lundi, 16 novembre 2009
Licenciements en vue pour les profs francophones de la périphérie.
Le totalitarisme flamand a donc fait une victime de plus : Pascal Smet. A peine a-t-il été adoubé au Gouvernement flamand comme ministre de l’éducation, que cet ancien ministre de la mobilité de la Région bruxelloise s’est brûlé les ailes à la flamme du « Tout Pour la Flandre ». Et comme il y a des précédents (Frank Vandenbroucke), il faut se faire une raison : au Gouvernement flamand, tout socialiste devient vite national…
La cause de mon ire ? Une réponse formelle de Pascal Smet à une « question écrite » parlementaire de la députée An Michiels, du parti national-raciste (1) Vlaams Belang. Elle demandait si le personnel francophone des écoles francophones (des communes à majorité francophone de la périphérie Bruxelloise) qui ne parle pas un néerlandais de niveau B1 (2) pour le directeur et les administratifs ou A2 pour les instituteurs, serait bien renvoyé par Pascal Smet (3).
Pascal vire plus vlaams.
Selon De Standaard, le ministre de l’enseignement Pascal Smet (socialiste) a répondu que son ministère contrôlerait très strictement l’application des nouvelles exigences linguistiques (datant de mai 2009) dans les écoles francophones de Flandre. Mieux : « les membres du personnel qui ne satisferont pas [aux exigences de connaître le néerlandais] n’entreront pas en ligne de compte pour la rémunération. » Est-ce à dire que les profs de gym des élèves francophones dans les écoles francophones de communes à majorité francophone qui ne sont pas assez bilingues ne seront pas payés ? Ou qu’ils seront renvoyés sans solde ? Une chose est sûre : il va y avoir des licenciements, sinon des ruptures de contrat (la pratique flamande semble être de déchirer purement et simplement les contrats des enseignants qui ne répondent pas aux requis linguistiques).
Comme si ça ne suffisait pas, le ministre ajoute à cette soumission immédiate à l’extrême-racisme le mensonge du double langage : ce dimanche, il déclarait sur les ondes de Télé Bruxelles ne pas avoir du tout l’intention de licencier quelque professeur que ce soit ! La question qui se pose est donc : à qui le socialiste Pascal Smet ment-il ? Quand il déclare qu’il sera absolument ferme au parlement flamand ou quand il viendra faire son show du gentil petit flamand cool, sympa, socialo, qui adore les Francophones, en plein parlement de la Communauté française, le 1e décembre ? Sachant que mentir trop dans le parlement dont il est l’élu nuira forcément à sa carrière politique, Pascal Smet licenciera donc. Je vous parie ma culotte !
Fourbe, alors !
Cette attitude digne d’un Scapin (sans la verve toutefois) est une première réponse claire à la question « veut-on supprimer les écoles francophones de la périphérie ? ». Car tout en préparant peut-être des dizaines de renvois, Pascal Smet répond grosso modo qu’on est fou de penser qu’il le ferait. Et tout en prétendant aux Francophones que les inspecteurs n’inspecteront ni les instituteurs ni les élèves(sic) et que les programmes seront libres (ah bon ? alors, pourquoi contrôler ?), il assure aussi en Flandre que ce sont les socles de compétence flamands qui seront appliqués. Autrement dit, que tous les élèves des écoles francophones devront posséder un néerlandais suffisant pour entrer dans l’enseignement secondaire néerlandophone. Alors que 95% d’entre ces élèves continueront en réalité en français. J'en conclus que la loi flamande sur l’inspection par des néerlandophones de l’enseignement francophone est tout simplement débile (je n’ai pas trouvé d’autre mot) et tellement absurde à défendre que même un politicien a priori sympathique, jeune, et de la génération en principe décomplexée n’arrive pas à la défendre autrement qu’en mentant, en manipulant, en nous faisant prendre des vessies pour des lanternes.
La loi est dure, mais le ministre est un cool...
Au passage, c’est dur de constater qu’un socialiste joue ce jeu-là. Parce que la réalité n’a rien de social : un tiers des enseignants de ces écoles francophones pourrait échouer aux examens de néerlandais qu’on leur imposera bientôt. Ils verront leurs contrats annulés (seront-ils indemnisés, ou se retrouveront-ils à la rue sans solde ? Si leurs contrats sont déchirés, ils n’auront en principe pas droit à un préavis, quelle que soit la durée de leur carrière !) Sachant qu’il a donné des garanties au Parlement Flamand, comment imaginer que môssieur le ministre ne ment pas quand il prétend qu’il n’a jamais été question de flamandiser ces écoles ? Comment peut-il même affirmer que la Flandre ne flamandise pas des institutions françaises où elle vient d’introduire l’obligation pour tous d’une connaissance de… néerlandais ? Comment accepter de recevoir, le 1er décembre (là, je m'adresse à M. Luperto), ce monsieur dans l’enceinte du Parlement de la Communauté française de Belgique sachant que la seule raison de sa présence sera de convaincre les Francophones d’accepter la Loi flamande sous le prétexte que lui, Pascal Smet, ne les appliquerait qu’en douceur (comme il vient de l’affirmer sur Télé Bruxelles) ? N’est-ce pas la preuve évidente que l’inspection ne peut en aucun cas être laissée à une région dont la majorité des partis a demandé la suppression des facilités, et donc de ces écoles ? Une région qui nie l’existence de sa minorité francophone ? Mettez un ministre N-VA à l’enseignement, et demain, ces écoles seront fermées parce que tout simplement, il est impossible qu’une école francophone suive les objectifs de l’enseignement néerlandophone. Autant éduquer les Chinois en swahili !
Enfin, comme s’il ne nous avait pas assez énervé comme ça, ce même Pascal Smet a adopté, dans Le Vif, au moins une partie de la Doctrine Maddens, puisqu’il menace d’immobiliser la gestion de la Région de Bruxelles-Capitale en lançant, depuis le Parlement flamand, des conflits d’intérêts qui retarderont les décisions concernées de 4 à 8 mois, et aussi de reprendre la gestion de la ville à ses habitants (pour la donner à qui ? A la Flandre ?) L’instigateur du Villo, sympathique ministre flamand au français teinté d’un accent tout à fait séduisant, est donc entré de plein pied dans le vlaamse totalitarisme de l’équipe de Kris Peeters, teinté du nationalisme pur et dur de la N-VA et de la doctrine nauséabonde du professeur Maddens (voir mon article à ce sujet).
Pas de french kiss dans 69 communes
Ce parlement flamand vient du reste de nous rassurer sur l'extrémisme de sa majorité par toute une série de décisions. Ainsi, la loi flamande qui permet la sélection « raciale » (ou en tout cas linguistique) de candidats-acheteurs de terrains ou d’appartements privés dans 69 communes de Flandre entre en vigueur ces jours-ci. Pour être propriétaire de certaines parcelles ou habitations, une commission aux décisions opaques pourra décider si le candidat est assez flamand. Toutes les communes autour de Bruxelles sont concernées. D’autre part, une proposition visant à imposer la présence d’au moins un journal francophone dans les bibliothèques des communes à majorité francophone vient d’être rejetée en commission du Parlement Flamand. Le même texte proposait d’autoriser le subside de clubs sportifs mixtes francophones-néerlandophones. La commission (de la Périphérie et de Bruxelles) réitère le souhait de maintenir la politique flamande actuelle, réservant tout aide financière ou matérielle aux clubs purement néerlandophones. La pureté, ça compte, en Flandre !
Il faut dire que le président de cette commission chargée, entre autres des affaires concernant les Francophones de Flandre (une sorte de bureau des affaires indiennes de la périphérie bruxelloise) n’est autre que Mark Demesmaeker, membre de la direction de la N-VA, les nationalistes de centre-droit. Mais est-il vraiment de centre-droit, ce monsieur ? S’il l’est, et laissons-lui le bénéfice du doute, c’est un peu à la Von Papen : Mark Demesmaeker est présent chaque année à l’Ijzerwake, la manifestation organisée principalement par le parti national-raciste Vlaams Belang, qui réunit entre autres les Voorpost, TAK et autres partisans du nettoyage ethnique autour de Bruxelles. Et voilà. Les socialistes flamands dans une majorité donc certains flirtent gentiment avec l’extrême-droite raciste-nationaliste ? Ça existe ! C’est en Europe ! C’est même au cœur de l’Europe. Et c’est presque devenu une tradition. Comique : même Herman Van Rompuy, pressenti à la présidence du Conseil de l'UE n'y trouve rien à redire. Un haiku, peut-être ?
Il va falloir un Flamand particulièrement courageux pour enfin sortir les forces de progrès de ces proximités inadmissibles dans une nation démocratique membre de l’UE. Et visiblement, ce ne sera pas Pascal Smet. Tous les partis flamands ont voté l’inspection néerlandophonepour les écoles francophones de la périphérie bruxelloise.
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Puisqu’on me reproche de faire sans cesse le lien avec les dirigeants « historiques » du Vlaams Belang, je vais me concentrer sur ce que ce parti est incontestablement aujoud’hui : un parti national-raciste. Une définition tout à fait actuelle et que nul ne pourra me contester : en témoigne son seul slogan déjà : « Eigen Volk Eerst — Notre peuple d’abord ». Et ses discours récurrents sur « l’Islamisation » de l’Europe par des « troupes » musulmanes.
2. B1 est le niveau de langue requis en tant qu’étranger pour entrer dans la plupart des universités européennes. A2 est le niveau juste en-dessous.
3. Comme le prévoit la nouvelle législation flamande de mai 2009
01:49 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (41) | | Facebook | Imprimer | | |
Commentaires
Et bien, Marcel
Excellent Billet, fin et intelligent.
Le contenu est alarmant
Ik ben op mijn billen !
Écrit par : Arthur | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaireGiven the results of the recent election, the belgicist SP-A had the choice of becoming Flemish or becoming irrelevant. Don't worry, Marcel. At the eleventh hour, they will betray Flanders.
Écrit par : Lieven | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaireCher Marcel Sel,
Ne trouvez-vous pas paradoxal de dénoncer - fort à propos - les incessants agissements inéquitables flamands tout en croyant dur comme fer aux vertus d'une Belgique unie?
Votre rêve de Belgique unie est tout à fait louable.. mais tellement utopique. J'étais auparavant moi aussi animé des mêmes bons sentiments. "Allez essayons de faire chacun des efforts pour vivre ensemble".
En quelques sortes, vous aimeriez que la flandre en fasse. Mais vous constatez dans chacun de vos billets qu'il n'en est rien. A contrario, les agissements et décisions à sens unique ne font que s'intensifier et s'accelerer avec le temps.
Pensez-vous raisonnablement qu'ils puissent cesser un jour ?
Vous parlez souvent des 70 % de flamands favorables à la Belgique... mais tous ces gens ont votés pour des partis qui ont voté les objectifs flamands de 99.
Peut-être que ces 70 % de flamands (ne serait-ce pas plutôt 63 % car les 3 partis nationalistes font 37 %, non?) ne condamnent pas la Belgique, mais je suis certains qu'ils ont tous une préférence pour la flandre avant la Belgique.
Écrit par : Bxxl | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaireEt tout cela a cause d'un decret flamand qui assouple les regles d'exigences linguistique pour le personnel des ecoles francophones de la peripherie...
Je vous conseille de lire les "Vlaamse eindtermen" du primaire et le decret concernant l'inspection pedagogique avant de dire que "s'est impossible pour les ecoles francophones pour suivre objective de l'enseignement flamand". Je croyais presque que vous etiez en train de parafraser Leterme...
Écrit par : Pieter-Jan | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Bxxl : d'abord, je vous fiche mon billet que 90% des Flamands ne savent pas ce qui a été voté en 99. Au même titre qu'il y a quelques mois, 68% des Wallons pensaient à tort que Didier Reynders était leur ministre-président. Je suis le redresseur de torts de la Flandre politique. Je remarque quand même que, par rapport à 2007, le CD&V a fait bien plus que mettre de l'eau dans son vin : Van Rompuy souhaite une solution négociée pour BHV, ce qui était onbespreekbaar il y a un an. Marianne Thyssen s'est radicalement prononcée contre la doctrine Maddens, qui est le credo de la N-VA. Cette partie-là du CD&V doit encore avancer plus loin dans la voie de la normalisation, mais le fait que des pas en direction d'une gestion non-communautaire ont été faits. Et tous les politiciens francophones reconnaissent que le climat fédéral a changé du tout au tout. La menace, c'est en fait le gouvernement flamand. Là, le nationalisme flamand est intégré (ingebouwd) et si l'on y trouve les plus extrémistes, ce n'est pas parce que les Flamands les y élisent pour des raisons communautaires. C'est parce que c'est là que les indépendantistes et autre confédéralistes considèrent qu'ils ont leur place. Pour Kris Peeters, la Flandre est plus importante que la Belgique. Pour Van Rompuy, c'est l'inverse. C'est pour ça qu'on a un confédéraliste révolutionnaire à la tête de la Flandre et un Belgicain fédéraliste flamingant (mais qui sait modérer ces ardeurs) à la tête de la Belgique.
En effet, comme c'est là, le pays ne peut pas fonctionner à long terme. Mais sachant que prendre les armes ne nous apportera rien, on est condamné à attendre que les choses politiques se fassent. Or, je pense qu'il est plus simple d'aller vers une paix communautaire et un partage des prérogatives qui plaise à chacun que vers une scission du pays. Que la cour constitutionnelle condamne le décret des inscriptions, et la Flandre se prendra une belle claque. Que les hommes politiques francophones s'assurent alors qu'ils apprennent bien leur leçon, aux Vlaamse Regering, et on avancera peut-être un peu.
@Pieter-Jan : « Vlaamse eindtermen ». Le titre déjà est éloquent. En quoi les « objectifs finaux flamands » pourraient-ils convenir à un enseignement francophone ? Le décret stipule que les écoles devront donc adopter un des programmes établis par le Gouvernement flamand, accepter l'inspection médicale dans des centres flamands (pour des élèves francophones ! C'est pire que les officiers de 14-18 ! Là, on parle d'enfants qui devront parler de leurs problèmes dans une langue qui ne leur est pas maternelle !) et correspondre aux "eindtermen" établis par la Flandre. Or, ces eindtermen exigent une excellente connaissance du néerlandais parlé et entendu, et une bonne écriture. Alors que pour le français, une connaissance rudimentaire (comprendre des textes "très courts") est requise. En aucun cas, ces eindtermen ne peuvent convenir à un enseignement autre que néerlandophone.
Que diriez-vous si on obligeait les écoles flamandes de Bruxelles à utiliser les socles de compétences de la communauté française, et à envoyer les enfants dans des centre PMS uniquement francophones ? Vous crieriez au scandale, et je crierais avec vous.
Alors, pour Pascal Smet, il serait temps que vous criiez avec moi :-)
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaire"Van Rompuy souhaite une solution négociée pour BHV, ce qui était onbespreekbaar il y a un an. "
Mais enfin, Marcel! La recherche d'une solution négociée pour BHV fait partie de l'accord de gouvernement (fédéral) depuis toujours (enfin, depuis qu'on en a un après les élections 2007)! Le 8 Mai 2008 (de mémoire), le CD&V a effectivement violé sa parole en mettant la scission BHV à l'agenda de la Chambre. pensez-vous réellement qu'il en sera autrement dans un avenir proche - Van Rompuy ou pas??
Écrit par : Thierry | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Thierry. Vous avez raison, je me suis mal exprimé. Contrairement à Leterme, Van Rompuy se félicite du délai donné par les conflits d'intérêts pour négocier une solution à BHV. Un mandataire francophone m'a récemment dit qu'il doutait cependant de la réelle capacité de négociation de Van Rompuy quand il sera devant les "vrais problèmes". De plus, son gouvernement n'a pas la majorité côté flamand. Mais. MAIS. Mais. Il y a une langue aujourd'hui qui s'est assouplie au Nord, et il y a des CD&V aujourd'hui qui disent quelque chose qui était totalement tabou au CD&V il y a dix-huit mois : il faut négocier BHV. Rappelons-nous que Leterme a eu 800.000 voix sur : il faut scinder BHV unilatéralement et qu'à l'époque, Van Rompuy signait un projet de loi qu'il accepte aujourd'hui d'amender.
Mais une autre révolution pointe le nez : les médias flamands ont commencé à préparer l'opinion publique à des élections de 2011 inconstitutionnelles pour cause de non-scission de BHV. Vu que personne n'acceptera de mourir pour la scission de BHV, même pas le pays, il se peut qu'on en ait encore pour un millénaire de status quo !
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaireForget it. No Flemish politician is going to give Bart De Wever the present of going to the elections with BHV unsplit.
Écrit par : Lieven | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Lieven : on verra…
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaire"...Je suis le redresseur de torts de la Flandre politique...." I wet myself!
Écrit par : wanda | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Wanda : ja, k'geef je gelijk : da's ne straffe !
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaireBon, je suis simple, flamand et tout droit. Oui, je suis pour une Flandre indépendante, non à cause des transfers, mais bien pour que chaque peuple ait le droit de vivre dans son propre pays (ONU). A part de ça, je demande ces questions aux francophones et aux wallons de ce pays:
1. Pourquoi demandent les francophones des droits dans les communes facilités de BHV, qui eux-mêmes ne veulent pas accorder aux germanophones dans des communes avec majorité germanophone dans les cantons de l'est.
2. Dans ces cantons, quelle inspection est responsable pour l'enseignement en allemand?
Merci. Jean
Écrit par : Jean | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaire1. Faux : les Germanophones ont une très large autonomie dans les Cantons de l'Est : ils ont même leur parlement !
2. A ma connaissance, l'enseignement en allemand est inspecté par la Communauté germanophone. La question du décret inspection n'est d'ailleurs pas uniquement celui de l'inspection, mais du fait que les écoles francophones doivent choisir l'un des programmes néerlandophones, d'une part, et que les élèves doivent désormais aller dans des centres psycho-médico sociaux néerlandophones où leur langue n'est pas nécessairement parlée ni comprise.
3. En tant que citoyen du monde, je ne vois pas l'intérêt de regrouper des nations autour d'un projet linguistique. J'ai autant en commun avec un Flamand qu'avec un Breton ou un Swahili. Il est temps de comprendre les projets nationaux autrement que par une soi-disant identité. Une nation est le résultat d'une multiplicité d'identités et d'histoires. Ceux qui pensent le contraire sont encore en 1930. Et encore : même Mussolini, en lançant la "stirpe" italienne (lignée, qui n'a rien à voir avec la race) avait compris le sens de la nation moderne. En revanche, chaque minorité, linguistique, religieuse, sexuelle, etc. doit être pleinement respectée. Bizarrement, les plus nationalistes qui exigent "leurs" droits sont les plus prompts à refuser quelque droit que ce fut aux étrangers, aux gens d'autres religions, aux homos (voir l'homophobie du Vlaams Belang ou de la NSV).
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 16 novembre 2009
Répondre à ce commentaireA Jean, c'est quoi un peuple ? Chaque nation est composé de "peuples". Avant l'amélioration des transports et des communications, presque chaque ville était un "peuple" donc chaque ville pouvait être indépendante. Aujourd'hui avec le raccourcissement des distances avec la voiture, le train, ... et surtout Internet, ça n'a plus de sens de se mettre à se protéger derrière une quelconque identité en la revendiquant et en y trouvant une joie de partager des valeurs communes. En général quand on n'accepte pas ce que les autres apportent c'est qu'on est intolérant.
Écrit par : Guillaume | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire"En tant que citoyen du monde, je ne vois pas l'intérêt de regrouper des nations autour d'un projet linguistique"
Ca te choque quand Fernando Pessoa (pourtant parfait bilingue) écrit « ma véritable nationalité, c’est ma langue » ? Moi non. Je parle trois langues, j’ai vécu à l’étranger quelques années, je vis dans un quartier très multi culturel et j’adore être en contact avec d’autres nationalités. Il n’empêche que je me définis d’abord par ma langue, ensuite par mon origine territoriale (je me sens fort bruxellois même si je ne trouve pas ça toujours enthousiasmant) et par ma culture au sens large (je me sens très européen).
Bien sûr, il m’arrive sans cesse d’être beaucoup plus proche d’un asiatique ou d’un latino que d’un européen mais ça ne m’empêche pas de sentir profondément européen (même si ces temps-ci, le concept est un peu mis à mal).
Ta manière de voir les choses vient probablement aussi du fait que venant d’une langue de grande culture, tu ne te sens pas menacé. Car le français survivra même si son lustre s’amenuisera probablement encore et encore.
Moi, j’aime l’idée qu’une langue unisse un peuple. Quand je vais dans un pays touristique, rien ne me fait plus râler que de tomber sur des restaurants avec des menus dans toutes les langues européennes et où le moindre imbécile te parle en anglais. J’aimais l’idée de devoir déchiffrer des menus ou des indications en hongrois dans un pays où je me sentais perdu ; de commencer des conversations impossibles dans des sabirs colorés.
Alors non, ça ne me choque pas que les Flamands veuillent défendre leur langue et leur culture. Ca me paraît normal. Maintenant, y a le fond et la forme et leur manière de vouloir y arriver me donne quand même de violentes nausées.
Écrit par : Tich | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaireSalut Marcel,
Premierement, il n' y a pas de programmes neerlandophones, il y a des objectives. Les ecoles en Flandres ont une autonomite pour les atteindre. Je ne crois pas que ses objesctives sont irrealisable avec les programmes actuel dans cettes ecoles ( a part quelque modifications). La plus grande difference est en effet la connaissance des langues, mais puisqu'il s'agit des ecoles francophones c'est clair que la premiere langue serra le francais et la deuxieme le neerlandais. Ce qui a ete confirme par Pascal Smet lors de son entretien avec lesoir, comme il prevoit que les eleves peuvent aller au PMS francophones. Vous avez quandmeme lu la totalite de cet article, parceque vous avez l'habitude de sortir que les phrases qui vous ne plaisent pas...
Écrit par : Pieter-Jan | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Tich : mais je suis 100% pour la défense des langues ! Et aussi des cultures ! Mais cette défense ne peut faire l'objet d'un nationalisme (comme le pangermanisme) parce que les nationalismes linguistiques détruisent une autre richesse sous-jacente, à savoir les dialectes. La disparition des wallons est une conséquence de la défense du français. Il en va de même, dans un domaine plus récemment unifié, pour la future disparition du West-Vlaams (bien qu'il résiste comme un vrai Flandrien peut le faire) et du Limbourgeois, un dialecte qui aurait pu être élevé au rang de langue au même titre que le néerlandais, tant il est particulier (et transfrontalier, puisqu'il est intercompréhensible dans certaines régions avec le Plat Deutsch de l'Eifel allemand, par exemple). Si on prend un projet de nation dialectal, on peur reconstruire la France dans tous les sens, et commencer par séparer ses deux composantes suffisamment éloignées pour justifier deux états : la langue d'oc et la langue d'oil. Il y a évidemment moins de commun entre le français de Paris et celui de Marseille qu'entre celui de Lille et celui de Tournai.
Francesco Pessoa a presque raison. Mais une amie d'origine marocaine m'a donné une définition bien plus intéressante encore : nous ne sommes pas des identités, mais des histoires. Chacun de nous porte son histoire, dans laquelle l'identité n'est qu'un élément d'une personnalité. Ainsi, ma langue maternelle a beau être le français, je suis le produit d'un métissage de Germains. Bizarrement, si mon père, né en Allemagne, n'avait pas été traité de boche à Bruxelles (et si Hitler n'avait pas fait la guerre), il aurait peut-être été plus volontaire à m'élever en allemand. Et si le VNV n'avait pas interdit à ma mère l'école française, mon grand-père n'aurait pas intimé l'ordre à toute la famille de cesser de parler cette langue "de nazis" (je parle bien là d'un néerlandophone qui rejette sa propre langue parce que trop de ses contemporains se sont laissés bercés par la pire collaboration — mon grand-père a été prisonnier de guerre). J'aurais alors été un bilingue, à savoir un néerlandophone qui aurait fait ses études en français.
Donc, men beste Tich, la langue est aussi une histoire et un hasard. Mais défendre une langue est un travail sociologique alors que l'élever au rang d'obligation nationale est un travail totalitaire. C'est justement parce que la langue est précieuse qu'on ne peut l'imposer à personne. On me parle souvent de l'impérialisme français. Mais en fait, les états ont beaucoup évolué, ensemble, contre le nationalisme. Les écoles de Flandre française donnent aujourd'hui des cours de néerlandais, en coordination avec la Communauté flamande. Le projet Diwân a montré qu'il y avait en fait très peu de Bretons qui voulaient réellement préserver la langue bretonne. Question économique plus que linguistique. Quant au Pays Basque français, il faut se rendre à l'évidence, le basque est en train de disparaître. Mais là où il est vivace, en Espagne, il y a de l'espoir. La différence ? La densité et le nombre. C'est pour cela que le Néerlandais ne risque absolument pas de disparaître. Mais plus on défend le néerlandais, comme le fait Geert Bourgeois, partisan d'une nation thioise pan-néerlandaise, moins on défend ses dialectes. Et en ce qui me concerne, le West-Vlaams, le Limbourgeois, le Brabançon (ma vraie langue grand-maternelle) sont des richesses qu'il faut défendre aussi.
Mais de là à baser les états sur une langue, une religion, une couleur de peau ou une prétendue race, c'est non. L'Allemagne hitlérienne était conçue sur base de la langue avant de l'être sur la race (la langue étant constitutive, au départ, de l'identité de l'Allemand, contrairement à l'Italie). A terme, on ne peut imaginer une nation linguistique que complète, réunissant tous les locuteurs d'une langue (pour Hitler, cela incluait le Niederdeutsch, autrement dit, le néerlandais. Or, autant l'Italie que la France que l'Espagne démontrent (avec des remous il est vrai) qu'il n'y a pas de nation linguistiquement pure imaginable, parce que les chemins s'imbriquent toujours aux frontières.
@Pieter-Jan : lisez le décret, SVP : http://jsp.vlaamsparlement.be/docs/stukken/2009/g107-9.pdf
Les points sont : 1. implémenter les objectifs de développement et les eindtermen (objectifs finaux) établis pas le Parlement flamand, sauf si celui-ci a mis en place une exception (ce n'est pas le cas et on serait très étonné de voir le PF concevoir des eindtermen francophones ndt)
2. accepter le contrôle de l'enseignement organisé par la Communauté flamande (ceci comprend notamment les cours philosophiques et ne peut être organisé qu'en néerlandais selon la loi flamande. Le Parlement n'a pas non plus prévu d'exception linguistique)
3. adopter un plan d'enseignement approuvé par le Gouvernement flamand (j'appelle cela un programme)
4. signer un contrat de gestion ou un plan de gersion avec un centre flamand pour l'accompagnement des élèves, financé ou subsidié selon le décret… bla bla bla. (ce dernier cas concerne l'accompagnement psychologique et médical des enfants. Ces centres sont exclusivement néerlandophones et accompagneront désormais des enfants francophones, germanophones, italophones, anglophones, etc.)
Quant aux Eindtermen (faciles à trouver sur le net), je le répète, ils prévoient une connaissance approfondie du néerlandais et une connaissance très limitée du français en fin de 6e. Il n'y a pas d'exception prévue. Si le ministre applique la loi avec simplement une légère souplesse, il DOIT en faire des écoles néerlandophones. Sinon, il ne remplit pas ses fonctions et ne respecte pas la loi que votre parlement vient de voter. Ceci explique les impossibles contorsions de Pascal Smet qui, s'il était sincère et courageux, donnerait sa démission à son parti et à ce gouvernement inique.
Car si j'applique cette loi, et c'est évidemment ce que tout ministre flamand devrait faire (même si l'on attend moins pire de Pascal Smet), cela signifie purement et simplement la liquidation des écoles francophones de Flandre. Vous vous laissez berner par une classe politique qui a pris le mensonge et la manipulation comme modus vivendi.
Cher Pieter-Jan, je le répète : imaginez l'inverse à Bruxelles et le tollé que cela susciterait, à juste titre, en Flandre ! Vos lois sont en train de concevoir exactement l'inverse de l'idée de nation que l'Europe prône depuis 60 ans, et sur laquelle elle s'est fondée. Cet anachronisme, c'est exactement ce qui vous rend terriblement impopulaire à l'étranger, et croyez-moi, après Opel Anvers, cela va vous (et nous) coûter très cher. Arrêtez de voter pour des excités nationalistes, c'est absolument urgent.
Écrit par : Marcel Sel | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire"sauf si celui-ci a mis en place une exception (ce n'est pas le cas et on serait très étonné de voir le PF concevoir des eindtermen francophones ndt)" Ce n'est quandmeme pas trop difficile: changer neerlandais en francais et l'envers et c'est fait!
Bon, tous les decisions flamands qui choquent la francophonie, comme notamment le "wooncode" ont des exceptions pour les communes a facilites. Le gouvernement flamand dans sa totalite (donc aussi le NV-A), ont dit que le caractere francophone de cettes ecoles ne changera pas, donc pour ma part, je ne serrai pas etonne qu'il y aurait des eintermen francophones.
Je le repete aussi: Ca a ete fait a Mouscron, vous avez vu la reaction? Pour vous parafraser: vous comparez un regime de bilinguisme a un regime de facilites, ce n'est quand meme pas la meme chose ;-)
Écrit par : Pieter-Jan | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Pieter-Jan : les exceptions au Wooncode n'ont été adoptées que parce que les Francophones sont allés au Conseil constitutionnel et ont obtenu, pour la énième fois, gain de cause. Mais les exigences sont maintenues dans des communes qui sont à peine 55% flamandes (Overijsse par exemple). Aujourd'hui on y ajoute le décret sur les habitations privées.
D'autre part, la circulaire Peeters, on nous avait aussi promis qu'elle serait appliquée de façon soft. On voit ce qu'il en est : un seul mot de français dans un conseil communal et votre ministre déchire l'ensemble des décisions. Il pourrait crier "Heil" en faisant ça qu'on ne s'en étonnerait pas !
Je vous parie mille euros qu'il n'y aura jamais d'eindtermen francophones, parce que ça signifierait l'eindterm de la NVA.
Quant à Mouscron, si je suis bien informé, c'est une décision demandée par l'école, parce qu'il n'y avait plus asser d'élèves néerlandophones (75, en diminution annuelle constante) pour la maintenir ! C'est vous qui comparez des pommes et des poires.
Écrit par : Marcel Sel | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaireTiens Marcel, vous vous intéressez au concept de Nation? C'est intéressant, j'ai eu la même démarche après le 7/11/07 (avant, je ne m'étais pas trop posé la question, considérant la nationalité comme un papier administratif qu'autre chose). Même si on sent européen ou citoyen du monde avant tout, la réflexion en vaut la peine.
Je vous conseille de lire le magnifique texte d'Ernest Renan (Qu'est-ce qu'une Nation, 1882 - il faut parfois le replacer dans son contexte - mais je trouve qu'il reste d'actualité ) disponible ici: http://www.bmlisieux.com/archives/nation01.htm et les trois pages suivantes). À l'époque déjà il il s'opposait à une conception ethnique plus germanique... Cela peut sembler hors-sujet à propos des écoles de la périphérie... mais pas tant que ça!
Quelques extraits:
la langue: "Cette considération exclusive de la langue a, comme l'attention trop forte donnée à la race, ses dangers, ses inconvénients. Quand on y met de l'exagération, on se renferme dans une culture déterminée, tenue pour nationale ; on se limite, on se claquemure. On quitte le grand air qu'on respire dans le vaste champ de l'humanité pour s'enfermer dans des conventicules de compatriotes. Rien de plus mauvais pour l'esprit ; rien de plus fâcheux pour la civilisation. "
le cœur du message: "Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie. Oh ! je le sais, cela est moins métaphysique que le droit divin, moins brutal que le droit prétendu historique. Dans l'ordre d'idées que je vous soumets, une nation n'a pas plus qu'un roi le droit de dire à une province : «Tu m'appartiens, je te prends». Une province, pour nous, ce sont ses habitants ; si quelqu'un en cette affaire a droit d'être consulté, c'est l'habitant. Une nation n'a jamais un véritable intérêt à s'annexer ou à retenir un pays malgré lui. Le vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir."
et la conclusion: "Je me résume, Messieurs. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister. Si des doutes s'élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d'avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre à terre. «Consulter les populations, fi donc ! quelle naïveté ! Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d'une simplicité enfantine». - Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé."
Personnellement, j'y lis un héritage des Lumières qui se retrouve dans l'idéal de construction européenne.
À contrario, je n'y retrouve surement pas le Belgique actuelle et nos beste vrienden voulant gommer la présence française (oups... francophone) en "Flandre". En ce qui me concerne, il est temps de passer à autre chose.
Écrit par : thierry_bxl | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaireLes similarites entre ces deux dossiers (wooncode et l'inspection) me font croire que vous n'avez pas raison d'y parier 1000 euro ;-)
Écrit par : Pieter-Jan | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaireWé mais, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Je parle de ne pas être contre l’idée qu’un Etat s’unisse autour d’une langue et qui voilà qui ressort tout de suite du casque à pointe, comme par magie : le grand méchant Adolph et son panzer magique. Faut arrêter quand même !Parce que quand on parle de Godwin, on voit son point.
L’Allemagne ne s’est pas unifiée avec des Sieg Heil mais au 9ème siècle pour la langue si je ne m’abuse et pour le pays, 70 ans avant le moustachu diabolique. Faut pas tout ramener à lui. Y en a déjà assez qui le font.
On parlait de nuances, de celles qui opposent proverbialement le nationalisme et le patriotisme ou , dans un autre rayon, l’intégration et l’assimilation.
Bien évidemment que je vomis le côté exclusif que les Flamands veulent accorder à leur langue. Bien évidemment que le droit du sol (parce que bon, c’était surtout ça qui intéressait Adolph avec son espace vital et tout et tout, plus que la défense des germanophones en tant que tel) est une notion abjecte et rétrograde. Je dis juste que les exemples que tu donnes (l’Espagne et l’Italie) montrent à quel point les Etats ne partageant pas la même langue sont fragiles et peu à même de vivre en paix durablement, parce que soumis au désir de retrouver une culture qui unit les parties et qui raconte leur histoire, dès que c’est viable économiquement. Ce qui n’empêche pas comme le dit ta copine la langue d’être vivante et mouvante parce qu’elle est bien sûr une histoire plus qu’une chose pure qui n’a jamais existé. Et ça n'empêche pas non plus chaque individu d'avoir sa propre histoire au sein de sa culture, ce qu'en effet les Flamands ont tendance à oublier.
Écrit par : Tich | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaireJe n'ai pas dit qu'un état ne pouvait s'identifier à sa langue. Mais combien d'états connais-tu en Europe qui en sont là ? L'Allemagne et la Hollande ont leurs Frisons, il y a des Finlandais en Suède, des Lapons en Norvège, des Russes en Estonie, en Moldavie, de Serbes en Hongrie et inversément, des Turcs en Bulgarie, des Germanophones, des Ligures, des Slovéniens en Italie, je ne parle même pas de l'Angleterre, de la France, de l'Espagne. Même la petite irlande a ses anglophones et ses gaélicophones (je ne sais pas comment on dit). Donc, le projet de territoire identifié à une langue n'existe pas en pratique. Cela n'empêche pas un pays d'avoir une langue nationale principale. Mais cela empêche un pays de présenter sa langue de manière totalitaire. La dérive allemande n'a pas été de créer un état basé sur la langue allemande (hochdeutsch), mais de prétendre y intégrer de force tous les Germanophones (Autriche, Sudètes, Alsaciens, Luxembourgeois, etc.) et ensuite d'identifier le sol à cette langue, puis à la race. Autrement dit, de déclarer un sol "purement allemand", considérant que toute autre langue était une anomalie et devait être éliminée; C'est ce qui se passe aujourd'hui en Flandre, et c'est ce qui pose problème. Il y a deux possibilités pour éviter cela : soit la Flandre se construit sur les territoires où le néerlandais est effectivement majoritaire, et elle se débarrasse du problème francophone, mais ça l'obligerait à laisser tomber Bruxelles et une partie de sa périphérie. Soit, elle admet l'existence des minorités et la nécessité de les préserver, et dans ce cas, elle doit s'assurer que les territoires qu'elle vise acceptent de la rejoindre. Mais j'en doute. Il reste donc, exclusivement, la première possibilité : laisser tomber définitivement Bruxelles et quelques communes autour.
Ah si. il y en a une autre : devenir sympa dans le cadre de la Belgique, et ne plus se demander, comme aujourd'hui à la radio : "qu'est-ce qu'un Flamand", mais bien : "qu'est-ce qu'un Belge".
Écrit par : Marcel Sel | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire"Mais cela empêche un pays de présenter sa langue de manière totalitaire"
A peu près dans tous les pays que tu cites, il y a des problèmes et un rapport de force passé ou très présent.
L'abandon de la dégueulasse morgue colonialiste des Anglais vis-à-vis des autres du Royaume-Uni est assez récente et va-t'en parler l'anglais au pays de Galles juste pour voir si tu en reviens.
Les Russes en Estonie et le reste, c'est plutôt récent aussi, non? Ils sont modérément appréciés, les Russes là-bas.
En France, la politique de centralisation linguistique a été menée de main de maître et a été achevée. Elle a été totalitaire et là où ça n'a pas pu marcher (Corse), ça rigole moyen.
Les Suédophones sont confinés au sud de la Finlande et sont considérés avec le sentiment de l'injustice (bon, pas trop fort pour l’instant) comme des riches par les Finlandais.
Est-ce que les Bulgares aiment et respectent les Turcs? C’est pas le bruit qui court.
Bref, à part les Lapons sans doute, les Frisons et quelques rares autres (les Irlandais, c’est un autre problème), y a souvent du grabuge, du ressentiment, des mouvements nationalistes et des attentats. Parce que c’est comme ça et que les frictions sont inévitables entre communautés qui se côtoient et qu’il y a toujours eu des oppressions et des soumissions et donc des rancœurs. Comme en Belgique.
Le rêve de peuples amis se donnant la main pour faire une grande chaîne de l’amitié, c’est bien joli mais malheureusement peu réaliste. Et ta solution d’être sympa ne peut pas fonctionner. Pour que ça marche, une seule méthode, que chacun devienne bilingue (au moins en compréhension) afin que chacun puisse s’exprimer dans sa langue sans problème de compréhension. Alors être belge signifierait quelque chose. Est-ce que les Francophones sont prêts à ça ? Je n’en ai pas l’impression. Et puis, ça prendrait une génération au moins.
Écrit par : Tich | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaireMon cher Tichke, ce n'est pas parce que l'histoire broubel encore qu'il faut s'en contenter. Quand les Lumières ont inventé la démocratie moderne et les Droits de l'Homme, il n'y avait aucun exemple concret pour leur dire que c'était possible. Avant que les Suisses ne trouvent un modus vivendi, il n'y avait pratiquement pas d'exemples de confédération (en fait, de fédération) tangible. Quoique nous fassions, il y aura des tensions, mais elles peuvent être bien plus douces que ce que nous vivons autour de Bruxelles. Un exemple qui fonctionne ? Pas loin d'ici : la Communauté germanophone. Tout n'est pas parfait, mais ça fonctionne plutôt bien. Or, il y a des Germanophones qui n'y parlent pas un mot de français et des Francophones qui ne comprennent pas l'allemand. Mais il n'y a pas de psychodrame.
Autour de Bruxelles, nous avons les héritages des excès des uns et des autres. Nous avons aussi un gros malentendu, entretenu par les extrémistes (ce qui est logique), mais aussi par les partis traditionnels (ce qui est grave). Encore faire passer les Francophones pour des oppresseurs en 2009, c'est délirant ! Mais rendre tout le monde bilingue pour résoudre le problème, vous allez faire ça comment ? On ne devient bon bilingue qu'en immersion. Or, beaucoup de Francophones de Wallonie n'ont jamais l'occasion de rencontrer des Néerlandophones et il en va de même en Flandre. Mais ne pas parler la langue de l'autre n'empêche pas le respect. Chez les jeunes décomplexés, au pire, on passe à l'anglais.
Je dis qu'il faut sortir les prétentions nationalistes linguistiques de tout ce bastringue. Aujourd'hui, il n'y a plus d'oppression, pratiquement plus d'injustices (et quand il y en a, elles sont de l'ordre du pratique, pas du principe) et les Flamands sont premiers ministres depuis trente ans. Il est temps qu'on passe à autre chose. Il faut une décision claire sur ce qu'on veut faire. Une nation belge ? D'accord, mais alors, les partis flamands doivent cesser de jouer au chat et à la souris avec un concept de Flandre qui commence à détruire le concept de Belgique. On ne peut pas construire deux nations en parallèle. Si la Flandre veut se débarrasser de la Belgique, qu'elle le fasse, mais elle ne peut à la fois s'en détacher et s'y accrocher quand ça l'arrange. Ça ne sert personne, même pas elle-même. Je crois toutefois que c'est un calcul désastreux.
Moi, il me paraît clair que là où vivent depuis longtemps des Francophones, ou des Néerlandophones (ou des Germanophone), ils doivent pouvoir participer activement à la vie politique avec le soutien du pouvoir organisateur, sinon, on va à des situations comme à Linkebeek (pas de bourgmestre) ou à Overijse (bourgmestre-voyou qui s'invente une constitution avec l'aide de l'extrême-droite). C'est quand même dingue que tout le Brabant est monopolisé par des questions ethniques ! Ça signifie l'organisation d'écoles dans l'autre région quand le nombre d'élèves le permet (des deux côtés de la frontières). ¡Ça signifie que la Flandre pourrait organiser un enseignement à La Roche en Ardennes si elle y a des candidats, et de même la Communauté française à Gand ou Ypres s'il y a un nombre suffisant d'élèves. Mais dans tous les cas, ces enseignements doivent être immersifs : permettre à des néerlandophones de Wallonie d'étudier dans leur langue, tout en s'intégrant dans la société francophone.
Bart de Wever aurait bien sûr peur d'une école francophone à Gand. Je le comprends. Mais en fait, cela signifierait que les deux régions ont acquis suffisamment de puissance pour accepter que l'autre communauté y existe. En réalité, la Flandre ne sera une "nation" ou une "sous-nation" digne de ce nom que quand elle sera décomplexée et ne pensera plus en terme de tache d'huile ou d'infériorité/supériorité avec l'espace francophone, mais bien en tant que partenaire d'égal à égal. Le néerlandais est fondamentalement une langue plus proche en importance du français que le français ne l'est de l'hindi, du chinois ou de l'anglais.
Cette re-création de la Belgique est nécessaire, et elle ne passe pas par une réforme de l'état à la flamande qui revient d'abord à séparer nettement chaque aspect de la vie en commun et ne peut mener qu'à une séparation, au pire, larvée. Elle passe d'abord par une reconnaissance mutuelle de la nécessité de garder imbriqués les mécanismes économiques, sociologiques et politiques qui ont permis à la Belgique de tenir haut son pavé dans le concert des nations européennes. Ce jeune état était encore, dans les années soixante, parmi les 15 plus grandes puissances mondiales. Nous avons passé les cinquantes dernières années à résoudre des problèmes de frontières qui ne pourront jamais qu'être conflictuels, et que seuls la méthode Srpska (élimination du corps considéré comme étranger) peut supprimer. Cinquante années pendant lesquelles on a raté des milliers d'occasions de moderniser l'état, de s'occuper des nouveaux belges, de moderniser notre police, notre justice, de trouver un sens à l'armée, d'introduire un service civil permettant aux différentes couches de la population de se rencontrer dans une zone neutre, etc. On discute du voile plus de dix ans après les français et on le résoudra en quelques mois, mais la question de Linkebeek a pris un temps fou et n'a pas avancé d'un pouce.
En gros, ce que je reproche aux partis flamands, c'est qu'ils sont absolument tous devenus bêtement nationalistes. Or, vu la faible proportion de nationalistes en Flandre, un parti suffisait. Le Vlaams Belang, et punt aan de lijn. Enfin, quand on lie, comme le fait encore Bart De Wever, le droit du sol au droit du sang (ou en tout cas au droit de la langue, mais c'est assez similaire au droit religieux en ex-yougoslavie : "un Flamand, c'est un néerlandophone"), on laisse des concepts totalitaires pourrir un nationalisme qui pourrait être parfaitement respectable, s'il acceptait la réalité "autre" sur son territoire. Un projet flamand n'est pas forcément une chose nocive (même si je la trouve réductrice). Mais alors, il faut qu'un francophone unilingue puisse être reconnu comme « flamand ». Ou alors, c'est un projet communautaire qui réunit des gens. Mais alors, il ne peut pas avoir de frontières.
Vous devriez lire le Schlomo Sand sur l'invention du peuple juif. C'est très intéressant sur l'évolution des nations. En général, elle s'accompagne d'une intolérance assez violente. La nouvelle ère politique dans laquelle l'UE devrait nous placer est celle de la tolérance et des nations ouvertes. Bart De Wever a un gros train de retard. Quand on se dit progressiste, c'est idiot.
Écrit par : Marcel Sel | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentairenice piece Mcel....vous devriez vous engager dans la politique....sans blaguer....
Écrit par : des | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Des : sans vous, je me sentirais incompris :-))))))
Écrit par : Marcel Sel | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaireMerci, Marcel Sel pour ta réponse modérée. J' essaie de répondre à Guillaume. Il ne sert à rien du tout de bagateliser la notion de "peuple". "Les droits de l'homme sont l'enjeu d'une lutte entre l'affirmation de la souveraineté des États et l'établissement d'une sphère inviolable autour de chaque individu." C'est difficile, je sais, mais il faut au moins accepter que la Flandre et la wallonnie sont des régions/pays complètement différent(e)s, sur le plan socio-économique, linguistique, ecologique, médiatique, régilieux et politique. Pourquoi autrement des pays comme Tsjequie, Slovaquie, les états baltiques et du balkan se s'ont séparé dans la décennie passée. La plupart des pays européens sont devenus indépendante depuis le sièckle passé. Je pense on ne doit pas avoir du peur pour l'indépendance mais plus tôt pour un marriage non désiré par les faits, pas par les finances.
Écrit par : Jean | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Jean : ma réponse n'est pas modérée mais radicale au contraire : elle est antiflamingante (du moins dans les exigences actuelles des flamingants). Mais comme le soulignait encore aujourd'hui Van Istendaele sur Radio Een (je crois) : il y a moins de différence entre un consommateur flamand et un consommateur wallon qu'entre un consommateur flamand et un consommateur hollandais. De même, si on excepte la langue, un Anversois est plus proche d'un Liégeois qu'il ne l'est d'un Torhoutois. Quant à la mentalité west-vlaams, elle est si différente de celle des Limbourgeois que même Marino Keulen se reconnaît plus facilement dans un Néerlandais limbourgeois (qui parle le même dialecte que lui, d'ailleurs, mais ne mange pas forcément la même chose).
Ce que je veux dire, c'est qu'une nation n'est pas quelque chose de fixe, ne peut pas s'exprimer uniquement sur certains critères. Ainsi, les Wallons sont plutôt catholiques, comme les Germanophones et les Flamands. Ça, c'est en commun. Les charbonnages de Genk et de Charleroi, c'est en commun. Le batelier de l'Escaut ou de la Meuse sont très proches dans leurs pratiques. Nous avons aussi les mêmes lois, et nous sommes aussi opposés que possible à l'homophobie, par exemple. Nous écoutons tous Clouseau, qu'aucun pays autour de nous ne connaît et Brel a fait le lien entre nous.
Oui, nous avons des différences, mais ce n'est pas en nous opposant sous prétexte d'une très vieille oppression que nous allons nous rapprocher. Depuis mes 8 ans, j'ai vu qu'on n'a fait que nous séparer. D'abord dans les cours de récré. Tout ça pour empêcher l'olievlek qui a quand même eu lieu. Et malgré l'olievlek, la Flandre est plus néerlandophone que jamais. Mais la paix communautaire, en cinquante ans, on n'a pas avancé d'un pouce, au contraire ! Alors si on continue, on va se retrouver avec deux frères ennemis séparés par une frontière et une politique du tous les coups sont permis qui ne peut mener qu'à la guerre économique (qui a déjà commencé : en 20 ans, pratiquement tout le travail manuel bruxellois est passé à la périphérie, ce qui participe évidemment au chômage récurrent dans la ville !)
Moi, je vous dis qu'on n'est pas si différents sur un tas de choses. Mais surtout, si on cherchait les rapprochements plutôt que les différences, si l'Ijzerbedevaart célébrait l'entraide entre Aimé Fievez et le sergent Van Raemdonck plutôt que l'opposition des deux frères contre un Wallon oublié, on pourrait peut-être avancer vers une communauté. Il y a d'autres états-mosaïques dans le monde. Le prix exorbitant d'une frontière mérite qu'on se rapproche. C'est en travaillant ensemble qu'on se rencontre. Et surtout, comme je disais : il y a d'autres façons de construire des nations qu'en sélectionnant un critère précis comme la langue, parce que dans ce cas, on devrait retourner aux Comté de Flandre (wâst floms) et au comté de Namur (Namurwé). Et on n'aurait pas avancé d'un pouce !
Écrit par : Marcel Sel | mardi, 17 novembre 2009
Répondre à ce commentaire« Encore faire passer les Francophones pour des oppresseurs en 2009, c'est délirant »
Estimé Marcel, je me demande bien où vous avez été chercher que je pouvais penser un instant une chose pareille. Bien sûr que non, nous ne sommes plus les oppresseurs depuis longtemps. De toute façon, moi, ces vieilles histoires, je m’en fous un peu.
Je constate simplement autour de moi que les (trop peu nombreux) flamands que je connais ne sont pas nationalistes ni indépendantistes. Plutôt belgicains même. Mais leurs histoires sont pleines de petites frustrations dues au fait qu’il ne peuvent souvent pas s’exprimer dans leur langue dans une ville supposée bilingue et régulièrement même on les moque. Quelque part, leur unique pensée, assez compréhensible, au sujet des affaires communautaires est devenue : si moi, je ne peux pas parler ma langue dans ma propre ville, alors ils n’ont qu’à parler flamand dans ma région. Et du coup, ils trouvent les francophones intolérants de ne même pas leur accorder ça. On peut trouver ça bête si on veut mais c’est assez simple et humain comme principe.
Vous me dites que chez les Germano, ça se passe bien. Sans doute mais chez nous, il y a une morgue, une arrogance que vous pouvez nier tant que vous voulez mais j’ai bien constaté et que ces miens amis dont je parlais évoquent assez régulièrement. C’est ça qui provoque le ras-le-bol et qui fait que des flamands tout à fait modérés justifient la non nomination des bourgmestres.
Alors, oui peut-être que la solution, ce serait de parler anglais entre nous comme les font ces jeunes décomplexés que vous évoquez. Mais franchement, est-ce que c’est ça le rêve d’une nation ? Pas pour moi en tout cas.
Alors il reste votre solution d’être sympa. Et très franchement, je trouverais ça génial d’autant que ce serait une première mondiale, un conflit réglé grâce à la sympathie. J’adhère mais je n’y crois pas trop.
Enfin, pour évoquer la Suisse, reconnaissez que les circonstances géographiques et historiques de la Suisse sont très particulières. Et aussi que bon, c’est vrai qu’ils ne se tapent pas dessus mais franchement, question ouverture d’esprit, ils ont du chemin à faire. C’est ça votre modèle ? Y a eu des plaintes quand même de la part de certains étrangers, que ce soit pendant la période qui donne des points Godwin ou tout récemment.
Écrit par : Tich | mercredi, 18 novembre 2009
Répondre à ce commentaireAh, mais Tich, je parlais du fait que la Flandre fait passer les Francophones pour des oppresseurs, et jusque dans les livres d'école.
Tu as raison, il faut être plus élégant dans nos relations avec les Néerlandophones à Bruxelles. C'est une règle générale. Mais le manque de courtoisie ou la grossièreté de certains est un affaire privée (qui peut toutefois s'expliquer : ce ne sont pas les supporters Francos qui crient "Flamands dehors", mais les supporters Flamands qui hurlent "Walen buiten", ne l'oublions pas — "à Kiel, ils crient aussi Hamas ! Hamas ! Les Juifs au gaz" quand ils reçoivent l'Antwerp — mais ils s'excuseront en disant qu'à, Rotterdam les supporters font de même quand ils reçoivent l'Ajax. Triste sport. A Rome, ils tendent le bras et à Paris, ils cassent du Beur.) J'ai habité à Wemmel où il n'y avait pas de problèmes entre les deux communautés (les Francos étaient déjà en majorité), jusqu'à ce que le VMO et le TAK viennent y foutre leur merde. Oui, quand j'ai vu que des députés CD&V élus par les Flamands jouaient avec ces nazis-là (un point Godwin pour moi), j'ai un moment cru que tous les Flamands étaient devenus des racistes purs et durs.
On ne m'ôtera pas de l'idée que j'ai été chassé de Wemmel dans le sens où je ne pouvais pas accepter de vivre dans une commune où le centre culturel a subitement été réservé aux seuls Flamands. J'ai un ami qui a été viré de la buvette du centre sportif, non pas parce qu'il parlait français, mais parce qu'il avait un accent français quand il parlait flamand avec ses amis néerlandophones. On est quelques uns à avoir dit "merde" à cette Flandre-là, et franchement, je trouve que tous les Francos devraient la déserter, la laisser en friche, l'abandonner aux Flamands qui, eux, ne veulent pas y habiter : s'il y a 30% de Francophones à Dilbeek, commune ultraflamingante, c'est parce que les Flamands ne sont pas venus y vivre !
Alors, dans tout ce contexte (et bien d'autres vexations vécues), je prône de ne pas faire attention aux individus impolis, pas courtois, imbéciles, rigides, etc. Si un commerçant refuse de parler néerlandais, que les néerlandophones le boycottent, c'est aussi simple que ça. Mais qu'on n'oublie pas tous ceux qui le parlent : je connais trop de jeunes qui prennent des cours de néerlandais accélérés pour trouver une place de vendeuse comme job étudiant pour ignorer tous ceux qui font un effort au prétexte que quelques-uns sont cons. Mais j'ai aussi vu un Flamand sortir d'une librairie du centre ville en hurlant que le vendeur refusait de lui parler néerlandais. Après examen, le vendeur ne le parlait pas du tout. Mais il parlait la langue que tous les touristes, y compris les Hollandais comprennent : l'anglais. Alors évidemment, quand l'institutionnel explique aux Flamands que Bruxelles est "leur" capitale, au moment où ils y viennent, dans une ville où le néerlandais n'est plus que la troisième, et bientôt la quatrième langue, avec des trams où j'entends plus souvent parler une langue slave que le Brabançon de Bruxelles, je comprends qu'ils se sentent floués. Mais à mon avis, ce n'est pas l'attitude des Bruxellois qui pose le plus gros problème, mais le fait que la Flandre politique ait décidé, par flamingantisme exacerbé, d'établir — doublement illégalement faut-il le rappeler — sa capitale en-dehors de son territoire ET en dehors des compétences que la Constitution lui octroie !
Donc, les gens dans la rue, c'est une chose. La geste politique en est une autre, et c'est celle-là qui scandalise. Moi, on m'a insulté parce que je lisais un journal francophone dans le train qui allait à Anvers. Ce n'est pas pour ça que je réclame la séparation du pays et que je vote FDF !
Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 18 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Tich : sur la Suisse : c'est un exemple. Il n'y a pas de pays parfait à ce jour. On est tous en construction. Mais il y a des partis qui projettent les ethnies l'une contre l'autre et des partis qui tentent de les rapprocher. En Flandre, il n'y a plus que les premiers.
Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 18 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Marcel
Do you believe this bullshit yourself? We all listen to Clouseau? Clouseau is "wereldberoemd in heel Vlaanderen" and completely unknown in Wallonia. I've seen the news item on the french speaking tv chains about their "We love Belgium" stunt. They all started with a very long explanation who Clouseau was. By the way, since you rarely follow up on your blog items, that stunt has cost them half of their audience. Sold tickets for their series of Sportpaleis concerts in 2008: 150.000. In 2009: 75.000. I hope for them the Belgians are going to come and watch them since it seems the Flemings haven't appreciated it. Prepare yourself for a Van het Groenewoud cover next year: Vlaanderen boven!.
If you honestly think Brel is a link between Flemings and Walloons, you're more deluded than I thought. Brel is the prototype of the frenchified self hating Brusseleir of Flemish descent who forms the rank and file of the FDF.
We are two people who know nothing about each other and when we get to know each other, it only makes the differences bigger. The best stunt the NVA could do was to translate Le Soir daily and distribute it for free to all Flemish households. It would mean the end of Belgium in six months.
Écrit par : Lieven | mercredi, 18 novembre 2009
Répondre à ce commentaireJ'ai un scoop pour vous : Clouseau est en effet connu en Wallonie. Tout comme Arno, bien sûr et Vaya con Dios. Evidemment, ça n'arrange pas les diviseurs comme vous.
J'ai par ailleurs un grand, un immense mépris pour ceux qui prétendent qu'être descendant de Flamands signifie qu'on doit adhérer à la langue néerlandaise et au flamingantisme. Brel est un magnifique personnage et un auteur extraordinaire qui revendiquait ses origines flamandes, tout comme je revendique les miennes (sans bien sûr me comparer à Lui). Le choix de la langue est toutefois une toute autre histoire et là, je revendique la liberté absolue, totale, illimitée de parler la langue de mon choix et je mouche les liberticides, les totalitaristes et les ethnicistes dans votre genre qui prétendent que si on a des origines flamandes, on doit impérativement ne parler que flamand, pardon, néerlandais, faute de quoi, on serait un "frenchified self-hating brusseleir of flemish descent". Autrement dit, en flamand : un "scheef gepoepte vlaming " (flamand niqué de travers) comme une dame me l'a un jour fait remarqué d'un air pétassier. Mais grâce à notre grand Jacques, cher Lieven, j'ai une réponse à ce genre d'abus insupportable sur ma liberté linguistique : "monsieur le flamingant, je vous emmeeeeeeeeeeeeeeerde".
Tot later, Lieven.
Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 18 novembre 2009
Répondre à ce commentaireFieu Marcel,
Bon, ben, là je suis embêté parce que je suis entièrement d'accord avec votre/ton/Son commentaire et que j'aime bien titiller et tarabuster. Mais bon, donc, je plussoie et m'en réjouis.
Ce qui m'embête encore plus, c'est que je suis aussi pleinement d'accord avec ce que dit Lieven dans son dernier comm (POUR UNE FOIS, hein!! Parce que le reste, ...). Un tel grand écart à mon âge force mon admiration.;-)
En y pensant rapidement, je crois qu'au niveau bruxellois, je suis d'accord avec toi et au niveau belge, je le comprends, lui.
C'est sans doute pour ça que je plaide pour une identité bruxelloise (si j'ai bien compris, Lieven ne veut pas de BXL) au moins autonome, si pas indépendante.
Écrit par : Tich | mercredi, 18 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Tich
I wouldn't want Brussels in Flanders if you paid us :) You can keep that cesspool for yourself. All Flanders will have to do is guard its borders against ramkrakers.
Écrit par : Lieven | mercredi, 18 novembre 2009
Répondre à ce commentairePutain, putain,
C’est vachement bien
Nous sommes quand même tous des Européens…
(Arno)
Alors, le coup de la baleine belge qui nage en néerlandais, c’est un peu comme la vache espagnole qui broute en français et regarde passer les trains en anglais… Tout ça, c’est copain comme cochon, nan ?
(ah, pas si sûr, je vois que le lion n’a pas l’air de trouver ça si chouette ! )
Écrit par : Karine | jeudi, 19 novembre 2009
Répondre à ce commentaireHé, Lieven, qu'on te paye ou pas, t'auras rien du tout. Fais pas celui qui organise, ça se voit vite que t'es pas dans un costume à ta taille.
Allez, range ton coffre à drapeaux et au lit, vilain petit bonhomme
Écrit par : Tich | jeudi, 19 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Marcel. Selon votre 2ième paragraphe, la Belgique, elle faut annexer le Limbourg hollandais et la région Lilloise en France à cause des charbonnages en commun. En plus, selon votre 3ième paragraphe la Belgique ne doit séparer du tout, non, elle doit évaporer dans un grand pays Franco-Hollandais, car les fleuves mentio nnées commencent en France et sont mêmes plus proches aux Pays-Bas.
Komkom, dans l'histoire européenne on n'a jamais eu si nombreux de pays qui sont devenus indépendants pendant la décennie/15 ans passée. Et il y des autres qui vont suivre : l'Ecosse, La Gaulle, l'Angleterre, Pays Basque, et il y a des régions qui veulent ua moins un peu plus d'autonomie comme le Friesland, la catalonie, la corse, la sardegna, quelques Länder en Allemagne, ...
C'est exactement pour ça que l'Europe a créé la comité des Régions. Pour moi, à cause d'une Europesation/globalisation les gens veulent protéger leur cultures, leur langues et leur territoires contre les "grandes pouvoirs". A mon avis, si le Flandre ne reçoit pas plus de pouvoirs (et préferablement l'indépendance), c'est bien la on n'aurait pas avancé d'un pouce.
Écrit par : Jean | jeudi, 19 novembre 2009
Répondre à ce commentaireJean : vous m'avez donc parfaitement compris : l'établissement d'un territoire national est quelque chose de tout à fait aléatoire, parce que des dizaines de criitères sont imaginables. Il faut aussi une volonté populaire. Il n'y a pas en Flandre, une volonté populaire d'indépendance. Il y a même une volonté de quitter le territoire de la Région Flamande dans au moins six communes importantes, et aucune de le rejoindre à Bruxelles.
Au mieux, vous aurez l'indépendance de la Flandre moins Bruxelles et les six communes à facilités. Et l'impôt sur le lieu de travail renverra un énorme potentiel financier de la Flandre à Bruxelles, qui permettra d'aider au redressement wallon. Je ne crois pas que cette indépendance soit une mauvaise solution pour les autres parties du pays. Mais je suis sûr qu'elle ne convient pas aux indépendantistes. En fait, Crols a parfaiement raison : ce qui empêche le Mouvement flamand d'accéder à l'indépendance, c'est son obsession d'une capitale qui n'est plus flamande et qui à la fois nourrit son économie et freine son départ. Autrement dit : ce qui empêche l'indépendance de la Flandre, c'est le mouvement flamand lui-même ! Ca, c'est du paradoxe !
Écrit par : Marcel Sel | jeudi, 19 novembre 2009
Répondre à ce commentaire@Marcel Une volonté populaire flamande pour l'indépendance n'existe pas à ce moment, c'est vrai; pas encore ...
Neanmoins, tous les partis politiques flamands (Groen incluis) sont d'accord à ce moment d'une elargissement des pouvoirs communautaires. Il y a même un e tendence vers l'exécution de l'article 35 de la Constitution, c.a.d. la Belgique deviendra un vrai état confédéral. Et car les répresentants des ces partis sont élus par l'electorat flamand, on doit conclure qu"il existe au moins une voloté populaire en Flandre vis-à-vis plus de pouvoirs pour les régions, pour la confédéralisme Belge.
Écrit par : Jean | vendredi, 20 novembre 2009
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