Un blog de Sel

Il y a trois ans, j'ai appris à connaître Yves Leterme en participant à l'écriture de la première saison de TV Belgiek (RTL-TVI). L'émission avait présenté le candidat du CD&V en saboteur de la Belgique, et nous avions raison : le pays ne s'est jamais aussi mal porté, institutionnellement, que depuis que son fossoyeur en chef a pris le pouvoir, ou plutôt un semblant de pouvoir. Il y a quelques mois, Béatrice Delvaux avait signé un éditorial antileterme qui avait fait grand bruit. Les journaux flamands s'offusquaient de ce qu'une éditorialiste francophone décide de qui pouvait, ou non, détenir le pouvoir, égratignant ainsi la liberté de la presse et la nécessité qu'elle prenne position. J'ai même vu un dignitaire francophone plutôt de gauche dire que ce n'était pas le rôle d'un journal de désigner le leader du pays, ce qui m'inquiète beaucoup sur le sens qu'on donne en Belgique à la séparation des pouvoirs. Il s'avère aujourd'hui que Le Soir avait raison contre tous et qu'on aurait peut-être mieux fait de l'écouter, et cherché un autre premier ministre. Je m'étais fait l'écho de cet éditorial, mais pour des raisons légèrement différentes.

Aujourd'hui, Yves Leterme s'en va. Ça ne va pas sauver la Belgique. Parce qu'il est arrivé en Flamingant pourfendeur de Francophones, et il repart en soi-disant fédéraliste belgiciste qui aurait tout fait pour sauver la Nation (alors qu'en fait, son fédéralisme de coopération n'était qu'une version digérable de la révolution copernicienne de Kris Peeters et Bart De Wever). Ce n'est donc pas le jusqu'au-boutisme d'un nationalisme anachronique qui a perdu, mais peut-être justement l'idée de négociation et de compromis qu'il avait semblé, au bout, commencer à accepter. Au revoir, Leterme. Tu auras mis un terme à une certaine Belgique ou à la Belgique tout court. On ne te regrettera pas, c'est promis. Promis-juré, même.