lundi, 28 juin 2010

Dead calm (le calme avant la tempête)

Le Ring de Michel Field sur LCI, auquel il a bien voulu me convier en tant qu’auteur de Walen Buiten («Valène Bouitant» en France, donc…) a surtout montré à quel point la perception de la Question belge — comme certains appellent déjà notre crise outre Quévrain(1) — change dès qu’on entre en France. Si, en Belgique, le syndrome de Stockholm nous amène à nous demander si, en effet, les Wallons et les Bruxellois ne seraient pas inconsciemment d’horribles impérialistes qui empêchent les pauvres Flamands opprimés de vivre normalement, en France, quand Luc Van Der Kelen (Het Laatste Nieuws) compare «les Francophones», ou même «les Bruxellois» à de (méchants ?) Israéliens qui coloniseraient la (gentille ?) «Flandre-Palestine», il heurte tout le monde, et de front ! Vers la fin du débat, j’ai précisé à sa décharge : «Luc Van Der Kelen est un modéré». Qu’avais-je dit là ! En sortant du studio, quelqu’un m’a glissé : «si c’est ça, un modéré, votre pays est fichu !» C’est probablement vrai. Toujours est-il qu’en Belgique, on m’aurait dit : «mais oué hein, c’est un modéré, ket ! Avec lui, tu sais discuter !» Et comme je suis belge, donc adepte de la Méthode Coué, et que Luc est un monsieur sympathique, je l’ai retrouvé à la Gare du Nord et on a papoté pendant une demi-heure. C’est comme ça que j’ai compris que les carottes sont probablement cuites, mais que personne n’ose se l’avouer…

(Ce texte est également disponible en PDF ici )

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lundi, 14 juin 2010

Quand le populisme gagne la Flandre, c'est la Belgique qui perd.

Ce n'est pas le nationalisme qui a gagné les élections d'hier, même s'il faut plus de 40%. Ce n'est pas l'indépendantisme, même si De Wever a toutes les cartes en main pour mener la Flandre à l'indépendance dans, mettons, les cinq ans à venir. Evolution logique : nous vivons dans "deux démocraties". Nous avons tout fait pour. Les radicaux flamands, et aussi les régionalistes wallons. Les partis Flamands l'ont fait plus concrètement, concevant un État dans l'État. Les Wallons n'ont pas appris leur hymne par cœur. Ce soir, je n'ai pas vu une élection fédérale, mais deux. Une en Flandre, une fête où les Francophones n'existaient pratiquement pas. Une en Wallonie, avec une vaste majorité de Francophones sur les plateaux. Ce soir, ce sont bien, comme le dit Bart De Wever, deux pays qui ont voté. Et c'est parce que c'est deux pays que pour beaucoup, ce n'est plus ce "mon pays" qu'on n'osait pas aimer vraiment, qui paraissait fait de bric et de broc.

Mais ce qui a gagné, ce soir, c'est le populisme. Bart De Wever a mené une campagne où il n'a donné aucun chiffre, aucun argument concret. Ses barons l'ont fait pour lui. Bonne chance : 500.000 emplois nouveaux. L'indépendance de la Flandre dans moins de 10 ans. La fusion des communes bruxelloise, une seule zone de police, l'abolition de la région. Bonne chance. Le bilinguisme obligatoire de tous les fonctionnaires bruxellois. Un système de pensions pour les Flamands, un autre pour les Francophones. lL'apartheid fiscal et social. Et la flamandisation tous azimuts. Bonne chance. Voilà un programme impossible. Ça saute aux yeux. Mais parce qu'il est démagogue, parce qu'il est capable de dire le matin qu'il veut l'indépendance et le soir qu'il ne veut surtout pas une révolution, parce qu'il ne dit jamais de mal de personne ("je n'ai rien contre la Belgique. Je suis pour la Flandre en Europe, mais je n'ai rien contre la Belgieque), il a convaincu, et des indépendantistes, et des naïfs. Beaucoup de naïfs. Parce qu'il veut l'indépendance (et Geert Bourgeois, son Robespierre, plus encore que lui), parce qu'il est francophobe, parce qu'il est populiste, il devra, pour que son parti survive, faire échouer toute négociation. La Belgique a perdu. Pas particulièrement parce que les électeurs flamands ne l'ont pas assez aimée. Mais parce que des médias ont soutenu le populisme, aveuglément, d'un certain Bart De Wever, orateur surdoué, manipulateur imbattable, machiavélique, fin et d'une intelligence époustouflante. La Belgique est en rade, mais ça ne signifie pas que la Flandre ait gagné. Ce serait même plutôt le contraire. La Flandre qu'on aime, elle, a tout perdu.

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jeudi, 27 mai 2010

Le caractère néerlandophone de… devinez qui ?

«Nous voulons préserver le caractère néerlandophone de la Périphérie» ; «Il n’est pas question de toucher aux frontières linguistiques et régionales actuelles» ; «La connaissance [du néerlandais] n’est pas seulement indispensable [dans la Périphérie flamande], la disponibilité à utiliser la langue l’est aussi». Devinette : quel parti a ces lignes dans son programme ? Le Vlaams Belang ? La N-VA ? Le CD&V ? L’Open VLD ? Ou même SPA ? Pour le savoir, il vous faudra lire la suite. Pariez d’abord. Mise minimale : 50 vlaamse franken…

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lundi, 03 mai 2010

Bande de cons.

Les élections ne sont même pas lancées officiellement et les voilà déjà. Je veux parler des cons. Des dizaines de cons qui prétendent nous (re)gouverner. Les voilà dans leur bac à sable. Ça a commencé par le petit Louis, le premier mai, qui est allé chercher un argument nationaliste flamand pour rabaisser Joëlle. «C’est n’à cause de toi si n’a pas eu de réforme en 2007, t’es qu’une méssante !» Puis, ce fut la fifille Laurette, et le gamin Nollet, à la RTBF, ce dimanche, qui sont allés chercher chez le même nationalisme flamand de quoi tailler un costume au petit Olivier. «T’es rien qu’un n’arrogant Fransquignon et t’es méssant» dit Laurette en espérant grappiller quelques billes au FDF. «D’ailleurs t’es qu’un méssant n’extrémiste en plus !» renchérit bébé Nollet pour chouraver une cartache ! Encore un peu, ils le traitaient de fascistes ! Puis, pour se venger, ce fut Olivier, ce matin, qui sous les oreilles ravies de la presse flamande, répondit aux deux préados ci-avant en descendant aussi bas qu’eux : «c’est n’à cause des socialiss, si na Wannonie va si mal.» Vous aurez mon avis : vous n’êtes qu’une bande de cons !

 

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jeudi, 25 mars 2010

Le proprio est francophone. Le client flamand ne peut acheter?

Un Flamand venu d'une lointaine province voulait acheter un loft à Lot à un camelot francophone. Interdit, fit la Commission provinciale qui juge qui peut et ne peut pas acheter en Flandre : l'acheteur potentiel n'a pas de lien avec la région. Et notamment, il n'est pas impliqué dans… des associations locales reconnues (entendez : néerlandophones, bien sûr).  Le loft doit être vendu à quelqu'un du patelin, point à la ligne. Bruxellois et expats, ne tentez pas d'acheter un loft dans cet ensemble, c'est que pour les Lottois ! La loi Wonen in Eigen Streek (habiter dans sa propre région), dont l'un des objectifs est, je le rappelle, de limiter l'accès au logement en Périphérie pour les Francophones et les expats, est tellement mal foutue que même quelqu'un « de langue autre » est empêché de vendre à un brave Flamand qui veut juste se rapprocher de son lieu de travail. On imagine qu'un loft n'a rien d'une habitation « à bas prix » et on constate l'exécrabilité intellectuelle de la Loi flamande. Quand on se prétend meilleur que la Wallonie (goed bestuur), ça fait tache ! Ah oui, un détail supplémentaire : la révision de la Loi prévue en avril ne porte absolument pas sur son principe, mais uniquement sur le fait que seules les zones d'extension d'habitations seront visées. Autrement dit, "seulement" les nouveaux lottissements. Ouf ! On respire ! La Flandre est toujours pré-démocratique, mais dans une mesure plus étoite.

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jeudi, 11 mars 2010

FNAC : Déjà finie la promo !

Voilà comment vont les choses. Hier, sur le site de la FNAC, on annonçait une ristourne de 10% en néerlandais et de 5% en français. N'écoutant que ma propension à voir le mal partout, j'écrivis une bafouille avec un peu d'humour piquant, sachant quand même que les livres promus sur un site (NL) et sur l'autre (FR) n'étaient pas les mêmes. Néanmoins, la méthode était étonnante. Un internaute conscient de ses droits, écrivit donc à la FNAC. Elle aurait pu répondre : « Nous comprenons que cette différence semble discriminatoire, mais comprenez que les marges ne sont pas du tout les mêmes sur les livres néerlandophones et les livres francophones ». Reconnaissons que la culture dans ce pays étant totalement communautarisée, la FNAC a le mérite d'être une des rares librairies où l'on trouve des ouvrages dans les deux langues, et que dès lors, l'entreprise doit concurrencer des marchés totalement différent en français et en néerlandais.

Mais non. La réponse fut moins explicative. Il s'agit évidemment d'une erreur :

« Là où vous voyez une discrimination linguistique il n’y a, en fait, qu’une erreur d’encodage qui a été rectifiée quelques instants après qu’elle fut publiée. Nous sommes certains que votre indignation sera apaisée par notre mea-culpa pour cette faute de frappe totalement non intentionnelle. »

Et comme toujours, les explications trop simples posent des tas de problèmes. Si l'erreur d'encodage a été rectifiée « quelques instants après qu'elle fut publiée », pourquoi est-elle restée en ligne au moins toute l'après-midi d'hier (je l'ai montrée à plusieurs personnes sur plusieurs ordinateurs) ? Et si elle a été rectifiée, on peut supposer que les deux promotions se seront égalisées ? Tous à 5% ou tous à 10% ? Mais non ! Désormais, c'est fini. Plus de pourcentage. Le vide sidéral. Plus de promo. Nada. Nothing. Rien. Comme on peut le voir désormais : Image 58.pngImage 59.png au-dessus la promo d'hier. En-dessous, la non-promo d'aujourd'hui.

Du coup on commence à se poser des questions qu'on ne se posait pas : y aurait-il véritablement eu un caractère discriminatoire dans la promo ? La FNAC a-t-elle trouvé compliqué d'expliquer une situation différenciée sur le marché entre Nord et Sud, et préféré prétendre à une soi-disant faute de frappe ? Ou encore, a-t-elle compris que l'impression donnée par deux chiffres différents était assez mauvaise ? Ou a-t-on réellement fait une faute de frappe ? C'est vrai que le chiffre 5, sur le clavier, est juste à-côté du chiffre 10 ! Si, si ! Je vous jure ! Sur les claviers QWAZERTY.

 

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jeudi, 04 février 2010

Yves. Quand un Flamand devient belge.

Béatrice Delvaux, dans son célèbre éditorial antileterme a peut-être eu tort. Ou alors, est-ce justement parce que Le Soir a supplié qu'on ne nous ramène pas ce CD&V-là qu'il est devenu tout à coup un homme d'État belge, se proposant d'être aimé de tous comme seul un Verhofstad (pas même un Martens ou un Dehane) a osé, et pu le faire auparavant? J'ai moi-même peut-être eu tort — non pas de saluer l'éditorial de Béatrice Delvaux qui, quoiqu'en disent les politiques, ne pouvait en aucun cas être « déplacé », dès lors que le rôle de l'éditorialiste est de dire ce qu'il croit juste, en toute liberté et en toute indépendance — mais bien de penser et d'écrire, comme elle, comme la rédaction du Soir, comme bien d'autres personnes, et comme d'autres rédactions qui se sont tues, qu'Yves Leterme était la pire chose qui pouvait nous arriver. Depuis hier, c'est peut-être bien la meilleure. Depuis hier, je dois admettre que je me suis probablement trompé.

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vendredi, 08 janvier 2010

Kevin & Shana, l'émotion régionalisée.

Tous les journaux flamands titrent ce matin sur l'horrible destin de Kevin et Shana, présumément assassinés par un enseignant déglingué qui serait, selon certaines sources, coupable également de l'assasinat d'Anick Van Uytsel, 18 ans, retrouvée emballée dans du plastique dans un canal. Les circonstances de ce double meurtre sont épouvantables. Trois balles dans la tête du jeune homme devant la jeune fille épouvantée, puis tentative de viol de Shana, qui s'est débattue tant qu'elle pouvait pour tenter d'échapper au criminel. N'arrivant pas à ses fins, le candidat-violeur a alors abattu la jeune fille à peine majeure d'une balle dans le dos, et une autre dans la nuque. L'homme est enseignant, ses élèves le disent très sympathiques.

Ce film d'horreur s'est passé en Belgique. Malgré le froid, à Loksbergen, 4000 personnes sont sorties dans la rue en silence pour manifester leur incompréhension face à un tel crime et leur solidarité. Ce matin, Het Laatste Nieuws titrait « Aucun humain pour comprendre ». Et 4000 personnes, ce n'est pas rien. Pourtant, les journaux francophones ont prêté relativement peu d'attention au drame. L'un préférant titres sur la tonne de kérosène déversée par l'armée dans les égouts de Meksbroek (en Flandre aussi), l'autre sur l'inévitable chaoos prévu pour ce week-end à cause de la neige. Or, outre le crime en lui-même, particulièrement odieux, l'émotion qu'il a suscité dans la majeure partie du pays méritait probablement un peu plus d'attention que ça ! Si je prends la une du Soir, je remarque, dans l'ordre : la vague de froid, le plan Maingain pour BHV, les 150.000 compteurs de gaz et d'électricité mal facturés, la bourde de la Banque de la Poste, De Gucht interdit de Congo, la direction d'Inbev séquestrée et enfin, tout de même, en bas : « Halen : le professeur inculpé en aveux », suivi d'un article en 11e page, moins important toutefois que celui sur l'extradition potentielle de Adam G. le meurtrier du jeune Bruxellois Jo Van Holsbeek. Il faut croire qu'un jeune couple de Flamands assassiné en bord d'une autoroute d'un Nord intéresse moins les Francophones. Ou que la presse a abandonné l'idée de s'intéresser à l'autre face du pays. En cela, c'est vrai, on a l'impression de vivre dans deux états très nettement séparés. Par l'info.

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mercredi, 06 janvier 2010

Hier spreekt men Nederlands (et pour les Wallons la même chose).

Voici une page réservée à ceux qui comprennent le néerlandais (désolé pour nos amis français, suisses, canadiens, anglais, etc.) Il s'agit de dialoguer uniquement dans la langue de Vondel, quelle que soit ses capacités. Il est expressément demandé aux Néerlandophones de bien vouloir corriger les plus grosses fautes des intervenants non-néerlandophones (moi inclus, évidemment)

Ik hoop dat sommige van de Franstalige (of anderstalige) forumisten die hier al dan niet regelmatig reageren graag mee zullen doen, zelf al spreken zij Nederlands met haren op. Zoals ik. Zo kunnen de Franstaligen de Nederlandstaligen gasten ook eens in hun taal aanspreken. Ik hoop hier al een pak Franskiljons zien afkomen.

Onderwerp van de dag : is nationalisme een vorm van totalitarisme ? Mijn antwoord is : ja.

Moest mijn onderwerp niemand inspireren, dan stel ik een tweede vraag voor : is "klootjesvolk" een racistisch scheldwoord ? (met dank aan Amaai voor de tip).

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Faire silence sur BHV, tout le monde en parle…

Yves Leterme, le monsieur élu pour son « tout à la Flandre », ouvre l’année par un grand message pacificateur. Exit la réforme de l’État qui lui avait valu 800.000 voix. Exit même BHV, qu’il allait résoudre en cinq minutes de courage politique, désormais relégué au rang de petite affaire à résoudre en silence et entre amis du côté de chez Dehaene (pour paraphraser un autre Marcel). Yves explique cette volte-face en souriant : le pays ne va pas bien, c’est la crise économique, donc, ne nous disputons plus et resserrons les rangs ! Peace and love ! C’est étrange, mais c’est exactement la théorie des partis francophones en… 2007. Et l’opposé de ce que disait le même Leterme à l’époque : de 2004 à 2008, c’était justement parce que l’économie flamande n’était plus ce qu’elle était et que le boulet wallo-bruxellois lui coûtait trop cher qu’il fallait impérativement, illico, tout de suite une réforme de l’État ! Et là, ça a changé : miracle, le boulet wallon ne pèse plus tant que ça, Bruxelles non plus. Que conclure d’un tel renversement ? Que Leterme a enfin compris ce qu'est un État et que le pays est sauvé ? Aïe. Non. En fait, ce n’est peut-être qu’un des actes d’un grand jeu de dupes qui est seulement en train de se mettre en place. Explications.

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