lundi, 15 novembre 2010
Comment communautariser un drame national, en deux leçons.
Hier, je craignais que certains utilisent le drame aquatique que la Belgique vient de vivre (oui, toute la Belgique) à des fins communautaires. Quand j'écris ce genre de choses, je me demande toujours si je ne vais pas un pont — ou dans ce cas, une écluse — trop loin. Las. Hier, j'écrivais : «Pour l'heure, heureusement, personne n'accuse l'autre pour les lâchages trop peu ou trop importants. C'est la faute à la pluie, et c'est la seule vérité qui doit nous occuper. Pourvu que ça dure ! » Eh bien, figurez-vous que ça n'a pas duré. Aujourd'hui, De Standaard se faisait l'écho d'un sentiment qui semblerait partagé par les résidents du petit quartier du Wiite Roos (Rose blanche) à Leeuw-St-Pierre : «Les habitants touchés expliquent le drame (sic) de la façon suivante : 'À Tubize, l'écluse est ouverte. Et ici, elles restent fermées. Pour épargner Bruxelles ?' C' est la question que diverses personnes posent.» Traduisez : les écluses wallonnes sont restées ouvertes [pour ne pas aggraver le cas de Tubize] ; les écluses flamandes restent fermées [pour ne pas que Bruxelles soit touchée].
Pour comprendre cette accusation, il faut savoir que, comme toute voie qui va de Wallonie à Bruxelles, le canal de Willebroek-Charleroi passe par un petit bout de Flandre, celui qui est aujourd'hui inondé.
Admettons que ce soit vrai. L'explication est alors simplement logique : Tubize était déjà sévèrement touchée. Il fallait (entr') ouvrir l'écluses. En revanche, si l'inondation atteignait Bruxelles, ce n'était pas 100 ou 200 personnes qu'il fallait évacuer, comme à Leeuw-St-Pierre, mais bien des milliers, voire des dizaines de milliers, avec des dégâts d'un montant incalculable. Tout bon gestionnaire de crise sait que l'on doit limiter les dégâts aux zones les moins peuplées. Et ce sont toujours les habitants de ces zones-là, relativement peu nombreux, qui en feront les frais. On ferait exactement la même chose pour la Seine à Paris ! Mais dans le contexte actuel, où des politiciens irresponsables expliquent depuis des années que tout ce qui leur arrive de mal est forcément francophone, et tout ce qui leur arrive de bien, forcément flamand, même les catastrophes nationales finissent, dans certains esprits (et il y a aussi des Wallons qui ont pensé qu'on n'ouvrait pas assez les vannes pour épargner la Flandre), par trouver une justification communautaire. Mais quand les médias les rapportent, l'on ne peut que constater qu'ils rajoutent de nouvelles rancœurs sourdes au contentieux belgo-belge, déjà bien trop lourd pour ce petit pays.
14:16 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (29) | | Facebook | Imprimer | | |
Commentaires
Les résidents de Sint-Pieters-Leeuw ne communautarisent pas ce drame! Ils se demandent simplement si Bruxelles a été épargné tandis qu'eux sont victimes. C'est tout. Il ne jugent pas les décisions qui ont été pris.
Si quelqu'un communautarise ce drame, c'est vous. Et personne d'autre.
Écrit par : Pascal | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaire@Pascal : vous sous-estimez je pense le sens du mot "Bruxelles" dans certains esprits.
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaireIl y a quand-même beaucoup de francophones à Sint-Pieters-Leeuw? De Standaard ne dit pas si ces réactions viennent de la part des néerlandophones ou des francophones...
Ce n'est donc pas 'communautariser' un drame national. Vous cherchez des choses qui n'existent pas.
Écrit par : Pascal | lundi, 15 novembre 2010
" Le soir" titre: " Des paras flamands à Wavre".
Écrit par : michel henrion | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaireA quand "La légion saute sur Baisy-Thy" :-))
Blague à part, vu le contenu de l'article, c'est un bon titre, non ?
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 15 novembre 2010
tant qu'on n'annonce pas les F16 wallons survolant Bruxelles, .....
Écrit par : Pierre@s | lundi, 15 novembre 2010
Pourquoi préciser "flamands" si ce n'est pour signaler qu'ils ont été bien reçu.
Sans doute que des paras wallons à Sint-Pieters-Leeuw auraient été reçus à coups de pierres.
Écrit par : Ø | lundi, 15 novembre 2010
O pointé pour vous, Phi.
Je crois simplement que Le Soir voulait préciser que l'armée, même si il y a des soupçons de flamandisation, ne distinguait pas un citoyen d'un autre.
Il y a peut-être eu des paras wallons à Sint-Pieters-Leeuw ou ailleurs. Mais ça, l'histoire ne nous le dit pas…
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 15 novembre 2010
Ca y est ils ont débarqué ! ;-)
Écrit par : dewi | lundi, 15 novembre 2010
Le Soir n'en finira donc jamais de nous emmerder avec leur perpétuelle quête du bon flamand ?
Écrit par : benoit | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaire@Benoit : seriez-vous jaloux ? C'est vrai qu'ils ne partent pas souvent à la chasse au bon rattachiste. Mais pour ça, vous devriez essayer l'ORTF.
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 15 novembre 2010
ça me rappelle il y a quelques années en France, lors d'innondation dans la vallée de la Somme: les locaux accusaient les pouvoirs publics d'avoir provoqué l'inondation chez eux pour protéger Paris.
Écrit par : QIAH | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaireOui, la Somme est un bon exemple. Imaginez à présent que la Somme soit corsophone et Paris francophone, et vous comprendrez ce que je veux dire par "communautarisation". Ce n'est peut-être pas l'intention du journaliste, mais il est évident que la perception par certaines personnes sera de cette nature.
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 15 novembre 2010
Petit pays,petits esprits... Il ne manque plus que Léonard y allant de son couplet sur la justice immanente... Sûrement que les zones inondées doivent être pleins de fornicateurs et de sodomites. Il ne manquerait plus que ça pour faire pleurer à nouveau le ciel. Et croyez-moi, il peut attendre.
Oui, il ne faut pas sous-estimer la capacité de certains à communautariser lesinondations. Nous verrons bien si des politiques s'aventurent à cela. Si c'était le cas,cela serait un mauvais signe concernant les négociations en cours. mais Botus et Mouche cousue semble être leur denise, comme dirait Dupond. Est-ce un signe d'un accord? D'un accord sur un désacord? Les prémices d'un corps à corps?.... Stop ou encore?
Écrit par : verlaine | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaireEvidemment vous ne comprenez pas encore le sens de 'justice immanente'. Traduit en langage familier ça veut dire: 'conséquence logique'.
Le SIDA est une conséquence logique d'une vie sexuelle promiscue.
Le cancer est une conséquence logique de fumer trop.
Les maisons inondées sont des conséquences logiques de bâtir des maisons dans des zones à hautes risques d'inondations.
'La justice immanente' n'est pas un terme qui 'juge'. C'est simplement un constat. L'idée qu'on peut retenir alors, c'est que c'est mieux de ne pas avoir une vie sexuelle promiscue (si on veut diminuer les risques de SIDA), de ne pas fumer trop (si on veut diminuer les risques de cancer) et de ne pas bâtir des maisons dans des zones à hautes risques (si on veut éviter d'avoir des maisons inondées). Mais ce n'est pas un jugement.
Écrit par : Pascal | lundi, 15 novembre 2010
Sacre André-Mutien va, tu as beau utiliser ton pseudo Pascal, je t ai quand meme reconnu! -)
Écrit par : DonBlacksad | mardi, 16 novembre 2010
Comme disait un ami Espagnol "La Belgique, c'est ça d'eau, ma ... zoo !"
Écrit par : Albert Demey-Dheux | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaireC est quoi la traduction en spanish? -)
Écrit par : DonBlacksad | mardi, 16 novembre 2010
@ Pascal
Félicitations.
Écrit par : traveller | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaireVous n en ratez pas une, hein?! -)
Écrit par : DonBlacksad | mardi, 16 novembre 2010
Une question impertinente..
Ne pourrait-on pas se demander si l'éventualité d'une inondation a déjà été envisagée dans ce pays?
La Hollande dispose d'un réseau de pompes et conduites vers la mer, mais la Belgique?
Je suppose que la tâche a dû être réalisée ou anticipée à 60% (et au tarif 100%) comme c'est souvent le cas depuis des lustres...
Écrit par : maurice | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaire@Sel: Jaloux de quoi ? Pas de la désinformation systématique du Soir en tout cas que vous semblez tant adorer; et puis l'ORTF n'existe plus depuis plus de 30 ans...
Écrit par : benoit | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaire@ Pascal
Je vous invite à avoir un peu d'humour et sachez que je sais ce que veut dire justice immanente....Mais l'imaginaire peut vous faire défaut et l'humour aussi... Si je vous ai choqué, veuillez me pardonner. mais jamais vous ne me censurerez, ni me donnerai des cours de français que je pense maîtriser un tant soit peu..
Si vous désirez que je vous traduise, contactez-moi, Pascal,... mais je ne vous en ferai pas l'injure.
bonne soirée à vous et au sec....
Écrit par : verlaine | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaire@Pascal : quand j'étais encore chrétien fondamentaliste du mouvement charismatique, j'étais persuadé que la justice immanente avait été créée par le Seigneur entre le premier et le sixième jour. Une force qui a créé le ciel et la terre a forcément imaginé de sa propre initiative la justice immanente. C'est pour ça qu'aujourd'hui encore, bien qu'athée, je me sens coupable quand j'allume une clope dans une église.
Écrit par : Marcel Sel | lundi, 15 novembre 2010
Répondre à ce commentaireTiens, pour une fois je suis d'accord avec Traveller: bravo Pascal !
Écrit par : melodius | mardi, 16 novembre 2010
Répondre à ce commentaireOn se demande un peu pourquoi Mgr Leonard a décidé de parler spécifiquement du SIDA. Il y a d'autres exemples... Quand tu pètes, ça pue : justice immanente. Quand tu lis traveller, tu dégueules : justice immanente. Etc...
Écrit par : Endadine Akass | mardi, 16 novembre 2010
Répondre à ce commentairelol
Écrit par : DonBlacksad | mardi, 16 novembre 2010
Il n'a pas choisi cela. Il répond simplement aux questions du journaliste... Si le journaliste demande que des questions sur ces thèmes là, c'est pas la faute du mgr.
Écrit par : Pascal | mardi, 16 novembre 2010
Répondre à ce commentaireAmen
Écrit par : DonBlacksad | mardi, 16 novembre 2010
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