samedi, 11 mai 2013

Vous allez rentrer dans une bonne épicerie.

Guy Birenbaum est chroniqueur chez Europe 1 (Vu du Net / Des Clics et des Claques) et au Huffington Post (Le 13h). Il est aussi le propriétaire de la meilleure épicerie du net, où l'on trouve de tout, un capharnaüm stylé et souvent poétique que je vous recommande vivement (au passage, abonnez-vous à son compte Twitter @guybirenbaum, ça ne vous fera que du bien).

Ayant lu Indignés de Cons, Guy m'a gentiment proposé de tenir un coin de son épicerie le temps d'un billet qui parle de cancans et de cons, que vous allez me faire le plaisir de lire ici. Bonne lecture !

 

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mercredi, 01 mai 2013

Le Trullemansgate n'est pas une question de liberté d'expression.

MàJ du 2 mai (1)

L’affaire Trullemans prend des proportions invraisemblables. Depuis son renvoi, la droite décomplexée (qui est de moins en moins «la droite», les réactions de bien des libéraux l’ont montré) met tout son poids dans la balance pour obtenir d’un certain nombre de citoyens qu’ils «soutiennent» le météorologiste. Les initiatives fleurissent comme en un printemps antiarabe. C’en est au point que j’ai reçu deux fois la «lettre de Trullemans» par email aujourd’hui. Alors, je pense qu’il est temps qu’on revoie calmement les tenants, les aboutissants, les faits et les enjeux.

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jeudi, 25 avril 2013

FEMEN, je vous aime (presque).

Mise à jour : corrigé : les coups de pieds à l'ULB seraient de Patrice Dartevelle (ex-vice-président du Centre d'Action Laïque).



On vous décrie, on vous rabroue, on vous reproche de ne pas être décentes, alors que votre propos est justement d’être indécentes. On vous prie de ne pas déranger, vous qui secouez nos idées rangées dans un placard verrouillé à double tour. Vous opposez à nos tabous vos sales caractères, ces mots tatoués sur votre peau qu’on vous impose douce. Vos Roberts sont votre dictionnaire, fuck your morals, God save the gouines, my body belongs to me, stop homophobia, death for patriarchy, in gay we trust, freedom to all women, sextremism. Oui, vous êtes sextrémistes, vous le savez, vous le dites. Vous l’êtes tant, que vous avez réussi — en peinturlurant vos seins, objets de désir, de mots volontairement agressifs — à nous bloquer la libido tout en exposant ce qui, normalement, la fait exploser. Vous avez réussi l’exploit d’utiliser ce que nous, mecs hétéros, désirons le plus, en vous rendant indésirables, le temps d’une protestation. Vous hurlez, vous courez, vous sautez sur tout patriarche qui bouge encore, vous appelez la presse, on vous prend en photo, on vous filme, dame ! vous criez ce que nul ne crie, vous attaquez où nul n’attaque, les journalistes avides de clichés sont toujours au rendez-vous, même quand vous faites un peu n’importe quoi. Ça, c’est votre force…

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samedi, 06 avril 2013

Des Chypre et des Lèpres.

Vous êtes français(e) et vous trouvez qu’un ou deux pour cent d’impôt sur la fortune est confiscatoire? Que diriez-vous de 60 ou 80 % ? Vous êtes belge et vous soutenez que 51 % de retenue sur un salaire moyen est ahurissant ? Que diriez-vous de limiter la ponction à 30 % (l’impôt chypriote, grosso modo) mais de donner les deux tiers de votre (petit) patrimoine en échange ? Vous êtes un entrepreneur allemand et vous criez que 20 % d’impôt de société est une hérésie ? Et si on vous supprimait simplement les trois quarts de vos liquidités du jour au lendemain ? 

 

C’est ça, Chypre, aujourd’hui. Et pire encore : certains perdent absolument tout : la garantie des 100.000 euros n’est ainsi pas applicable pour les « sociétés d’investissement ». Elles verront leur compte amputé de 37,5 à 60 % sur la totalité de son encours, et pourraient subir un effacement total de leurs avoirs si elles avaient le malheur d’être chez Laïki ! La « résolution » de la crise chypriote par la Troïka s’apparente donc à la négation, à la fois des principes du libéralisme et du capitalisme, mais aussi du socialisme et du sacro-saint humanisme européen. C’est l’application de la Loi de la jungle, c’est l’anarchie au service de la bonne conscience financière eurocratique. C’est la fin de l’empire européen. Car il s’agit de nier la condition de client des déposants au profit d’une condition d’actionnaire tous risques. Il s’agit de nier la responsabilité de la zone euro dans ses banques. Il s’agit de considérer que chaque banque appartient à chaque État quand il sert en réalité, à Chypre, aussi bien des avoirs anglais qu’allemands, suédois, russes, grecs, etc.

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lundi, 04 mars 2013

Neelie Kroes, Commissaire du peuple du point 4G.

Neelie Kroes, une libérale néerlandaise, est commissaire chargée de la société numérique. Elle est aussi vice-présidente de la Commission européenne. Et voilà-t-y-pas qu'elle décide d'ajouter à ses compétences la gestion des antennes GSM à… Bruxelles ! Parce que madame Nickel Kroes (comme on l'appelle en référence à Iron Thatcher) ne trouve pas les normes bruxelloises en matière d'antennes à son goût. Et cela, quelques semaines après la sortie infâme de Didier Bellens (le boss de Belgacom), on se demande s'ils n'ont pas été déjeuner chez Bruneau ! Les faits : la porte-parole de Nickel Krome se permet d'envoyer une lettre à la Région bruxelloise pour pratiquement la sommer de revoir ses normes. Ah bon ? Fini le principe de subsidiarité, alors ? Les normes environnementales bruxelloises seraient-elles désormais une compétence européenne ? C'est dit, c'est fait, c'est la Commission qui gère Brussels DC ?

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dimanche, 13 janvier 2013

Moi, le député et les pédés.

Juin 2010. Je suis invité sur LCI à un débat sur l’avenir de la Belgique, face à un journaliste flamand, Luc Van Der Kelen. Dispute de Belges. À mon «côté», il y avait Jacques Myard, député UMP des Yvelines qui défendait le rattachement de la Wallonie à la France. Comme il n’avait pipé mot de ce curieux engagement pendant le débat (qu’est-ce qu’un député de la Région parisienne allait faire dans cette galère rattachiste d’une région située à plus de 300 km ?), je profitai du moment où nous prenions l’ascenseur ensuite pour lui poser la question. Il y avait une petite dizaine de personnes dans l’ascenseur. 

 

— Vous êtes partisan du rattachement de la Wallonie à la France ? dis-je donc à Myard.

— Absolument ! répondit le député.

— Mais vous savez qu’en Wallonie, le cannabis est plutôt toléré, que l’euthanasie est légalisée et que les homosexuels peuvent se marier ?

— Ce n’est pas grave, lança-t-il d’un ton bravache, on les civilisera !

 

Hilarité générale. J’ai cru à une plaisanterie bien franchouillarde, un excès de chauvinisme un peu surjoué. Mais non… 

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mercredi, 05 décembre 2012

Que Bibi l'aie dans le baba.

Suite à l'entrée de la Palestine en tant que membre observateur à l'ONU, Benyamin Netanyahou a donc commencé à planifier les "mesures de rétorsions" à l'égard des Palestiniens. Relisez bien la phrase précédente : Israël est un État qui se dit démocratique, et qui toutefois considère la simple entrée de la Palestine à l'ONU comme une agression ! Comment mieux dire que le Likoud est un parti qui ne veut en aucun cas qu'un État palestinien existe jamais ? Même Ehud Olmert, ex-premier ministre de Kadima (fondé par un Sharon pourtant vu comme radical) a soutenu ce siège palestinien d'observation à l'ONU ! Sans parler de la gauche israélienne et de nombreux mouvements pacifistes. Ce ne sont donc pas "les politiciens israéliens" qui sont contre, mais ceux qui sont aujourd'hui au pouvoir, qui affirment être pour la paix, et font cependant tout pour qu'elle n'arrive jamais. L'association du Likoud avec un parti d'extrême droite est un des thermomètres de sa dérive. Aujourd'hui, la dérive commence à bien faire.

L'une des mesures de rétorsion du Likoud, qui sera bientôt mise en œuvre, consiste à construire des "implantations" juives, et réservées aux Juifs, à l'entrée est de Jérusalem. Ceci annihilera toute possibilité d'établir un lien entre les Palestiniens et leur capitale partagée. Pire : l'ampleur de ces constructions et le mur qui les entourera couperont la Cisjordanie palestinienne en deux, elle qui est déjà un véritable gruyère de par les innombrables colonies que les pouvoirs israéliens ont toléré dans le passé — dame, ça limitait déjà terriblement tout espoir d'un État palestinien digne de ce nom pour pas trop cher. 

Si la communauté internationale était un tant soit peu attentive à ce qui se passe, elle réagirait férocement. Il y a une différence entre comprendre la détresse des Israéliens et accepter n'importe quelle mesure antipalestinienne. Celles concoctées par le Likoud ne servent aucunement la population israélienne : elles la condamnent au contraire à vivre sous les menaces de roquettes ou d'attentats pour les siècles des siècles. Lorsqu'on voit qu'aujourd'hui l'Irlande du Nord est toujours sous la menace de la renaissance d'un conflit interne dû à une colonisation commencée en… 1541, il paraît évident que le "dernier moment de la paix" est arrivé au Proche-Orient. Et que les actions prévues par le Likoud reviennent à profiter d'une situation diplomatique qui n'a rien d'agressif pour fermer définitivement la porte à une résolution du conflit.

L'Union européenne est le prix Nobel de la Paix de cette année. Si elle veut être à la hauteur de ce titre, que certains défendent avec acharnement (ce n'est pas mon cas, mais si ce prix pouvait servir à quelque chose, je pourrais changer d'avis), elle doit se départir fissa de sa vieille mollesse et montrer qu'elle peut faire mieux qu'observer guerres et massacres depuis les salons de Bruxelles en devisant pieusement de la couleur du futur plafond du Caprice des Dieux. Qu'elle agisse ! Bien sûr, on a pudibondement protesté, on a dit que ce n'était pas bien, l'Italie convoque l'ambassadeur d'Israël pour le sermoner, et ouhlàlà, il a eu très peur ! Bibi a même failli sursauter — ah non, c'était à cause d'un camion qui passait dans sa rue.

Alors, chers gouvernements du Nobel, s'il y a une chose que vous devez encore faire en cette fin d'année pour ne pas être totalement ridicules, minables, lamentables, c'est de rappeler vos ambassadeurs en Israël. De montrer que vous existez, et qu'il y a une puissance politique et diplomatique en Europe. De refuser de soutenir un gouvernement nationaliste, jusqu'au-boutiste, qui sinon ne s'arrêtera plus de provoquer, de coloniser, et d'empêcher toute paix pour quelque chose comme le demi-millénaire à venir, ou plus. Non pas convoquer les ambassadeurs d'Israël, mais les renvoyer. Non pas demander à notre diplomatie de gentiment s'incliner devant Netanyahou en lui demandant, rouge de honte, avec stupeur et tremblement, de ne pas faire son méchant, en le menaçant de pan pan culcul tout en sachant qu'on ne sortira ni la fessée ni le bâton. Mais se dresser, opposer un mur à son mur, et exiger du gouvernement israélien qu'il respecte le reste du monde. Aujourd'hui, il lui crache dessus. 

En adoptant une position aussi ferme, radicale, que celle que le Likoud adopte aujourd'hui avec une brutalité invraisemblable, ce n'est pas Israël que l'on attaque. Au contraire, on donne un espace aux innombrables bonnes volontés qui, dans le pays, ne trouvent plus aucun espace pour revendiquer un appaisement, un avenir, une sortie de crise. Alors, chers membres du prix Nobel de la Paix, si vous ne voulez pas ajouter à vos innombrables culpabilités passées celle-ci qui vous poursuivra et vous ridiculisera pour les générations à venir, vous savez ce qu'il vous reste à faire. À bon entendeur, shalom !

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mardi, 04 décembre 2012

Si vous pensez qu'un Israélien est différent d'un Palestinien…

Si vous croyez que fondamentalement, il y a une différence entre un Israélien et un Palestinien, si vous croyez que l'un est un envahisseur patenté et/ou que l'autre est un terroriste né, il serait temps que vous vous dégagiez de la propagande de guerre qui nous atteint sous une forme ou une autre, en provenance d'une partie ou d'une autre. Le réalisateur satirique israélien Itamar Rose nous montre au contraire que le vécu de l'un peut porter celui de l'autre, et avec émotion encore ! Il est allé demander à des Israéliens de Sderot, une ville régulièrement victime des roquettes en provenance de Gaza (et pas forcément envoyées par le Hamas, c'est plus complexe que ce que nous raconte le Likoud), de prendre un point de vue palestinien et de raconter la vie de son comparse (qui s'appelle Arafat…) sous l'occupation israélienne. Cette vidéo incroyable est un grand moment d'humanité, émouvant, et permet de mieux comprendre que ce qui se passe en Israël-Palestine est très loin de se résumer à un conflit entre deux nationalismes. Vous m'en direz des nouvelles !

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jeudi, 29 novembre 2012

Pourquoi la Belgique doit dire oui aux Palestiniens.

Pays émasculé, imberbe, encore moins femme ou mère, pays raté, pays moisi, pays sans gloire, sans triomphe et sans bras. À toi ma rancœur et ma rage, et pour mon sang, tu repasseras. Voilà ce que m’inspirait ce matin une bribe d’information (pas certaine encore) provenant du mystère des Affaires étranges : la Belgique s’abstiendrait sur l’accueil de l’Autorité palestinienne comme membre observateur de l’ONU. On ne peut imaginer d’autre raison que celle de faire plaisir aux Américains et à Bibi Netanyahou. «Ne pas les heurter», me dira-t-on. Faire preuve de diplomatie, prétendra-t-on. Mais non. Ça ne peut être qu’un signe de lâcheté. Neutralité ? Tu penses ! Non, la neutralité, ce n’est pas empêcher une population de faire valoir ses droits dans le concert des nations. C’est exactement l’inverse.

 

J’entends d’ici quelques «pro-israéliens» me tancer sur tous les tons, m’accuser d’antisionisme voire d’antisémitisme. Et je m’en fous. Je fais mon devoir de Mémoire au moins une fois par jour, j’ai droit à mon opinion sur Israël, et à la dire sans détour. C’est Israël qui nous invite à dire non à la Palestine. Or, la Belgique est un État démocratique, une nation qui se veut porteuse des valeurs de liberté et de dignité humaine. Ce qui se passe en Cisjordanie, alias Judée-Samarie (quel genre de pays donne un nom à un territoire qui ne lui appartient pas ?), nous ne pouvons le soutenir au prétexte qu’Israël serait un État, et que l’Autorité palestinienne ne le serait pas. Rendez-vous compte : le gouvernement belge pourrait ce jeudi s’aligner sur la prétention israélienne qu’une entrée quelconque des Palestiniens à l’ONU leur permettrait d’avoir des soutiens extérieurs, internationaux. Une chose si malvenue à Jérusalem que le gouvernement nationaliste local prévient Ramallah que si ce peuple — écrasé par soixante ans de découpage, de rejet, de guerre, et de colonisation sauvage — parvenait à obtenir un siège de simple observateur parmi les nations désunies, il y aurait, tenez-vous bien, des mesures de rétorsion ! Je répète : des mesures de rétorsion ! 

 

Salauds de Palestiniens, disent ces nationalistes qui dirigent aujourd’hui Israël, si vous osez exister, on vous lamine, on vous ratatine, on vous Jénine ! Ce gouvernement israélien qui hurle, éructe, s’égosille quotidiennement du fait que le «Chamas» le nie, se permet à la vue de tous, officiellement, de nier à son tour, de raturer, d’effacer, de gommer toute prétention d’existence d’une entité nationale palestinienne. Et l’Amérique, patrie des libertés fondamentales héritées de Montesquieu, égarée quelque part entre Guantanamo et Bagdad, d’acquiescer gentiment. Parce qu’Israël n’est jamais trop protégé, madame la marquise ! Les Palestiniens, en revanche, ne sont apparemment jamais trop méprisés.

 

La diplomatie belge, si prompte à engueuler le Congo corrompu, ferme grand sa gueule quand l’ambassadeur d’Israël a fini de convaincre tout ce qu’il y a de représentants soi-disant officiels de la communauté juive dans notre pays qu’ils doivent soutenir Jérusalem. Faisant croire qu’il y a un lien moral entre judaïté et Israël, ou entre Israéliens et Likoud et consorts. Non, ce lien n’existe pas. On peut être juif et antisioniste. On peut être Israélien et farouche partisan d’une paix juste et de deux États viables. On peut être musulman et comprendre que les Israéliens d’aujourd’hui sont nés en Israël et que cet État a donc droit à sa sécurité. En Belgique, on devrait avoir le recul nécessaire pour le comprendre.

 

Au lieu de ça, notre pays plonge tête la première dans une propagande partiale, et dame ! ça doit être l’habitude. Ma Belgique est championne dans l’art de préserver le plus nanti et d’écraser le plus démuni. Elle passa les trois quarts de son existence à nier l’existence culturelle des petits peuples flamand, wallon, germanophone, leurs droits, leur réalité. Et tout ça, pour préserver une idéologie de salon, une élite qui, par hasard, parlait la même langue que moi. Elle a changé certes, elle évolue c’est vrai, mais à sa tête, certains ont gardé les mêmes méprisables habitudes. Les papotages feutrés sous les portraits de nos ex-premier ministres, enluminés, l’emportent toujours sur le droit des peuples, le droit des minorités, les droits fondamentaux, la non-discrimination. Pays petit- et grand-bourgeois jamais avare d’imbécillité. Pays que le nationalisme des uns et des autres menace et qui, ne comprenant pas la leçon, va soutenir d’autres nationalismes. Pays qui fabrique de l’antisémitisme et de l’islamophobie en série pour avoir admis l’exportation tant par le Likoud que par le Hamas d’une guerre lointaine, absurde, qui n’ose même pas dire son nom. 

 

Belgiue, ô ma Belgique. Toi, probablement honteuse d’un passé dégueulasse (la participation de certaines de ses composantes à la Shoah) n’est plus capable de penser par toi-même, de tenir à bout de bras ta propre opinion, de la brandir, de l’asséner ! Quelle autre attitude digne pouvons nous avoir que de reconnaître à la fois le droit d’Israël à la paix et le droit de la Palestine à un État viable plutôt qu’à ce gruyère hypocrite et malsain constitué par les colons installés là pour les mêmes raisons que les protestants en Irlande du Nord : empêcher toute émergence d’un État palestinien digne de ce nom, entretenir la violence au bénéfice des forces de la déchirure. Et oui, il est probable qu’il fallût un peu l’étendre, ce territoire israélien trop étriqué de 1967, pour des raisons de sécurité. Et oui, il est évident que les forces extérieures au conflit, qu’elles soient syriennes ou iraniennes, jouent un jeu scandaleusement meurtrier, particulièrement à Gaza. Mais si nous ne sommes ni Israël, ni la Palestine, si nous ne faisons pas partie des belligérants, il est clair que nous n’avons qu’une seule attitude admissible : exiger que les conditions de l’émergence de deux États soient un jour remplies. Pour la paix, enfin. Les colons et les nationalistes, qui n’ont qu’une seule volonté — un Israël biblique sans les Palestiniens — ont joué leur jeu en se cachant derrière la diplomatie transatlantique. Les mouvements palestiniens — je ne parle pas des mouvements terroristes — n’ont pas vu arriver la moindre avancée concrète et pour cause, ils n’existent pas. Leurs mots de détresse se meurent chaque jour sous les propagandes du Djihad, du Hamas, du Likoud ou d’Israël Beitenou. Tous partis qui ont amèrement besoin de la guerre pour exister. En nous abstenant à l'ONU, nous leur donnons raison, et nous refusont aux Palestiniens le droit fondamental à l'existence officielle, celui-là même dont ils ont impérativement besoin.

 

Parce que nous ne pouvons soutenir aucune des parties qui entretiennent le conflit, nous devons impérativement soutenir la candidature de l’Autorité palestinienne, que dis-je, de la Palestine, parce qu’il n’y aura jamais d’accord tant qu’on n’aura pas donné à ses responsables le droit de siéger parmi les nations. Le fait que le gouvernement israélien ose menacer de rétorsion la mise en œuvre d’un droit fondamental nous dicte qu’il a depuis longtemps dépassé les bornes de ce qu’un pays étranger comme le nôtre, et non impliqué, peut admettre. Ce n’est pas, comme le disent Écolo, le CDH ou le PS, de courage que nos gouvernants ont besoin. C’est du strict minimum de clairvoyance.

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jeudi, 25 octobre 2012

Beste Mia

 Ceci est la version intégrale de ma carte blanche parue hier dans Le Soir, en réponse à la carte blanche de Mia Doornaert parue dans le même journal ce lundi.


Par souci de facilité, je vous écris en tant que francophone, bien que cela m’embête. Je suis belge. Ou européen. Ou wereldburger, au choix. Mais des forces, tant francophones que flamandes, imposent au discours entre Belges un manichéisme idiot. Soit on est ceci, soit on est cela. Aujourd’hui, puisque vous écrivez en tant que flamande, j’ai demandé à la partie de moi-même qui pense en français de vous répondre. 

 

J’ai beaucoup apprécié le billet que vous aviez écrit en décembre 2010 sous le titre « Ranzig Geurtje » (une odeur un peu rance). Vous aviez alors réagi avec beaucoup de justesse à l’émission De Pappenheimers où Jan Peumans avait trouvé « les Juifs » trop « susceptibles ». C’est donc avec respect que je me permets de répondre à votre carte blanche parue ce lundi dans Le Soir. Vous y expliquez le succès de la N-VA. Vous y fustigez Elio Di Rupo qui s’est attaqué aux « indépendantismes » en marge du dernier sommet européen. Leur succès serait dû, selon lui, à « la crise ». Dans Le Soir, vous affirmez le contraire. Et vous nous dites pourquoi, selon vous, le gain de poids de la N-VA est inversement proportionnel à la perte de kilos de son président. Étrangement, la plupart de vos arguments concernent les Francophones — et vous précisez bien que vous ne les partagez pas forcément. Mais à lire votre carte blanche, j’en suis venu à me demander si, pour beaucoup de Flamands (vous aussi, peut-être ?) les partis francophones, les Wallons, les Bruxellois ne sont pas, en définitive, les seuls à pouvoir inverser la vapeur et réduire la puissance électorale du parti nationaliste de Bart De Wever. Pourtant, ils n’ont pas le droit de vote chez vous…

 

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