jeudi, 06 février 2014

N-VA, des projections qui tranchent dans Le Vif.

interrupte.jpgLe Vif publie aujourd’hui un article intitulé «La N-VA triomphe en Flandre et parade toujours à la chambre». Un titre un peu nostradamussien, suivi d’une intro un rien — comment dire — footballistique : «Le parti nationaliste devrait exploser au parlement flamand et progresser au fédéral en mai prochain. Le CD&V se maintiendrait. Voici les pronostics de Nicolas Bouteca, politologue à Gand, pour Le Vif-L’Express.» Bon. Nous avons donc des pronostics sur le résultat des élections… et en nombre de sièges, s'il vous plaît ! Dans le corps de l’article, Olivier Mouton précise toutefois que «ces conclusions sont à prendre avec des pincettes». Ouf ! On a cru un moment que les dés étaient jetés… 


N’empêche, la projection en siège qui suit donne l’impression d’un savant calcul plus proche de l’horoscope que de la politologie : la N-VA «conforte son statut de premier parti» avec deux sièges de plus (à 29). Cet après-midi, sur Twitter, certains se basaient déjà sur cet exercice de style pour constater que les partis traditionnels flamands avaient… la majorité. Eh ! Euh… ! Wait ! reformulons : «les partis traditionnels flamands auraient la majorité si et seulement si cette répartition de sièges qui tient plus du vogelpik que de l’analyse se confirmait». 

Déjà, se baser sur des sondages (ce qu’on doit pouvoir faire, mais toujours avec de grosses, énormes réserves) ne remplace pas ce geste fort, unique et imprévisible de l’électeur, celui où il choisit son représentant. Il est rare de pouvoir le prédire avec un tant soit peu d’exactitude — deux sondages paraissant la même semaine donnent quelquefois de 10 à 20 % de différence pour une même liste, ce qui provoque à chaque fois mon hilarité à la lecture du «taux d’erreur» donné aux environs de 3 % ! Le sondage IPSOS - RTL-TVI/Le Soir de juin 2012 donnait la N-VA à 36,6 % et, selon qu’on intègre le résultat bruxellois ou pas, elle n’a obtenu que 27,5 ou 28 % aux provinciales d’octobre de la même année (4 mois) ! Près d’un tiers en moins. Mais Nicolas Bouteca, lui, vous fait une projection à 3 mois où la N-VA prend 2 sièges. Pas 3, pas 1, pas 4, pas zéro… Deux ! Je crois que nous tenons un prix Nobel de la projection politique. À égalité avec ceux qui, en France, avaient prédit la victoire de Balladur en 1995 (Arielle Chabot ayant même demandé publiquement à Chirac de renoncer tant il allait évidemment perdre — la palme de la faute journalistique de cette année-là) ou de ceux qui certifiaient que Ségolène Royal serait présidente en 2007. Bien sûr, c’est un scrutin majoritaire. N’empêche, cela montre que les prévisions, même à un mois près, ça n’est que des exercices de style.

En revanche, ce qui est intéressant, c’est de proposer des scénarios plausibles et d’en tirer les leçons qui peuvent éclairer l’électeur ou, mettons, le citoyen. Et voici ce que je retiens de mes «études» sur la N-VA. C’est un parti indépendantiste (Ben Weyts l’a bien répété au cours du dernier congrès) qui passe son temps à encourager les autres (Basques, Catalans, Écossais), allant jusqu’à se demander laquelle des quatre régions accèdera au Graal de l’autonomie totale en premier. Le confédéralisme n’est qu’un moyen de parvenir à cette indépendance. Hormis pour Bruxelles, le programme N-VA est d’ailleurs plus proche du vrai confédéralisme (deux États séparés partageant le minimum de prérogatives, sans réel gouvernement ni parlement central) que tout ce dont les plus confédéralistes du CD&V ont jamais osé rêver. Or, un tel confédéralisme est inacceptable pour les Francophones et pour la plupart des autres partis flamands. Or aussi, la N-VA ne montera pas dans un gouvernement qui ne prendra pas des mesures radicalement confédéralisantes. Et comme les Flamands ne veulent pas d’une république de Flandre (vous avez remarqué que tous les partis indépendantistes prévoient un référendum populaire sauf la N-VA ?), pour arriver à l’indépendance, son meilleur atout est le pourrissement de l’État. Autrement dit, parvenir à forcer les partis francophones à accepter de briser tous leurs tabous pour se diriger vers cette non-Belgique inscrite désormais clairement dans le programme de la N-VA. Les 540 jours n’étaient qu’une répétition générale et Bart De Wever a beau affirmer qu’il ne recommencera pas, tous les éléments sont en place pour qu’on aille plus loin encore. Il ne s’agit plus de scinder BHV cette fois, mais de signer la fin du pays.

Mais en mai, il y a un mais (heureusement). Car pour parvenir à pousser les Francophones dans un coin aussi extrême, la N-VA a besoin d’être incontournable au gouvernement dans l’esprit des Flamands. Et pour cela, il faut qu’une majorité flamande sans elle soit impossible au niveau fédéral. Ça peut se jouer à un siège. Cela ne dépend pas seulement du score de la N-VA, d’ailleurs. Si elle a réussi à mettre les trois principaux partis traditionnels flamands en minorité en 2010, c’est parce qu’à cette époque, le Vlaams Belang avait 11 sièges, et LDD, 1. Avec les 27 sièges de la N-VA, on était à 39 sièges, approchant les 44 sièges, soit la moitié des députés néerlandophones à la chambre (88). Comme une quadripartite est exclue en Flandre, les 5 sièges de Groen s’ajoutaient à la balance. 

Depuis la scission de BHV, les partis flamands risquent de ne plus avoir de siège à Bruxelles. Il n’y aurait donc plus que 86 à 87 sièges néerlandophones. La majorité qualifiée passe donc  de 45 à 44 sièges, probablement perdus par un ou deux partis traditionnels. Avantage à la N-VA. Sauf qu’en ratatinant le Vlaams Belang pour avoir habilement joué dans sa cour, la N-VA a aussi affaibli le camp nationaliste. Autrement dit, la N-VA doit gagner plus de points que n’en auront perdus les partis «non-gouvernementables» que sont le VB et LDD. 

Je pense qu’il est plus facile de «faire» 39 sièges à 3 qu’à un et demi (LDD ayant sombré). Autrement dit, si la N-VA faisait jeu égal avec les fédérales de 2010 et les provinciales de 2012, elle ne disposerait pas de suffisamment de «contre-sièges» pour empêcher un gouvernement traditionnel de se former. Or, rien ne permet aujourd’hui d’affirmer qu’elle fera mieux qu’en 2010. On me répondra que rien ne permet d’affirmer le contraire non plus, c’est vrai. Mais dans ce cas, nous savons que pour bloquer la formation d’un gouvernement sans elle, elle doit, avec le Vlaams Belang, totaliser 44 sièges (même si elle est difficile à mettre en place, choisir entre une quadripartite avec Groen et la fin du pays est un non-choix, même pour le CD&V). Et ça, c’est beaucoup. Si elle n’y parvient pas, il lui restera la possibilité de f… le b… à partir du gouvernement flamand où elle a de fortes chances d’être le premier parti. Mais pas plus. Si elle met trop systématiquement le souk, elle risque de perdre des plumes aux élections suivantes.  

Mais si la N-VA parvient, avec le VB, à récolter 44 sièges, accrochez-vous, ça pourrait secouer plus encore qu’en 2010. Mais voilà, c’est tout ce que l’on peut prédire des élections de mai 2014 : en gros, on sait plus ou moins ce qui pourrait arriver si tous les partis suivent leur logique. Mais on sait aussi qu’on ne sait pas de quoi le matin du 26 mai de cette année sera fait. Suspense. C’est même à se demander si Hitchock vivant aujourd’hui, ne choisirait pas la nationalité belge. Parce que pour se faire peur et créer des situations de tension, faut bien reconnaître que le prix Nobel, c’est nous !

18:36 Publié dans Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (16) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

Commentaires

En regardant uniquement l'éléctorat flamand:
Après les éléctions de 1995 Dehaene forme son deuxième gouvernement avec une coalition CVP-SP avec 49 sièges (CDV: 29 et SP: 20)
En 1999, après la crise de dioxine, il perd les élections: sa coalition perd 13 sièges (CVP: 22 et SP: 14) une perte sèche de 33%. Verhofstadt gagne les éléctions et forme un gouvernement OVLD-SPa-Agalev qui compte 46 sièges.
En 2003, ce gouvernement recolte 48 sièges pendant les éléctions, mais Agalev trinque: OVLD:25 -SPa:23 (Agalev: 0) (N-VA: 1 siège). Une belle montée du gouvernement sortant: 5%.
En 2007, le gouvernement Verhofstadt perd les éléctions: sa coalition n'a que 32 sièges, une perte de 33%. Leterme avec beaucoup de péripéties réussit enfin de former un gouvernement (Leterme 2) avec l'Open VLD, mais sans son partenaire N-VA qui a obtenu 7 sièges: (CD&V: 23 sièges et OVLD: 18 sièges; au total 41 sièges.
2010: Leterme perd les éléctions: sa coalition n'a plus que 30 sièges (CD&V:17; Open VLD: 13) Une perte de 25%.
Apparait le gouvernement Di Rupo qui rassemble 43 sièges du côté flamand (CD&V:17, Open VLD: 13, SPa: 13) La N-VA récolte 27 sièges.

Bon, après tous ces chiffres, que peut-on conclure? Les Flamands ne sont pas tendres pour les gouvernements qui ne leur plaisent pas. Pertes de 33% (2fois) et de 25% (une fois).
Et là, justement j'ai des problèmes avec le pronostic de monsieur Bouteca parce qu'il ne donne aucune perte de sièges pour les partis flamands sortant du gouvernement Di Rupo. Ce gouvernement n'est quand-même pas très apprécie du côté flamand, vu les sondages.

Il n'est pas impossible que les partis flamands du gvt Ri Rupo perdent environ entre 15% et 25% de leurs sièges, donc entre 6 à 10 sièges. Ce qui devrait faire profiter à la N-VA, qui en plus continuera a bouffer le Vlaams Belang et les restes de LDD, les parties de gauche (Groen! et PVDA) en profiteront également, bienque le seuil des 5% obligatoire compliquera la manoeuvre pour le PVDA.

Personnellement je vois la N-VA atteindre 35 sièges (+8 sièges) et le Vlaams Belang 8 sièges (- 3 sièges), le PVDA 1 siège, et Groen augmenter de 2 sièges. Les pertes (8 sièges) inclus la perte d'un siège pour le collège néérlandophone, sera pour les partis gouvernmentaux.
Mais en fin du compte ce sera l'électeur flamand qui décidera.

Écrit par : schoonaarde | jeudi, 06 février 2014

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Juste une petite correction historique: en 2007-2008, ce n'est pas Leterme qui a formé le gouvernement, on a du rappeler Verhofstadt pour le faire, puis en donner les clefs à Leterme.

Écrit par : attila | lundi, 10 février 2014

C'est beau, une rue interrupté au pont.

C'est un peu bucolique, vraiment mignon. C'est un peu comme les textes d'Abba en anglais. Il c'est vrai que quand on s'est tapé Jack London avec le dictionnaire à portée de main pour ne pas perdre le fil, ça aide à récupérer un peu d'estime de soi.

Écrit par : moinsqueparfaitduconjonctif | jeudi, 06 février 2014

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Et alors ? Vive la Fédération Wallonie Bruxelles et sa périphérie toute Bruxelloise libérée de toute présence politique flamande obligatoire et anti démocratique (27 ou 44 franchement on s'en fout !) ainsi que de son cortège de lois linguistiques.

Écrit par : Philippe | vendredi, 07 février 2014

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D'autant que si Elio se retrouve impuissanté, Didjé saurait profiter des bienfaits de la gastronomie avec le roi de la gaufre...

Écrit par : Jaykb | vendredi, 07 février 2014

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Quel pêché originel les Wallons ont-ils donc commis pour se retrouver liés à tout ce cirque pour encore au moins des décennies?

Je cherche, je cherche...

Écrit par : moinsqueparfaitduconjonctif | vendredi, 07 février 2014

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Mais, la Belgique à tout prix, le sauve-qui-peut-la-Belgique, c'est fini. L’étau politique-économique se ressert chaque jour sur les francophones : expulsion du chômage, faillite des CPAS, impôts et taxes différenciés, subside de l'enseignement différencié par étudiant, allocations sociales et de familles différenciées, et demain sécu et médecine à deux vitesses.

Si vous souhaitez rester dans cette Belgique-à-tout-prix au nom d'une nostalgie de milk-bar, où les wallons seraient des mendiants perpétuels, grand bien vous fasse : la Belgique à vil prix, c'est la Flandre, et il est temps pour les grandes gueules brusseleir de choisir son camp. Ne comptez pas trop sur les Wallons pour maintenir votre Wonderland. La mentalité sacrificielle, même chez les Wallons, a ses limites. Les Brusseleir ont déjà exigé beaucoup trop de sacrifices des Wallons.

Les Wallons n'ont d'ors et déjà aucune raison valable de vouloir s'enfermer dans la piscine du bain de sang social du Barnum Di Rupo - De Wever, les grands duettistes sado-maso.

Écrit par : Pfff | vendredi, 07 février 2014

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C'est précisément au moment (suspens, suspens) où on a prétendu sauver la Belgique qu'on l'a condamnée à court terme. Incroyable que vous ne veuillez pas voir cela.

Toute cette histoire m'aura appris à mieux comprendre les aveuglements du passé, à les juger moins durement.

La volonté forcenée de nier la réalité en essayant de la camoufler avec du mensonge social, de l'unanimisme, des boucs émissaires, du mépris social pour les voix discordantes, ... toute une géométrie variable individualisme petit bourgeois, de lâcheté devant l'Opinion et de comportements grégaires au service du déni, comme si la meute avait un cerveau.

Alors que j'avais compris dès le départ : chienlit en haut et chienlit en bas.

Écrit par : Pfff | vendredi, 07 février 2014

"Les Brusseleir ont déjà exigé beaucoup trop de sacrifices des Wallons."

Ils n'ont surtout jamais rien rendu, sauf en mépris dégoulinant.

C'est ça, le problème.

Et le pire, c'est qu'ils n'en ont même pas conscience...

*******

"Qu'est-ce qu'on peut faire pour qu'ils comprennent?" (Y. Leterme)

Écrit par : moinsqueparfaitduconjonctif | vendredi, 07 février 2014

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La situations limpides pour les politiques flamands si ils ne veulent pas rapidement devoir gérer une Région pauvre....

«Nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas lâcher Bruxelles»

Hugo Weckx et Jef Valkeniers* HUGO WECKX ET JEF VALKENIERS*

Source:
http://jn.lesoir.be/#/article/118978

Écrit par : Philippe | samedi, 08 février 2014

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Madame Chabot : c'est Arlette et non pas Arielle .... Mais cela n'est qu'un détail Michel Sel.

Écrit par : pierre@s | samedi, 08 février 2014

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Enfin, pour la première fois de l'année, on peut lire un discours dans le Vif qui ne reprend pas ce que tous les francophones répètent en coeur à longueur d'articles. D'ailleurs vous aurez constaté que lorsqu'il y a des sondages favorables à la NVA, on tente de les minimiser à tout prix (ce n'est qu'un sondage), mais lorsqu'ils sont défavorables à la NVA, alors là on se gausse un peu (ce n'est qu'un sondage MAIS REVELATEUR). Personnellement je pense que la probabilité que le parti atteigne au moins les 30% est élevée. Bien sûr, on me dira: on s'en fout de ce que tu penses. Bien entendu... c'est pourquoi j'attends avec une certaine impatience les élections du mois de mai. Bon, revenons à nos moutons. L'article dont je vous parle est de Pascal de Sutter, ce psychologue est tout sauf un extrémiste... Voici le lien:
http://alliancewalloniefrance.wordpress.com/
L'article à lire se trouve sous le titre: Vive la Wallonie libre
Cela fait toujours du bien de se rendre compte que l'on n'est pas tout seul à penser certaines choses, même si bien entendu nous sommes minoritaires à les penser. Personnellement c'est la raison pour laquelle je suis séparatiste... Personnellement je dirais même Vive la Wallonie française! Je ne m'attends pas à recueillir beaucoup de commentaires positifs avec ce genre de déclarations...

Écrit par : Yoël | samedi, 08 février 2014

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Bart De Wever, le clivant

On sait que le Diable, étymologiquement, est celui qui divise, le schismatique. Utile de s'en rappeler quand on parle de diabolisation.

Écrit par : Pfff | samedi, 08 février 2014

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à pfff,

Bien sûr que De Wever divise, quoiqu'il ne faille pas trop se focaliser sur De Wever non plus. Car les réformes de l'Etat n'ont pas commencées avec De Wever, ces usines à gaz que sont ces réformes portent une responsabilité certaine dans le succès de la NVA. Martens était déjà un flamingant, De Haan aussi. Une bonne part de la démocratie chrétienne, du point de vue politique, est flamingante. La différence avec la NVA c'est que les flamingants du CDNV sont plus "réalistes", "pragmatiques" et "intéressés": il faut que la Belgique comme coquille quasiment vide existe encore, car la Flandre doit avoir tous les avantages de l'autonomie sans avoir les inconvénients de l'indépendance. Tandis qu'à la NVA, ils sont plus "idéalistes": ils veulent l'indépendance. Je trouve que le discours de la NVA a ceci d'avantageux qu'il provoque un léger réveil des francophones; par contre le discours du CDNV endort complètement les francophones, même des gens alertes comme Marcel Sel. Car, il faut le savoir: la Belgique voulue par le CDNV est contraire aux intérêts des francophones, c'est une Belgique qui sert avant tout les intérêts flamands et d'une façon secondaire seulement les intérêts wallons. Mais comme les francophones n'ont aucune alternative, comme leur horizon sacré et indépassable est la Belgique, je fais le pari qu'ils vont continuer encore quelque temps à se faire rouler dans la farine, jusqu'à atteindre l'inéluctable... De manière paradoxale la NVA est une chance pour les francophones: ceux-ci vont peut-être se réveiller de ce rêve d'opium soi-disant belge. Donc De Wever ne fait que diviser ce qui a déjà été divisé par les chrétiens démocrates flamands... De plus, rendre à César ce qui appartient à César, nous incite à penser qu'il faut reconnaître une certaine autonomie à la sphère politique...

Et même si l'on se place d'un point de vue davantage théologique, il ne faut pas confondre diviser et séparer voire diversifier. Ce qui sépare n'est pas forcément diabolique même dans la Bible. Il est demandé de séparer par exemple le bon grain de l'ivraie. Il est clairement recommander de se séparer de ce qui ou de ceux qui peuvent faire tomber, égarer. La Tour de Babel est aussi une division divine des hommes entre autre selon leurs langues, leurs ethnies là où les hommes ont voulu l'union uniformisante. Toute la Création divine se fait d'ailleurs selon le principe de la séparation: lumière/ténèbre; terre/ciel; terre/mer etc. au point que l'on peut dire que la création n'est pas une fusion mais une séparation, ce qui renvoie bien entendu au Jugement Dernier... La vraie question est donc de savoir faire la part entre une division saine et une division malsaine: c'est uniquement cette dernière qu'il faut condamner. La division malsaine est celle qui nous éloigne du principe vivifiant. De ce point de vue, je ne vois pas en quoi un De Wever serait pire qu'un Di Rupo par exemple... Ne nous arrêtons pas à la lettre, mais allons chercher également l'esprit!

Écrit par : Yoël | dimanche, 09 février 2014

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Entièrement d'accord, Yoël. La seule question : est-ce que le répulsif flamingant nous éloigne de Bruxelles ? Si l'Europe tombe dans l'escarcelle de ces sagouins, il faudra qu'Elle déménage. Ce serait de toute façon salutaire.

Écrit par : Pfff | dimanche, 09 février 2014

A pfff,
Le statut de Bruxelles reste fragile et les bruxellois ne sont pas à l'abri d'un lâchage au profit de la Flandre de certains politiciens wallons qui pourraient "dealer" ce lâchage contre quelques aides financières supplémentaires et un répit supplémentaire pour l'Etat actuel. La Flandre politique flamingante (majorité) est ambitieuse, elle rêve d'une main mise sur Bruxelles par le biais économique. Les bruxellois ne peuvent compter que sur eux-mêmes, mais le problème c'est qu'ils sont trop peu nombreux en Belgique. Ils risquent de ne pas faire le poids et de faire les frais de la suite de l'histoire belge... C'est pourquoi il faut penser à une alliance Wallonie-Bruxelles-France. Une Bruxelles indépendante c'est une belle idée, mais ce n'est qu'une chimère, elle n'en a pas les moyens. Et rêver d'une Fédération Wallonie-Bruxelles c'est juste rêver d'une alliance entre un boiteux et un aveugle, la seule alternative est donc bien la France...

Si Bruxelles devait devenir grosso modo une extension de la Flandre, cela ne menacerait pas les institutions bruxelloises européennes. Le nationalisme de la NVA n'est pas un nationalisme classique, c'est plutôt une forme de régionalisme. C'est-à-dire que la NVA aime l'Europe pour une raison simple: en transférant les compétences régaliennes de la Belgique vers l'UE, cela rend possible la dissolution de la Belgique. D'ailleurs si vous regardez la carte de l'Europe version NVA, vous verrez que c'est une Europe des Régions, avec un tas de régions devenus indépendantes comme l'Ecosse, la Catalogne, la Bretagne, la Flandre bien entendu etc. Et là on se trouve devant une espèce de paradoxe: le meilleur allié de l'européen fédéraliste c'est le régionaliste et le meilleur allié du régionaliste c'est l'européen fédéraliste. Pour une raison simple: plus les Etats-Nations seront faibles, moins l'Europe sera menacée par ces micro-Etats: l'Europe n'aura plus d'adversaire de taille qui pourrait s'opposer à ses volontés. Et plus l'Europe se développera comme construction fédérale, plus les tentations anti-étatiques des régionalistes trouveront un argument de poids leur permettant de légitimer leur idée comme quoi l'Etat-Nation est vraiment devenu une construction superflue. Les fédéralistes européens et les régionalistes (à ne pas confondre avec les nationalistes) marchent main dans la main. Quand la Catalogne déclarera bientôt son indépendance, l'Europe ne protestera pas bien longtemps, on peut penser qu'il en serait de même de la Flandre...

D'ailleurs vous aurez remarqué que le Front National français s'est allié non pas avec la NVA mais avec le VB au niveau européen. C'est révélateur. Le front national est un parti nationaliste classique (une grande France pour une Europe des Nations), pas la NVA. La Flandre est trop petite, elle a besoin d'un Etat Européen, sinon elle n'aurait pas de poids en Europe. La France est une grande nation, elle n'a pas forcément besoin d'un Etat Européen pour s'assurer d'une visibilité certaine. Au VB, ils sont "orangistes" c'est-à-dire qu'ils veulent la création d'un Etat Flandre-Pays Bas, comme avant 1830...

L'Europe peut donc dormir sur ses deux oreilles: la NVA n'est aucunement un adversaire pour elle. Une Europe en Flandre ne poserait pas de problème. Par contre une Europe en France cela poserait plus de problème si Bruxelles devait devenir française. Car dans toute l'histoire de l'Union Européenne, le seul pays à avoir mené un temps une politique indépendante, c'est-à-dire nationale c'est bien entendu la France du Général De Gaulle. Tous les autres pays se sont contentés d'une Europe américanisée, entre autre car ils ne voulaient pas d'une Europe française. Je pense que dans une certaine mesure c'est toujours le cas aujourd'hui: c'est en France que vous avez les opposants les plus "dangereux" à l'UE. Dans une moindre mesure, vous avez l'Italie. C'est tout, point barre. Bien entendu, je ne compte pas la G-B dans cette remarque. La G-B n'est pas absolument nécessaire, je veux dire qu'il est possible de penser une UE sans eux; mais il est impossible de penser à UE sans la France. Pas à long terme...

Écrit par : Yoël | dimanche, 09 février 2014

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