avait aussi invité plusieurs experts, dont Anne-Marie Lizin, présidente honoraire du sénat (et autotamponneuse à ses heures), à cette réunion de travail. Mais l'agenda de Rachida est apparemment si chargé qu'elle a «dû» reporter la réunion (qui devait être filmée) à plusieurs reprises. Courtoisement, la princesse Léa a alors demandé quelques dates à Dati, où elle serait absolument libre, afin de ne plus convoquer tous les autres (experts) pour rien. Rendez-vous fut donc fixé ce matin, 1er décembre, à 11 heures.

Mais hier, lundi 30 novembre, les services de Rachida ont (encore) appelé pour demander d'avancer la réunion à 10h30. D'accord, on rappelle tout le monde, pour la énième fois, aux frais de la princesse — au sens propre, la princesse Léa ne bénéficiant pas, sauf erreur de ma part, d'une dotation royale. Tout ça pour que ce matin, Dati fasse appeler les services princiers pour annoncer que, comme elle n'arriverait à Bruxelles que par le Thalys de 10h25, l'ex-garde des Sceaux avait finalement mieux à faire que de rencontrer la princesse Léa. Les mauvaises langues concluront c'est Dati qui, pour le coup, fit sa princesse !

On aime, ou pas, la monarchie belge. Force est toutefois de constater que la princesse Léa s'est engagée dans une fondation sociale d'envergure européenne et s'investit pour lutter contre un problème qui concerne chacun : la mortalité encore bien trop importante dans la petite enfance. Force est de constater aussi que la présidence tournante de l'Union européenne est actuellement occupée par la Belgique, dont le chef d'État est Albert II. Rappelons que Rachida Dati est députée européenne. Qu'elle a préfacé l'ouvrage commandité par la princesse (elle n'y était pas obligée), que la France est concernée (de par son retard sur le 112). On s'attend alors de l'éminence française à un tout petit peu de respect pour les gens qui l'invitent. Les Égyptiens diront que ce genre de mépris, Dati, ça date. L'histoire finit là. La morale ? Quand Léa prend date, Dati se dédit.

 

Note : cette histoire ne m'a pas été racontée par les services de la princesse Léa, mais par une personne extérieure.

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samedi, 25 septembre 2010

Les Flamands de Bangkok sont ils encore des Belges ?

L'ambassade belge à Bangkok propose la nouvelle mouture de son bulletin d'information. En Français, il s'intitule «Lettre aux Belges». En néerlandais, on aurait pu s'attendre à ce que la traduction soit quelque chose comme «Belgen in Bangkok», ou «Het Blad van de Belgen». Mais non. En néerlandais, c'est «Nieuwsbrief». Pourquoi ? On se doute que si l'ambassade avait écrit le mot «Belgen», les plus rabiques des Flamingants du coin auraient inondé la boîte mail de l'office de lettres d'insultes. Quand le maître de la Flandre, Bart De Wever, et le président de son Parlement, Jan Peumans, disent que le drapeau et l'hymne belges ne sont pas les leurs, qu'ils n'ont aucune affinité avec eux, les lions (noirs) sont lâchés, partout dans le monde, et jusqu'à Bangkok. «Sire, il n'y a plus de Belges» disait un importun au début du siècle passé. Aujourd'hui, force est de constater qu'il y a bien toujours des Belges, mais qu'au Nord, on n'a plus le droit de le dire, parce que les extrémistes, loin de faire la majorité de la population, ont si bien envahi les espaces médiatiques, qu'un ambassadeur du bout du monde n'ose plus prononcer le mot «belge» en néerlandais. Le nationalisme a toujours, dans un premier temps, raison de la démocratie. Autant le savoir. Parce que la sournoiserie est toujours plus efficace que la vérité.

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mardi, 07 septembre 2010

Un peu de lumière (Verhofstadt au Parlement européen).

Ce matin, au Parlement européen, Guy Verhofstadt a, dans son intervention en anglais sur l'État de l'Union, préconisé une nouvelle vision et de nouvelles réponses à la crise économique, après avoir constaté la lenteur de la réaction européenne à la crise grecque. Sans langue de bois, il a plaidé pour une seule vision économique européenne, pour «plus de solutions européennes (…) nécessaires aujourd'hui.» Et a plaidé pour une nouvelle crédibilité européenne, que seule une voix commune (et non 27 opinions) peut soutenir. Avec force, il a harangué l'Europe à retrouver (j'aurais dit : à trouver) son leadership, notamment au niveau du problème climatique.

La suite de son discours fut en français et je vous la livre : «Je dois vous dire mon désarroi à propos de ce qui est fondamentalement la raison d'être de notre Union, c'est-à-dire la protection des libertés civiles et des droits humains, et ceci, tant à l'extérieur, mais encore plus important, à l'intérieur de l'Union européenne. Et je veux dire avec solennité que ce qui se passe en France, selon moi, est inacceptable…» Des voix lui rappellent alors que ce n'est pas à lui de décider «des sujets», ce qui ne l'empêche pas de continuer avec vigueur. «Mais, ce n'est malheureusement pas un cas isolé. Moi, j'observe comme beaucoup d'entre vous, que plusieurs gouvernements aujourd'hui, comme ils sont confrontés à la crise économique, sombrent progressivement dans une sorte de tentation de populisme, xénophobie, et même parfois racisme. En fait, ce qu'ils font, c'est qu'ils instrumentalisent (…) la peur de l'autre. Ils stigmatisent les minorités. Et je dirais même qu'ils font des amalgames autour de la migration, et je le dis avec force : cette attitude est incompatible avec les principes et les valeurs qui font notre Union, une des plus belles et des plus grandes idées politiques...»

Il n'a pas évoqué les problèmes de son pays, la Belgique, où un parti, la N-VA, suivi par le CD&V, tente d'installer une sécurité sociale différente pour les habitants néerlandophones et francophones de la ville où l'Union a son siège. Il n'a pas non plus évoqué le refus flamand, adoubé par son propre parti en 2004, de ratifier jamais «la Charte des Minorités» du Conseil de l'Europe, adoptée par l'Union et rendue obligatoire pour tout nouveau membre. Mais il me revient en mémoire que dans un brillant article paru dans le Standaard, il avait fustigé le nationalisme flamand, rappelant que la logique ultime du nationalisme était le génocide. Il me revient aussi qu'Els Ampe, membre bruxelloise désormais éminente de son parti, s'était exclamée, en plein discours du 11 juillet (fête «nationale» flamande) d'un Jan Peumans qui confondit sa fonction réputée neutre et la propagande flamingante : «Arrêtez, vous salissez les Flamands avec votre nationalisme !» Guy ne l'a pas dit ouvertement, mais on peut espérer qu'il le pense : l'Union européenne ne s'arrête pas aux frontières de la Région de Bruxelles-Capitale.

On espère qu'un jour, il nous haranguera, nous les Belges, pour que nous nous sentions investis d'une mission sacrée, non pas celle d'une Flandre pour le Christ, non pas celle d'une Wallonie française, ni d'une Bruxelles francophone, mais bien celle d'un pays qui a cofondé cette Union européenne, et qui en héberge les instances les plus importantes. Au moment où la question de la poursuite de l'expérience belge se pose plus qu'elle ne s'est jamais posée, l'on attend peut-être de Guy Verhofstadt, le plus grand de nos hommes d'État aujourd'hui encore en fonction, dépassant de loin la mentalité étriquée et protoflamingante de l'actuel président européen, qu'il éclaire son propre parti de la lumière qu'il projette sur les plénières du Parlement européen. Parce que si la «petite» Grèce a pu menacer l'Europe financièrement, et entraîner l'euro dans une crise qui aurait pu plonger rien de moins que le monde dans un nouveau marasme économique, la «minuscule» N-VA peut tout autant ruiner des décennies de construction d'«une des plus belles idées politiques» et par effet de dominos, entraîner l'Europe dans un régionalisme creux et ingérable, axé sur des «peuples-nations» qui n'ont plus de sens depuis 1945, fondée sur les identités, donc sur les différences, et dont elle ne se relèvera pas.

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vendredi, 03 septembre 2010

Le commissaire De Gucht : antisémite ou incompétent ?

Hier matin, 2 septembre, sur Radio 1 (la radio publique flamande), le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht (Open VLD, libéral flamand), expliquait pourquoi les négociations de paix au Proche-Orient étaient si difficiles. Dès le début de l’interview, il a eu une approche assez étonnante : «Dans le camp juif, on ne peut que constater que la politique juive s’est durcie. Chacun s’est durci du côté de la politique juive, et de plus, l’on ne peut pas, à l’intérieur de cette politique juive, appeler Netanyahu une colombe, n’est-ce pas ?» L’ai-je bien entendu parler de «politique juive» ? Et moi qui pensais que la politique d’Israël était fatahlement «israélienne» ! Bon. Pas de mauvais esprit (de Sel). Nous mettrons ça sur le compte d’un manque d’information. Un peu ballot quand on est commissaire européen. La suite est, comment dirais-je… plus corsée…

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jeudi, 03 juin 2010

Quand Israël était proche de l'Orient.

(ERRATUM : l'émission passe le vendredi 4 juin)

A tous ceux qui s'intéressent à Israël et à la Palestine, je recommande demain vendredi 4 juin à 23h10, sur La Deux, le documentaire d'Eyal Sivan sur Jaffa. Les oranges étaient cultivées et récoltées indifféremment par les Palestiniens et les Juifs. Le documentaire montre comment la sémantique nationaliste, produite à l'extérieur de la Palestine de l'époque, a petit à petit préparé le terrain pour un nationalisme israélien qui n'est ni juif (tous les Juifs ne sont pas aveuglement pro-israéliens, loin de là), ni même ne fédère tous les Israéliens. Si aujourd'hui, beaucoup d'entre eux votent à droite parce qu'ils ne voient pas d'autre issue que le raidissement, la majorité des Israéliens, comme la majorité des Palestiniens ne demandent rien d'autre que de vivre en paix. Ce qui les en empêche, c'est la mythologie nationaliste, les déclarations politiques, les médias (ça ne vous rappelle rien ?). C'est pourquoi les images de Jaffa, mon Amour sont émouvantes : elles rappellent que cette terre a pu être cultivée par des frères, devenus aujourd'hui des ennemis, et comment l'on arrive à séparer par le dogme des nations humaines destinées à vivre ensemble.

J'invite particulièrement les activistes pro-palestiniens traumatisés ou énervés par les récents événement à s'intéresser aux excellentes relations que les Juifs et les Arabes avaient alors nouées pour mieux comprendre que ce ne sont pas les populations qui oppressent, mais bien les concepts (nationalistes, ultrareligieux, etc.) et ceux qui les mettent en œuvre.

Jaffa mon amour

 

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mercredi, 02 juin 2010

Libération immédiate des Belges enlevées par Israël ou rupture des relations diplomatiques.

Quatre de nos concitoyennes ont été enlevées en haute mer dans les eaux internationales. Le fait qu’elles ne se trouvaient pas dans les eaux territoriales contredit toute thèse d’«arrestation». C’est techniquement bien d’un enlèvement qu’il s’agit. Si l’abordage des navires par la force n’est pas forcément un acte de «piraterie» (le but n’étant pas de s’approprier les biens du bateau mais de faire «respecter» un blocus), la privation de liberté, les interrogatoires, les violences faites aux passagers, la tentative de leur faire signer des documents avilissants (déclarer qu’on a été arrêté légalement alors que ce n’est pas le cas) sont des actes totalement inacceptables du chef d’une nation qui se dit démocrate. Notre premier ministre doit de ce fait soumettre la continuation de toute relation diplomatique avec Israël a, pour le moins, la libération immédiate, inconditionnelle, assortie d’excuses et de réparation éventuelle, des quatre resortissantes de notre pays séquestrées par l’État d’Israël ainsi que la restitution de tous les biens saisis (en ce compris toute source vidéo). Faute de cela, la Belgique accepterait que ses alliés assaillent militairement ses ressortissants pacifistes «impliqués» dans un convoi humanitaire circulant en haute mer.

(J'autorise les commentaires ci-dessous, à la condition STRICTE qu'aucun amalgame ne soit fait entre Israël et les Juifs, ni entre la politique d'Israël et la population israélienne qui compte, notamment, des militants pacifistes confrontés quotidiennement à la violence de ceux qui dirigent leur patrie. ).

 

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dimanche, 16 mai 2010

Terril on the hill (à voir absolument)

Il y a les petites maisons. Il y a le terril. Western borain. Il y a Nuage Gris, la mère, l'insoumise, venue d'une Algérie torturée. Il y a le père, mort jeune comme tous les gens de la mine, qui continue d'exister au cinéma par un de ces secrets qui font l'enfance. Il y a les trois vieilles, «le Muppet Show», l'une qui sait tout, l'autre qui comprend rien, la troisième qui boit sa vie et voit parler des cerfs. Il y a le village, un bled de par ici, aux accents de partout. Le Rital, le Boche, le Beur, le Wallon aussi. Tous ceux qui acceptent encore cette vie dégueulasse, le noir du coke, le noir de la misère, le noir du corbillard qui, pour les hommes, attend au détour de la quarantaine déjà. Il y a les enfants, dont Jamila, qui jouent au bas du terril, ces petits cow-boys du Borinage qui, pang ! pang !, s'imaginent au Montana. Non, en fait. Ils ne s'imaginent pas. C'est là qu'ils sont.

Et puis, ils deviennent grands et cherchent des horizons meilleurs. Comme Jamila Drissi, qui a fait le conservatoire. Un jour, elle a raconté son western de terril à Soufian El Boubsi. Alors, il a réécrit l'histoire. Puis, l'a rendue à Jamila. Et Jamila est arrivée sur scène pour raconter son village avec à la fois la distance que donne la réécriture et la sincérité que donne le vécu. Avec l'humour et la drôlerie des meilleurs souvenirs — on rit beaucoup, et aux éclats ! — et la douleur de chaque absence, d'autant plus émouvante qu'on les aime tout de suite, ces gens de la Cité de l'Héribus.

Elle est donc arrivée seule sur scène, Jamila, du moins, on le croyait au début de la représentation. Elle était en fait à vingt ou trente ou plus encore. Elle nous a joué tous les gens de son bled, un coron, un village western, un camp minier, avec l'accent, ou plutôt, avec leurs accents de partout, avec leurs défauts, avec un regard d'espoir, et on en sort assommé, heureux, touché, aux rires, aux larmes, parce qu'en une heure trente, on a regardé passer vingt ans d'une vie. Cité de l'Héribus. On serait passé en voiture qu'on ne se serait pas arrêté. Si seulement on avait su !

Soufian El Boubsi a écrit et mis en scène la vie d'une Algérienne inconditionnelle de Scarlett O'Hara. Jamila Drissi joue le rôle d'une fillette qui lui ressemble étrangement. Vous avez jusqu'au 22 mai pour voir ce très beau spectacle. A moins que ce ne soit pas un spectacle. C'est peut-être simplement la vie.

L'Insoumise (ou Scarlett O'Hara au pied du Terril)
Du mardi au samedi à 20h30 à l'Espace Magh jusqu'au 22 mai 2010
02 274 05 10 ou
www.espacemagh.be

 

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