mardi, 29 novembre 2011

Il est papy, le papillon.

Elio le formateur aura réussi par deux fois ce que nul n’aura réussi auparavant : conclure une réforme de l’État et compromettre 6 partis dans un accord digne de la Belgique à papa. Et tout ça, en l’espace de trois ou quatre mois, un genre de délai auxquels les Belges n’étaient plus habitués du tout. Car il aura fallu la bagatelle de 1.558 jours entre la victoire du flamingantisme d’Yves Leterme en juin 2007 et un accord sur la réforme de l’État et sur la scission de BHV en septembre 2011. Et cela fait aujourd’hui 580 jours que le roi a accepté la démission du dernier gouvernement belge en date. Autant dire que ce qu’Elio Di Rupo a réussi (avec les présidents de huit, puis de six partis) s’apparente — quoi qu’en disent les mauvaises langues — à un gigantesque tour de force 


Dans la suite du texte : J'explique pourquoi il n'était pas possible de réussir plus tôt la formation d'un gouvernement. Je mets en garde contre une euphorie compréhensible, mais qui n'est pas justifiée du fait des innombrables écueils en vue. J'aborde l'accord sur le budget et je tente de préciser pourquoi il ne répond en fait pas aux besoins de la population, et ne pouvait y répondre étant donné les circonstances et la présence en force de la N-VA dans le cadre politique. Je reprojette l'ensemble dans le cadre de la crise bancaire — systémique ou non — qui requiert de nouvelles approches solidaires. J'évoque les tabous des partis, et notamment la fixation absurde sur l'index, qui n'est pas le plus fondamental de nos problèmes, le chômage, l'asile. Enfin, je reconnais le courage des négociateurs. L'on ne pouvait probablement pas faire mieux. Mais ce pas mieux se payera. Bonne lecture.


Détachement nationaliste
Il aura fallu d’abord tenter d’inclure la N-VA dans le sauvetage d’un pays dont elle veut la fin, et en conséquence, un temps invraisemblable pour tirer les conclusions des multiples algarades de son président. Dès le 28 juin 2010, j’avais pourtant expliqué lors d’un débat sur LCI (Le Ring de Michel Field) que le seul intérêt de la N-VA était le pourrissement de l’État belge. Luc Van Der Kelen, également présent au débat, m’avait alors vigoureusement contredit. Il aura ensuite fallu près d’un an pour que le célèbre éditorialiste flamand écrive enfin dans un de ses éditoriaux que la N-VA ne cherchait rien d’autre que… le pourrissement de l’État. Certains médias en Flandre n’ont toujours pas admis ce fait. Alors, peu importe que le PS et d’autres partis francophones l’aient compris dès septembre de l’année passée. Car cette prise de conscience n’a pas réellement dépassé la frontière linguistique. C’est pourquoi on a mis tant de temps à se passer du nuisible : le CD&V risquait gros à se détacher trop tôt de ce microparti populiste qu’il avait lui-même porté au pinacle politique en Flandre. Et le prix à payer pour les négociateurs francophones était la scission de BHV qui nie l’existence d’une minorité historique francophone en Brabant flamand, un comble aux portes de la capitale de l’Union européenne, dont la «constitution» a promu le droit des minorités dès son préambule. Autant dire qu’il a fallu l’usure du temps et la rupture de l’association MR-FDF pour que trois présidents de partis francophones cèdent l’incédable.

 

Libérer les libéraux

Le décollement du CD&V et de la N-VA est aussi l’une des raisons du passage par une dramatisation des plus théâtrales pour que l’Open VLD puisse enfin dire «oui» à un compromis belgissime. Tout simplement parce que depuis le 15 septembre, ce n’est plus le CD&V qui sent le souffle de la N-VA dans son cou — n’a-t-il pas, ce jour-là, obtenu la scission de BHV et tenu les promesses insensées d’Yves Leterme ? Ce sont désormais les libéraux flamands qui ont tout à perdre. La N-VA n’a en effet cessé de faire croire aux citoyens de Flandre qu’ils étaient «de droite». Alors, un parti «de droite» qui entrerait dans une logique «de gauche» c’est trop facile à présenter comme incompétent, faible, incohérent, et pour les plus flamingants, carrément comme une formation traître à sa «patrie». La N-VA a d’ailleurs déjà lancé les hostilités. Mais le fait est qu’entre la note Di Rupo que le fils De Croo a acceptée en ce bel automne, et celle qu’il avait refusée une semaine auparavant, il n’y avait franchement pas une différence suffisante pour dire que tout à coup, une note «de gauche» devenait un accord «de droite». 

 

Marx Brothers

Enfin, il fallait, pour être raisonnable, que chaque parti ait de quoi assurer son électorat qu’il n’avait pas cédé sur ses principes fondamentaux. Un demi-millier de jours après les élections, les phrases assassines d’une campagne permanente, tous azimuts, avaient fini par rendre le socialisme insupportable aux uns, le libéralisme intolérable aux autres et la politique elle-même, répugnante pour beaucoup de citoyens. À entendre les libéraux, ils traitaient avec Lénine exposant Marx, tandis que les socialistes semblaient présenter les équipes de Charles Michel et d’Alexander de Croo comme de reaganiens ultrathatchériens. La formule de Di Rupo «un gouvernement de centre-centre», au-delà de son aspect comique, apaise aujourd’hui habilement ces tensions : il ne revendique pas une victoire socialiste, n’autorise pas une victoire libérale, mais promeut une victoire de la raison.

 

Désaccords sur l’accord

Sans surprise, l’accord lui-même fait déjà l’objet de bien des critiques. Bart De Wever l’a explosé illico. Les syndicats préparent une grande grève et des manifestations. Les organisations patronales oscillent entre le «oui mais» et le «trop social». Les verts le critiquent pour exister. Mais pour autant que les économies qu’il prévoit s’avèrent réelles et efficaces, cet accord sauve le pays, ni plus, ni moins… pour l’instant. Car il ne s’agissait pas que de 11,5 Mia d’euros, soit le plus gros effort budgétaire jamais réalisé depuis la fin de la guerre (en chiffres absolus… je ne suis pas sûr que ce soit aussi vrai en chiffres relatifs). Il s’agissait de ne pas se prendre 0,7 Mia d’euros d’amende européenne. Il s’agissait de ne pas se prendre quelques centaines de millions d’intérêts supplémentaires — le taux des obligations belges à 10 ans grimpait à une telle vitesse qu’il menaçait de rejoindre celui de l’Italie en quelques semaines. Il s’agissait d’éviter une décote supplémentaire (Fitch et Moody’s n’ont pas encore rétrogradé la Belgique à un AA infamant). Et il s’agissait d’éviter à tout prix des élections anticipées dont tout le monde a bien compris qu’elles se solderaient, assez rapidement, par la fin du pays. 

 

Embellie sur le Bel-20

Mais il n’y avait pas que ces éléments économico-politiques en jeu. La preuve : hier matin, le Bel-20 reprenait des couleurs qu’on ne lui connaissait plus depuis des semaines, voire des mois, et KBC faisait une grimpette digne d’un Ocaña des grandes heures, reprenant la bagatelle de 14% quand Dexia remontait de plus de 13% en un jour. Même si cela n’est que momentané (ce mardi, les deux actions stagnaient), il est difficile de ne pas relever l’embellie, et injuste de ne pas l’attribuer au talent de Di Rupo, ainsi qu’au courage de Wouter Beke et d’Alexander De Croo, les deux présidents de partis qui avaient tout à perdre dans une telle aventure et ont enfin vu ce que nous pouvions tous y gagner et agi en conséquence. Si je suis capable de qualifier le CD&V de «parti de merde» quand il erre dans les limbes d’un nationalisme latent de bon aloi, je me dois bien évidemment de reconnaître ses efforts quand ils sont courageux. Hélas, dès ce matin, il renouait avec les pratiques imbuvables, jugeant qu’il y avait un prix à payer pour le mauvais néerlandais d’Elio Di Rupo, en «exigeant» de retirer un portefeuille francophone au futur gouvernement. Di Rupo serait donc un «demi»-premier. 

 

Moderato cantabile

Le courage était indispensable, salutaire. Mais suffira-t-il ? Il faut hélas déjà modérer l’enthousiasme manifesté en public — mais pas en privé — par les négociateurs. D’abord, parce que, comme je l’ai écrit auparavant, la scission de BHV ne règle pas grand-chose et ne pacifie pas la périphérie. Les néoflamingants sont toujours sur la brèche, et rien ne dit aujourd’hui qu’ils vont perdre des voix et du poids. J’ai expliqué dans Les Secrets de Bart De Wever pourquoi le nationalisme est redoutablement puissant face à la démocratie. Il suffit d’une imprudence de démocrate pour qu’il encaisse un argument qu’il utilisera à qui mieux mieux le plus longtemps possible. Il est remarquable que la première imprudence du style ait été commise par Herman De Croo, qui a «constaté» que 80% des nouvelles taxes seraient payés par «les Flamands», et a parlé de la «baxterisation» de la Wallonie, une phrase que les N-VA promeuvent par Twitter interposé depuis qu’elle est parue, parce qu’elle n’a rien à envier à la perfusion de drogue évoquée par De Wever dans Der Spiegel. Bart De Wever a évidemment immédiatement présenté l’argument d’Herman De Croo comme la preuve que l’accord était antiflamand, s’offrant même le luxe, dans l’émission De Zevende Dag de la VRT ce dimanche, de rabaisser le chiffre du père De Croo à 70%, passant de ce fait pour un modéré sympathique.

 

Roulé par les r

Il faut bien sûr aussi noter que, si énormément de Flamands néerlandophones (comme Vincent Van Quickenborne) sont prêts à passer sur la médiocrité du néerlandais de Di Rupo et sur son accent extra-terrestre (mais les Francophones ont connu ça aussi), les radicaux de la langue ont d’ores et déjà lancé la croisade linguistique anti-premier. Les arguments leur sont fournis par l’intéressé lui-même. Car s’il possède assez bien le vocabulaire politique néerlandais, il est terriblement hésitant, ne comprend pas toujours les questions qu’on lui pose, et manque de confiance en lui : il a commencé la session de questions après la conférence de presse de ce dimanche en rappelant qu’il y avait aussi d’autres présidents de partis présents (sous-entendu néerlandophones) qui pouvaient aussi répondre aux questions (sous-entendu en néerlandais), comme s’il tentait d’éviter de s’y coller. L’on comprend bien sûr qu’il n’aura pas eu beaucoup de temps ces dernières semaines pour peaufiner son Vondel. Mais s’il devenait premier ministre, il serait bon qu’il passe d’abord un bon mois en immersion dans une famille anversoise ou ouest-flandrienne, godverdomme. 

 

Premier ministre et premier parti

Car sa timidité linguistique n’est pas sans conséquence : s’il se chargeait personnellement de défendre son budget sur les chaînes francophones dès dimanche soir, il brillait par son absence sur les chaînes néerlandophones. Et la star politique du week-end à la VRT (chaîne publique flamande) n’était nul autre que Bart De Wever, qui y disposa d’une tribune de choix dans l’émission dominicale Le Septième jour (De Zevende Dag). Si Di Rupo avait été plus à l’aise, il aurait pu (dû) répondre dès ce dimanche, en studio, à la VRT, qui s’adresse à 58% des Belges, et à ceux qui sont le plus difficiles à convaincre aujourd’hui. En ne le faisant pas, Elio Du Rupo a donné des cartouches gratuites aux antibelges de Flandre. 

 

Attaques à la Tak

Ajoutons à cela que pas mal de journalistes flamands attendent notre président du PS au tournant, et sans la moindre gentillesse. En début de semaine passée, Kathleen Cools (Terzake — émission d’analyse de l’info de la VRT) a ainsi introduit le reportage sur la démission de Di Rupo en qualifiant ce dernier de «Drama queen» (reine du drame — mot anglais qui est généralement utilisé pour évoquer des femmes ou des homosexuels — «DQ» étant par exemple le pseudonyme d’un célèbre travesti danois eurovisionné). Une description qui, appliquée à un politicien homosexuel est d’un mépris et d’une incorrection qui n’augure rien de bon. Sans compter que déjà lundi matin, Alexander De Croo lui-même ne pouvait s’empêcher de dire à la radio flamande que le néerlandais de son nouveau «chef» était «ontoereikend» (insuffisant). C’est vrai, mais ce n’est peut-être pas à lui de le dire. Les éditorialistes du Nord s’en étaient du reste chargés avant lui. 

 

La Belgique à l’index

Autre problème, et de taille : l’accord sur le budget n’a rien de révolutionnaire. Il ne change pas fondamentalement la donne, ne répond pas au problème crucial de la Belgique, qui est la taxation extrême du travail et des travailleurs. J’entends par là les ouvriers, les employés, les indépendants, les chefs de petites entreprises. En matière de fiscalité, nous vivons dans un pays de droite. Mais pas d’une droite qui défendrait la classe moyenne. Non. D’une droite qui défend les rentiers, les possesseurs de gros immobilier, les capitalisateurs, les fraudeurs, les spéculateurs et les multinationales. Les PME, et surtout les TPE (très petites entreprises) sont les victimes d’une trop grande propension à favoriser des entreprises insaisissables qui peuvent faire taxer leurs bénéfices ailleurs ou jouer avec les innombrables échappatoires légales ou non (les intérêts notionnels par exemple). Les petites sociétés sont elles-mêmes soumises aux commandes des grandes entreprises qui imposent une pression sur les prix inversement proportionnelle à la croissance de leurs propres tarifs. Nombre de petites organisations ont vu leur prix horaire baisser au cours de la dernière décennie pendant que les prix de leurs gros clients faisaient la grimpette.

 

Index, question majeure

Mais plutôt que de tenter de remettre de l’ordre dans un tissu économique en pleine détresse, les libéraux se sont focalisés sur l’index, brandissant les recommandations «de l’Europe» comme une référence absolue, ce qu’elles n’étaient évidemment pas. Il faut dire que depuis toujours, les grandes entreprises belges crient haro sur cette méthode bien de chez nous. Et par mimétisme, les petites aussi. À tort, à mon avis. Car l’index est d’abord un facteur de paix industrielle. Il permet aux employés et ouvriers de faire face à une hausse constante des prix, et aux entreprises de ne pas risquer la grève à chaque fin d’année. Ensuite, il permet une cohérence capitaliste. J’entends par là qu’il maintient le niveau de vie du consommateur. Licencier, baisser l’index, supprimer le chômage ou le réduire à quasi rien après un an ou deux, sont autant de mesures qui réduisent la consommation, et sont in fine payées par les entreprises autant que par leurs salariés. Surtout quand l’inflation fait augmenter le coût de la vie de plus de 3,8 % comme c’est le cas cette année. On n’a rien à gagner à avoir des clients endettés, incapables d’acheter le minimum, sauf quand on s’appelle Lidl ou Aldi. 

 

Troisièmement, l’index belge ne tient pas compte de toute une série d’augmentations, ce qui fait que ce n’est pas le coût de la vie réel qui est ainsi répercuté sur les salaires, qui ont de fait augmenté deux à quatre fois moins que le coût de l’énergie, du pain ou de la soupe tomates aux ballekes au cours des cinq dernières années. L’index à la belge ne provoque donc pas tant l’inflation, qu’il la suit d’assez loin. Quatrièmement, les salaires ont plus augmenté dans certains pays sans index qu’en Belgique, notamment certains cités comme très vertueux (suivez mon regard). Cinquièmement, l’index rapporte à l’État, puisque la base imposable augmente. Et sixièmement, qu’est-ce qu’un index de 2 ou 3% sur les bas salaires, que les entreprises un tant soit peu importantes répercutent bon an mal an, face à l’invraisemblable pression fiscale que subit le travail dans ce pays malade ?

 

Bref, savoir s’il faut ou non supprimer l’index était une mauvaise question. La bonne, eût été de se demander si l’on ne pouvait pas le suspendre un an ou deux sur les plus hauts salaires. Car l’index actuel ne permet même plus de maintenir un train de vie décent pour une caissière de Lidl. En revanche, le cadre supérieur qui gagne plus de 75.000 ou 100.000 euros par an peut s’en passer pendant quelques mois sans tomber — loin de là — dans la misère. Et ça ne l’empêchera pas de consommer.

 

Pauvre pays qui taxe la pauvreté

La vraie question qui intéresse tout le monde et qu’une fois de plus le programme gouvernemental n’aborde pas, c’est la fiscalité sur ces bas salaires. Elle rend tout engagement de personnel quasi impossible pour une très petite entreprise (TPE). Elle éloigne les jeunes d’un premier emploi. Alors qu’un Français ne sera pas taxé sous les 11 ou 12.000 euros (ce qui est déjà sous le seuil de pauvreté), un Belge verra le fisc s’intéresser à lui vers les 6 ou 7.000 euros. Soit moins que le minimum vital. Bouffer, c’est donc déjà un luxe. Le résultat, c’est que même si les entreprises consacrent des sommes considérables à salarier leur personnel, le net perçu par une personne non qualifiée sera si peu supérieur à l’allocation de chômage qu’il n’en vaudra tout simplement pas la peine. On veut supprimer les pièges à l’emploi ? Mais c’est tout le système fiscal belge qui est un piège à l’emploi ! Si le futur ex-chômeur s’entend dire qu’il lui faudra investir dans une auto pour obtenir un job, et faire 100 km par jour mal remboursés, tout ça pour gagner moins que ce qu’il ne gagne déjà au chômedu, il comprend qu’il a tout intérêt à travailler au noir et à percevoir son chômage en sus. Ce n’est pas réglo ni légal, mais la société humaine fonctionne selon ses intérêts primaires. La légalité vient après le bien-être minimal. Et même pour les travailleurs, celui-ci n’est plus garanti.

 

Niaise analyse

Alors, pourquoi n’a-t-on pas cherché à rendre ce système plus juste et plus efficace ? Le véritable frein à une vraie réforme me semble être le manque de créativité politique et les tabous gauche-droite. On fonctionne encore par dogme. Taxer le capital, la fortune et les plus-values est un tabou verrouillé au corps des «droites» sous prétexte qu’ils s’enfuiraient et cesseraient d’engager du personnel. Mais quel est l’intérêt d’un capital dormant, venu de France, par exemple, et non taxé ? Tant à gauche qu’à droite, on est en réalité resté coincé dans une lutte des classes où syndicats et patronats se regardent comme deux chiens de faïence au lieu de percevoir la réalité du capitalisme social-démocrate : plus le salarié gagne d’argent, plus il consomme. Plus il consomme, plus l’entreprise est florissante. C’est cette boucle-là qui est l’oubliée permanente des calculs partisans. Et l’autre grande oubliée dans toute cette histoire, c’est la classe moyenne que les «droites» assurent défendre et que les «gauches» méprisent parce qu’ils seraient les chouchous des «droites». Pourtant, quand les petits indépendants ont passé une année catastrophique, ils payent un minimex de cotisation social qui dépasse quelquefois leur revenu brut ! Ça s’appelle un étranglement. En revanche, pour les tranches de revenus qui dépassent 65.000 euros, les indépendants sont absous de cotisation sociale ! Je me demande bien à quoi on joue. Ce problème récurrent depuis des décennies n’a pas fait l’objet de la moindre mesure avant et pendant la crise. Et je ne parle même pas du délai de trois ans entre le revenu et la ponction. J’ai vu un indépendant ayant gagné 7.000 euros en 2009 qui s’est vu réclamer 10.000 patates parce qu’il avait bien gagné en 2006. Il y a juste que tout ce qu’il avait gagné en trop avait déjà servi à payer des dettes plus anciennes, et à survivre à une année de crise. Résultat : la saisie de ce qui lui permet de travailler. 

 

Alors, l’indépendant rêve quelquefois au statut d’ouvrier. Il a investi, il risque sa carrière tous les jours, il travaille plus pour gagner moins, parfois pour ne gagner rien, il doit construire sa retraite lui-même, ses revenus ne cessent de baisser et en bout de course, il est détesté par les gauches, exploité par les droites. Le budget l’oublie donc copieusement.

 

Chaud, mage !

Et puis, il y a le chômage, autre thème majeur de la négociation budgétaire. Et une logique absurde — qui s’ajoute à l’absurdité de la fiscalité belge évoquée ci-dessus. On demande en effet aux chômeurs de trouver un emploi, au risque de ne plus percevoir de quoi se chauffer. Grand bien leur fasse ! Mais ce ne sont pas les chômeurs qui créent l’emploi, ce sont les entreprises. La doctrine des «droites» part du principe que réduire les charges d’entreprise (bénéfice, impôts sur les dividendes, intérêts notionnels, etc.) les amène à engager du personnel. C’est oublier que le sens de l’entreprise, c’est d’abord le profit — et je dis ça sans mépris. La réduction de la TVA sur l’Horeca et son absence d’effet le montre bien. Avant d’engager une personne de plus, on va tenter de rendre sa société rentable, histoire déjà de payer les dettes passées ou de se prémunir d’un avenir aujourd’hui inquiétant. Pour les sociétés anonymes, on va payer d’abord les actionnaires, de plus en plus avides, quitte à réduire certains postes à leur plus simple expression. La publicité et de la communication sont les premières victimes de ce système. Vient ensuite la politique des achats et le concept du «toujours moins cher, mais toujours de meilleure qualité» dont les petits producteurs et les TPE font les frais. La cassure sociale qui se creuse chaque jour un peu plus vient entre autres de cette illusion de gros profit à court terme que «les marchés» ont choisie comme modus vivendi dès les années 90 (la bulle internet). Et le seul moyen de pousser les grandes entreprises à au moins créer un peu d’emploi, c’est donc de baisser radicalement la fiscalité sur les plus bas salaires. Leur offrir des avantages qui n’ont aucun rapport avec la gestion du personnel (comme une baisse de la TVA) ne les pousse à rien d’autre que, pour les uns, tenter de revenir à un semblant de profit, pour les autres, maximiser son bénéfice. À ces questions-là, je n’ai pas vu la moindre réponse efficace dans le nouveau budget. Ce n’est pas en augmentant de 300 euros le minimum imposable qu’on va rendre l’employé belge plus attractif.

 

Éco check…

Mais l’ambiance est à l’opposition entre un socialisme et un syndicalisme prétendument dispendieux et amateur d’une part, et un libéralisme et un patronalisme soi-disant sérieux et rigoureux d’autre part. Cet argument est un vieil héritage de la lutte des classes, devenue anachronique dans des sociétés sociales-démocrates comme les nôtres, fondées au contraire sur une entente des classes qui ont tout à gagner à fonctionner harmonieusement. C’est aussi cela qui permet à l’Allemagne de mieux fonctionner : sa tradition de négociation sociale n’est pas (encore) caduque. 

 

…sans provision

Enfin, bien sûr, il y a la question du taux d’intérêt. L’ambiance est morbide. Les dettes d’États sont devenues des biens de spéculation. Mais qui peut s’en étonner ? En garantissant et en «sauvant» certaines banques, les nations européennes en particulier ont en réalité converti le manque de confiance envers les institutions financières en manque de confiance envers les États eux-mêmes. Pour schématiser, on pourrait dire qu’en «achetant» Fortis ou en garantissant Dexia, la KBC ou autres, la Belgique a repris à son compte le déficit de crédibilité de ces banques. Avec à l’arrivée des intérêts sur la dette complètement délirants. Avec 100% de ratio dette/PIB, la Belgique a bien failli dépasser les 6% d’intérêts. Avec 220% de ratio dette/PIB, le Japon paye un incroyable 1% d’intérêts. Les agences de notation sont soit folles furieuses, soit incompétentes, ou alors, quelqu’un veut la peau de l’euro. Les États sont désormais tributaires des décisions du monde de la haute finance, mais à ce problème fondamental pour des démocraties, le budget 2012 ou les recommandations de l’Union européenne n’apportent aucune réponse. On préfère s’occuper de l’asile et de l’immigration, source potentielle de main d’œuvre, pourvu qu’on l’organise correctement, comme c’est le cas au Canada qui accueille officiellement plus d’immigrés par habitant que la Belgique n’en voit arriver sur son territoire par tous les moyens possibles, les uns plus illégaux que les autres. Dont coût : une politique de renvoi qui n’a rien de bon marché, ou une politique d’hébergement qui ne satisfait personne et coûte des fortunes. Et là encore, les solutions réelles restent encore à imaginer. Notre sextet de négociateurs a préféré résoudre ça en un jour. On ne résoudra rien. Et la N-VA restera en embuscade avec l’un de ses thèmes favoris, l’asile, auquel elle consacre des splendides brochures pleines de «solutions». Et plus la crise s’amplifiera, plus on cherchera des solutions «de droite dogmatique», plus on livrera les États, les budgets, et une population bientôt exsangue, à la folie destructrice de la haute finance spéculative, folie suicidaire qui n’aura plus rien à se mettre sous la dent quand, faute de pouvoir encore acheter du blé, du riz ou du maïs — les dernières valeurs spéculatives à la mode —, la crise aura asséché toutes les rivières et les niches financières potentielles. Ne soyons pas aveugles. Après avoir épuisé les entreprises, épuisé les banques, épuisé les États, l’on épuise les ressources nutritionnelles. Il ne restera plus que l’or. Et un retour au XIXe siècle et à sa misère. À moins bien sûr que la crise ne soit pas aussi systémique qu’on nous le dit, et que nous ne payions en fait déjà le coût de la surproduction mondiale et l’incapacité de la planète à satisfaire les besoins de l’Homme. Mais si c’est le cas, là non plus, les négociateurs n’ont aucune piste pour gérer au moins ce petit bout de terre qu’est la Belgique un tant soit peu correctement.

 

L’État-marché

La Belgique est une Europe en réduction. Ici comme là, on se focalise désormais sur les flamboyantes réussites comme celle de l’Allemagne (pas si flamboyante que ça en réalité) au détriment des salopes «régions pauvres» qui, en sus de subir une crise qui va peut-être nous ramener aux années trente, se font redresser les bretelles sur tout ce qu’elles n’ont pas fait (de bien). On leur impose une rigueur insoutenable (et destructrice d’emploi) pendant que les «AAA» se préparent à lancer des Eurobonds réservés aux États auxquels les agences de notation réservent un triple A tout ce qu’il y a de relatif. On ne prêtera bientôt plus qu’à certains pays très select (un sur trente au niveau planétaire). Les autres devront faire appel à l’usure. La Belgique est en fait la cristallisation nationale de cette sale habitude devenue européenne. Car il n’existe pas de régions «plus riches» s’il n’y a pas de régions «plus pauvres». Et ces dernières, de par leur consommation, contribuent à l’enrichissement des premières. Déconnecter les unes des autres est donc également une fausse bonne idée. Le faire à l’aube d’une crise comme on n’en a pas vue depuis des lustres est pire encore. À ce titre, le communautarisme qui nous a privé de gouvernement démocratique pendant un an et demi est terrorisant. 

 

Mais bon…

La forme informe du budget n’a donc rien d’étonnant. Elle était même inévitable. À une opposition communautaire anachronique se superpose une opposition des classes tout aussi anachronique. Les deux sont contre-productives pour l’ensemble des Belges. Et le budget de centre-centre n’est rien d’autre que les bonnes idées des uns jugulées par les mauvais dogmes des autres, et inversement. Le seul mérite qu’il a, c’est de ne pas plonger notre pays dans les affres de la séparation tout de suite. Et l’on en vient à souhaiter bonne chance au gouvernement papillon — un animal bien éphémère —, qui dès avant son adoubement, n’a pas su, ou pas pu fourbir l’arsenal nécessaire et indispensable pour s’assurer un avenir. Chargé de tout notre passé communautaire et de nos traditions fiscales étranges, il est un peu papy, le papillon. Il reste que quelquefois, le courage seul parvient à vaincre des obstacles apparemment infranchissables. Que quelques mesures du type rustine peuvent permettre au pneu de traverser l’orage. Le courage est probablement la vertu la mieux répartie dans ce futur gouvernement — au risque d’être la seule. Espérons que cela suffira. Jusqu’à la prochaine fois.

17:39 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (52) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

Commentaires

Et au passage, un assourdissant silence de Marcel sur l'éviction d'Ecolo, le parti qui a joué le jeu institutionnel, qui a donné l'image d'un tandem avec Groen passant outre les barrières communautaires, qui a promis, après avoir été mis sur la touche, qu'il voterait "quand même" la modification de la constitution, qui a proposé ses services au plus fort du clash entre le VLD et le PS ... et qui pour prix de cette loyauté s'est vu remercié, prié de prendre la porte de sortie, enfoncé dans la tuyère d'éjection-éclair d'un probable train de remaniements à la Région wallonne d'ici le début de l'année prochaine, histoire de mettre en selle Marcourt comme ministre-président, d'éjecter au passage Demotte (qui n'a nulle envie de sortir), et de faire rentrer les Bleus à la Région en remerciement du sacrifice consenti (son ablation du FDF), stratégie "mauve" qui ne supportera plus la présence de vert à Jambes, voire plus grave encore, déjà condamné à passer à la guillotine en 2012 dans la plupart des grandes communes de Wallonie, histoire d'y mettre en selle là aussi les Bleus avec les Rouches !

Dites Marcel ... c'est du cynisme, de la naïveté ou l'adhésion nouvelle mouture du radical de gauche que vous êtes ? En tout cas, c'est à l'évidence très loin de l'éthique qu'on nous avait vendu dans toutes les langues voici déjà quelques années.

Écrit par : Tournaisien | mardi, 29 novembre 2011

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Une phrase, une seule, mais de 186 mots...

Ou avez-vous ete a l'ecole ? On ne vous a pas appris a faire simple ?

Écrit par : Equinthe | mercredi, 30 novembre 2011

@Tournaisien : v'la aut' chose ! Et le paragraphe sur l'absence de mesures écologiques, c'était : "À moins bien sûr que la crise ne soit pas aussi systémique qu’on nous le dit, et que nous ne payions en fait déjà le coût de la surproduction mondiale et l’incapacité de la planète à satisfaire les besoins de l’Homme. Mais si c’est le cas, là non plus, les négociateurs n’ont aucune piste pour gérer au moins ce petit bout de terre qu’est la Belgique un tant soit peu correctement."

Sachez que je suis d'accord avec Nollet quand il fustige la suppression de l'ensemble des mesures visant à consommer moins d'énergie.

Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 30 novembre 2011

La politique c'est comme la physique...Action-réaction...Quel sera le prix à payer pour ce magnifique accord ?

Écrit par : benoit | mardi, 29 novembre 2011

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@ Benoît

La vraie question est : Quel sera le prix à payer pour les performances linguistiques folkloriques d'un di Rupo Premier Ministre ? Là, dès lors que l'on parle de prix à payer, se trouve l'une des questions bien réelles. Et croyez-moi, un tel casting, outre qu'il risque de mener plus tôt que prévu à une chute du gouvernement, va entraîner un coût très réel pour les Francophones.

Écrit par : Tournaisien | mardi, 29 novembre 2011

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Je peux naturellement me tromper lourdement, mais je crois qu'il y a un enjeu majeur derrière la tentative de réduire le nombre de ministres francos. Cet enjeu, c'est le poste de la mobilité! HEIN, me direz-vous, mais il faut savoir que, qui a le poste de la mobilité a aussi l'enjeu de l'aéroport de Zaventem et de son plan de 'dispersion' des nuisances sur les francophones. Or, il semblerait que ce problème ait été ou soit en passe d'être réglé dans la négociation. Comment le sera-t-il, par le haut, par le bas, par le milieu, impossible de le savoir avec certitude mais une chose est certaine, c'est qu'un ministre franco veillera à appliquer les accords avec plus de respect et d'honnêteté qu'un ministre flamand comme ceux qui se sont succédés à ce poste depuis près de 10 ans, d'où la tentative possible en diminuant le nombre de postes dévolus aux francos de les faire abandonner ce portefeuille relativement peu attrayant en dehors de ce problème précis.

Un petit mot à Marcel: mes excuses pour le retard à St Gilles, j'avais une activité avant, qui chevauchait (enfin, en tenant compte des trajets)

Écrit par : GO BIG OR GET LOST | mercredi, 30 novembre 2011

Inutile d'ajouter que si ce gouvernement se casse la figure, ce sera le scénario catastrophe.

Écrit par : Tournaisien | mardi, 29 novembre 2011

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@Marcel, félicitation pour ton billet, tjrs un peu long, mais pour une fois j ai pu le lire
d un trait! J ai bcp de remarque, nous allons vers un changement de societé et personne, ou tres peu en parlent. Je te r éecris plus tard.

Écrit par : leluron | mardi, 29 novembre 2011

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Merci Marcel pour cette analyse précise et fouillée que j'attendais.
Dites, vous ne croyez pas que la relance par la consommation, c'est un peu mort depuis qu'elle s'est transformée en prime aux importations venues de Chine fabriquées pour le compte d'entreprises coréennes ? On l'avait déjà expérimentée avec le Japon, dans les années 80. Dès lors, soutenir le pouvoir d'achat des chômeurs et des pauvres ne présente économiquement plus guère d'intérêt.

Écrit par : Bernard (Rouen) | mardi, 29 novembre 2011

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autant les mettre tous au travail gratuitement c'est ça? mais yapa de travail... autant faire l'expérience de les jeter c'est ça? c'est pas biodégradable...
la consommation c'est dépassé, ok la spéculation ça l'est pas encore
}; {)-

Écrit par : Uit'tZuiltje | mardi, 29 novembre 2011

L'économie belge n'étant pas basée sur la production de biens, mais sur les services, l'endroit ou sont produit les biens n'a pas vraiment d'importance.

Écrit par : Nicolas | mercredi, 30 novembre 2011

@Bernard : couper toute capacité de consommation est pire. Même si les produits sont chinois, les importateurs, les revendeurs et les commerçants ne le sont pas…

Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 30 novembre 2011

@Marcel

Merci et proficiat pour ce billet qui explicite avec talent au-dessus de nos ragnagnas linguistiques habituels , notre situation politique et notre façon belgicaine d'avancer de manière inattendue et sans créativité, pour le médiocre ou pour le pire, souvent entre les deux, mais enfin, de ne pas s'arrêter tout de même c'est presque qu'avancer, en tout cas jusqu'à la semaine prochaine...et plus si affinité, enfin tout arrive, élio pourrait trouver une motivation plus sexy que la prime pour réussir son examen de bilinguisme, bdw pourrait s'étrangler avec un super biki trop cuit, la flandre pourrait trouver tout d'un coup que l'anglais c'est mieux que le NL (c'est alors pas que le fdf qui serait mal!), ...

Tournaisien trouve que sa manque d'ecolo dans le casting, moi je trouve plutôt que ça manque de vieux patje, surtout qu'albert-deux, va finir par foutre son flupke-premier au milieu des autres fils-de, élio préfèrera peut-être d'être "DQ" que "papy" finalement...

(9min):
http://www.franceculture.fr/emission-le-journal-de-la-philosophie-contre-le-vide-moral-restaurons-la-social-democratie-l-insoute

bàv

Écrit par : Uit'tZuiltje | mardi, 29 novembre 2011

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Bardaf! Manquait plus qu' ça!
Pas aidé, Elio!

http://www.lesoir.be/regions/liege/2011-11-29/alain-mathot-inculpe-880321.php

Écrit par : Juliette | mardi, 29 novembre 2011

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Pourquoi Papy Marcel s'obstine-t-il à parler des "affres de la séparation" ?

Au stade où nous en sommes, nous n'avons qu'à y gagner!

D'ailleurs, on ne nous propose rien d'autre, à long terme...

Écrit par : Hachiville | mercredi, 30 novembre 2011

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Parce qu'en bon FDF il reste un brave belgicain

Écrit par : benoit | jeudi, 01 décembre 2011

@marcel

pour completer ce qui a ete dit, ce dont vous ne parlez pas c'est que les multinationales payent tres peu d'impots des societes en belgique avec des montages fiscaux, expatriation des benefices dans des societes off-shore. quelqufois elle payent des taux d'impots hallucinants, quelques % au plus. ces grandes societes payent souvent moins que les pme qui n'ont pas acces a ces montages. il est clair qu'une multinationale peut se permettre ces montages avec des armees d'experts fiscaux. ce tabou doit etre levé egalement

Écrit par : kiekefretter | mercredi, 30 novembre 2011

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Cela s'appelle le choix de la voie la moins imposée, et relève, en vérité, de la saine gestion (et c'est au demeurant tout à fait légal).

Écrit par : jester | mercredi, 30 novembre 2011

Et en Belgique, ça l'est encore plus qu'ailleurs car si vous faites ça aux USA, bonjour les dégâts. Le fisc y est beaucoup plus pointilleux que chez nous. On autorise la voie la moins imposée par des montages chez nous mais ailleurs surtout en tant que particulier, vous pouvez être poursuivi en justice et c'est un crime fédéral aux USA d'après une émission de Questions à la une sur les intérêts notionnels et autres possibilités de défiscalisation permises en Belgique.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 30 novembre 2011

@Jester: C'est précisément le problème.
Une loi qui empêcherait toute société de parvenir à un taux d'impôt inférieur à 10% (soit 5 fois moins que le commun des mortels, celui qui produit les bénéfices en question), rendrait le système déjà nettement plus juste et équitable.

Écrit par : Nicolas | jeudi, 01 décembre 2011

Petit pays, petit esprit.
Tellement de tabous, de clivages.
On ne fait que construire des murs avec cette réforme, avec la notice pour le faire exploser.

Écrit par : Arthur | mercredi, 30 novembre 2011

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@ marcel et les autres

http://opinie.deredactie.be/2011/11/30/we-hebben-bijna-een-regering-leve-de-oppositie/

op-ed fort intéressant...

Écrit par : des | mercredi, 30 novembre 2011

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Sanctorum ? Seriously, Des ?

Écrit par : Marcel Sel | mercredi, 30 novembre 2011

we genieten puur van de val

à chacun sont apocalypse

http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-economie-de-quoi-l%E2%80%99europe-est-elle-capable-2011-11-30

(Jorion 47:27min dailymotion)

Écrit par : Uit'tZuiltje | jeudi, 01 décembre 2011

Sanctorum heeft een mening, die prinipieel even waardevol is als die van een ander. Of je het nu graag hebt of niet !

Écrit par : dikkenek | jeudi, 01 décembre 2011

Standard & Poor’s abaisse la note de la Flandre.

L’agence de notation Standard & Poor’s a décidé d’abaisser la dette de la Flandre de AA+ à AA, quelques jours après avoir abaissé la note de la Belgique.

Les flamands te remercient Bart.

http://www.lesoir.be/actualite/economie/2011-11-30/standard-poor-s-abaisse-la-note-de-la-flandre-880649.php

Écrit par : dissy | jeudi, 01 décembre 2011

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Je crains, personnellement, que cela n'amène de l'eau au moulin des nationalistes et autres droites (extrêmes) de Flandre car, et bien entendu (!), et comme le laisse supposer la dépêche de Belga, c'est "la faute de la Belgique"!
Je crains qu'on n'en ait pas fini avec les discours simplistes et manipulateurs...

Écrit par : Juliette | jeudi, 01 décembre 2011

Quelqu'un a déjà parcouru ce livre?

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20111201_00086904

ou bien des commentaires des Nostradamus de cet excellent blog ?

J'en profite pour souligner la pertinence des réflexions de la majorité des intervenants, en plus de celles de M'Sel, et de les remercier d'éclairer ma lanterne. Même si je ne suis pas toujours d'accord, le débat est toujours sain grâce aussi à la vigilante blog-modération.

Écrit par : Phil | jeudi, 01 décembre 2011

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Merci, Phil !

Écrit par : Marcel Sel | jeudi, 01 décembre 2011

@ Marcel,

Merci Marcel pour cette analyse qu'en gros je partage. Les intérêts notionnels sont un scandale à l'échelle de la destruction sociale délibérée par le PS. Le vrai problème est la taxation du travail. Les revenus de location ne sont pas taxables et le revenu cadastral est minime, mais l'employé est taxé à 50%+ et en plus doit financer son loyer. On connaît une pléiade d'exemptions et de déductions qui ne servent à ceux qui peuvent se permettre un consultant. Puis on compense par une politique de gratuité factice comme le train "gratos", le bus "gratos", l'électricité "gratos". Celui où celle qui à une job simple, est célibataire ou divorcé(e) et qui n'a pas de voiture de société ou autres extras est le vrai dindon de la farce. Une politique potemkine à allure Titanic. L'orchestre joue encore mais le navire coule en eau glaciale.

Mais la Belgique est condamnée à perdre du temps et beaucoup d'argent avec le communautaire et l'establishment s'en sert pour rester en selle. Il faut séparer ce pays pour permettre les deux démocraties de jouer l'alternance, pour élaguer les coûts administratifs et pour garantir une stabilité communautaire.

Écrit par : wallimero | jeudi, 01 décembre 2011

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democratie au nord du pays avec BDW à sa tête ??? je pense que vous rêvez sur les intentions de ce monsieur, ... on le voit déjà avec les personnes qui ont "osé" le critiquer, ... vous vous payez un despote au mieux ou un führer au pire, ... Le fait que BDW ait été élu démocratiquement ne fait pas de lui ou de son parti un démocrate, ... loin de là !!

Écrit par : JP_Allonsius | jeudi, 01 décembre 2011

en plus Wallimero, vous ne parlez jamais de la facture du "splitsing" ni pour la flandre, ni pour le reste de la belgique, ...

votre vision n'est économiquement pas réaliste, ...

il existe encore bien des options à discuter pour permettre au mieux le fédéralisme, au pire le confédéralisme, ...


on est loin d'une scission pure et simple du pays et certainement pas selon le tracé de ce que l'on appelle communément la "frontière linguistique" qui n'a rien d'une frontière politique ni economique, ni sociale, ...

Écrit par : JP_Allonsius | jeudi, 01 décembre 2011

@JP Allonsius: et le coût du "rester ensemble", vous le chiffrez à combien ?

Écrit par : benoit | jeudi, 01 décembre 2011

@ Tous

Je suis globalement d'accord avec l'analyse de Wallimero. Là où le bât blesse, c'est dans les conclusions auxquelles il parvient.

L'un des grands scandales dans ce pays est la taxation outrancière sur les revenus du travail alors que, dans le même temps, les revenus mobiliers sont taxés au rabais, et de toute façon au forfait. Le précompte mobilier, sans doute, passera de 15 à 25%, mais ce ne sont encore là que des revenus de l'argent et non des revenus du travail. Quant aux revenus immobiliers, le scandale est encore plus grand. Les marchands de sommeil, que l'on ne poursuit pas en Belgique (la honte des hontes!), se font des couilles en or sur le dos des plus pauvres. Certaines maisons de rapport à Bruxelles, utilisées pour des kots d'étudiants, en comptent jusqu'à une vingtaine. Le calcul est vite fait : des kots de ce type (une dizaine de mètres carrés) se louent jusqu'à 300 euros par mois, sur douze mensualités. Vingt kots à ce prix rapportent 6.000 euros / mois, soit 72.000 euros par an, soit 2.880.000 BEF. Si vous retirez le cadastre, les frais (chauffage, électricité) et les quelques entretiens (généralement au minimum), on arrive à un minimum de 50.000 euros par an, non taxés. Ceci royalement sur le dos des parents dont les étudiants ne peuvent échapper à de tels prix prohibitifs.

60.000 euros par an divisés par douze donne 5.000 euros pas mois, sans rien foutre, en se contentant de suivre sa comptabilité au crible et de poursuivre les éventuels retardataires. Sans compter que ce genre d'usuriers nouvelle mouture se tape très souvent trois à quatre maisons de rapport de ce type. Des couilles en or, qui peuvent facilement s'élever jusqu'à 15 à 20.000 euros par mois, toutes taxes déduites (facilement jusqu'à un demi million par mois), plus qu'un salaire de ministre. Et croyez moi, des gugus dans ce style, à Bruxelles, il y en a pléthore ... qui s'arrangent d'ailleurs entre eux pour maintenir les prix des locations à des plafonds confortables.

Ce que je ne comprends pas dans ce pays "dirigés" par les socialistes c'est comment ce "scandale-là" (pour moi, la plus grande injustice sociale de ce pays), on n'ait jamais cherché à s'y attaquer, bien avant les voitures de société, les revenus mobiliers, etc. qui, à côté de ce racket permanent, n'est que lait de chèvre.

Écrit par : Tournaisien | jeudi, 01 décembre 2011

Le but de certains a toujours été la suppression des impôts pour les plus riches et les multinationales. Le pire c'est qu'on ne peut rien faire d'autres car pour rester "compétitif", nous devons détruire notre système social, ce qui détruira aussi la consommation mais l'enrichissement de quelques-uns mais ça a toujours été le but du système. Et le pire c'est qu'on ne peut rien y faire ... Bah oui pour inverser la tendance un pays tout seul ne peut absolument rien faire. Donc le système doit s'effondrer encore et toujours et les mêmes experts économiques nous amèneront au moyen âge.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 01 décembre 2011

@Wallimero

Deux démocraties? JAMAIS.
Trois ou quatre démocraties peut-être.
L'émancipation des Bruxellois est la meilleure assurance pour la Belgique et son contraire est la voie la plus courte vers la scission.

C'est la raison pour laquelle Bruxelles DOIT être égale aux autres régions, il faut éliminer la parité et supprimer les communautés pour transférer leurs compétences aux régions.

Et vu que la Flandre remet en cause la parité au niveau fédéral, l'argument en faveur de la parité FR/NL au gouvernement bruxellois est donc caduque.

Écrit par : FrancophoneDeFlandre | vendredi, 02 décembre 2011

@Guillaume : ça ressemble à l'analyse de Marx, ça : le capitalisme se détruit régulièrement. Sauf que je ne partage pas ses conclusions. Mais l'analyse, il y a 150 ans, est encore très actuelle.

Écrit par : Marcel Sel | jeudi, 01 décembre 2011

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Je ne suis pas non plus "lutte des classes". Maintenant quand j'ai écouté un Face à l'Info sur le sommet euro-atlantique qui a eu lieu dernièrement avec les plus grands de ce monde avec pour objectif ce genre de choses, aller toujours plus loin dans la compétitivité, dans la réduction des impôts pour les uns, pour une libre concurrence encore plus forte. Ca fait peur ... Avant je ricanais sur les complotistes en tout genre mais là on est face à la réalité de ce genre de décisions prises dans une opacité totale.

Écrit par : Guillaume | vendredi, 02 décembre 2011

@Guillaume : malheureusement, je ne peux pas vous donner tort.

Écrit par : Marcel Sel | vendredi, 02 décembre 2011

Het is ongelooflijk hoe achtergebleven jullie zijn. Met de belastingstarieven in Belgie is het niet Das Kapital dat mij inspireert maar The Road to Serfdom.

Écrit par : Lieven (imbeciel) | vendredi, 02 décembre 2011

Lu sur RTL info :
"A quelques jours de la mise en place d'un nouveau gouvernement, le député N-VA Ben Weyts a déposé une proposition de loi visant à imposer la maîtrise des deux langues nationales à l'ensemble des ministres fédéraux. Il a demandé le traitement en urgence de cette proposition. Pour l'élu de la formation nationaliste flamande, étant donné que les ministres sont rangés constitutionnellement dans la catégorie des fonctionnaires, et que les fonctionnaires fédéraux doivent être bilingues, on peut en attendre autant de la part d'un ministre fédéral."

N'y a-t-il pas trois langues nationales en Belgique ? Monsieur Weyts parle-t-il l'allemand ?

Écrit par : Tournaisien | vendredi, 02 décembre 2011

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Vu le niveau, ils devraient donc avoir une connaissance de type universitaire de la langue et là même des ministres flamands seraient recalés. S'il faut pouvoir avoir une conversation avec n'importe quel flamand, là aucun francophone sauf à habiter en Flandre depuis des années ne pourrait être considéré comme bilingue là où un ministre flamand n'aura que rarement des problèmes à parler avec un agriculteur ardennais s'il maitrise le français.

Écrit par : Guillaume | vendredi, 02 décembre 2011

je pense que Monsieur Weyts devrait être recalé à l'examen sur les compétences en politique, ... mais c'est bien de la veine de la NV-a, FORCER TOUJOURS FORCER, ... et y'en a qui pensent encore que la NV-a est démocratique, ... MDR :-)

Écrit par : JP_Allonsius | vendredi, 02 décembre 2011

@ Benoit, ... 535 jours de négociations avec des flamands qui ne représentent plus que l'idéologie nationaliste, rien de plus.

imaginez un divorce avec partage du patrimoine commun, ... ce n'est déjà ni simple, ni bon marché, ... (surtout quand l'un veut flouer l'autre (ce qui est ici déjà le cas)), ...

mettez cela à l'échelle d'un pays qui historiquement a du dans tous les sens "assister solidairement l'autre" et possède des choses communes, ...

ne m'en veuillez pas mais cela va coûter un max aux communautés, ... et ce n'est même pas que moi qui le dit


alors quoi , ... la Yougoslavie ?? la Tchécoslovaquie ?? demandez donc ce que cela leur a coûté, ... demandez à contrario ce que coûte la réunification de l'Allemagne aux allemands, ... et REFLECHISSEZ !!

Écrit par : JP_Allonsius | vendredi, 02 décembre 2011

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@ tous, ...

vous pensez "pays" alors que le capitalisme pense "monde", ... on ne pèse pas bien lourd face à cette course aux profits au détriment de l'humain, l'europe est devenu le maillon faible, ... nous vivons à crédit tant étatique que personnel, ... n'importe qui peut nous mettre à genoux, ... c'est pourquoi il reste impérieux de ne pas diviser, mais bien de renforcer l'europe socialement et de repenser le capitalisme en jugulant cette course ultra-libérale aux profits...

c'est Elio Di Rupo qui en a parlé e 2009 à l'ULB, ... le problème est de recréer des accords internationaux de type "bretton-wood" alors qu'il y a des accords du genre de celui du GATT qui plombent nos économies, ...

on a fait l'erreur de déshabiller Paul et Inge pour habiller Piotr et Ashwini, ...

Écrit par : JP_Allonsius | vendredi, 02 décembre 2011

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notre petit pays que je nomme souvent en anglais comme "city-sized country" se divise à cause de la mondialisation qui pousse les uns à vouloir trouver en l'autre l'origine de la crise, ... mais à 52 ans, je n'ai jamais connu autre chose que la crise, ... et ce depuis 1973, ...

Écrit par : JP_Allonsius | vendredi, 02 décembre 2011

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Accord bancal, situation pourrie, système vicié, taxation vexatoire

Ce brol institutionnel doit finir maintenant: référendum sur les frontières de la Flandre

A force de se satisfaire de la médiocrité au nom du compromis détricoté aussitôt conclus on arrive à ceci: se réjouir de se sauver in extremis avec un nouveau bricolage bancal et insuffisant arraché aux forceps sous la pression (UE, Standard @ Poors).

L'urgent est réglé. Il faut voir lucidement que la maison est mérulée. Une partie du pays a bloqué le fonctionnement des institutions 480 jours au nom d'obsessions ethnico-linguistiques. Elle a imposé de bizarres priorités intempestives (BHV) en portant une minorité politique au pouvoir.

Le système est totalement vicié: partis politiques régionaux pour des élections nationales, obscurité des enjeux, tractations et coalitions post-électorales fumeuses, administrations redondantes et pléthoriques, services publics faibles pour un niveau de taxation vexatoire et confiscatoire.

Écrit par : EnClair | vendredi, 02 décembre 2011

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y'en a qui rêvent tout haut, ... sur ce blog !

Écrit par : JP_Allonsius | samedi, 03 décembre 2011

@ tous

http://www.nytimes.com/2011/12/02/world/europe/belgium-forms-government-with-elio-di-rupo-as-premier.html?_r=1&scp=1&sq=di%20rupo&st=cse

read the last sentence... Belgian surrealism NY Times style... hilarious...

Écrit par : des | vendredi, 02 décembre 2011

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L'élite francophone dont parle l'article, et les flamingants, ce sont les même.

Écrit par : Nicolas | vendredi, 02 décembre 2011

NEERLANDAIS AU MAROC
Apprendre le Néerlandais pour passer l'examen d'intégration civique et obtenir un visa MVV - Apprendre la langue Néerlandaise Au Maroc pour passer le test d'Integration à l'Ambassade des Pays-Bas - Gsm 0212667459687 Tel/fax : 0537829752
Email : rocketnederlands@yahoo.nl
www.neerlandais.org

Écrit par : annoncerocket | mercredi, 14 décembre 2011

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