jeudi, 11 juin 2009

Une ministre flamande critique le repli communautaire.

Dans une interview au Standaard, la ministre flamande de l'économie Patricia Ceyssens montre qu'il y a des voix inquiètes en Flandre. Ceci me conforte dans l'idée que la Flandre, loin d'être monolithique, n'est pas fondamentalement hostile au reste du monde, Francophones inclus. Ce qui la rend hostile en apparence, c'est un virus nationaliste qui travaille aussi bien le monde politique et médiatique et l'empêche de fonctionner selon les principes démocratiques européens comme les droits de l'homme en général et le droit des minorités en particulier.


Alors que son collègue du même parti, le ministre flamand de l'intérieur Marino Keulen considérait récemment à la VRT qu'un flamand digne de ce nom devait non seulement apprendre ou — mieux — parler la langue, mais aussi correspondre à des valeurs « flamandes » comme le dynamisme ou le sens du travail (sic), Patricia Ceyssens vient apporter une farine bien plus honorable au moulin des valeurs de sa région : l'ouverture d'esprit.

Dans De Standaard, elle explique ainsi que : « La vision nationaliste et le combat symbolique linguistique de la N-VA chasse les investisseurs étrangers. » Version bien traduite du célèbre « It's the economy, stupid ! » de Bill Clinton. Elle rappelle que quarante pour-cents des emplois flamands sont assurés par des investissements étrangers.

Elle fait remarquer que, tandis qu'elle courait les marchés au cours de sa campagne, les étrangers s'excusaient d'être des étrangers. « Ce n'est quand même plus normal du tout ? » s'interroge-t-elle. Et de s'inquiéter, de surcroît, que plus personne ne s'intéresse à l'économie et que suite aux résultats électoraux, le communautaire monopolise désormais les partis. Elle cite notamment un rapport de Ernst & Young qui révélait, peu avant les élections, que les investisseurs étrangers étaient de plus en plus réticents à placer leurs deniers en Flandre. Elle affirme que dans la périphérie, les responsables de l'accueil des investisseurs étrangers refusent de parler autre chose que le néerlandais. « A quoi jouons-nous ? » résume-t-elle. On ne peut que s'inquiéter avec elle !

Cela étant, elle prône également la nécessité d'une réforme de l'état. Il y a des tabous qui ne sauteront donc plus en Flandre, comme la soi-disant « frontière linguistique » ou la prétendue meilleure gestion au Nord, qui forcera le pays à concevoir un nouveau contrat d'union, ce qui va bien entendu peser sur l'économie tant que les populistes du Nord et du Sud useront de nos problèmes pour alimenter leurs partis en voix ovines.

Toujours est-il que la VRT a mis aujourd'hui la phrase de Patricia Ceyssens en exergue sur sa page d'accueil « élections ». Serait-ce déjà un effet Kiss Cool après le plongeon (relatif) du Vlaams Belang au Nord ? Un tel message n'était plus parvenu à franchir le pas des médias depuis plusieurs mois, si ce n'est de façon subliminale dans la bouche de Guy Verhofstad.

Seul hic, mais il est de taille : le parti de Patricia Ceyssens, l'OVLD, a été sévèrement chahuté au cours de ces dernières élections régionales.

 

© Marcel Sel 2009. Tous droits réservés pour le monde entier. Reproduction interdite sans accord écrit de l'auteur.

13:05 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

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