samedi, 06 avril 2013

Des Chypre et des Lèpres.

Vous êtes français(e) et vous trouvez qu’un ou deux pour cent d’impôt sur la fortune est confiscatoire? Que diriez-vous de 60 ou 80 % ? Vous êtes belge et vous soutenez que 51 % de retenue sur un salaire moyen est ahurissant ? Que diriez-vous de limiter la ponction à 30 % (l’impôt chypriote, grosso modo) mais de donner les deux tiers de votre (petit) patrimoine en échange ? Vous êtes un entrepreneur allemand et vous criez que 20 % d’impôt de société est une hérésie ? Et si on vous supprimait simplement les trois quarts de vos liquidités du jour au lendemain ? 

 

C’est ça, Chypre, aujourd’hui. Et pire encore : certains perdent absolument tout : la garantie des 100.000 euros n’est ainsi pas applicable pour les « sociétés d’investissement ». Elles verront leur compte amputé de 37,5 à 60 % sur la totalité de son encours, et pourraient subir un effacement total de leurs avoirs si elles avaient le malheur d’être chez Laïki ! La « résolution » de la crise chypriote par la Troïka s’apparente donc à la négation, à la fois des principes du libéralisme et du capitalisme, mais aussi du socialisme et du sacro-saint humanisme européen. C’est l’application de la Loi de la jungle, c’est l’anarchie au service de la bonne conscience financière eurocratique. C’est la fin de l’empire européen. Car il s’agit de nier la condition de client des déposants au profit d’une condition d’actionnaire tous risques. Il s’agit de nier la responsabilité de la zone euro dans ses banques. Il s’agit de considérer que chaque banque appartient à chaque État quand il sert en réalité, à Chypre, aussi bien des avoirs anglais qu’allemands, suédois, russes, grecs, etc.


Zigomatite aïgue

 

Eh ! Je ris (jaune), je me bidonne (jaune), quand je vois des entrepreneurs du Nord expliquer que cette liquidation était la seule bonne chose raisonnable à faire. Car si l’on inversait la situation et qu’on appliquait les mêmes recettes à la France, la Belgique ou les Pays-Bas, j’entendrais les mêmes hurler à la mort qu’on les assassine, qu’on les châtie pour un crime qu’ils n’ont jamais commis. Inversons les rôles.

 

Vous êtes entrepreneur chypriote, d’une société familiale, et un gros client vient de vous payer 200.000 euros, dont vous devez 150.000 à vos fournisseurs ? La bonne nouvelle, c’est que vous êtes en faillite. Vous avez bien travaillé, des années durant, vous avez géré votre entreprise, vous êtes connu sur la place, vous avez engagé du personnel. Mais vous êtes chypriote et donc, vous êtes en faillite. C’est bien fait pour vous, vous n’aviez qu’à être français, belge, allemand, néerlandais ou danois ! Ou alors, soyez juste, vous n’êtes qu’une victime collatérale du grand nettoyage d’argent sale qui traînait chez vous. C’est une forme de… euh… on va dire… justice.

 

Que j’aime aussi les gens du Nord dotés de quelque patrimoine qui vous expliquent en long et en large que ce n’est pas à eux de payer le moindre millième d’euro pour sauver cette petite île rebelle. Inversons encore. 

 

Presbytie presbytérienne
Vous venez de toucher 200.000 euros d’héritage, et vous aviez déjà vos économies de 100.000 en banque (un plombier un peu dynamique qui économise bien, et des parents qui avaient un petit appartement, suffisent à ce genre de patrimoine). De ces 300.000, dont vous pensiez qu’ils garantiraient votre retraite ou iraient à vos enfants, il vous reste brusquement 140.000 disponibles pour les 6 mois à venir, et 180.000 à terme — probablement moins. Et peu importe que vous ayez payé des impôts dessus auparavant, vous êtes Chypriote et donc, vous aurez 40 % de prélèvement sur votre patrimoine, c’est normal, ça permet aux Européens d’en haut de ne pas payer 0,001 % de leur revenu pour sauvez votre sale gueule de métèque, de Juif errant, de pâtre grec. 

 

 

Ah ! J’adore les petits propriétaires nord-européens qui vous renvoient des pertes de 50.000 patates comme une pichenette dont les Chypriotes n’ont qu’à s’accommoder.

 

Vous venez de vendre une maison et l’argent transitait sur votre compte ? Oubliez, c’est parti ! Vous avez économisé pour acheter cette maison et les deux tiers de vos économies ont fondu au soleil des Scorta helléniques ? On s’en fout, on vous dit : vous êtes un(e) putain de Chypriote et vous n’aviez qu’à être autre chose — comment faire rentrer ça dans votre petit crâne d’habitant(e) d’une saloperie de paradis fiscal ? Ah ! Si vous aviez habité les Caïmans, ce serait différent : une horde de défenseurs de la noblesse de ces paradis-là, si utiles à l’économie mondiale, vous défendraient, surtout si on publiait les noms des personnes qui ont ouvert des sociétés suite à un #offshoreleaks qui violerait, bien sûr, les principes les plus fondamentaux de la liberté de frauder. Mais Chypre ? Non !

 

Impéritie compte-génitale.

Bref, vous êtes Chypriote. Vous aviez un compte à la Laïki Bank, avec 200.000 euros dessus. On vous traitera d’imbécile : pourquoi tant d’argent là et pas ailleurs, plus réparti ? Mais bougre d’embouché, répondrez-vous, c’est tout simplement parce que les comptes chypriotes étaient suffisamment bien rémunérés pour vous décourager d’investir en assurances, en SICAV, en produits divers. Et puis, tout le monde n’est pas un investisseur né. À Chypre, on met souvent tout son argent sur un compte à vue à la fois très souple et bien rémunérateur. On ferait pareil ici si nos banques payaient aussi bien. D’où, vos économies étaient dans une seule banque. Du reste, jusqu’en 2011, rien ne paraissait menacer cette banque. Mais du jour au lendemain, vous n’avez plus que 100.000 €, vos chances de garder votre emploi ont diminué de moitié, votre retraite est rabotée et vous voyez l’économie de votre pays plonger irrémédiablement, sur l’exemple grec, d’une vingtaine de pour cent en deux ans, si tout va bien. Insécurité due à l’explosion du chômage, fuite des capitaux, hausse des impôts, ratiboisage des retraites, et tout ça pourquoi ? 

 

Parce que vous êtes Chypriote !

 

Ah bien sûr, les « pauvres », eux, sont protégés… par la garantie bancaire… Je me marre quand je vois tout à coup des gens qui trouvent en général que la richesse est une belle chose, mais ne défendent plus que les « pauvres » dès qu’il s’agit de Chypre.  

 

Chute de tension

On annonce 13 % de chute du PIB pour l’île cette année, mais sachant que les comptes des sociétés sont pratiquement bloqués pour six mois pour tout ce qui dépasse les premiers 100.000 euros, je parierais plutôt sur 20 ou 25 %. Peu d’entreprises ont les reins assez solides pour tenir longtemps avec un tel blocage. Quand je lis des libéraux qui affirment que faire payer la faillite d’une banque à ses clients est la solution logique, je conclus que le libéralisme revient pour eux, non pas à chercher un équilibre économique favorable à une bonne marche de l’économie, mais à noyer tout acteur qui montrerait les premiers signes de faiblesse. Surtout si vous êtes chypriote, un peu métèque, forcément corrompu, de toute évidence profiteur et bien évidemment un peu paresseux, le soleil, c’est à ça que ça sert !

 

Apparemment, l’Union européenne, et plus précisément la zone euro, est devenue une léproserie. Plutôt que de se regrouper pour combattre une crise venue d’ailleurs qui rend brusquement impardonnables des pratiques qui, jusqu’en 2008, étaient considérées comme normales et en tout cas pas franchement problématiques, les gouvernements européens isolent chaque nouveau cas, le condamnant ainsi à une chute vertigineuse de son PIB (la richesse produite par le pays en un an), et donc, à une hausse de l’endettement. Plutôt que d’imposer un taux d’intérêt commun de 2 % par exemple (comment le faire ? Mais qui y a réfléchi ?), on laisse les pays les plus malades se dépatouiller avec des 5, 6, 7 %. L’Espagne dépense un tiers de ses revenus fiscaux à payer des intérêts. Pour y arriver, elle sabre dans des budgets nécessaires pour relancer l’économie, ou plutôt pour ne pas accélérer la noyade. Mais réduisez l’intérêt dû par l’Espagne à sa moitié ou à son tiers, et vous gagnez 10 ou 20 % de réserve budgétaire ! C’est évidemment plus complexe que ça, il y a des intérêts très anciens qui courent encore et les investisseurs ne seront pas forcément intéressés. Mais c’est au minimum une piste de réflexion plus positive que l’hallali actuel.

 

De l’eurozone à l’eurozona.

L’endettement aggrave l’endettement qui entraîne la décroissance qui aggrave l’endettement. C’est ce cercle vicieux, désormais incontestable, que l’égoïsme des nations du Nord entretient pourtant sciemment dans les pays du Sud, se félicitant de payer leurs emprunts tellement moins cher. Pourtant, l’Espagne est cliente de la France et la France est le premier importateur de produits allemands. La décroissance ne peut donc que s’étendre progressivement d’un pays à l’autre. Au lieu de consolider le marché européen pour le cas où les États-Unis se casseraient brusquement la figure (mais non, ça n’arrivera pas, 2008 était une exception, voyons !), on le désorganise, et les nordistes scient tranquillement la branche apparemment confortable sur laquelle ils sont assis. Il suffirait que la contagion s’étende plus clairement à l’Italie, et badaboum, les autres dominos, jusqu’à la splendide Allemagne, se brûleront les bras de n’avoir regardé les problèmes eurozonaux au microscope, comme s’ils pouvaient être isolés ! Mais le pire est probablement le manque total d’empathie pour des populations que, jusqu’il y a peu, nous nous vantions d’avoir intégrées dans un grand marché européen, de partager une même monnaie et les mêmes valeurs. C’est l’histoire d’une nouvelle dévaluation de l’humanisme européen. À supposer qu’il ait jamais existé ailleurs que dans les grands et beaux discours de nos euroblablateurs patentés. Car, quoi qu’on reproche aux USA, à juste titre, jamais un État américain ne ferait preuve d’un tel mépris pour un autre État américain. Si nous avons des leçons à donner, nous en avons plus encore à prendre.

 

Garantie bancale

Passons sur l’imbécillité de l’Eurogroupe (et de la BCE) qui a, dans un premier temps, laissé filtrer l’idée qu’un pays de la zone euro pourrait « imposer » les comptes de moins de 100.000 € — le montant de la garantie bancaire dans la zone euro. Autrement dit, cette garantie, qui n’est autre que le certificat de crédibilité de notre système bancaire tout entier, cessait brusquement d’être. Bien sûr, on peut argumenter qu’il était alors question d’un « impôt » sur les dépôts, et non d’un refus d’assumer cette garantie par l’État chypriote (en l’espèce et en espèces). Mais pour le client de la banque, pour l’investisseur, pour le déposant, pour le trader US ou chinois, c’est du pareil au même. Et si pour Chypre, on créait un tel précédent, il devenait possible n'importe où ailleurs. Quoi que disent les dirigeants de nos diverses institutions (BCE, Eurogroupe, gouvernements, Commission, etc.), en acceptant cette solution, même du bout des lèvres, même à contrecœur, même en restant critiques, ils ont montré l’ampleur abyssale de leur incapacité à comprendre l’économie qu’ils prétendent diriger. Il a quand même fallu une journée d’hystérie sur les marchés pour que l’équipe de Dieselboom (comme on l’appelle dans le monde anglo-saxon) comprenne que toucher aux premiers 100.000 euros était abscons, dangereux. Ce qu’un étudiant en première année de Solvay aurait pigé en cinq minutes d’explication. La faute ? N’avoir observé les choses que d’un point de vue comptable, nationaliste, avec ce tout petit esprit qui caractérise l’union monétaire de la désunion européenne.

 

Bank run chez les paralytiques

Passons sur le bank run (le fait de se précipiter en masse vers les banques pour retirer tous ses avoirs, en panique) qui n’aurait pas eu lieu, nous fanfaronne-t-on. Évidemment, comment voulez-vous qu’il y ait bank run physique au moment où les banques sont fermées, et ensuite, quand les mouvements de capitaux sont sévèrement restreints ? Malgré ça, on découvrira peut-être ultérieurement qu’un bank run a bien eu lieu, mais dans les hautes sphères. D’après Jacques Sapir — économiste un peu tendancieux, mais néanmoins spécialiste de la Russie —, pendant que les agences chypriotes étaient fermées de chez fermé, des sociétés et des individus russes, anglais, libanais et grecs auraient usé d’une astuce pour retirer des sommes importantes sinon pharamineuses via les succursales londoniennes et moscovites des banques chypriotes en difficultés, Laïki et Bank of Cyprus. Ils se seraient fait octroyer des prêts qu'ils auraient « garantis » par les sommes déposées sur leurs comptes à Chypre. L’idée n’étant pas de rembourser ces prêts, mais de laisser Laïki et BoC récupérer l’argent faussement mis « en garantie » en les prélevant sur les dépôts bloqués dans l’île. Une opération « légale », mais qui réduit d’autant l’argent disponible pour liquider l’une et sauver l’autre. 

 

Autrement dit, ce qui a été retiré de cette façon sera payé par ceux qui n’auront rien pu retirer, faute de disposer d’un spécialiste en montages financiers, en sus du laminage de leurs comptes. Jacques Sapir pense (info invérifiable pour l’instant) que 4 à 5 milliards se seraient ainsi envolés. Soit à peu près la somme que la Troïka (UE, FMI, BCE) exige de Chypre qu'elle trouve elle-même avant de lui prêter les 10 milliards vitaux pour sauver l’île du naufrage. Si cette information se vérifie — il faudra quelques semaines sinon des mois —, on aura eu un bank run de très haute volée. Plus populaire, le mini bank run d’hier. Suite à une simple rumeur, des centaines de clients se précipitaient dans leur banque chypriote pour en retirer un maximum. La banque en question n’étant pourtant pas menacée. Mais non, il n’y a pas de bank run, les amis !

 

Le remède qui tue.

Passons aussi sur l’incompétence de « responsables » d’une zone euro qui, pour « sauver » un de ses membres ne représentant que quelques dixièmes de pour cent de son économie, attire une mauvaise attention sur l’ensemble du continent, de l’UE, de nos banques, de notre économie et de notre monnaie. Une zone monétaire qui se respecte n’a pas besoin d’imposer des conditions aussi atroces, absurdes, dangereuses et injustes pour sauver un petit poucet, ou plutôt, un de ses pouces. Elle lui envoie du sang frais, non sans imposer un certain nombre de règles. Ici, pour « sauver » un doigt blessé, on le coupe. Ou comment guérir un malade en l’étouffant. Comment un financier qui observe ça de l’extérieur peut-il interpréter cette méthode cosaque sinon par la défiance ? 

 

Passons encore sur la campagne de dénigrement soigneusement mise en place à chaque fois qu’un pays périphérique de la zone euro est menacé. Tout d’abord, on explique qu’il a foiré, avec force chiffres. Exemple à Chypre : le secteur bancaire vaudrait 8 fois le PIB, nous dit-on. So what ? C'est 40 fois dans certaines iles anglo-normandes du plus grand chic et 22 fois au Luxembourg. Mais 8 fois à Chypre, c’était imbécile, tenez-vous-le pour dit. Ensuite, on fustige la légèreté de l’impôt local, du type « paradis fiscal ». Bon. Mais l’impôt à Chypre est plutôt plus élevé qu’aux USA ou au Japon. 

 

Rage chronique.

On s’en prend alors à la dette publique que l’on présente comme abyssale. Elle est colossale à Chypre en effet. Impossible à rembourser, et de nature à faire exploser l’île en petits morceaux façon puzzle, nous dit-on. Quoiqu’avec ces nouvelles références (plus de 100 % de dette par rapport au PIB est un péché mortel), on se demande comment la Belgique n’a pas explosé totalement en 1995, si l’on en croit ce graphique, ou ce qu’on attend pour raser l’Irlande… Notons que dans les années 80-90, quand les Belges se prenaient pour des Grecs en puissance, les taux d’intérêt imposés à leur dette dépassaient les 10 %, alors que la plupart des pays « surendettés » — selon les nouveaux critères européens — paient aujourd’hui la moitié ou moins (en bonne partie grâce à l’UE qui a réagi un peu tardivement, mais réagi quand même). Alors, qu’est-ce qui a changé ? 

 

Pourquoi une pratique autrefois viable, bien que grave, est devenue intenable ? Peut-on penser que c’est le poids de la finance, des produits dérivés inventés par JP Morgan, de la pression des fonds de spéculation ou encore du trading ultrarapide ? Ou tout ça ensemble ? Autrement dit, si la gabegie est bien grecque, chypriote, espagnole, portugaise, italienne, irlandaise, etc., le fait qu’elle prenne des dimensions catastrophiques aujourd’hui est plutôt dû aux suites de la crise des subprimes ou à la mainmise du monde de la finance, tumeur démesurée toujours en croissance qui monopolise la monnaie et immobilise l’économie à son profit ? Et que plutôt que de faire bloc pour faire respecter sa monnaie, ses États, sa démocratie, son humanisme (haha ! c’est d’un glauque, ce truc !) l’Union européenne joue les Gaulois affrontant les armées de César, envoyant une tribu après l’autre se faire ratatiner dans le plus grand désordre, et la pire incohérence !

 

Vous noterez que tous les pays cités ci-devant comme « gabégiques » ont connu une croissance qui leur a valu autrefois les félicitations de leurs pairs. Jusqu’en 2008.

 

Russophobie cyprophage

Pour finir d’assombrir le tableau qu’on s’apprête à passer à l’eau de javel, on transforme une île enchanteresse en gros étron malodorant, en affirmant que ses banques ont, nom de Dieu, accepté de l’argent sale venu de Russie ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Mais quand on demande combien de cet argent est dégueulasse, la réponse, apparemment inspirée par les jésuites de l’eurocratie, arrive dans la seconde : c’est le chiffre des avoirs russes à Chypre. Ben voyons : tout l’argent russe est sale, bien évidemment ! 

 

On se demande alors pourquoi tant de sociétés russes ont pignon sur rue, par exemple, à Londres. Ou alors, y’a du caca chez Cameron ? Et pourquoi on entend si peu rappeler que l’argent sale transpire de nos banques, de toutes nos banques. En Suisse, UBS a facilité l’évasion fiscale vers quelques autres paradis peu regardants sur l’origine de l’argent. En France, BNP Paribas (dont le premier actionnaire est… l’État belge) est champion toutes catégories en montages fiscaux — et la fraude fiscale, c’est de l’argent sale. Sur les places européennes les plus respectables, les plus nobles institutions (Deutsche Bank, Barclays, etc.) ont manipulé le Libor et l’Euribor, les taux d’intérêts « naturels » anglais et européen. La très crédible banque chinoise HSBC, qui a ses quartiers aussi à Londres, a été mêlée au blanchiment d’argent des cartels, notamment au Mexique. Allons-nous rejeter les avoirs chinois ?

 

Lavement addictif (et tondu)

Dans Indignés de Cons, je révèle (à la suite du Guardian) que « selon le chef de l’Agence contre la Drogue et le Crime de l’ONU (donc, pas Inspecteur Gadget, hein, un vrai haut-fonctionnaire qui reçoit des rapports top secret), c’est l’argent de la maffia qui aurait sorti les banques de la mouise au moment de la Grande Crise de 2008. Selon ce monsieur — Antonio Maria Costa qu’il s’appelle —, des banques ne trouvant plus de liquide sur le marché n’ont rien trouvé de mieux que de blanchir l’argent du crime à la place. Si señor ! Costa affirmait détenir des preuves que la plus grosse partie des 352 milliards de dollars de profits engrangés par le commerce des stupéfiants avait ainsi été envoyée dans le système bancaire mondial. » Autrement dit, toutes les banques participent de près ou de loin au blanchissage planétaire. Mais rendez-vous compte ! Les banques chypriotes auraient (ou avaient) en dépôt une vingtaine de milliards de dollars russes, donc mafieux ! En revanche, l'argent britannique ou allemand qui s'y dore est, bien évidemment, propre par nature.

 

Bien sûr, le gouvernement communiste chypriote a été aussi bête et imprévoyant que les gouvernements de centre droit ou de gauche en Grèce. Bien sûr, ils ont tout foiré. Mais bien sûr aussi, l’Union européenne a, pendant tout un temps, regardé ça de loin sans réagir parce que, tout de même, l’euro, c’est fort, ma bonne dame ! Hélas, le réveil a commencé en 2009. On peut difficilement nier que les gouvernements grecs et chypriotes ont des choses à se reprocher. On ne peut pas plus nier que l’UE a aussi ses responsabilités, elle a tranquillement observé sans bouger. Le renard était dans le poulailler, et on a fait comme si ça faisait du bien aux poules. N’empêche, entre une critique acerbe de ces systèmes à la dérive, et l’entreprise de démolition de réputation à laquelle « Bruxelles/Francfort » se livre avant toute nouvelle « restructuration », il y a une marge !

 

Diarrhée dévaluante

Car, comme pour la Grèce, le salissage fut pour Chypre un prélude à la liquidation. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. L’autre point de vue est rarement évoqué : les pays de la zone euro, ensemble, ont laissé entrer Chypre (et la Grèce) pour des raisons notamment géopolitiques, en connaissance de cause. Cette entrée réduisait de fait la possibilité de défaut et de dévaluation de ces États. Eux-mêmes sont entrés dans l’euro parce que cela semblait être the right thing to do, un acte exclusivement avantageux. Ou alors, il y aurait eu double malentendu sur la monnaie unique ? À présent, on liquéfie Chypre parce qu’elle ne serait pas propre… Oubliées les bonnes intentions. Oubliées les belles promesses d’union : lors des négociations sur l’adhésion de Nicosie à l’UE, la Commission notait, toute fière, que « Son passé occidental, sa culture pétrie des valeurs européennes, ses liens et ses échanges de toute nature entretenus depuis des lustres avec l'Europe, lui confèrent une identité européenne ». 

 

Aujourd’hui, on est dans l’effacez-moi-ça. Oublié l’intérêt géostratégique. Oubliée l’identité européenne. Oubliée même, la participation (forcée) des banques chypriotes à la réduction (restructuration) de la dette grecque, qui pèserait quand même pour moitié dans la chute de Nicosie et que ses habitants paieront une fortune pendant qu’en Allemagne, en Belgique, en France, on émet des jappements de yorkshire satisfaits dès qu’on emprunte à moins de 2 % grâce, bien entendu, à l’aversion des « marchés » pour les pays du Sud. Le Nord profite, le Sud paye. « Aider » son voisin comme les banques chypriotes ont bien dû le faire pour que la Grèce (2,8% du PIB UE) puisse être « sauvée » (ou « noyée », c’est selon) est devenu une tare dans cette Europe de l'égoïsme et du chacun-pour-soi ou Angela Merkel n'est finalement pas la plus dégueulasse, mais bien la plus franche d'une bande de gros hypocrites dont les décisions trahissent de plus en plus clairement l'état de panique.

 

Modernitite salopante

Nous avons attiré Chypre dans une monnaie trop exigeante pour elle, dans un système politique trop « moderne » pour elle. Nous avons imposé des conditions de capitalisation aux banques pour assainir le système, qui faisaient passer certaines institutions de « juste bénéficiaire » à « faillies dans l’année ». Chypre paie tout ça aussi. Nous avons eu l’ambition sans le courage, l’amour du chic sans l’amour du risque, nous avons présenté un plat d’or qui n’était que de faïence. Et lorsque le fait fut avéré, plutôt que de montrer un semblant, un début de solidarité, nous avons lâchement, piteusement, salopement abandonné nos périphéries devenues infréquentables. À moins qu’elles n’acceptent de se purifier dans le sang de l’abstinence, de la pauvreté, du chômage totalitaire.

 

Et donc, on hurle en France parce qu’un impôt de 75 % sur la seule tranche qui dépasse le million d’euros annuel « pourrait » être introduit. Et on vous explique de multiples et élégantes façons qu’il est normal qu’à Chypre l’on ampute les patrimoines, mais aussi les comptes d’entreprises, de 60 % ou plus à partir de l’immense fortune que représentent 100.000 patates. Non pas par an, mais par compte. Et vous gobez ça, parce que finalement, Chypre, c’est sale, c’est paradisiaque, c’est mal géré, c’est loin, c’est même presque l’Orient. 

 

La lèpre se propage et on s’en Chypre.

Et pour finir, à tous ceux qui pensent que ce que nous imposons à Chypre est normal, logique, juste, ou qu’il s’agit de la seule realpolitik possible, je rappelle « l'attachement aux valeurs de l'humanisme européen » qui justifiait, pour Vaclav Havel, l’entrée de Chypre dans l’Union européenne. C’était dans un discours de 1990. On découvre aujourd’hui que cet « humanisme européen » n’était que vagues paroles, promesses d’alcooliques associés. Wikipédia, qui résume parfois bien, évoque la propagation de la crise grecque comme cause de la chute de l’Icare chypriote. Propagation. Le mot me convient. Car je les trouve bien naïfs, moi, ceux qui pensent que cette lèpre ne peut toucher que le Sud. À force de lire que ce qui se passe là-bas est impossible ailleurs (tout en notant que les quotidiens économiques anglo-saxons ciblent déjà la Slovénie comme prochaine victime…, je dis ça, je dis rien), je me demande si l’Europe n’est pas atteinte de cécité. Une maladie d’autant plus embêtante que, pour les avoir noyés les uns après les autres, elle n’aura bientôt plus de chien.

12:44 Publié dans Humeurs d'Ailleurs | Lien permanent | Commentaires (63) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

Commentaires

Het is gewoon grappig om te zien hoe je illusies in elkaar storten. Er is nooit ergens een samenleving gebaseerd op "gemeenschappelijke humanistische waarden". En Europa is dat al helemaal niet. Europa is nu net de dictatuur van linkse weldenkenden zoals jij en Verhofstadt en de rest van zijn nomenklatura. Waar men het gewaagd heeft de burger via een referendum zijn mening te vragen heeft deze bijna overal Europa afgewezen. Niet dat men daar ooit enige aandacht aan besteed heeft.

Als het de Cyprioten beu is, staat het hen vrij uit Europa te stappen en het voorbeeld van IJsland te volgen. Toch raar dat IJsland tegenwoordig compleet uit het nieuws verdwenen is. Daar heeft men de banken gewoon laten failliet gaan, de buitenlandse schulden laten vallen en de bankiers in de gevangenis gesmeten. En het gaat daar heel wat beter dan in Griekenland.

Écrit par : Lieven | samedi, 06 avril 2013

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donc tout le ponde est responsable, sauf le peuple chypriote.

Chypre n'est pas une dictature que je sache, ils ont votées pour ces gouvernement qui ont fait de cette ile ce qu'elle est devenue.

Écrit par : fx | samedi, 06 avril 2013

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Je m'attendais à ce grossier sophisme. C'est une pétition de principe de la plus belle eau.

Écrit par : 7XU | dimanche, 07 avril 2013

Mais.. au bout du compte, ne s'agit pas d'une (ou deux) banques qui ont fait faillite?

Avec les actionnaires qui trinquent (comme ceux de Fortis) et, malheureusement, les gros déposants (qui auraient été bien avisés de tirer les conclusions de ce qui a été maintes fois déclaré: il n'y a que les dépôts de plus de 100k € qui sont garantis).

[oui, la première version du plan était une ânerie sans nom - qui a été acceptée par 17 ministres]

Pourquoi l'État chypriote aurait-il du s'endetter à hauteur de 150% de son PIB pour sauver ces banques?

Écrit par : Paul | samedi, 06 avril 2013

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@Paul : je me demande comment une entreprise peut raisonnablement fonctionner si elle limitait ses entrée en compte à 100.000 euros… Entre beaucoup d'autres exemples.

Écrit par : Marcel Sel | dimanche, 07 avril 2013

Ce que vous dites est erroné . Dans le cas de Chypre, il s'agit uniquement de ponctionner les avoirs liquides supérieurs à 100000 euros. La fortune immobilière (immeubles,terres) ou mobilière (en actions) n'est pas concernée. Donc toutes vos comparaisons ne tiennent pas la route. N'oubliez pas que ce qui est excessif est insignifiant.

Écrit par : Didier | samedi, 06 avril 2013

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@Didier : je n'ai pas dit que l'immobilier était concerné. Je parle des gens qui n'en ont pas. Cela dit, si vous êtes redevables de l'ISF et que vous préférez troquer contre être chypriote avec un compte à 200.000 €, je vous en prie. Mes exemples ne servaient évidemment pas à dresser un parallèle mais à fustiger l'incohérence de ceux qui présentent la "solution" chypriote comme "normale" voire "bien fait pour eux".

Écrit par : Marcel Sel | dimanche, 07 avril 2013

... La bonne nouvelle là-dedans c'est que ça va pousser forcément un jour ou l'autre un pays ou un autre en-dehors de la zone euro. Et à ce moment là, si c'est Chypre ou la Grèce, on pourra constater - j'en suis certain - que ces deux pays se porteront mieux en dehors de la Zone que dedans. Mais on pourrait peut-être élargir le périmètre au Portugal, à l'Espagne, à l'Italie, peut-être aussi à l'Irlande ainsi qu'à la France... A vrai dire c'est pas difficile de se porter mieux sans l'euro pour ces pays du Sud! Plus vite ils en sortiront, plus vite la crise sera jugulée. Cela relève de la responsabilité des citoyens, mais il faudra encore un peu patienter car la propagande pro-euro nous bourre le crâne depuis bon nombre d'années. Il en faut du temps parfois avant de parvenir à nous sortir de la tête un paquet de sornettes...

Pour info: le Patriarche de l'Eglise orthodoxe chypriote - institution qui a un très grand poids et une influence notoire sur la société civile, d'ailleurs son prédécesseur avait été à plusieurs reprises Président de la République en même temps que Patriarche -, a déclaré la semaine passée que Chypre devait se préparer à moyen terme à sortir non seulement de la zone euro mais également de l'union européenne. Il a déclaré également se rendre très bientôt à Moscou pour s'entretenir avec Poutine et le Patriarche de Moscou de la suite des événements à préparer...

C'est curieux comme le vent peut tourner. Jusqu'à il y a peu on censurait ceux qui disaient que contrairement au discours ambiant, la zone euro ne produit pas la paix et le rapprochement des peuples mais son contraire. Et s'il n'y a plus eu de guerre en Europe depuis 45 ce n'est pas dû à l'Union Européenne en tant que telle, c'est grâce à l'affrontement froid et stérile des deux méga-blocs: USA et URSS. Depuis la disparition du bloc Soviétique et devant la crise de la monnaie unique, petit à petit toute une série de tensions refont surface.

Il n'y a que deux possibilités: soit l'Allemagne maintient grosso modo sa stratégie économique d'orthodoxie budgétaire à l'échelle européenne et cela va produire relativement vite une sortie de la zone euro des pays du Sud, soit la France parvient à faire pression sur l'Allemagne (comment vu son état?) afin que celle-ci accepte d'une manière ou d'une autre de faire marcher avec frénésie la planche à billets (à la mode japonaise ou américaine), ce qui aura comme effet - peut-être à un peu plus long terme - de ruiner tout le monde, par anticipation l'Allemagne préférera donc mettre fin à l'aventure euro. Je ne crois pas beaucoup à la deuxième hypothèse...

Grecs et Chypriotes, réappropriez-vous votre liberté politique et sortez donc de la zone euro... La balle est dans votre camp! La démocratie est née chez vous, à vous l'honneur de la faire renaître, car chez nous en Belgique la crise n'est pas encore assez forte pour pousser les gens à se réveiller. Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve comme le disait le poète. Et n'était-ce pas un philosophe
qui disait: il faut choisir entre renoncer au confort et renoncer à la liberté?
Encore un peu de patience, le fruit finira bien par tomber quand il sera mûr...

Écrit par : Yoël | samedi, 06 avril 2013

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Je n'ai pas tout lu Marcel. Pas le temps.
Perso, je me fiche complètement qu'en Belgique on prenne 30% sur les dépôts d'épargne. Je n'ai plus les moyens d'avoir de l'épargne.
Avec mon mari on avait pensé pourvoir épargner quand notre maison serait payée. Mais non, le coût de la vie, l'aide aux enfants....... et ben non on se serre toujours la ceinture.Même notre location d'un emplacement de caravane à l'année dans le sud de la France, nous allons devoir abandonner.
Car dans le midi, vu la crise, ils veulent conserver leur standing et leurs revenus et ils augmentent les prix et ça devient impayable pour nous.

Le sud de la France ne comprend rien non plus. Ils sont à la frontière de l'Espagne ou de l'Italie.... ça fait 2 ans que les restaurateurs ne comprennent pas pourquoi ils ont si peu de clients mais non, ils continuent à faire comme si on était encore dans les années 60....
Ici où je me trouve, pas eu le choix mais 20% d'augmentation cette année et ils ne comprennent pas qu'il n'y a pas de réservation, pas de touristes

L'impôt à 75% est certes exagéré mais, il me semble que l'Europe ne fait rien pour les gens qui travaillent, favorise les spéculateurs et les grosses fortunes ainsi que les lobby sur l'industrie agro-alimentaire tout en laissant les portes ouvertes comme une passoire à des importations.

Expliquez-moi pourquoi l'impôt sur le revenu sur le travail n'est pas mis sur pied d'égalité sur l'impôt du revenu sur le capital ?
Expliquez-moi pourquoi un Arnauld vient en Belgique pour ne plus payer d'impôts, organiser sa succession alors que mon mari et moi comme fonctionnaire retraité, nous ne pourront jamais payer nos impôts ailleurs qu'en Belgique ????? Merci Reynders.

Expliquez moi aussi pourquoi les tomates et les poireaux flandriens sont moins cher à Perpignan qu'à Charleroi ?????? Même emballages, même provenances..... 4 euros pour 4 poireaux à Gerpinnes (environ 800 gr). 2,50 euros le kilo à Perpignan. C'est du vécu hier.
Si c'est ça la construction européenne............. je préfère qu'on annule. Cette politique de prix, je la constate plusieurs fois par an.
Il faudrait que la serpillère humide sorte de son humidité et fasse son marché
Les citoyens européens c'est au moins 80% de gens qui cherchent du travail ou à tenter de conserver celui qu'ils ont.
La mondialisation, c'est du grand n'importe quoi et paupérise encore plus les pauvres mais on a jamais vu autant de porsche, et autre grosses voitures.

Les riches sont plus riches et les autres...... ras le bol.
Il serait tant que Van Rompuy, Baroso et surtout la Merkel..... aient les yeux en face des trous.

Écrit par : pmf | samedi, 06 avril 2013

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Non seulement, ils sont responsables puisqu'ils ont élu des pourritures (démocratiquement), mais en plus ils font de la concurrence fiscale avec le reste de l'Europe. Comme je refuse de payer pour ce peuple qui n'est pas capable de voter pour des gens biens, il faut bien que ceux qui se sont mis tout seul dans cette mouise en paie le prix.

D'autre part, leur niveau de vie a explosé suite à leur rentrée dans l'UE. Et cela parce qu'ils ont développé leur secteur du "service" (80% du PIB). Bref, ils ont développé entre autres leur secteur bancaire ultra-avantageux au détriment du reste de l'UE.

Finalement, Chypre est un état souverain, et les "conditions" de l'UE n'en sont absolument pas. Je vous assure que la forme de cet impôt est l’œuvre de ses dirigeants et non pas de l'UE.

Pour rappel, on voulait d'abord taxer les dépôts en dessous de 100.000€. Comme l'a indiqué le ministre de l'économie français et son homologue allemand, cela n'a jamais été imposé par l'UE (au contraire, cette décision chypriote les a choqué), ce qui n'a bien évidemment jamais été présenté de la sorte par le président chypriote (plus facile de taper sur l'UE pour justifier ses propres décisions prises pour défendre des intérêts tout autre que ceux de son peuple).

Je pense que vous ne comprenez pas très bien de quel bois sont fait les dirigeants chypriotes et quel est leur poids dans ces décisions. Par contre, les dirigeants de l'UE le comprennent très bien, et refusent, à raison, de financer une démocratie corrompue et malsaine.

Voilà par exemple ce qu'en dit le ministre français :

Il a toutefois affirmé qu'il ne fallait pas taxer les petits déposants sous 100.000 euros, ce qui avait été envisagé dans un premier temps. Les dirigeants chypriotes "ont préféré à un moment, c'est vrai, protéger cette économie-casino plutôt que de favoriser leur peuple, mais le peuple est dans la rue et il faut l'entendre", a dit M. Moscovici.


http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/03/24/97002-20130324FILWWW00071-chypre-economie-casino-moscovici.php

On avait aussi le ministre chypriote de l'économie (qui a démissionné) qui, suite au scandale des prêts bancaires non-remboursés octroyés à des personnalités politiques, avait lâché un truc du genre : "Les banques sont libres de demander le remboursement des prêts ou pas".
Je ne retrouve pas la source.

Bref, un pays ultra-corrompu, un peuple qui vote en mode clientéliste pour des personnes qui ne les défendent même pas, tous les ingrédients d'un pays bancale qui doit comprendre pourquoi il en est arrivé là.

Je ne vois donc pas pourquoi on financerait un tel système. Il faut au contraire qu'il s'écroule et qu'ils en tirent des leçons.

Et cela n'a aucun rapport avec des préjugés, c'est juste la réalité brut.

Écrit par : Nico | samedi, 06 avril 2013

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@Nico : l'Eurogroupe avait largement les moyens de pression pour empêcher Chypre de taxer les dépôts sous les 100.000 euros. Ils avaient même les moyens de prêter 15 milliards au lieu de 10. Ils avaient même les moyens de ne pas imposer à des banques fragiles de devoir participer à la restructuration de la dette grecque…

Écrit par : Marcel Sel | dimanche, 07 avril 2013

@MArcel : Donc, votre vision, c'est de dire que le contribuable européen doit payer pour les banques chypriotes, économie Casino. On n'est vraiment pas d'accord sur ce point.

La question de qui doit payer à Chypre, et la part de chacun est leur problème. Si les petits sont touchés (entreprises et particuliers), c'est leur problème.

L'Europe ne peut pas imposer une décision à un pays souverain. Elle peut conditionner son aide, ce qu'elle a fait (apport UE et FMI, apport Chypriote). Par contre, si les chypriotes décident de mesures injustes, c'est le problème de ce peuple et de ses dirigeants.

Dans cette histoire, le problème FONDAMENTAL, c'est la corruption des dirigeants chypriotes, ce dont tout le monde a l'air de se contrefoutre, média, grand-public, le peuple chypriote.

Quand l'Europe intervient, c'est de l'ingérence, c'est un scandale. Quand, elle n'intervient pas, elle devrait le faire. Je suis loin d'être d'accord avec ce qu'il se passe au sommet de l'Europe, bien que ce soit plus complexe que ce qu'on peut voir de l'extérieur, mais sur ce coup là, ils ont agi presque comme je l'aurais fait (J'aurais direct balancé le président chypriote).

J'espère que vous garderez un œil attentif sur les "affaires" chypriotes qui vont certainement rejaillir d'ici peu.

Écrit par : Nico | dimanche, 07 avril 2013

@Nico : Vous trouverez des corrompus et des corrupteurs dans tous les pays d'Europe. Tenez, dans l'affaire Siemens, il y avait des Grecs et des… oups… allemands. Dois-je évoquer Cahuzac pour vous rappeler que tous les citoyens d'Europe sont susceptible, sans le savoir, d'élire des corrompus, des fraudeurs, des malandrins de toute sorte ? Est-ce une raison pour qu'ils voient leurs économies fondre comme neige au soleil ? Imposer aux gens qui ont en toute confiance mis leur argent en banque de payer pour les corrompus, c'est la preuve à mon avis évidente que nous ne sommes pas capables d'agir en tant qu'Européens et que notre monnaie, mais aussi la construction européenne elle-même, est en déclin. Je crois que "déchéance" serait plus juste.

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 08 avril 2013

@ Lieven : ça va mieux, vous dites, en Islande ? Mais comme c'est curieux, ils ont un gouvernement de gauche actuellement…

Écrit par : Franck Pastor | dimanche, 07 avril 2013

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Zelfs een stilstaande klok geeft 2 keer per dag het juiste uur aan.

Écrit par : Lieven | mardi, 09 avril 2013

Marcel,
Comme je vous aime beaucoup, j'ose vous recommander ne pas tomber dans la tyrannie du jeu de mots systématique à la une de votre blog. Vous savez que le très bon Demorand vient de quitter Libé car lassé de cette habitude ; laissez ce sport au Canard Enchaîné (dont c'est une des marques de fabrique), et ... volez plus haut (car oui, pour le reste vous êtes quasi parfait).

Écrit par : Walter | dimanche, 07 avril 2013

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La solidarité (financière) n'existe que si elle est imposée par la force.

Écrit par : schoonaarde | dimanche, 07 avril 2013

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@fx si on vote pour son gouvernement, on ne vote pas pour les dirigeants des banques. Et se sont elle qui sont a la base du problème

Écrit par : vd | dimanche, 07 avril 2013

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@Walter : titrer par des jeux de mots est un choix de vie, dirait Cameron :-)

Écrit par : Marcel Sel | dimanche, 07 avril 2013

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@Pffff : dommage, vos généralisations sur "les Flamands" vous valent une censure. le reste était intéressant. Mais je ne fais plus dans le détail. Pas le temps. Désolé.

Écrit par : Marcel Sel | dimanche, 07 avril 2013

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Quatre fois plus de offshores en Flandre qu’en Fédération Wallonie Bruxelles élargie...
Les sommes placées dans des paradis fiscaux représentent un manque à gagner de 9 milliards d’euros par an pour l’Etat, a indiqué le co-président d’Ecolo Olivier Deleuze ce week-end. John Crombez (sp.a) sur Bel RTL ce lundi. « Ce sont des montants énormes : les estimations varient entre 8 et 37 milliards d’euros. La Commission européenne parle de 33 milliards ..!"
Il existe donc une mafia en Belgique qui en dix (10) ans parvient à détourner 100% du PIB de ce pays soit la dette publique fédérale Belge... 10 ans..!
2 x le montant qui met à genoux tous les Chypriotes et Grecs réunis par an !
Et il y en a pour encore oser dire que c'est normal...
Si ici les tribunaux et des prisons ne sont pas remplis. Si des forces de Police ne sont pas mobilisées. Si les Politiques ne se sentent pas pousser des ailes vertueuses c'est que ce pays est sous la coupe d'une mafia, mafia flamande en grande partie ! Comment encore accepter l'omerta de ces détournements massifs de biens publics ? Il est temps de mettre ces voleurs et leurs familles hors d'état de nuire.
Les demeurés et faibles d'esprit préférant parler d'une chaudière à Charleroi, d'un nez rouge à Liège ou même d'un vol de sac !

Écrit par : Philippe | lundi, 08 avril 2013

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La Flandre n'a rien à voir là-dedans. C'est juste que les pauvres n'évadent pas leur fortune et qu'il y en a plus en Wallonie. Point. Merci d'arrêter les amalgames.

Écrit par : Marcel Sel | mardi, 09 avril 2013

Salut Marcel,
Je viens d'acheter votre livre "Indignés de cons". Saine lecture printanière en attendant le retour des premières chaleurs. Toujours un plaisir de se laisser bercer au rythme de votre plume.

Écrit par : Tournaisien | lundi, 08 avril 2013

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@Tournaisien : merci :-)

Écrit par : Marcel Sel | mardi, 09 avril 2013

je crois quand l'europe etait deja morte depuis longtemps quand dans un pays mouchoir de poche a l'echelle mondiale comme la belgique les flamingants refusent toute solidarite interregionale et pratiquent des comptes d'apothicaires sans parler de leur presse flamande eminamment corrompue (standaard, hln etc) avec les slogans simplistes qu'on a pu lire sur la wallonie (repris en premiere page bien souvent).
de wever est encore editoraliste au standaard et y deverse regulierement sa prose infecte, destinee a une population flamande lobotomisee.

Bien sur, on veut bien conserver l'etat belge coquille vide (ou meme une europe coquille vide) pour les quelques trucs qui engraissent la flandre et pour utiliser l'image du pays tant qu'elle peut encore servir.
aucun etat moderne ne peut fonctionner sans un minimum de solidarite interregionale ou en pratiquant des comptes d'apothicaire au niveau national.

a quelques encablures du centre de bruxelles, capitale de l'europe, dans la commune de zaventem, les logements sociaux (et parfois lotissements privés, des accords avec les promoteurs ayant dans ce sens) sont reserves au seuls flamands de race. Sur les plaines de jeux pour enfants, les autres langues que le flamand sont interdites par reglement communal.
en peripherie bruxelloise, des bourgmestres democratiquement elus sont sabotés ou empechés dans leur fonctions par le gouvernement flamand, pour le simple fait d'etre francophones meme si bilingues.

en tant que bruxellois, je crois que nous avons droit dans ce cadre a reclamer des comptes a une flandre qui ne menage guere les autres regions (sans parler de l'imbecilite absolue des politiciens wallons et leur lachete qui doit etre sans cesse denoncee )

Écrit par : bruxellois | mardi, 09 avril 2013

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@bruxellois Un peu court, un peu systématique, et je ne vois pas trop le rapport avec… Chypre… 

Je vais vraiment devoir imposer qu'on reste dans le sujet en-dessous de chaque article ?

Écrit par : Marcel Sel | mardi, 09 avril 2013

@ Marcel

Je resterai quant à moi dans le sujet.
Avez-vous visité l'exposition qui avait lieu au Louvre jusqu'en février : "entre Byzance et l'Occident".
Complètement décalé comme image par rapport à ce que l'actualité nous a renvoyé comme spectacle. Que fait-on de la culture, de l'héritage des siècles, de cette part humaine extraordinaire que nous ont transmise les généations passées ? Quelle médiocrité que notre période actuelle au regard des profondeurs de spiritualité et des richesses qui nous ont été léguées en héritage !
Mais qui donc, se répandant en commentaires tous azimuts sur la crise chypriote, a-t-il seulement pris le temps d'aller visiter cette exposition fabuleuse. Moi je l'ai vue, c'était superbe. Et j'ai gardé de Chypre, au travers de ce mariage étonnant entre l'âme orientale et l'âme occientale, entre orhtodoxie et église romaine, entre Islam et Christianisme, un souvenir ému !

Écrit par : Tournaisien | mardi, 09 avril 2013

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Pour ce qui concerne la Slovénie, c'est, en effet, bien parti...


http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/04/09/20002-20130409ARTFIG00344-apres-chypre-la-slovenie-inquiete-la-zone-euro.php

Écrit par : EVRARD ALAIN | mardi, 09 avril 2013

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Ce que je sais de la Slovénie - Et là, je suis en Slovénie ?

Le premier mort de la guerre de Yougoslavie était un Slovène. Il fut aussi le seul Slovène tué au cours du conflit. La Slovénie est un très beau pays, mais si petit qu'on en sort si on ne fait pas attention.

Il leur faut un milliard.

Finalement, cela pourrait être trois fois pire : ils pourraient s'être équippé de panneaux photovoltaïques.

Quoique, dans leur cas, avec le soleil qu'ils ont, cela serait un peu moins bête que ...

Écrit par : Pfff | mardi, 09 avril 2013

Petite question Marcel: tu aurais préféré qu'on te prenne ne fut ce que 10% de ton patrimoine à toi, pour sauver les chypriotes ? Ou tu préfères qu'on te prennent 40% pour sauver Chypres, les slovènes, les portugais, les italiens, les espagnols ?

L'Europe c'est une idée à la con: peu de gens serait prêt à aider leurs voisins qu'ils croisent tous les jours et ils parlent la même langue, partage la même religion et la même culture ... alors aider des inconnus, qui parlent une langues incompréhensible, qui pratiquent d'autres religions et qui bouffent même pas comme nous ....

Écrit par : Popolvuh | mercredi, 10 avril 2013

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@popolvuh : je pense qu'on regarde le problème de travers : si l'on considère une monnaie unique, on doit considérer un système banquier unique, ce qui est plus ou moins en cours mais va prendre du temps. Mutualiser les pertes d'une zone comme Chypre est une hérésie économique. Faire comme la BCE, à savoir inciter les banques "nationales" à acheter de la dette nationale va à l'inverse de ce qu'il faudrait faire, parce que cela revient aujourd'hui à mutualiser les gains (concentrés au Nord) et nationaliser les pertes (concentrées au Sud). Je crains un effet domino qui finira bien par nous atteindre, et donc de mon point de vue n'est pas "que payons-nous aujourd'hui" mais bien "quand devrons-nous à notre tour payer, et combien?". Depuis le début de la crise grecque, on n'a cessé de fragiliser l'euro du Sud au bénéfice (momentané) de l'euro du Nord. Or, une monnaie à moitié pas du tout crédible est dévalorisée (alors que dans les faits économiques, nous sommes toujours à l'euro fort). Autrement dit, on a une monnaie qui ne nous rend pas compétitive, mais n'attire pas non plus les investisseurs là où elle devrait, à savoir là où il y a de bonnes affaires. Ça ne peut pas tenir très longtemps à mon avis (c'est juste une opinion) et donc, soutenir la dette chypriote et les banques à des conditions drastiques (réduction radicale de l'encours, contrôle radical de l'origine des dépôts) m'aurait paru plus sain. Aujourd'hui, l'argent placé à Chypre part en… Lituanie (et déjà depuis quelques années). À se demander si on a appris quelque chose…

Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 10 avril 2013

La seule manière effectivement de maintenir une monnaie unique, c'est d'assurer massivement des transferts des pays les plus riches vers les pays les plus pauvres. En théorie c'est peut-être une bonne idée mais elle est certainement chimérique. Car une monnaie commune ne devrait couronner qu'un édifice dont la construction serait déjà terminée, ainsi un Bavarois trouverait tout autant normal de payer pour un Berlinois que pour un Chypriote. Mais aujourd'hui ce n'est pas le cas. Une monnaie comme l'euro ne peut fonctionner que si l'Europe ne forme déjà plus qu'un seul pays, ce qui n'est résolument pas le cas: on a mis la charrue avant les boeufs comme on dit. Je ne suis pas convaincu personnellement de la validité théorique de la zone euro, mais ce dont je suis certain c'est que l'euro en pratique est un zombie: un mort-vivant qui finira par être tout à fait mort d'ici quelques années.

Car la Crise est installée chez nous pour de nombreuses années encore, dans ces cas-là ce n'est pas la solidarité mais l'égoisme qui est le comportement primaire qui est remis à l'ordre du jour. La Crise ne fait que manifester le basculement du leadership économique de l'Ouest vers l'Est. Nous nous étions habitués depuis l'essor des Villes ou au moins depuis les Grandes Découvertes de la suprématie de l'Ouest sur le monde, eh bien maintenant c'est terminé... Pour revenir à la zone euro: hors de question de compter donc sur le fait que l'Allemagne transfère l'équivalent de 4-5-6-7-8% de son PIB pour assurer la viabilité de la zone euro. Cependant l'Allemagne ne sortira pas de la zone par elle-même, ce serait économiquement une grande perte pour elle (les mêmes proportions pour son PIB que de mettre sur pied le fédéralisme) avec un Mark réévalué et des exportations du coup moins intéressantes pour les autres européens, quand on sait que l'Allemagne fait 60% de son commerce avec les autres pays d'Europe... C'est donc aux pays du Sud de sortir de la zone qui ne fait que les asphyxier économiquement parlant...

Si les dirigeants européens s'enferrent dans leur erreur c'est, un peu comme dans l'expérience de Milgram, par orgueil c'est-à-dire par incapacité à reconnaître qu'ils ont fait fausse route depuis le départ. Signe d'incompétence notoire.... On pourrait très bien imaginer toutefois comme alternative à la monnaie unique une monnaie commune, c'est-à-dire que les pays garderaient leurs monnaies nationales, mais que pour le commerce ou les transactions internationales par exemple, on utiliserait une monnaie commune à une partie ou toute l'Europe, monnaie basée sur ce qu'on appelle le serpent monétaire commun.

L'histoire de la construction de la zone euro et de son rêve fédéraliste a quelque chose de pathétique: derrière cela se cache une vision du monde délirante ou idéologique sortie du cerveau d'une petite minorité au bénéfice d'une petite minorité également qui est en train de se fracasser la gueule sur la réalité. Cela ne marche pas! Le "rêve" européen est une abstraction cérébrale universaliste vide de réalité qui nie tout ce qui fait un être humain, à savoir sa langue, sa religion, etc bref toutes ses racines incarnées (en prétendant le contraire bien entendu). Oui le "rêve" européen est une idée désincarnée de philosophe qui méconnaît le rôle de l'incarnation: un Chypriote n'est pas un Finlandais (déjà qu'un Français n'est pas un Allemand ou un Britannique), ils n'ont pas suffisamment la même "histoire identitaire" commune au sens large pour le dire en un mot. On peut tourner le problème dans tous les sens mais cela revient à cela. On peut créer des accords de coopération entre Chypriotes et Finlandais mais pas une Fédération avec une monnaie unique. C'est de la folie furieuse vraiment...

Le projet fédéraliste avec sa monnaie unique est un signe des temps manifeste en ce qu'elle méconnaît totalement l'histoire. Oubli de l'histoire, amnésie de l'ancien. Evidemment le paradoxe c'est qu'on n'arrête pas de parler de se souvenir, mais plus on en parle moins c'est une réalité. Avec la Fédération, on entre dans le monde de la simultanéité, le monde lisse et digital du sans passé, du sans histoire, du sans qualité. L'Europe sans qualité, cela pourrait être le titre d'un nouveau livre. Et d'ailleurs, la propagande fait bien son travail car dans les nouveaux manuels d'histoire en France, on apprend aux jeunes que les guerres entre Français et Allemands étaient des guerres civiles et non des guerres entre Nations. Toute l'histoire moderne est relue à partir d'un point de vue d'apprenti sorcier "fédéraliste" qui déconstruit les Nations.

Et comme dans toute bonne idéologie qui se respecte ce n'est pas la théorie qu'on remet en cause mais la réalité des faits. Il suffit de les voir nous raconter que ce qui va nous sauver c'est de rajouter une couche en plus de leur poison. Comme à la bonne vieille époque de l'URSS: si le Socialisme Soviétique s'est effondré c'est parce qu'il n'était pas encore assez soviétique ou alors c'est parce qu'il était une bonne idée en théorie mais mal mise en pratique. Comme quoi les plans et les théories cela peut être meurtrier aussi parfois!
Désolé pour la longueur!

Écrit par : Yoël | mercredi, 10 avril 2013

@Yoel

L'Europe a été une réalité de la Renaissance à la fin de l'ancien régime. Les frontières, les "identités nationales" sont des abstractions, des absurdités historiques, des données arbitraires et illusoires. Les individus qui rejettent l'Europe au nom de leurs qualités sont en fait coupé de la réalité de leur territoire, de leur histoire, beaucoup plus large que ce qu'ils sont prêts à accepter. C'est l'aliénation, la servitude volontaire.

Écrit par : Pfff | vendredi, 12 avril 2013

à Pfff,
L'Europe est bien sûr une réalité qui existe, qui a existé et qui existera, je n'ai pas dit le contraire - d'ailleurs ce serait idiot d'affirmer le contraire. Je parlais plutôt d'Europe fédérale et d'une monnaie unique pour cette Europe fédérale...
Malheureusement, on confond souvent les deux: je veux dire on fait souvent un amalgame entre être contre une Europe fédérale avec une monnaie unique et être contre l'Europe. L'Europe c'est une réalité géographique indéniable, c'est déjà un peu moins le cas du point de vue culturel et historique. Or l'Europe fédérale avec monnaie unique c'est une certaine volonté politique, que l'on peut désirer ou ne pas désirer c'est selon, mais en aucun cas ce n'est une réalité factuelle. Donc sur cette question-là le débat est ouvert, ou devrais-je dire: devrait être ouvert car il ne l'est pas vraiment. Il y a très souvent un a priori négatif et régulièrement une mauvaise foi qui s'exerce contre les partisans d'une Europe fédérale que l'on appelle de manière symptomatique les Europhobes. Or, comme je viens de le dire c'est faire un amalgame que d'utiliser cette expression. C'est comme si vous disiez que ceux qui étaient contre l'Union Soviétique étaient en fait des Russophobes. Je suis désolé mais ce n'est pas la même chose...
De toute façon si on se base sur la géographie et la culture historique, on devrait d'ailleurs intégrer aussi la Russie alors dans cette Europe fédérale avec monnaie unique. Pourquoi n'en parle-t-on jamais? C'est curieux, non? En fait les frontières de l'Union correspondent grosso modo avec celles de l'Otan moins l'Amérique du Nord forcément...

Écrit par : Yoël | samedi, 13 avril 2013

"L'Europe c'est une réalité géographique indéniable, c'est déjà un peu moins le cas du point de vue culturel et historique."

Les identités nationales sont le produit de l'endoctrinement des États au 19ème et 20ème. Être contre l'URSS et être russophobe ? Mais l'Urss était le village potemkine de l'impérialisme russe ! Est-ce la faute de l'Europe si les russes préfèrent, encore aujourd'hui, un régime autoritaire, dirigé par une bande d'homicides sinistres, qui fait peu de cas des libertés civiles.

Écrit par : Pfff | dimanche, 14 avril 2013

à Pfff,
A nouveau un malentendu, une ambiguïté. Oui le sentiment national apparaît seulement en Europe aux alentours du 17ème siècle (et non au 19ème comme on l'entend très souvent), un sentiment basé sur l'existence d'un peuple particulier qui formerait une nation particulière, mais il existait déjà depuis bien longtemps des pays - comme la couronne de France ou la couronne d'Espagne ou encore la Couronne d'Angleterre qui menaient des politiques au sens large qui étaient parfois fort différentes les unes des autres et même en conflit ouvert. Exemple: ce qu'on appelle Espagne trouve son origine chez les Ibères et cette ethnie est vieille comme le monde comme on dit. D'ailleurs, dans la lutte pour la suprématie au cours de l'histoire, on a vu à plusieurs reprises la couronne de France - pour donner un autre exemple - passer des alliances avec l'Empire ottoman contre d'autres monarchies européennes...
N'oublions donc pas que les différents pays européens ont souvent privilégié leurs intérêts propres sur des intérêts européens. L'Europe comme continent grosso modo unifié et comme parlant pareillement d'un seul homme a toujours été une fiction historique. Même si l'Europe existe en tant qu'entité... On pourrait faire la comparaison avec l'Asie: oui, il y a bien un Continent asiatique qui partage un certain nombre de choses en commun mais cela n'a jamais suffit à en faire un "front asiatique"...
La conception Fédéraliste pour l'Europe trouve son modèle aux Etats-Unis. Mais si les Etats-Unis ont été possible c'est justement parce que ce quasi-contient n'a pas d'histoire; je veux dire que cet endroit sur terre naît comme Pays justement à partir du moment où les colons blancs ont exterminé tout ce qui ne relevait pas de leur lignée. Après avoir exterminé ce qui constituait la mémoire indigène de ces différentes contrées américaines, c'est-à-dire l'histoire ancienne de ces mêmes contrées, ils ont inventé leur pays et leur fédération: les Etats-Unis.
Comment donc croire que le modèle américain pourrait en être un pour nous, nous la Vieille Europe?

Admettre l'existence du continent européen avec ses particularités c'est une chose, en conclure que l'Europe Fédérale (avec monnaie unique) est donc une bonne chose qui d'ailleurs en est une conséquence logique tout naturellement c'est une autre chose qui n'est pas vraie. Il n'y a pas de lien logique de cause à effet entre les deux. Car à ce rythme là, on peut dire aussi que vu que toute l'humanité relève en dernière analyse de la même espèce, on pourrait instaurer un seul pays avec un seul gouvernement planétaire... C'est ce que dans la Bible on appelle la Tour de Babel et que Dieu décide justement de détruire pour favoriser la diversité des langues et des peuples. Dieu est donc le garant de la diversité en étant contre l'uniformité. De mon point de vue, l'Europe Fédérale ça sent beaucoup trop l'uniformité... Pourquoi devrais-je partager la même monnaie qu'un Finlandais ou qu'un Chypriote? A ce compte-là, je préférerais utiliser le dollar car finalement les états-uniens sont des anciens irlandais, hollandais, italiens etc. bref d'anciens européens. Mais je vous rassure: le projet de fusionner le dollar avec l'euro (ou que le dollar absorbe l'euro) existe bel et bien - je suis sérieux -, c'est dans les cartons de certaines élites occidentales, c'est juste une question de temps.

Écrit par : Yoël | lundi, 15 avril 2013

En fait, vous en venez insensiblement à nier le fait européen. Qu'est-ce qui différencie l'Europe des États-Unis ? Une histoire de deux millénaires, des accomplissements par milliers, une civilisation exceptionnelle, le christianisme, tant de chefs d'oeuvres que cent vies ne suffiraient pas pour tout admirer ... Mais, évidemment, si l'histoire européenne se limite à une expiation sans fin, si la culture européenne, c'est le dénominateur commun de la Shoah, du colonialisme ... Mais, évidemment, si admirer l'Occident, son art de vivre, c'est criminel, si rien n'est vrai puisque tout est relatif ...

Qu'est-ce qui nous reste, à quoi nous rattacher ? Les États, le nationalisme, le grand rêves revanchards populistes, communautaires ou communisant, les faux prophètes, les grands chambardeurs de gauche ou de droite, qui sortent, tout modeste, du purgatoire (l'engeance criminelle, ce sont eux, de toute éternité) et qui nous jurent que nous n'avons plus rien à craindre, que, cette fois, ils ont compris la leçon et que les errements du passé ne sont plus possibles. Les indignés de gauche ou de droite sont bien raccord pour, encore une fois, tout faire péter.

Le nihilisme, voilà l'ennemi.

Il y a des tas de grosses baudruches à qui pincer les fesses, de De Wever à Melenchon. Cela peut être une œuvre pédagogique en soi. Je ne suis pas partisan d'être gentil avec les salopards.

L'Europe est une ambition. L'Europe est une destinée. Ou on l'embrasse, ou on s'en déclare indigne, mais on n'a pas le droit de l'interdire à ceux qui la veulent, pour eux, pour ceux qui les suivront, et pour Elle-même.

Écrit par : Pfff | lundi, 15 avril 2013

à Pfff,
Merci pour ce dialogue, mais je pense que je vais en rester là sur le sujet pour l'instant car il me semble que c'est un peu un dialogue de sourd entre nous. Ca arrive, ce n'est pas bien grave. On ne se comprend pas, car on ne parle pas de la même chose ou plutôt nos oppositions ne sont pas là où vos commentaires semblent les situer. Vous aimez l'Europe, moi aussi en fait: nous sommes tous les deux des europhiles. La différence est plutôt: de quel genre d'Europe voulons-nous et non pour ou contre l'Europe. Là où je me contente d'attaquer la conception fédérale de l'Europe avec monnaie unique, vous pensez en fait que je nie l'Europe. Ce qui n'est pas le cas. Pour le dire en un mot de façon simpliste: je suis pour une Europe des Etats Souverains... Bonne journée à vous=

Écrit par : Yoël | mardi, 16 avril 2013

Je comprends pour part votre indignation, Marcel. Mais,
- avez-vous une idée du nombre de Chypriotes touchés par la mesure? Il me semble que rares doivent être les citoyens qui, possédant plus de 100 000 Euros, les gardent sur un compte à vue. De quoi parle-t-on, au fond? Frappe-t-on l'économie de l'île par cette mesure ou s'agit-il seulement de quelques victimes collatérales évidemment regrettables?
- l'Europe doit-elle vraiment financer la protection des dépôts opportunistes (et parfois d'origine trouble) des oligarques russes, conséquence d'une politique hasardeuse de l'état et des banques chypriotes?
- La corruption à Chypre est d'un autre niveau que celle, inévitable, qu'on trouve dans tous les pays d'Europe. De même que l'invraisemblable gabegie grecque n'avait d'équivalent nulle part.
- L'erreur fut sans doute d'avoir accepté Chypre dans l'Europe.

- Par ailleurs, macro-économiquement parlant, l'Eurp pose effectivement problème. Dans le bon vieux temps, les détenteurs d'obligations ou autres avoirs d'une économie affaiblie vendaient ces avoirs ce qui dévaluait la monnaie de cette économie affaiblie ce qui soutenait ses exportations. Aujourd'hui, on vend aussi lesdits avoirs, évidemment, ce qui fait monter les coûts de l'mprunts mais n'a aucun effet sur la devise commune.
- Pour l'anecdote, taxer les fortunes à 1 ou deux % quant les dépôts sont rémunérés à bien moins que ça, c'est évidemment confiscatoire. De même que déclarer que trois quarts des revenus de qui que ce soit appartiennent à la communauté devrait heurter le sens commun (ce qui d'ailleurs semble être le cas!).

Écrit par : serge | mercredi, 10 avril 2013

Répondre à ce commentaire

@Serge
"- avez-vous une idée du nombre de Chypriotes touchés par la mesure?"
Impossible à estimer, mais la mesure est multiforme. Il me semble que si on veut atteindre les multimilliardaires russes, ce n'était pas à partir de 100.000 euros qu'il fallait taper, mais au moins 20 millions… Avec un patrimoine médian de près de 300.000 euros/cypriote, on peut se dire que pas mal de gens de la classe moyenne seront touchés, peut-être pas à titre personnel le plus souvent, mais sur les comptes d'entreprises, c'est une véritable horreur. Je ne comprends pas qu'on prenne le risque d'écraser de bonnes entreprises avec les licenciements que ça implique en prenant des mesures destinées, en principe, à "assainir" le système. Là, c'est tout le bras qu'on coupe.

"Il me semble que rares doivent être les citoyens qui, possédant plus de 100 000 Euros, les gardent sur un compte à vue."
À Chypre, c'est assez courant vu le rendement. Mais je ne comprends pas qu'on présente comme "normal" une "punition" qui frappe des gens qui, comme vous et moi, choisissent les comptes les plus rémunérateurs et les plus souples. 4-5%, ça n'est pas du délire dans la perception du citoyen, c'est une bonne affaire assez sûre, et ça l'était jusqu'en 2011…

"De quoi parle-t-on, au fond? Frappe-t-on l'économie de l'île par cette mesure ou s'agit-il seulement de quelques victimes collatérales évidemment regrettables?"
Non, on frappe très durement l'économie en supprimant jusqu'à des revenus (récents) d'entreprises tout à fait honnêtes en prétendant qu'avoir un compte à Chypre est forcément un signe de corruption ou d'argent sale, c'est oublier toute l'économie locale.

"- l'Europe doit-elle vraiment financer la protection des dépôts opportunistes (et parfois d'origine trouble) des oligarques russes, conséquence d'une politique hasardeuse de l'état et des banques chypriotes?"
Les oligarques russes ne représentent pas la majorité des dépôts. Par ailleurs, ces dépôts sont en grande partie exilés en Lithuanie, par exemple, et on peut supposer que dans d'autres paradis sous protection de la Couronne britannique… Mais là, on trouve ça Salonfähig ?

"- La corruption à Chypre est d'un autre niveau que celle, inévitable, qu'on trouve dans tous les pays d'Europe. De même que l'invraisemblable gabegie grecque n'avait d'équivalent nulle part."
Si on isolait certaines régions d'Italie, vous ne diriez pas ça…

"- L'erreur fut sans doute d'avoir accepté Chypre dans l'Europe."
Ce n'était pas une erreur, c'était un choix en connaissance de cause. Un choix implique de la cohérence ensuite.

"- Par ailleurs, macro-économiquement parlant, l'Eurp pose effectivement problème. Dans le bon vieux temps, les détenteurs d'obligations ou autres avoirs d'une économie affaiblie vendaient ces avoirs ce qui dévaluait la monnaie de cette économie affaiblie ce qui soutenait ses exportations. Aujourd'hui, on vend aussi lesdits avoirs, évidemment, ce qui fait monter les coûts de l'mprunts mais n'a aucun effet sur la devise commune."
Oui, et ce sont les pays du Nord qui profitent en bénéficiant de taux ratiboisés, compensation des taux élevés du Sud (que les banques du Sud continuent d'ailleurs à percevoir de leurs États — pour dire à quel point on insiste sur la renationalisation européenne). Pour ces pays-là, l'euro est un piège. Mais pour l'instant, nous tirons profit de la situation. C'est aussi ça qui est ignominieux.

"- Pour l'anecdote, taxer les fortunes à 1 ou deux % quant les dépôts sont rémunérés à bien moins que ça, c'est évidemment confiscatoire."
Je ne suis personnellement pas favorable à un impôt sur la fortune, mais plutôt à un impôt sur la plus value. De là à penser que c'est confiscatoire, je ne le crois pas : les fortunes sont placées ou investies à bien plus que 1 ou 2 %. La preuve évidente, c'est qu'elle n'ont pas l'air de diminuer (sans parler des potentiels d'évasion et d'ingénierie fiscale).

- De même que déclarer que trois quarts des revenus de qui que ce soit appartiennent à la communauté devrait heurter le sens commun (ce qui d'ailleurs semble être le cas!).
Il s'agit des trois-quarts des revenus au-dessus de un million par an et plus j'entends des gens me dire qu'ils vont payer les trois-quarts de leurs revenus, plus je me demande si on n'oublie pas de regarder, à notre tour, combien de gens gagnent plus d'un million par an, et dans combien de cas il s'agit, par exemple, de 5 millions. Là, c'est une question de morale. De mon point de vue, on ne peut pas gagner plus d'un million par an sans tirer un très large bénéfice de la communauté, ce qui justifie un impôt (juste retour) plus élevé. Mais là, je n'impose à personne de penser comme moi. À noter qu'en tant que contribuable belge assujetti à l'impôt des sociétés, il m'est déjà arrivé de payer 60% de tout mon revenu, et je peux vous assurer qu'on était très, très, très loin du million.

Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 10 avril 2013

BULLSHIT!

Écrit par : schoonaarde | mercredi, 10 avril 2013

On parle de plus en plus de pyramide de Ponzi, pour le système bancaire chypriote. En clair, les hauts revenus payés aux impétrants provenaient des comptes de leurs prédécesseurs. Logique que les citoyens européens n'aient pas à payer intégralement pour cette arnaque caractérisée.

Par contre, que le bras droit de Di Rupo ait été impliqué dans un système d'escroquerie similaire, cela fait un entrefilet dans la presse belge et deux secondes au JT de Nuit. Ce n'est pas comme si il avait eu un compte en Suisse.

Lorsque c'est Madoff, c'est la perdition du capitalisme, la vilénie de l'âme humaine ; lorsque c'est un socialiste, chypriote ou belge, c'est un drame de la vie : il ne comprend rien aux chiffres et ses intentions étaient pures, l'anachorète.

Saluons encore le rôle, l'intégrité et l'indépendance de la presse belge, comme B. Delvaux l'a fait pour la presse en général, lors de l'affaire Cahuzac, s'autocongratulant au passage. Et félicitons encore les belges pour la vigueur de leur démocratie d'opinon.(ironie)

Écrit par : Pfff | vendredi, 12 avril 2013

@Pfff

"Par contre, que le bras droit de Di Rupo ait été impliqué dans un système d'escroquerie similaire, cela fait un entrefilet dans la presse belge et deux secondes au JT de Nuit."

pitiééé Pfff!
-dites-en plus... sinon tout ce qui me reste de vie je penserai que vous vouliez juste placer "pyramidal", "impétrant" et"anachorète" dans votre post...

Écrit par : Uit'tZuiltje | dimanche, 14 avril 2013

@Uit'

En dirait-il plus, vous nous feriez vite une pirouette (un demi de tour à gauche) pour en revenir à votre Abu Ghraib du Rand... :)))

Écrit par : Moventoh | dimanche, 14 avril 2013

Suffit de demander:

http://www.dhnet.be/regions/mons-centre/article/428305/organisation-criminelle-a-mons-le-nom-des-complices.html

Défense organisée par Mr Onkelinkx, qui est à la défense des satellites PS ce que Daerden était au révisorat des entreprises qui faisaient des affaires avec la région wallonne : une institution incontournable, l'alliage idéal des convictions et des intérêts.

Écrit par : Pfff | dimanche, 14 avril 2013

@Pfff

ok di rupo premier, di rupo bourgmestre de bergen, je commence à comprendre, bientôt je vais faire demi-tour à gauche et regarder la suite ça à l'air torride, cache-toi cahuzac je te regarde...

Écrit par : Uit'tZuiltje | dimanche, 14 avril 2013

Omertalor !
Comme c'est surprenant !

Écrit par : Moventoh | dimanche, 14 avril 2013

@Schoonaarde : eh ben, ça, c'est de l'argument !

Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 10 avril 2013

Répondre à ce commentaire

Merci pour ces réponses, Marcel.
En Belgique, les comptes à vue de plus de 100 000 Euros sont vraiment très rares. Ceci dit, je suis prêt à imaginer qu'ils le soient moins dans un contexte de taux subsidiés et, peut-être, dans le cas d'une population moins informée. J'ajouterais qu'il me semble que le public devrait savoir que déposer son argent dans une banque implique une prise de risque sur cette banque et que la protection ne dépasse pas ces fameux 100 000 Euros. (Cette protection ne s'étend pas, soit dit en passant, à toutes ces notes, structurées ou pas, émises par les banques et dans lesquelles on investit sans beaucoup de discernement.)
Je n'aurais pas du mentionner les oligarques. Trop caricatural. Il n'en reste pas moins que une grosse partie des dépôts chypriotes étaient d'origine étrangère, découplés de l'économie locale, opportunistes, parfois illégaux, et peu dignes d'être immunisés par l'argent du contribuable européen.
Je suis d'accord avec vous que les dépôts d'entreprise auraient pu être protégés et que l'économie doit en souffrir excessivement.
Quant à l'impot sur la fortune. Nous sommes d'accord, il est inefficace. Sachez cependant qu'au niveau actuel des taux, ceux qui obtiennent un retour sur investissement supérieur à ce niveau général des taux (lesquels sont négatifs si on tient compte de l'inflation) prennent inéviatablement des risques que ces taux supérieurs rémunèrent (investir en bourse par exemple). Pour mesurer la justesse d'un taux d'imposition, je pense qu'il faut s'en tenir au niveau des taux d'intérêt généraux.
Quant au 75%, je crains que nous soyons irréconciliables! Ca ne devrait pas nous empêcher de dormir!

Écrit par : serge | jeudi, 11 avril 2013

Répondre à ce commentaire

@Serge : je pense avoir lu qu'un peu moins de la moitié des dépôts appartenaient à des résidents chypriotes (mais une entreprise fondée par un anglais peut aussi être résidente) qui n'ont eu aucune chance, apparemment, d'opérer un bank run comme ont pu le faire les "Londoniens" et les "Moscovites".

Quant aux 75%, je n'ai pas dit que ce taux me paraissait raisonnable ni acceptable, simplement qu'au dessus du million, il y a de fait un surprofit fait pratiquement dans tous les cas grâce "à la société". Vous ne pouvez pas être 40 fois plus productif qu'un être humain moyen, même si vous pouvez être, mettons, 50 fois plus performant à la tête d'une entreprise, par exemple. Mais on a vu que l'argent gagné par les traders l'était en prenant des risques qui rejaillissaient en fait sur l'ensemble de la société (socialisation des pertes bancaires). Autrement dit, ils ne sont pas payés pour leur apport à l'entreprise (d'un point de vue global, je parle de l'entreprise humaine), mais pour avoir gagné en prenant des risques avec celle-ci, ou avec ses moyens. Si l'on veut une société basée sur le mérite, il faut que le surgain d'un mérite supplémentaire soit socialement acceptable, éthiquement justifiable et ne participe pas, comme c'est le cas aujourd'hui, d'une fuite en avant vers toujours plus d'excès au nom d'un pseudo-libéralisme qui n'est en fait qu'un conservatisme de parvenus qui verrouillent de véritables castes (jet set) aussi arrogantes, sinon plus, que la noblesse de l'Ancien Régime. Si c'était profitable à l'économie globale, je pourrais encore dire que c'est une question de Realpolitik. Hélas, on voit avec l'accélération des inégalités et la crise, que ces différences de gains ne profitent en fait qu'à ceux qui récoltent les plus grosses bourses qui ne redistribuent pas et n'investissent pratiquement plus, aujourd'hui, que dans des produits qui n'ont aucune utilité économique. Ce "libéralisme" est à mes yeux le fossoyeur du libéralisme.

Écrit par : Marcel Sel | jeudi, 11 avril 2013

A mon sens, il y a de nombreuses manières d'arriver à des revenus dépassant le million d'Euros. (Mais je n'en ai pas encore trouver une!). On peut avoir hérité une entreprise florissante de ses parents, ou un généreux portefeuille d'investissements. Peu de mérite mais rien de choquant à ça, sauf si on se place du point de vue de la pure jalousie (mais alors énervons-nous à cause des plus beaux, des plus intelligents, des plus forts,...).
On peut avoir un talent exceptionnel, un charisme hors norme et, in fine, un valeur marchande et un impact économique unique. Un chanteur qui remplit les stades, un footballeur qui rembourse son obscène salaire rien que par la vente de ses maillots.
Encore une fois, rien de choquant. Cet argent représente un talent unique et la valeur marchande qui va avec. Et si ce petit crétin habile de ses pieds achète une Ferrari, tant mieux, l'argent circule!
On peut être un petit entrepreneur efficace, un gagnant à l'euro-million, on peut avoir créé microsoft, avoir écrit sur un sorcier dans un train...
On peut même être un dirigeant d'entreprise. Car oui, par une rente de situation, par le levier de sa position, à laquelle il a cccédé par talent et travail la plupart du temps, ne nous leurrons pas, il est effectivement au moins 50 fois plus rentable que l'éxécutant administratif éminemment remplaçable qui oeuvre en bas de la pyramide. On ne compare pas des hommes mais leur capacité à accéder à une position qui peut générer d'énormes profits (ou pertes). Mettez l'employé adiministratif à la tête de la société pendant quelques années, donnez-lui la position à gros levier,et vous détruirez probablement des milliarrds de valeur boursière.
Que ces richards dépensent vertueusement (fondation Gates) ou stupidement (jet set), in fine, l'important est qu'il dépensent. leur éventuellement pathétique philosophie de vie est leur problème.
Tous ces gens sont certes aidés par la société, comme nous tous. A cette différence près qu'il sont de très larges contributeurs nets (impôts, emplois, dépenses).
Mais doit-on leur prendre, d'autorité, trois quarts de ce qu'ils gagnent avec pour seule justification qu'ils se servent, peu ou prou, de la société qui les abrite?
Attaquons-nous plutôt aux parachutes dorés, aux niches fiscales, aux bonus dangereux,... Développons les protections sociales, protégeons nos handicapés, éduquons nos enfants.
De grâce, abandonnez l'idée que les revenus soient liés au mérite. Le mérite est une notion floue, difficile à utiliser. Le mérite peut-il être hérité? A-t-on du mérite quand on est né intelligent? La chance doit-elle être exclue? Acceptons simplement que les différences sont inévitables et sont le moteur de notre société.
Si vous regardez les grandes fortunes belges, pour ne prendre qu'elles, vous constaterez que beaucoup d'entre elles ne sont vieilles que d'une ou deux génération. Tout le monde a accès au jeu. Les castes existent mais ne sont pas immuables. Et quand bien même, le dégoût, l'irritation qu'elles provoquent ne justifient pas la confiscation de leurs revenus.
Je sens votre irritation d'homme de gauche (comme vous entez mon aveuglement d'homme de droite, je suppose). Vous utilisez les pires clichés (jet set, traders, CEO surpayés,...) ce qui déforce votre propos mais souligne que vous êtes un homme de coeur et un indigné.
(Je compte bien d'ailleurs me procurer votre dernier opus, par intérêt, par loyauté pour ce blog et pour vous rapprocher de manière infime de ce million mythique!)

Écrit par : serge | vendredi, 12 avril 2013

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@Serge : les traders ne sont pas des clichés. Ils étaient au centre des "négociations" de Bâle III et suite au lobby des banques pour protéger leurs "traders", l'éléphant a accouché d'une souris… souris que nous payerons, vous et moi, cash.

Sinon, je ne suis absolument pas jaloux de ceux qui gagnent énormément, j'aurais pu en être (et j'ai très, très bien gagné pendant quelques années) mais j'ai fait un choix autre. Cela étant dit, quand j'ai très bien gagné ma vie, je n'ai pas râlé au moment de payer mes impôts (élevés) parce que ça ne m'empêchait pas de faire à peu près tout ce dont j'avais envie (y compris s'offrir un hôtel 5 étoiles en Méditerrannée, tout luxe et confort inclus). En revanche, quand on se contente d'un salaire modeste, tout pourcent d'impôt en plus signifie un sacrifice supplémentaire. Et là, il n'y a pas égalité ni cohérence de la société.

Écrit par : Marcel Sel | vendredi, 12 avril 2013

la propriété c'est le vol, dit de manière plus civilisée : l'appropriation illégitime c'est du vol...

à moins d'être un voleur frustré soi-même, peut-on être jaloux d'un voleur?

l'héritage n'est pas en soi du vol, mais hériter d'un voleur est-ce du vol? hériter d'un héritier de voleur est-ce du vol? combien de génération pour blanchir le vol?

voler un voleur, est-ce du vol?

morale de gauchiste, appauvrir les riches? -non juste exproprier les voleurs

Écrit par : Uit'tZuiltje | samedi, 13 avril 2013

@Uit'

Mais oui, Uit', vive Proudhon. La propriété c'est le vol.

Seulement, c'est un peu court, faut aller plus loin : le travail, les efforts, c'est le vol ! Tu bosses, tu gagnes, t'es un voleur ! T'as qu'à rester coach potato, après t'iras réclamer ce que les autres ont créé, développé, élaboré, mis en place et qui t'es forcément dû.

Pourquoi t'aurais suivi des formations, pourquoi t'aurais cherché un job, pourquoi t'aurais créé ton commerce, ton entreprise, pourquoi tu te serais levé le matin ? T'es tout de même pas un foutu voleur, nan ?!

Je pense que l'électorat du PS a très très bien compris cette formidable dialectique... Il y pense tous les midis, habillé de son training...

L'Etat-providence n'a qu'à subvenir à nos besoins, on est pas des voleurs, merde !

Écrit par : Moventoh | samedi, 13 avril 2013

Mov'

«l'appropriation illégitime c'est du vol...»

toutes les formes d'appropriation légitime c'est pas du vol... maintenant libre à vous de mettre toute les appropriations dans le même sac (c'est pas mon cas)

fuck proudhon (ceci dit juste au moins pour calmer ma copine)
je pensais plus l'oint, avec le «tu ne voleras point» en héritage  et l'oint dans son quart d'heure de lucidité à chasser les commerçants du temple, plutôt que prêt dans son trip «rendons l'oscar à césar» ou «papa pourquoi m'as-tu abandonné» ni évidemment dans sa version paulinienne mortifère, à chacun ses mites!

«e.f.f.o.r.t.s» vous avez dit «effort»...!?....ikhebeendroom: c'est bien vous pourtant qui ne faites jamais aucun effort à propos de vos compatriotes FR: tous des couillons congénitaux socialisses qui dorment encore à midi tout habillé dans leur training...

sûr que vous êtes bien le seul FR (pardon BIL) qui aurait suivi des formations, aurait cherché un job, aurait créé son commerce, son entreprise, et se serait levé le matin...

l'État-providence, c'est un contrat social, y a que les voleurs qui pensent que c'est un contrat de voleurs, merde ;^)

Écrit par : Uit'tZuiltje | dimanche, 14 avril 2013

@Uit'

"la propriété c'est le vol, dit de manière plus civilisée : l'appropriation illégitime c'est du vol..."


Ca veut dire quoi, ça ? Faudrait fournir le lexique avec vos délires. C'est quoi qui est "civilisé" ? Et c'est quoi qui n'est "pas votre cas" ? Vous dites quoi, exactement ?

Et puis, après Proudhon "civilisé", voici maintenant Pascal et ses allocs...

En outre, comme vous généralisez très souvent "les Flamands", vous revoilà à généraliser "MES compatriotes francophones".

Je ne fais "jamais aucun effort vis-à-vis des mes compatriotes FR"... Je rêve éveillé, ma parole !

Où avez-vous lu que je parlais ici d'autre chose que d'une grosse partie de l'électorat socialiste ?

Ou auriez-vous toujours votre licence/copyrights sur la "Belgique latine" qui ne peut être que de gôche ?! Faite d'apparatchiks, de couillons, de trois idéalistes largués et de croûtons soixante-huitards noyant leur no-mind's land dans vingt-six rhétoriques plus (abs)cons(es) les unes que les autres ?!

Position que vous renvoie allègrement Lieven dans la "plafture" (restons Bruxellois) en parlant des germains et des latins, ce qui vous fait bondir, à ma grande hilarité : vous êtes les mêmes, et il n'y a que vous qui ne le voyiez pas.

Pour le reste, vous croyez que ça n'existe pas quelqu'un qui vous dit "Dites, mon fils, à 18 ans, il peut quitter l'école et aller directement au CPAS ?". Vous ne les avez jamais rencontré, ces ambitieux pragmatiques ?

Parce qu'à côté des capitaines d'entreprises, bien entendu comme une arbalète sources de tous les maux, y'a tout de même des amiraux de l'assistanat ! Pour une part, on va pas se faire ch... à terminer ses secondaires, mais question droits acquis, tu peux m'appeler docteur !

Sortez de votre belle banlieue flamande pépère où les flamingants vous torturent tant, ouvrez les yeux et renouvelez votre bibliothèque !

Accessoirement, je suis pas sûr que fucker Proudhon va calmer votre copine... Une "copine" ! Tout est dit. Mais je voudrais pas trop énerver les mythes dans votre manteau de libertaire éclairé...

NB : je vous retire trente points pour votre "oscar à césar", c'est trop nul. Quant "l'oint", ça fait dix fois. Changez de drogue trois semaines.

Écrit par : Moventoh | dimanche, 14 avril 2013

@Mov'

sorry je pensais vraiment parler FR, bon c'est moi qui prétend qui vous mettez tous les FR dans le même sac, sorry en second, j'aurais pu ne pas lire vos propos, et surtout ne pas y revenir sans cesse...

je pense que le clivage latin/germain avec bien sûr supériorité germanique est constant dans l'histoire de l'europe, et chez nous est sans cesse réactivé par le complexe inf/sup entre langue FR et langue NL... (bullshit tout çà, mais c'est là)

vous rentrez totalement dans ce schéma et je le regrette car je crois que vous êtes un type bien qui pourrait ne pas être (comme moi) pollué par ça...

vous pensez que tout ce qui vient des NL est super, et perso je prends systématiquement le contre-pied de ça parceque c'est pour moi de la connerie...

tout ça est évidemment très court, mais je pense toujours trop court... pas comme vous assurément

ps(wallon): ma copine n'est pas ma moitié, pas plus que ne l'étaient les mères de mes enfants, mais pour le coup je n'ai aucune envie de plus en parler.

bàv (d'où vous voulez...)

Écrit par : Uit'tZuiltje | dimanche, 14 avril 2013

@Uit

"vous pensez que tout ce qui vient des NL est super, et perso je prends systématiquement le contre-pied de ça parceque c'est pour moi de la connerie..."


Ce qui est de la connerie, désolé, c'est prétendre que je dis ou écris ça.

Le discours qu'on lit le plus communément ici émanant de francophones est de dire qu'ils sont agressés par la Flandre et qu'ils doivent donc réagir en tant que francophones et patati. Je répète qu'il s'agit là d'une analyse fondamentalement erronée et qui mérite plus de nuances ET AUSSI une remise en cause d'eux-mêmes par un certain nombre de francophones.

D'autre part, je ne me prive par de réagir lorsqu'un flamingant lourdaud vient ici déposer son petit paquet en ricanant. Il est aussi ici d'autres néerlandophones qui donnent leur point de vue et quand je le partage, je ne vois pas pourquoi je ne montrerais pas que je suis d'accord avec eux.

Il n'y a pas de complexe ou de supériorité là-dedans, il y a du libre examen.

Libre aussi à vous de vous cantonner à un front linguistique auquel vous semblez toujours vouloir vite revenir dès que la gauche wallonne est un peu malmenée.


NB : pour le coup du copain/copine, c'est l'étymologie qui le fait pas trop, le copain étant celui avec lequel on partage le pain. D'où par exemple : "Voici mon copain, à qui j'offre mon pain". Dans le cas de la copine, si l'on veut rester dans la rime riche, évidemment...
Okay, je sors.

Écrit par : Moventoh | lundi, 15 avril 2013

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@Mov'

ah bon ok c'est du librexamen, je comprends mieux maintenant pourquoi je me suis gourré...

je croyais que vous pensiez que les NL votent n-va à cause des FR qui votent ps,

mais en fait non, vous vouliez juste faire réfléchir les FR qu'ils essaient de se remettre en cause aussi bien que leur compatriotes NL...

ok, je m'y emploie direct sur moi-même, et y a déjà pas mal de boulot à temps plein pour une durée indéterminée... à+

Écrit par : Uit'tZuiltje | lundi, 15 avril 2013

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@Uit'

"je croyais que vous pensiez que les NL votent n-va à cause des FR qui votent ps"

Mais arrêtez de nier ça ! C'est vrai pour une grande partie de cet électorat ! Vous n'avez rien compris ou quoi ? Faudra le répéter combien de fois : quand BDW fait sa campagne électorale en arborant des noeuds papillons dans un panneau routier, il vise Richard Fournaux ???

http://static2.demorgen.be/static/FOTO/pe/18/3/0/media_xl_3682560.jpg?20100505152540
http://s1.hbvl.be/ahimgpath/assets_img_gvl/2011/09/17/1984582/n-va-laat-kinderen-di-rupo-bekogelen-id2043426-1000x800-n.jpg

Et oui, bien sûr, je souhaite que tout le monde se remette en cause.
Vous avez quoi, vous ?

Écrit par : Moventoh | lundi, 15 avril 2013

@Mov'

je m'en réfère à vous, le spécialiste es culture flamande, ces "bons flamands" (ironie) c'est quoi qu'ils haïssent ?

le FR,
l'italien(merde ya même des latins par là aussi),
le pédé
ou le socialiste...

merci d'avance

Écrit par : Uit'tZuiltje | lundi, 15 avril 2013

@Uit'

Je serai franc et brutal : votre pseudo-gauche de merde.

Ca va ?!

Écrit par : Moventoh | mardi, 16 avril 2013

Voilà un article assez court et assez intéressant bien qu'à développer davantage:
http://www.les-crises.fr/europeens-trop-differents/
Voilà un autre qui me console beaucoup car il reprend de façon surprenante ce qui m'a valu l'excommunication "quatremerienne":
http://www.les-crises.fr/l-ue-l-empire-c-est-la-guerre/
Et pour finir, histoire de se sentir tout d'un coup moins seul:
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/3663171-les-anti-euro-entrent-en-scene
Je pense que le vent est en train de tourner... Bientôt on pourra lancer un vrai débat au lieu de prendre ceux qu'on appelle à tort les "europhobes" pour des crétins et des extrémistes...

Écrit par : Yoël | lundi, 15 avril 2013

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