lundi, 01 février 2010

Turtelboom et les baronnies.

Un braquage à Bruxelles. Un policier blessé à la jambe. Les auteurs arrêtés. Une belle performance policière, un drame évité de justesse, somme toute, une journée comme beaucoup d'autres dans beaucoup d'autres grandes villes. Bien sûr, le système policier bruxellois doit être encore amélioré. Bien sûr, une zone de police serait peut-être une bonne idée. La couverture en Flandre est un peu différente : tous les partis flamands exigent la fusion des six zones de police bruxelloises. Et ils hurlent à la tolérance zéro. Bon, ça fait plaisir de voir que les 12 pour cent néerlandophones de Bruxelles se démènent pour trouver une solution. Formidable. C'est juste un peu gênant qu'on n'entende qu'eux à la VRT, comme toujours, et dans les journaux flamands. Comme d'hab, aucune contre-attaque, aucune interview d'un membre de gouvernement bruxellois (à 50% néerlandophone). Et évidemment, personne pour rappeler que si les partis flamands tiennent tant à unifier la zone de police, puis les communes bruxelloises, c'est pour que la parité de pouvoirs linguistiques en vigueur au gouvernement régional (50% flamands pour 12% max. de la population - déjà quelque chose de peu démocratique, mais j'ai toujours prôné qu'on défende les minorités) soit distribué partout au niveau communal, menant à un droit de vote municipal cinq fois supérieur chez les néerlandophones.

En ce qui concerne la tolérance zéro, c'est toutefois l'incompétence éventuelle du ministre de la justice qu'il faudrait étudier. Il est néerlandophone, et il est du CD&V. Quant à l'efficacité de la police, il faut notamment s'interroger sur la capacité de Mme Turtelboom à résoudre des problèmes. Elle est de l'OVLD. Elle est néerlandophone. Et quand elle parle des 19 communes de Bruxelles, cette ministre fédérale utilise un mot d'une énorme condescendance. Elle ne dit pas « les communes » elle dit « les baronnies ». Or, il n'y a de barons à Bruxelles qu'au cinéma, et en tant que ministre fédérale, la moindre des choses qu'on pourrait attendre de Mme Turtelboom est qu'elle ne tombe pas (mais c'est trop tard) dans ce triste populisme d'obédience flamingante et s'occupe de chercher des solutions plutôt que d'insulter la structure et les instistutions bruxelloises, auxquelles, mais le sait-elles, les Bruxellois sont très attachés.

On notera que la moitié du journal francophone présentait le drame de Liège, la moitié du journal de la VRT de ce midi caquetait son fiel sur un braquage à Bruxelles et montrait, une fois encore, que quand il s'agit, avec beaucoup d'hypocrisie, de pointer des manquements bruxellois (entendez : francophones), elle est toujours en tête. Le plus débile étant que c'étaient cette fois les deux ministres qui, dans n'importe quel pays, auraient été sur la sellette, qui pointaient un doigt accusateurs.

Mme Turtelboom ferait bien mieux d'autoriser le financement des pompiers de Bruxelles. On a là un énorme problème, et la cause n'est à chercher ni à Bruxelles, ni chez les Francophones, mais bien dans la mainmise, via la Flandre et ses partis d'un pourcentage limité (10 à 12 %) de la population sur toute politique sécuritaire dans la Capitale. Quand ce n'est pas la Flandre qui crie au scandale bruxellois, c'est le gouvernement fédéral par le truchement de ses ministres néerlandophones, et quand ce n'est pas le premier ministre, ce sont les partis néerlandophones de Bruxelles déjà surreprésentés (une fois encore, je ne conteste pas cette surreprésentation). Et si, un jour, les Bruxellois avaient le droit de faire leurs choix eux-mêmes ? Avec leur argent ? Celui qui va à la Flandre par le biais de l'impôt sur le revenu des travailleurs bruxellois qui vivent en Brabant flamand ? Quand on sait qu'une indépendance bruxelloise lui amènerait 3 à 8 milliards d'euros annuels, on comprend que certains aient envie de tenter l'aventure !

00:05 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (20) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

Commentaires

Dans un pays compliqué où personne ne sait vraiment qui est compétent, pas étonnant que ceux qui sont compétents arrivent à faire croire qu'ils ne le sont pas et que ce sont d'autres qui sont en cause. Pour le financement des pompiers, va falloir trouver comment détecter l'origine linguistique d'un sinistre et qui envoyé. Ainsi si c'est un francophone qui a le feu dans son appartement loué mais le proprio est néerlandophone : qui envoyer ? Absurde mais je suis sûr que certains pensent vraiment à ça ...

Écrit par : Guillaume | lundi, 01 février 2010

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Je reprends votre billet : "Kevin & Shana, l'émotion régionalisée." et un morceau de votre billet : "On notera que la moitié du journal francophone présentait le drame de Liège, la moitié du journal de la VRT de ce midi caquetait son fiel sur un braquage à Bruxelles"
Il n'y a pas eu de Dutroux à Liège et les secours ont été, de l'avis de tous, exemplaires. La VRT et la Flandre n'a pas d'os à ronger dans ce drame liégeois : intérêt pour eux égal à zéro.

Écrit par : Ø | lundi, 01 février 2010

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Je ne constate qu'une chose. Au fur et à mesure des réformes institutionnelles, on en demande de plus en plus aux communes qui n'ont pas les moyens d'assumer : police, pompiers et chomeurs exclus donc direction CPAS.
Le fédéral est un gouffre financier mal géré par les flamands qui sont pourtant selon eux les champions du "goed bestuur"
Je prend le pays juste à côté de chez moi. La police est restée comme c'était avant chez nous, les pompiers sont professionnels pour la plupart (imaginez les incendies dans le sud si c'était organisé comme chez nous) et si le chômage est limité en durée, après 3 ans, les sans emploi sont repris en charge par une autre structure nationale (quoi qu'en dire Modri et Rudy)
En Belgique nos ministres tant régionaux que fédéraux qui en plus nous coutent très cher ne sont ni responsables ni coupables.

Écrit par : mfp | lundi, 01 février 2010

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Un joli example de tirer sur le messager. Bruxelles echoue totalement dans sa politique de securite et c'est le faute des flamands.

http://www.standaard.be/artikel/detail.aspx?artikelid=BA2LL5DH

Le president du syndicat de policiers est clair.

Écrit par : Lieven | lundi, 01 février 2010

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Och Lieven, ge kunt niet lezen. Schonkeren commence par dire que le problème est que la Loi ne permet pas d'arrêter un groupe pour des faits commis par un seul membre du groupe. Il parle de la Loi. La Loi n'est pas du ressort de Bruxelles-capitale, mais de la Belgique, et principalement des ministres de l'Intérieur et du CD&V.

Pour les no-gozones, je vous signale que dans l'Ile de France de Nicolas Sarkozy, il y en a bien plus qu'à Bruxelles. Je ne me suis jamais senti menacé à Bruxelles comme, par exemple, à La Courneuve, à Paris, où je m'étais retrouvé pour m'être trompé de sortie. Coursé par deux BMW, j'étais content de retrouver l'autoroute.

Il y a des problèmes à Bruxelles, mais la tolérance zéro signifie mettre tous ces jeunes en maison de correction. Je n'ai AUCUN problème avec ça. Dites-moi juste où vous allez les construire, ces maisons, qui va les payer, et quel ministre de la Justice va intervenir dans le laxisme des parquets dont il est responsable.

On voit ici encore une fois les effets de la méthode Maddens : les ministres flamands ne font aucun effort pour Bruxelles, et ensuite mettent sur les Francophones les effets de leurs propres errements. C'est criminel comme attitude.

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 01 février 2010

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Ce n'est pas criminel comme attitude, c'est stratégiquement utile mais tant que vous voudrez croire à l'avenir belge, ça vous paraîtra insupportable.
Un mot aussi sur la courneuve et les banlieues françaises: je trouve que c'est assez facile et pas très éclairant; la situation française n'est pas très bonne certes mais pas pire qu'en grande-bretagne par exemple. Bref, vous tenez toujours les deux bouts de la corde: faire peur de la France et en même temps alerter sur le mal belge mais sans jamais présenter celui-ci comme incurable. Nog een klein step verder et vous serez dans le bon

Écrit par : benoit | lundi, 01 février 2010

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Marcel, le point de vue d'Annemie Turtelboom publié dans De Morgen d'aujourd'hui vous réconciliera peut-être avec elle. Elle y expose son point de vue sans se permettre de facilités démagogiques, et sans parler de « baronnies ». Et les deux derniers alinéas ne plairont pas aux Flamingants.

http://www.demorgen.be/dm/nl/2461/De-Gedachte/article/detail/1061606/2010/02/01/Een-tienpuntenplan-voor-Brussel.dhtml

Écrit par : Franck Pastor | lundi, 01 février 2010

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Benoit, je ne prenais pas la Courneuve comme exemple pour fustiger la France, mais parce que Sarkozy est souvent montré en exemple par des politiciens flamands de droite radicale (LDD, par exemple). En effet, des problèmes de cet ordre, il y en a dans toutes les grandes villes. C'est un peu comme si nous profitions des serial killers flamands pour fustiger la sécurité en Flandre ! Attendons un prochain braquage à Anvers pour prétendre que la ville est pourrie et mal organisée !

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 01 février 2010

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@ marcel

excuses excuses.... it really is impossible for you to admit there is a huge security problem in Brussels, no? that there is a rampant crime rate and no-go zones.... of course, it is the fault of the Flemish ministers, whether through the government or through language quota....

one day it will really explode in your face and you will only have yourself to blame....

Écrit par : des | lundi, 01 février 2010

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Pfff, concernent les quotidiens Flamands, C. Laporte de La Libre Belziek est qm d’accord avec ces collègues néerlandophones, même avec les politiciens Flamands. Mais c’est sans doute pas ta gazette.
http://internetradio.vrt.be/radiospeler/v2_prod/wmp.html?qsbrand=11&qsODfile=http://internetradio.vrt.be/internetradio_master/productiesysteem2/programma_od/11_11och1.xml
àpd 1u50

Écrit par : Jan | lundi, 01 février 2010

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no comment...

it must be the Flemish police unions that will go on strike.....


http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/559703/police-un-preavis-de-greve-entre-le-15-fevrier-et-le-31-mars.html

Écrit par : des | lundi, 01 février 2010

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@Des : Bien sûr que j'admets qu'il y a un problème de sécurité à Bruxelles. Mais comme le dit Turtelboom dans De Morgen, c'est le cas de toutes les grandes villes. Moi aussi, je suis pour une seule zone de police en matière de sécurité, de banditisme, mais je suis tout autant partisan des polices locales, incluant (comme à New-York) des deuxième et troisième génération issus d'immigrés, qui gèrent les problèmes qui ne peuvent l'être qu'à une échelle locale. C'était le cas avant qu'on ne fusionne la police communale et la gendarmerie. Je crois qu'on n'a pas assez tenu compte des différents niveaux de pouvoir dans la "solution" mise en œuvre après l'affaire Dutroux.

Le principe de subsidiarité est de donner le pouvoir à l'échelon le plus indiqué. Appliquons-le sans hypocrisie : la police locale doit être contrôlée par les pouvoirs locaux, la police régionale, par le pouvoir régional, la police nationale (ou police de l'air, par exemple) par l'État. En quoi Charles Piqué ou Annemie Turtelboom seraient-ils des interlocuteurs valables pour comprendre qui et quand l'on doit patrouiller dans la rue Marie-Christine, ou comment les ilotiers peuvent résoudre tel ou tel genre de problème rencontré par des commerçants ? Est-ce un ministre national qui va résoudre les questions de racket de petites frappes très locales près d'une école d'Anderlecht ? Le problème des pompiers est en attente d'une solution fédérale, et ça fait vingt ans qu'on attend. Alors, ne nous faites pas rire : toutes les solutions proposées sur Bruxelles sont toujours empreintes de la condescendance de la Flandre envers ce qu'elle croit être sa capitale, mais qui n'est rien d'autre que la vile des Bruxellois. Autrement dit : les problèmes de Bruxelles, soit vous les cofinancez, soit vous respectez la structure voulue par la population locale avant de vous en mêler.

Ils sont sublimes, vos discours, mais on a déjà compris que la presse (De Standaard et la VRT en tête) est chez vous au service du CD&V qui ne demande qu'à démontrer que Bruxelles ne sait pas se gérer elle-même et qu'il faut que les Flamands y prennent les pouvoirs, de préférence tous les pouvoirs.

Or, une commune flamande a en moyenne 18.500 habitants. La commune la moins peuplée de Bruxelles-capitale a 19.500 habitants. La plus peuplée, Bruxelles-ville avec extensions (un bourgmestre), a 160.000 habitants. La moyenne est de 63.000 habitants, soit trois fois la moyenne flamande. Quant à la zone unique, je rappelle que la police d'Anvers est aussi divisée en 6 zones (pour une ville trois fois moins peuplée que Bruxelles).

Bruxelles n'appartient pas aux journaux ni aux politiciens flamands (ou wallons), il va falloir qu'ils le comprennent !

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 01 février 2010

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@Des : sur la grève de la police, je me demande bien ce qui la motive. Le fait qu'un policier soir blessé ? Imaginez une seconde que la presse bruxelloise utilise le pénible décès d'un policier à Ruisbroek pour expliquer que c'est à cause de la malgouvernance flamande, et vous comprendrez mieux le sens de mon article.

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 01 février 2010

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@Des : et c'est pas vous qui écrivez dans de Standaard que vous avez déjà eu pas mal de problèmes à Anvers ?

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 01 février 2010

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@ marcel

beetje klein niet waar, die opmerking over de standaard?

Écrit par : des | lundi, 01 février 2010

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Waarom klein, Des ? Ik wou alleen vermelden dat ik u daar gelezen had en dat ik de indruk dat uw opinie eigenlijk niet zo éénduidig is als u het hier laat verschijnen.

J'irai même à contre-sens de ce que j'ai lu de vous, en vous disant que les chiffres de la criminalité sont bien pires à Bruxelles qu'à Anvers, (surtout dans certains quartiers). Mais ils dépendent aussi de la propension des gens à porter plainte. Notez aussi que j'ai bien veillé à ne pas donner de lien vers la page en question pour que vous gardiez votre anonymat. J'y tiens.

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 01 février 2010

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http://www.demorgen.be/dm/nl/2462/Standpunt/article/detail/1062014/2010/02/02/Zero.dhtml

C'est mal parti pour Marcel. Meme un columniste dont il est de temps en temps d'accord avec parle des baronies.

Écrit par : Lieven | mardi, 02 février 2010

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@Lieven : oui, je suis épouvanté. La pensée unique en Flandre, c'est presque palpable ! Il n'y a personne qui réfléchit par lui-même dans vos médias ? C'est peut-être la concentration Concentra/Corelio…

Écrit par : Marcel Sel | mardi, 02 février 2010

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@ Marcel

on pourrait dire la même chose chez Le Soir et La Libre... par contre, les lecteurs ne sont carrément pas du même avis que tirer sur la police avec un AK47 est un "fait divers"... example d'un des réactions d'un francophone sur l'édito du Swar....

Le journaliste est complétement déconnecté de la réalité. Mais où habite-t-il donc?Il y a quelques semaines ma mère qui habite Molenbeek a été le témoin d'un assassinat en pleine journée : un homme qui poignarde sa femme et son bébé. Quelques semaines plus tôt, toujours à Molenbeek, une jeune fille est violée en pleine journée dans une station de métro. Quelques semaines plus tard, c'est un hold-up où l'agresseur est abattu par la police. Conséquences : émeutes et vandalisme.Trois exemples de faits très graves en quelques semaines sur un territoire de 1 km carré (un certain quartier de Molenbeek). A cela vient s'ajouter les agressions, vols, arrachages de sacs, coups, insultes, menaces et autres incivilités. Quotidiennement. Tous ceux qui en ont les moyens (belges et étrangers) fuient ce quartier.Mais le journaliste du Soir ne voit dans tout cela que le prisme déformant des Flamands.Bienvenue à Bruxelles.

Écrit par : des | mardi, 02 février 2010

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@Des : il n'y a que les imbéciles qui nient les problèmes de sécurité. Il est grand temps de prendre les problèmes à bras le corps. mais si 2000 policiers pour 140.000 habitants n'ont rien réussi à Bruxelles-Nord, c'est que le problème est dans la gestion ou dans les moyens ou dans la justice qui vient juste après. Et si Bruxelles, seconde ville la plus productive d'Europe après Monaco ne parvient pas à gérer sa sécurité, c'est probablement parce que l'argent part ailleurs. Où ? En Wallonie, par solidarité, et en Flandre, par fiscalité.

La question est : plutôt que de cibler Bruxelles, quel journal flamand va oser dire que tout ça, c'est parce que l'argent qui devrait permettre de gérer la sécurité de Bruxelles est coince par la Flandre de Kris Peeters. Le message que j'ai au politiciens flamands, c'est : "donnez-nous les moyens d'arrêter et d'emprisonner les gens, donnez-nous les moyens de gérer les jeunes délinquants, donnez-nous les moyens d'être une capitale. Ou alors, fermez votre grande gueule."

Écrit par : Marcel Sel | mardi, 02 février 2010

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