samedi, 23 février 2013

La manif de l’hallu finale.

Manif conciliabule.jpgIls marchaient tranquillement au son des pétards (à quoi peuvent bien servir ces pétards ?), presque tous vêtus d’une couche de plastique rouge, vert et parfois bleu. Ils montaient d’un pas lent et lourd le boulevard Botanique avec des banderoles de toutes sortes. Oh, pas des slogans aussi marquants que ceux des Indignados (ou plutôt les Quince de Mayo, là-bas, en Ibérie), mais des choses plus directes. Ils étaient 40.000, ai-je lu ensuite. Quarante mille ! Les anti disent que ce n’est rien. Les pro disent que c’est énorme, surtout si l’on tient compte des autres mouvements de grève, plus ou moins organisés, partout dans le pays. La question n’est d’ailleurs pas de savoir si c’est peu ou beaucoup. C’était une grosse manif, voilà tout. Il suffisait d’y être pour le savoir.


J’ai rarement manifesté parce que je me méfie des mots d’ordre. Ils sont généralement le plus vague possible pour que chacun puisse s’y reconnaître, c’est comme ça qu’on rameute un maximum de gens. Mais jeudi matin, en voyant tous ces visages qui demandaient un avenir, le regard et la provoc bon enfant, j’aurais bien marché avec eux. Non pas parce que je soutiens leurs revendications. Mais simplement parce que marcher pacifiquement avec autant d’autres humains, dans le but de se donner de l’espoir, c’est presque grisant. On doit avoir l’impression de faire quelque chose, d’être dans un mouvement, d’aider la marée humaine à rouler sur le sable d’une crise qui vous brûle les pieds. On doit croire à ce qu’on fait, on est ensemble, il faisait trop froid, il fallait se réchauffer. Ces quarante-mille l’ont fait. Ça, au moins, ils l’ont fait.

 

Les cons cillent, y’a bulle.

Gare du Nord, une heure avant le démarrage, il y avait des conciliabules dans tous les coins, par couleur. Rouge, vert, bleu. Ça parlait de conditions de travail, de comment faire plier le gouvernement, de demain, de l’année prochaine, du travail qu’on aura encore, ou qu’on n’aura plus. De la retraite qui s’éloigne, ou ne vaudra plus rien. Ça parlait d’éviter tout ça. J’ai entendu des simplifications comme : « faisons payer les riches ». C’est qui, « les riches » ? Et même si on pouvait les définir, il y en a parmi ces riches qui paient, et d’autres qui ne paient pas. 

 

Quarante mille, en conciliabules de 5 ou dix, ça fait beaucoup de conciliabules.

 

Ont-ils raison de monter sur Bruxelles, de f… le b… dans les transports publics de la capitale ? On trouvera mille façons de démontrer le contraire. Et mille manières de les insulter. Les idiots ! Les bobos ! Les nullos ! Les socialos ! Les syndicos ! Pourtant, il y avait parmi eux (outre les rouges) des CD&V, des Open VLD, des MR, des CDH. Loin des points de vue de leurs partis, parce que leur vision est celle de la réalité quotidienne. Gagner sa vie. Garder son emploi. Rien à voir avec des Jean-Foutre. Ce qui a défilé hier, c’était une masse de travailleurs. C’était quarante mille fois une travailleuse ou un travailleur. Je les ai vus. 

 

Con-tre courant

Mais je n’ai pas manifesté. Je marchais à contre-courant. C'est bien plus intéressant que de suivre la foule. Et ce que j’ai vu, ce sont des visages familiers. Celui-ci devait être facteur. Celle-là, enseignante. Le gars en bleu, chef de service. La fille en blanc, laborantine. L’homme en rouge, métallo. Forcément, c’était écrit sur sa tunique ! Il n’y avait pas quarante mille manifestants, encore un de ces putain de chiffres qui cachent la qualité intrinsèque, la multiplication à l’infini de revendications honorables. Il y avait quarante mille fois une voisine, un cousin, un père, une mère, une sœur, un frère, un fils, une fille. Mais on demande le chiffre. Rien que le chiffre. « Combien étaient-ils ? » semble être la seule façon dans cette société du quantitatif de mesurer un mouvement de contestation. Et même ce chiffre, quand on le brandit, il perd immédiatement tout sens. Pour l’un, c’est très peu. Seulement quarante mille ? Vous rigolez ! Pfouh ! Une paille. Pour l’autre, c’est le nirvana. Quarante mille, rendez-vous compte ! L’année passée, on était 39.996 ! Dans les deux cas, on passe à côté de la manif elle-même. Quarante mille fois une personne qui défend son travail, les droits acquis, qui réclame un avenir, qui a peur. C’était ça, la manif.

 

Un con, six stances

Intrigué de voir tous ces dossards sans numéros — comment connaître le gagnant, le premier ? — je nage contre le torrent qui monte, je m’agenouille pour prendre des photos, je prends le sens unique, j’observe, je réponds aux sourires des uns et des autres. Tout à coup, je vois arriver une grande banderole du personnel de Colgate-Palmolive Milmort (Herstal). Elle évoque la fermeture prochaine du site. La banderole écrit « 100 % des chercheurs virés ». Je demande à l’une des femmes qui portent le calicot « ça fait combien de personnes » ? Elle m’assène « quarante-neuf ». Elle a la tête qui bouge de bas en haut en me disant ça. Quarante-neuf, rendez-vous compte ! Les quarante-neuf chercheurs, quarante-neuf fois une laborantine ou un laborantin vont être licenciés cette année. Des spécialistes, des qui ont fait des études, des impossibles à recaser. Ou alors, on leur apprendra un métier. Chauffagiste, architecte de réseau, inspecteur sinistre, assistant-sous-plouc-d’expert-comptable-en-environnement-désindustrialisé, technicien(ne) de sur-place. Ils retourneront sur les bancs, ces gros(ses) con(ne)s qui ont osé penser que cinq ou sept ans d’université allaient leur offrir une carrière.  

 

Les calicottiers se sont arrêtés pour que je puisse prendre la photo. C’est leur message, leur détresse, leur colère ; ils me l’ont transmis, je transmets. Des histoires comme celle-là, il n’y en avait pas dix ce jeudi. Il y en avait cent. 


Colgate.jpg

 

Je transmets, mais personne n’est dupe. Ils peuvent bien le promener dans cinquante villes par mois, leur drap souillé par l’industrie aveugle et sourde à la détresse, ils peuvent battre l'asphalte cent jours par mois, ça ne changera rien. En tout cas, pas chez Colgate. Et je lis déjà les critiques dont mes chercheurs feront l’objet, sur Facebook, sur Twitter, sur les forums, à la télé : « Arrêtez, vous gagnez trop, c’est ça, le problème ». « Bande d’idiots, vous ne changerez rien à l’histoire, il faut réduire les salaires, parce que tout est moins cher en Asie ». Qu’en déduire ? Qu’ils ont tort ? Tort de battre le macadam pour tenter d’arrêter la déchéance de l’empire européen ? Mais oui : la déchéance. Le déclin. La fin programmée au sommet de quelques gratte-ciels où des gratte-papiers se grattent la tête pour gratter quelques parts d’un marché qu’ils massacrent par ailleurs. Chaque licenciement est un client perdu, une croissance gâchée, un consommateur de moins. Des multinationales ont décidé que l’Europe était caca. Marché de merde. Avenir crotteux. Alors, c’est partir vite, vendre ailleurs, liquider le continent. 

 

Con-tabilité

Notez que je ne suis pas un adversaire de la mondialisation, mais c’est comme tout. Il y a le qualitatif et le quantitatif. Or, on l’a pensée selon des critères purement quantitatifs. Les chiffres ! Donnez-nous les chiffres ! Il y a vingt ans, on m’a ainsi expliqué qu’il y avait en Inde un marché de classe moyenne équivalent à celui de la France et que l’avenir était là. Chiffre à la con. Il y avait en Europe dix marchés aptes à équivaloir un jour à celui de la France. Pas un. Dix. On les a regardés de haut, méprisés. 

 

Il y a neuf ans, un grand industriel du tissu me tenait carrément un langage d’altermondialiste. Il me disait que le round de Doha de l’OMC (organisation mondiale du commerce), où l’on discutait de la suppression des quotas d’importation chinois revenait à céder à l’Empire du Milieu l’ensemble de notre industrie textile ainsi que celle des pays les plus pauvres. Mon big boss en avait contre Pascal Lamy, socialiste français, commissaire européen, apparemment acquis à la libéralisation totale du libre-échange, qui allait céder à tout, là-bas, à Doha. Et à tout, il céda ! En écoutant l’industriel en question, je me suis un moment demandé s’il n’était pas socialiste, bobo, antimondialiste, toutes ces tares brandies par les néolibs et les néocons — les indignés de néocons. Mais non, c’était un industriel, un patron, de centre droit, mais quelqu’un à qui il ne fallait pas raconter de salades, voilà tout. La mondialisation, ça se calcule, ça se gère, et cet Anglais dans son beau costume de tweed trouvait ridicule, dangereux de se laisser emporter par ce mouvement perçu comme américano-ultralibéral sans réflexion et sans barrières. Il n’a pas été entendu. 

 

Organisation Mondiale du Con-merce.

Début 2005, la suppression des quotas européens imposés par l’OMC faisait bondir les importations de textile chinois en Europe de près de 50 % en un mois ! En Europe, cette année-là, l’emploi dans l’industrie du textile et de l’habillement a chuté de près de 7 %. Et on parle de gestion ! De 2007 à 2011, crise aidant, c’est carrément le quart de l’emploi du secteur qui s’est envolé pour d’autres horizons. Six cent mille postes de travail envolés en fumée. Comme ça. Paf. Ces gens ont-ils mal travaillé ? Les syndicats ont-ils exagéré ? Étaient-ils trop bien payés ? Rien de tout ça. On a simplement signé un accord avec une dictature qui n’a jamais eu pour autre objectif que de croître sans se soucier des autres régions du monde. Ni des plus riches (nous), ni des plus pauvres. En 2005, la Tunisie vendait brutalement 20 % de pièces de vêtements en moins. Effet pervers du mondialisme déraisonné.

 

Il faut dire qu’on nous a vendu la totale libéralisation du libre-échange mondial comme la solution d’avenir. Celle qui aurait enfin raison du protectionnisme, cette plaie immonde dont plus personne ne veut entendre parler depuis les années 80. Bouh ! Que c’est laid, le protectionnisme ! Cachez-moi cette saloperie que je ne saurais voir ! Seulement, voilà. Le protectionnisme, tout le monde le pratique. La différence avec avant, c’est que dès que les caméras arrivent, dès qu’un discours se prépare, on le cache sous le tapis comme une poussière honteuse. Il n’a pas disparu, loin de là. Montebourg en fait. Di Rupo en fait. Cameron en fait. Merkel en fait. Beijing en fait plus encore. Il fait toujours partie de la panoplie de défense économique, en Chine pas moins qu’ailleurs. Je dirais même : en Chine plus qu’ailleurs. Mais il est devenu honteux.

 

À con de gauche, con de droite
Pascal Lamy et les autres gouvernements européens, de gauche comme de droite, se laissèrent totalement charmer par les sirènes de la dérégulation. Et grâce à eux, mes petits marcheurs de ce matin n’ont pas la moindre chance d’être entendus sur le fond du problème, parce que ce n’est pas contre ça qu’ils marchent. Ils marchent pour continuer à travailler, rien de plus. Et comment pourrait-on leur donner tort ? Travailler, vivre, c’est aussi consommer. Toute réduction de salaire réduit la consommation. Toute suppression d’emploi augmente le coût de « l’état providence ». Pour la collectivité. Mais c’est vrai, un chercheur en Inde ou en Chine, ça coûte 15 à 20 fois moins cher. Et face à cette réalité chiffrée, on pourra marcher encore longtemps sans résultat.

 

Car, comme je le disais, l’OMC ne nous a pas libérés du protectionnisme. Elle nous a simplement soumis à de nouveaux protectionnismes. L’Europe importe des produits chinois en masse, moyennant des droits de douane minimaux (mettons 5 % en moyenne). En revanche, elle n’exporte que peu vers la Chine, pour trois raisons fondamentales : d’abord, ses produits y sont trop chers au départ. Non pas parce que nos salariés sont tellement mieux payés, mais parce que le niveau de vie chez nous rend impossible, immoral, le fait de les payer moins (je parle du SMIC). Ensuite, parce qu’il y a bien une préférence nationale chinoise, qui s’exprime au moment de l’achat. Enfin, parce que les droits d’importation en Chine, malgré le soi-disant libre-échange, sont nettement plus élevés (mettons 30 % en moyenne) que les droits européens. Les 25 % de différence entre leurs droits d’entrée et nos droits de sortie constituent une mesure protectionniste qui verrouille le marché chinois. 

 

Con-chin-chine.

En 2009, l’Europe exportait trois fois moins vers la Chine (quelque 37 milliards d’euros) qu’elle n’importait de là-bas (un peu plus de 100 milliards d’euros). Ce que ce chiffre cache, c’est la différence du nombre de travailleurs qu’il faut pour produire l’une et l’autre somme. Les 37 milliards d’exportations européennes permettraient d’employer, mettons, 555.000 personnes. En revanche, les 100 milliards provenant de Chine représentent le travail de… 25 millions de Chinois !* Or, les Chinois ne sont que 2,5 fois plus nombreux que les Européens. Schématiquement, l’on pourrait donc estimer qu’à population égale, nous « employons » 10 millions de Chinois, quand ce même pays emploie à peine 500.000 Européens. Soit 20 fois moins. Protectionnisme.

 

On me rétorquera que les salaires sont moindres en Europe orientale (Tchéquie, Roumanie, Pologne, etc.) Oui, mais voilà. Les plus gros exportateurs vers la Chine sont justement trois des pays où les salaires sont les plus élevés : Allemagne, France, Royaume-Uni. Affirmer qu’il faut réduire les salaires pour mieux concurrencer la Chine ne tient donc pas. C’est même stupide, parce que la logique que cela implique est délirante : pour réellement concurrencer une usine chinoise, il faudrait baisser nos salaires de base de plus de 90 % ! Oh, je sais. On va me dire que ce qui compte, c’est la productivité, mais je suis tranquille : à moyen voire à court terme, les Chinois seront tout à fait capable de nous égaler de ce point de vue là. Mettons que leurs salaires doublent entre-temps, ça ne nous amènera pas moins à devoir envisager une réduction de 80 % de nos salaires. La consommation chuterait aussi, et il suffit de voir ce qu’on se prend sur la tête avec une récession de -0,1 % pour imaginer ce que serait une récession de -80 % ! La dette de la Belgique représenterait alors la bagatelle de 500 % du PIB. Que diriez-vous d’une grosse famine, d’un retour brutal vers un protectionnisme total, de guerres civiles sur tout le continent ? OK. 

 

Con-dominion

Bien sûr, le protectionnisme chinois n’est qu’un des facteurs de notre désemploi. Il y a aussi le coût fiscal ahurissant du plus bas salaire. Et à l’opposé, l’existence d’un véritable paradis fiscal au sein même de notre État. Il y a encore l’argent massivement stocké ou utilisé à des jeux très rentables (pour quelques-uns seulement) sur des produits dérivés — du vent. Face à tout ça, comment peut-on reprocher à des gens qui gagnent 1500 euros net par mois de demander que leur maigre salaire ne se dévalorise pas automatiquement par l’arrêt de l’indexation de leur revenu, quand le top 0,1 % de la société voit ses rentrées augmenter de 50 % en trois ou quatre ans ? Comment peut-on narguer des salariés qui marchent parce que 100 % de leurs collègues se feront licencier cette année ? Comment peut-on à la fois fustiger les « assistés » tombés dans la spirale du chômage et insulter ceux-là qui, justement, demandent à bosser ? Tout en encensant la jet-set si efficace

 

Mes marcheurs n’auront pas gain de cause, parce que le problème dépasse leur microcosme. Il dépasse apparemment même les capacités intellectuelles de la Commission européenne, toujours à chiffrer « les autres » (les États) et à se présenter comme l’idéologue idéal, celle qui a tout compris, tellement si bien tout compris qu’elle précipite aujourd’hui la Grèce ou l’Espagne dans le XIXe siècle, ou les années trente (au choix).

 

Cette dimension mondiale n’est pas non plus la première préoccupation de nos syndicats, ni de nos gouvernements. Du reste, tant qu’on ne se sera pas lancés dans un véritable plan d’harmonisation fiscale en Europe, les inégalités ne feront que s’amplifier. Quelle aberration que le pays le plus enragé pour taxer le moindre métallo soit aussi un véritable paradis fiscal qui aspire les revenus qui devraient être dus, par exemple, à la France ! 

 

Con-clave

Pendant ce temps, le gouvernement Di Rupo nous distille une gentille austérité qui n’empêchera rien, absolument rien, ou pire, qui aggravera la situation. On a vu en Grèce qu’un euro d’austérité coûtait entre 0,9 et 1,7 euro de PIB (la richesse que le pays produit en un an). Ce sont les chiffres du FMI… D’un autre côté, ne pas économiser reviendrait à reporter sur nos enfants nos dettes actuelles, sans garantie d’un meilleur résultat économique. Alors, que faire ? Pour quoi manifester, puisque maintenir nos avantages sociaux dans un monde pareil est voué à l’échec ? Surtout quand on sait que le projet de certaines multinationales est purement et simplement de supprimer tout emploi (pour leur compte) en Europe ? 

 

Eh bien, peut-être que nous pourrions (nous) manifester pour que l’on remette dans nos économies une dose raisonnable de protectionnisme. Non pas un repli sur soi, mais une préférence européenne plus ferme. Nous sommes en train de laisser piller notre économie continentale avec le grand sourire de ceux qui, le cœur sur la main, se sentent fiers d’être aussi libre-échangistes (ceci n’est pas une allusion à DSK). Les capitaux, les emplois, les industries, les entreprises coulent ou fuitent vers l’extrême Est et nous,  complètement à l’ouest, nous marchons dans la rue en demandant à nos gouvernements ce qu’ils ne peuvent plus nous offrir : ils l’ont vendu au nom d’une saine « mondialisation » économique qui s’avère être devenue une spirale infernale que nous payons tous, entreprises, employés, fonctionnaires, et même les actionnaires. Ou devons-nous suivre le chemin d’une Amérique pratiquement aussi endettée que la Grèce qui vous imprime du dollar à la chaîne ? — ça fait évidemment bonne impression !

 

Néo-con.

Le grand malentendu est là. On rue, on marche, on gesticule. On demande au gouvernement des choses qu’il ne peut plus nous offrir. Celui-ci demande à la population des choses qu’elle ne peut plus lui donner, et à l’économie, des miracles. Les entreprises ne sont pas mieux loties. Comme je le disais, chaque licencié est un client perdu. Chaque réduction de salaire est un produit invendu. L’entreprise et le salarié sont intimement liés. La lutte des classes est dépassée, et de loin. On en est convaincu quand un Grec vous raconte qu’il a vu un ancien patron fouiller les poubelles pour y trouver à manger. Nous sommes au contraire tous dans le même sac. 

 

L’État « providence » est ce qui permet de maintenir la paix sociale, et ça bénéficie à tous. C’est aussi un facteur économique, qui répartit la richesse et, surtout, la consommation. Aurait-on oublié que l’État est le premier fournisseur d’emploi et de travail aux entreprises (via notamment les travaux publics) ? Est-il donc devenu si sale qu’on n’ose plus l’intégrer dans le concept d’économie ? Hélas, les néolibéraux (quoi que le terme puisse signifier) continueront longtemps encore de brandir la Chine en exemple absolu de la liberté d’entreprendre. Ah ! la belle croissance que voilà ! Mais ils oublieront qu’en nous montrant du doigt cette réussite-là, ils ne font rien d’autre qu’aduler un régime communiste. Et ce faisant, on peut se demander si finalement, ils ne sont pas plus marxistes que le plus rouge des manifestants de ce jeudi matin.

 

Et ça, finalement, « C’est l’hallu-hu fina-le».

 

*considérant que 60% du produit vendu représente le coût de main d’œuvre, d’une part, et que le coût moyen d’un travailleur européen tourne autour des 40.000 € pour 2.400 € en Chine

17:32 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (28) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

Commentaires

OK

Merci Barroso libre et non faussé!

N'oublions pas le FMI...toujours bon conseiller.

Le Japon et les USA sont en effet très protectionnistes.

Mais l'Europe veut être plus catholique que le pape!
Elle risque d'imploser sous le nationalisme

Écrit par : Salade | samedi, 23 février 2013

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Marcel... Ben oui, en effet, tous les gouvernements sains d'esprit font du protectionnisme au minimum quand les choses sentent le roussi voire plus tôt; sauf que les E-U et la Chine le font plus que nous en Europe. Car en Europe, la grande leçon de ces 30 dernières années c'est que le protectionnisme c'est très mal même à doses modérées... A ce sujet, je vous invite à découvrir le seul Prix "Nobel" d'Economie français (1988), il s'appelle Allais Maurice. Protectionniste et pourtant libéral dans un certain sens. Il s'était fait superbement ignoré depuis ces années 80 et dans son "testament" il fustige entre autre la politique de Pascal Lamy (directeur de l'OMC) qui est autant socialiste que je fais partie d'Al-Qaida. Je vous invite à le découvrir:
http://www.marianne.net/Le-testament-de-Maurice-Allais_a198475.html

En fait, l'Europe a une énorme responsabilité dans la situation actuelle. Et ce n'est pas une faute socialiste, ni une faute libérale, ni une faute socio-chrétienne, c'est une erreur dans le "disque dur" européen, dans ses traités. Allais a plusieurs fois affirmé que l'Europe avait été mal construite avec son marché unique et sa monnaie unique. Car pour lui un marché et une monnaie unique ne peuvent fonctionner que dans une zone où les économies sont plus ou moins équivalentes. Ainsi pour lui, il aurait fallu regrouper les pays de l'Europe en 3 ou 4 zones différentes à l'intérieur desquelles on peut mettre des monnaies uniques et des marchés libres entre les pays concernés, ce qui aboutirait donc à 3 ou 4 marchés libres européens et 3 ou 4 monnaies uniques européennes. Simple bon sens en fait. Par conséquent c'est tout le dogmatisme de nos dirigeants et de nos journalistes "quatremeristes" qui est explicitement récusé. C'est pourquoi je ne crois plus depuis un petit temps à une solution dans le carde européen. Tous les modérés ont décidé de s'aveugler. Ils l'ont dit: ils défendront la monnaie unique jusqu'à la mort...

Je suis désolé mais la construction de l'Europe économique a été et est une abérration, il faut bien voir que ce qui l'a fait tenir debout c'est une volonté politique dogmatique. Je dis bien dogmatique car les faits ont beau démontrer que cela ne marche pas, on continue dans la même voie. Les faits finiront bien par se plier à notre idée: n'est-ce pas là une manière de penser typiquement dogmatique? La zone euro actuelle est vouée à l'échec et que cela soit cette année ou dans 5 ans, elle finira heureusement soit par s'effondrer soit par se restructurer autour d'un nombre restreint de pays. Et contrairement à ce que nous disent les agitateurs de chaos, pour un certain nombre de pays cela sera bénéfique (pas la première ou les deux premières années bien entendu, mais après oui). Des pays du genre: Grèce, Espagne, Portugal, Italie et je dirais aussi la France...

Mais on ne change pas une équipe qui perd: pas plus tard que l'autre jour, on nous a annoncé la volonté américaine de fonder avec l'Europe un grand marché libre. Fantastique. Puisque cela ne marche pas à l'échelle européenne, on va encore agrandir l'échelle. C'est exactement ce que je disais à Marcel il y a quelques semaines. L'idée pour le monde de demain, c'est une gouvernance mondiale, globale et pour y arriver il va falloir construire de très grands blocs, dont l'Etasunien-Europpéen représentant 40% du PIB environ (et avec une monnaie unique à terme remplaçant le dollar et l'euro). Evidemment cela causera une balkanisation de l'Europe car les nations sont rentrées dans un processus d'évaporation comme le dirait De Wever à l'échelle belge. Or quand c'est De Wever qui le dit, on l'attaque sous prétexte que la Belgique ne peut pas disparaître par évaporation, mais seulement par destruction de ses structures. Ben, c'est la même chose à l'échelle européenne: on détruit volontairement et par idéologie globaliste désincarnée les nations. Dans ce sens, le projet des élites globalistes occidentales fait davantage le jeu de De Wever que celui d'un vrai socialiste. Une Europe qui pour finir a eu le culot l'autre jour - car elle n'hésite plus à bafouer la souveraineté des peuples - de mettre en garde les électeurs italiens des graves conséquences s'ils votaient pour Berlusconi. Prenez-le pour dit: tous les opposants à la zone euro et/ou tous ceux qui pourraient déstabiliser l'Europe telle que voulue par nos élites seront discrédités. Allez, circulez, y a rien à voir...

Écrit par : Yoël | samedi, 23 février 2013

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Bel article, « straight to the point ». Qui renvoie nos chers problèmes communautaires là où ils devraient être : à l'arrière-plan.

Le vrai problème de la mondialisation, il est là en effet : dans la libéralisation incontrôlée qui nous prive petit à petit de nos moyens de subsistance sans qu'on puisse y faire quoi que ce soit.

Écrit par : Franck Pastor | dimanche, 24 février 2013

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J'ai un peu de mal ce matin...
que faut il comprendre par "On a vu en Grèce qu’un euro d’austérité coûtait entre 0,9 et 1,7 euro de PIB" ? Peut on remplacer "austérité" par "récession" pour faire simple?
Pour le reste... Merci ;-)

Écrit par : Philippe | dimanche, 24 février 2013

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merci

(la con ique)

Écrit par : monteyne | dimanche, 24 février 2013

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La Chine est le diable, mais elle s'en sort, sans crier "justice, justice", mais sans douter non plus que les jours du PC sont comptés. Et le Brésil, qui produit les nouveaux iPad, ce sont des esclavagistes ? et l'Afrique dont certains pays connaissent une croissance à deux chiffres ?

Écrit par : Pfff | dimanche, 24 février 2013

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"et l'Afrique dont certains pays connaissent une croissance à deux chiffres ?"

par exemple le rwanda, grâce au dépecage des gens et du sol au congo... (l'esclavage a moins d'avenir au brésil effectivement)

Écrit par : Uit'tZuiltje | lundi, 25 février 2013

Il n'y a pas que le Rwanda, et, même au Congo, on assiste à l'émergence d'un capitalisme, avec une bourse.

Écrit par : Pfff | lundi, 25 février 2013

"L’État « providence » est ce qui permet de maintenir la paix sociale, et ça bénéficie à tous. C’est aussi un facteur économique, qui répartit la richesse et, surtout, la consommation. Aurait-on oublié que l’État est le premier fournisseur d’emploi et de travail aux entreprises (via notamment les travaux publics) ?"

Bien entendu, on peut continuer à dépenser plus que ce que l'on est en mesure de rembourser. On peut s'en remettre à la pensée magique et au multiplicateur keynésien, et négliger le fait que l'argent qui sert à payer cette dépense somptuaire sort de la poche des travailleurs (pauvres) de Belgique, puisque, en dehors de quelques déclarations épisodiques, indignées, puériles et qui sonnent faux, on peut toujours compter sur les socialistes pour se coucher devant le Grand Capital. Mais il ne faudra pas se plaindre après.

Écrit par : Pfff | dimanche, 24 février 2013

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Pfff : je dis simplement que les gens qui présentent l'État comme une horreur dépensière oublient aussi sa fonction économique.

Écrit par : Marcel Sel | dimanche, 24 février 2013

Mais la question est de savoir si l'État providence profite à tous. Or il profite surtout à ce qui reste des classes moyennes (cadres et cadres sup), à la génération des baby boomers et aux fonctionnaires. Il ne profite pas aux travailleurs pauvres, qu'il gruge deux fois, la première en confiscant la moitié de leurs salaires, la deuxième, en multipliant le coût de leur emploi par deux. Oui, le coût du travail à explose en Belgique, même si on le compare seulement avec le reste de l'Europe. Oui, le taux de chômage, singulièrement celui des plus faibles sociologiquement et économiquement, est en grande partie du à cet explosion des coûts du travail. Et oui, le responsable, c'est l'État, et pas le grand méchant libéralisme, capitalisme ou la mondialisation : la décennie 80 a été celle de l'explosion de la fonction publique, sur base idéologique (les salaires des fonctionnaires nous seront rendu au centuple via la consommation), les années 90 et 2000 ont été deux décennies perdues pour la réduction de la fonction publique et une meilleure allocation des ressources (qu'on m'epargne le refrain sur l'infirmière et l'enseignante). Le remède, ce n'est pas de manger un poil du chien qui vous a mordu. Mais de regarder la vérité en face et de se demander comment on peut réduire cette fonction publique.

Écrit par : Pfff | dimanche, 24 février 2013

Notons que la régionalisation va faire exploser les coûts de la fonction publique, en Flandre comme en Wallonie : les salaires et les coûts des fonctionnaires régionaux étant bien plus élevés que ceux des fonctionnaires fédéraux ...

Mais pourquoi s'inquiéter pour si peu, il y en a qui peuvent payer, comme le disent si élégament Elio Di Rupo et Karl Lagerfeld.

Écrit par : Pfff | lundi, 25 février 2013

Jeudi, j’étais au centre ville pendant le temps de midi, c’était réjouissant de voir tant de gens, il y en avait aussi pas mal dans les cafés et se fût l’occasion de pas mal d’échanges, les gens en ont marre, ils réfléchissent, ya beaucoup de slogans, mais ils valent bien ceux du camp d'en face

je me suis délesté auprès d’une rencontre de l’exemplaire d’«indignés de cons» que m’avait rendu un de mes collègues au matin, sorry ça fera au moins 3 lecteurs sur un seul bouquin, c’est pas bon pour votre commerce çà… mais c’est pour la bonne cause, et je n’en ai pas encore vu "idc" au pêle-mêle

j’ai été scié de voir tout le monde en k-way de couleur rouge vert bleu, (quelle était la couleur du votre, Marcel ? l'avez-vous reçu gratis?)…
k-way made in […] ? poser la question c’est y répondre, y a-t’il un seul k-way cousu en Belgique depuis une génération…
finalement mohandas karamchand G. , avec son gros lange et son petit fuseau, protestait contre le fait qu’au pays du coton on était pas foutu d’avoir un bout de tissus qui ne vienne pas d’angleterre… ça pousse où déjà le polyester ? :^)

c’était une grosse manif «qui renvoie nos chers problèmes communautaires là où ils devraient être : à l'arrière-plan» comme dit avec raison Franck P plus haut, c’était frappant d’entendre les langues et accents de Belgique pour demander des comptes à l’État sur son rôle.

Écrit par : Uit'tZuiltje | lundi, 25 février 2013

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@Zuiltje : l'important n'est pas mon chiffre de ventes, mais que le bouquin soit lu par le plus grand nombre. Tant pis pour moi :-)

Ensuite, je n'avais pas de k-way, je portais ma veste made in Italy (pas trouvé de veste made in Greece hélas ou plutôt hellas). J'observais, je ne manifestais pas. Moi, ma manifestation, je la mène tout seul (quoique pas vraiment, Karine Quarant-Schmidt m'aide, et bien d'autres me soutiennent, ou plutôt soutiennent mes idées, ce qui est évidemment beaucoup mieux) dans mes écrits et quelquefois les médias :-)

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 25 février 2013

Pourquoi ne pas mener une manifestation contre l'austérité le week-end et par exemple un dimanche.

Pour permettre à celles et ceux qui travaillent et ne sont pas payés par les syndicats de venir participer ;

Pour permettre aux indépendants durement touchés par les plans d'austérité d'également sortir dans la rue.

Cette manifestation de 40.000 syndicalistes est un point de vue ; dommage qu'on ne représente pas mieux celles et ceux qui contribuent à la "richesse" de ce pays.

Écrit par : Michael | lundi, 25 février 2013

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La mondialisation, c'est ce qui a permis aux plus pauvres de se nourrir et de se vêtir à peu de frais, quand le coût de tout le reste (immobilier, énergie, télécommunications, services) explosait. Le protectionisme sert toujours des corporations au détriment de la société dans son ensemble.
Ce qui m'inquiète, c'est la débacle de notre système éducatif. Une réindustrialisation est possible, la plupart des biens de consommations seront élaborés à l'aide de robots, et les coûts de transport favorisent la production locale, à la demande. La part de la robotique dans la construction ne cesse de croître et nous avons l'Allemagne à la pointe de ce secteur, qui peut contribuer à cette réindustrialisation. L'Europe pourrait même bénéficier d'un saut technologique, pour peu qu'elle s'engage dans cette voie. Il faut être prêt à relever le défi. Se plaindre ne résoudra rien et personne ne nous aidera, sauf nous, les européens.

Écrit par : Pfff | lundi, 25 février 2013

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@Pfff : marrant. Les inégalités sociales se sont aggravées depuis le dernier round de l'OMC. Mais les pauvres s'habillent moins cher ! Tu parles, Charles !

Quant à la robotisation, elle n'a jamais profité à l'employé, mais uniquement à l'entreprise. Penser que c'est une solution sociale est tout simplement utopiste.

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 25 février 2013

"Les inégalités sociales se sont aggravées depuis le dernier round de l'OMC."

Qu'est-ce qu'une inégalité sociale ? Quelle partie de la population compare-t-on avec quelle autre ? Le coût de l'inégalité sociale, je ne le nie pas. Mais, à rebours des idées recues et des fausses évidences (je pourrais reprendre votre phrase "Les inégalités sociales se sont aggravées depuis le changement de calendrier Maya."), n'est-ce pas dans les pays où l'endettement de l'État n'est pas maîtrisé que les citoyens se retrouvent pieds et poings liés à la gabegie de l'État et dans les mains de leurs créanciers : l'endettement de l'État profite aux plus riches et ce sont les plus pauvres qui le paient, par l'impôt et/ou l'inflation. L'inégalité sociale devient alors structurante et un piège auquel le citoyen n'a plus les moyens de s'opposer (même mentalement, à ce qu'il semble).

"Quant à la robotisation, elle n'a jamais profité à l'employé, mais uniquement à l'entreprise."

Entre luddite et libéral de gauche, il va falloir choisir, cher Marcel.

"Penser que c'est une solution sociale est tout simplement utopiste."

La création de valeur, au sein d'une société, est le fait quasi-exclusif des entreprises. La croissance repose essentiellement sur les gains de productivité, fruit du progrès technique. Le problème principal de notre économie, selon Kasparov, un libéral de gauche, est la faiblesse des gains de productivité réalisés ces dernières décénies, due à la faiblesse des améliorations techniques, elle-même tributaires de l'absence de découverte scientifique fondamentale sur la même période. Non seulement, c'est une solution sociale, mais en plus, il n'y en a pas d'autre.

Écrit par : Pfff | lundi, 25 février 2013

@Pfff : http://www.inegalites.fr/spip.php?article270 . C'est à partir de 2005 que la hause de la pauvreté en France (loin d'être championne) remonte. Il en va de même pour les revenus de la classe moyenne qui se mettent à baisser. L'OMC n'est pas le seul responsable, mais s'il a eu un effet positif, ce n'est pas à ce moment-là. De plus, évolution néolibérale aidaint, depuis 2002, seuls les 1% les plus riches voient leurs revenus augmenter sérieusement. Difficile, Pfff, de nier l'évidence. Les Mayas n'y sont pour rien, la spectaculaire baisse de la pauvreté a bien existé.

Ensuite, la robotisation, tout comme l'OMC et bien d'autres chimères ne profite qu'à l'entreprise parce que c'est elle qui redistribue ou non ses revenus, et je la vois mal redistribuer ses revenus à des gens qui n'y travaillent plus dès lors qu'ils ont été remplacés par… ben tiens, des robots.

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 25 février 2013

« La création de valeur, au sein d'une société, est le fait quasi-exclusif des entreprises. »

Voici un mantra passionnant, si l’on est en plus fasciné par l’idole magique d’une croissance à deux chiffres, voilà de quoi protéger les gens ne vivant pas de leur travail mais de leur finance de toute participation au système de répartition de l’austérité…
(ok la prédation, ça pompe assez d'energie au prédateur que pour appeller ça aussi du "travail")

« La création de valeur » est déjà en soi tout un joli poème…
Ya ceux qui savent ce que c’est que l’ «entreprise», contre tous les autres aux «déclarations épisodiques, indignées, puériles et qui sonnent faux»…

de quoi parle-t-on, n’est-ce pas les rendements exigés qui tue l’entreprise plutôt que celui qui appuie même bêtement au bon moment sur le petit bouton du dernier saut technologique…

Écrit par : Uit'tZuiltje | lundi, 25 février 2013

@Zuiltje : et j'avais oublié de répondre à cette absurdité. entre 60% et 70% du coût de l'entreprise va aux salariés. Ceci signifie qu'en réalité, la création de valeur provient seulement de quelque 30 à 40%de l'entreprise et si l'on compte les sous-traitants, entre 5 et 10% serait plus raisonnable. On peut aussi considérer le capital comme étant relatif à la création de valeur, ou alors le travail du patron. Je sais, je caricature, mais vu la caricature grotesque que Pfff nous envoie, c'est bien le moin s:^)

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 25 février 2013

"De plus, évolution néolibérale aidaint, depuis 2002, seuls les 1% les plus riches voient leurs revenus augmenter sérieusement. Difficile, Pfff, de nier l'évidence."

Je vous l'ai dit, le coût de l'inégalité, je ne le nie pas : mais plutôt que de se plaindre, il faut voir 1. si nous pouvons y changer ququchose 2. si oui, comment ? 3. si non, comment faire pour faire croître les revenus des autres, toutes choses étant égales par ailleurs.

Je ne suis pas du tout certain que cette évolution soit néo-libérale, je la vois surtout se développer dans des États ultra-endettés, et donc affaiblis face aux intérêts particuliers, dans un contexte de mondialisation. Si il y a bien quelque chose à renégocier, c'est la place des paradis fiscaux dans l'OMC et, en vertu du fait que l'on ne doit pas être obligé de courir des risques que l'on refuse, la séparation entre les banques de dépôts et celles d'investissement et d'affaires, telle qu'elle a été pratiquée aux États-Unis entre 1929 et 1999 (Crise->Clinton). Sinon, les banques too big to fail font courir à la société un risque permanent et non circonscrit : there's no end to the cost. Et les faillites-renflouages bancaires pourraient bien devenir la meilleure des combines spéculatives à l'avenir.

Ce qui a rendu la crise de 29 infiniment plus douloureuse que celle-ci : l'action des États, qui ont eu recours au protectionisme, ce qui a provoqué une récession mondiale, dont les effets se sont fait sentir le plus durement sur les plus pauvres, parce que cette récession a été suivie par une guerre des dévaluations, (encore le fait des États, après que ceux-ci aient aggravé la crise du crédit en refusant de rétablir la confiance en renflouant les établissements de crédits), qui a produit une inflation galopante dans certains pays.

"Ensuite, la robotisation, tout comme l'OMC et bien d'autres chimères"

La robotisation n'est pas une chimère, de même que les nanotechnologies, et les biotechnologies (Charleroi est bien placée pour être l'Eldorado des biotechnologies : fait du Prince, dans un environement hautement non-compétitif ; prions pour que cela fonctionne - comme disait la vache folle (spéciale dédicace pour Uit)).

"l'entreprise parce que c'est elle qui redistribue ou non ses revenus, et je la vois mal redistribuer ses revenus à des gens qui n'y travaillent plus dès lors qu'ils ont été remplacés par… ben tiens, des robots."

Ce n'est pas neuf ; la redistribution des revenus dépend de différents facteurs, la lutte syndicale est nécessaire, les bénéfices issus des gains de productivité aussi.

Écrit par : Pfff | lundi, 25 février 2013

"et j'avais oublié de répondre à cette absurdité. entre 60% et 70% du coût de l'entreprise va aux salariés."

Euh, où ai-je dis cela ?

Écrit par : Pfff | lundi, 25 février 2013

Marcel,

Je ne suis pas d'accord avec toi. Les problèmes communautaires belges sont de TRES loin plus important que tout cela. En effet, si tel n'était pas le cas, pourquoi aurions nous bloqué la constitution d'un gouvernement, BHV, etc...
Nos problèmes linguistiques sont une priorité. Le reste, on s'en fout !!

Ou alors j'aurais mal compris ?


PS : J'ai bien aimé ton apparition dans "On n'est pas des pigeons" ;). Ca m'a donné envie d'acheter le livre !

Écrit par : André | lundi, 25 février 2013

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@André : merci. Je n'ai pas dit que les problèmes communautaires n'étaient pas importants, c'est même un verrou à faire sauter le plus rapidement possible. Mais ils cachent un autre verrou bien plus prosaïque, et une situation sociale difficile aussi bien en Flandre qu'en Wallonie, ou à Bruxelles (si ce n'est pire à Bruxelles).

Écrit par : Marcel Sel | lundi, 25 février 2013

Sous toutes les latitudes et à travers toutes les époques, les femmes constituent le socle de la société.
Ce sont les femmes qui changent les choses . Leur influence est lente mais déterminante comme le changement climatique.
Elles ont toujours le dernier mot, comme la nature.

Écrit par : 7XU | lundi, 25 février 2013

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La mondialisation me paraît inévitable. A moins que chaque entité ne se replie sur elle-même et vise l'autarcie. Très improbable.
Ceci dit, la mondialisation a ceci de positif qu'elle a sorti des milliards de personnes de la pauvreté la plus abjecte, en Chine et en Inde notamment (tout en les maintenant souvent dans une low/middle class peu enviable).
Peut-être faudrait-il se rappeler de ces effets très positifs de la mondialisation. Mais cela impliquerait de rgarder au-delà de sa paroisse.
Si la mondialisation est inévitable, elle implique une concurrence violente (en effet) que nous ne pourrons soutenir que par la recherche, l'éducation et l'envie de se battre, de créer, d'innover.
J'ai peur des gouvernements qui scorent bas en termes d'éducation, de recherche et qui s'en prennent à l'entreprenariat. Vous voyez à qui je pense.
Ceux qui prônent mordicus la protection des acquis sociaux me font penser à ces dessins animés où un coyote, entraîné par son propre élan, court au-dessus du vide, inconscient du fait qu'il n'est plus sur la terre ferme.
La Belgique est, je crois, ce coyote. Sa vision est faussée par des années de vaches grasses pré-mondialisation, lesquelles ont permis aux belges d'accumuler de vastes richesses (the Belgian dentist). Elles amortissent les chocs mais ne sont pas inépuisables.
Les Allemands, par exemple, ont compris qu'ils courraient sur le vide et que le monde avait changé.
En un mot, dans un monde de concurrence, il faut être concurrentiel.
(Certains pourraient être tentés de mettre fin à ce monde concurrentiel, qui s'appelle capitalisme, en très gros. Mais malheureusement, c'est un de ces systèmes où ils faut s'arrêter tous ensemble où pas du tout. J'ajouterais que, dans l'histoire du monde, qui a toujours été une histoire de terrible pauvreté, c'est le capitalisme et la révolution industrielle qui ont réussi à changer la donne. C'est sans doute le moins mauvais sytème.)
Un chouillat simpliste, je sais...

Écrit par : serge | lundi, 25 février 2013

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