jeudi, 18 mars 2010

Voile : le Conseil d'État donne raison à Marcel Sel

Dans mon article La Quadrature du Voile, d'il y a six mois (je suis devin ! je suis devin ! ) je fustigeais la trop rapide décision du Conseil de l'enseignement communautaire flamand d'interdire le voile dans toutes les écoles d'Anvers. Je suivais en cela, notamment, l'opinion de Jan de Groof, juriste scolaire, qui se posait notamment la question de la légalité de cette interdiction. Et je rappelais pour ma part qu'une telle décision supposait un débat démocratique, que la Communauté flamande empêchait de facto. Or, c'est exactement ce que le Conseil d'État reproche à la décision de ce Conseil éducatif, en annulant sa décision d'interdire le voile à l'école. Au même moment (septembre 2009), les Francophones avaient saisi la balle au bond pour entamer une discussion générale sur le voile à l'école et dans l'administration, poussés sans doute par le repli identitaire en France, et la politique un peu brutale de certaines institutions au Nord. Il se fait donc que le Conseil d'État me donne aujourd'hui raison sur ce point précis. Je précise que je ne me suis jamais prononcé pour ou contre le voile : je rappelle simplement qu'une décision aussi importante et aussi solennelle (qui revient à interdire à certaines la pratique assidue de leur religion) ne peut se faire que dans la sérénité (toute relative) de sénacles démocratiques par excellence que sont la Chambre et le Sénat, et ce, après avoir pris les informations indispensables à la bonne compréhension des enjeux.

(A Wanda : oui, je suis en accord total avec la décision du Conseil d'État. Cela ne signifie pas qu'il ne se trompe jamais, et encore moins qu'il n'a pas un a priori négatif vis-à-vis des Francophones).

22:12 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (3) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mercredi, 17 mars 2010

La conversation téléphonique qui tue le gouvernement flamand.

Merci à François Pirette et à FrancophonedeBruxelles.

 

13:25 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (31) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mardi, 02 mars 2010

Apartheid à la côte belge.

Le mot est-il trop fort ? Un couple de Bruxellois se voit refuser le droit d'acheter une maison à Oostduinkerke parce qu'ils ne présentent pas « un ancrage local ». Ils possèdent pourtant un appartement à St-Idesbald depuis 1975, d'après La Libre Belgique. Mais ils ne seraient pas tout à fait flamands. C'est la commission d'évaluation provinciale qui leur a interdit l'achat, alors qu'ils avaient déjà passé le compromis de vente. Suite à cela, le couple risque de perdre son acompte ! Il faut dorénavant être doublement prudent lorsqu'on achète un bien en Flandre si on n'est pas Flamand « de souche » (les Hollandais sont aussi visés par ce décret !) Parmi les 69 communes où les autorités peuvent interdire la vente à des non-Flamands, il y a toutes celles de la périphérie bruxelloise. Le Francophone et l'expat européen ou non sont donc évidemment visés par cet arbitraire, qui constitue une forme évidente d'apartheid et confirme l'idéologie d'un droit du sol lié à une identité particulière, et donc à un droit du sang.

14:36 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (115) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

jeudi, 25 février 2010

L'enseignement néerlandophone : la preuve par l'absurde.

L'enseignement flamand à Bruxelles est confronté à une drôle d'évolution. Alors qu'il était l'un des fers de lance de l'antifrancisation (ou de la reflamandisation) de la capitale, il se retrouve aujourd'hui coincé entre identité et promotion linguistique : des parents néerlandophones d'entants de primaire ne trouvent déjà plus de place pour leurs enfants dans ces écoles, alors que plus de la moitié des enfants qui les fréquentent ne parlent pas néerlandais à la maison. Du coup, le discours identitaire revient, avec une étrange question : faut-il donner la priorité aux « vrais Flamands » dans l'enseignement néerlandophone de Bruxelles. Et un cri étouffant, dans le standaard, où un article défendant une mère de famille flamande qui ne trouve pas école pour son petit enfant est titré « ils veulent nous foutre dehors ». Ils, c'est moi, c'est toi, c'est nous, c'est tout ce qui n'est pas néerlandophone à Bruxelles.

Paradoxe délirant, mais effet de la bêtise, non, de la stupidité de l'identitaire (pour paraphraser Bart de Wever) et du nationalisme : la Flandre veut promouvoir le néerlandais, et y a tellement bien réussi que les enfants flamands n'arrivent plus à trouver une place dans « leurs » écoles ! D'où un discours étrange du socialiste flamand Pascal Smet qui fait passer Bruxelles pour une vile islmaique à la télévision flamande :

« Bruxelles est une ville où l'environnement linguisitque est français, une ville où beaucoup d'enfants parlent marocain ou turc à la maison, qui ont malgré tout le français pour seconde langue, et ensuite le néerlandais comme troisième langue, et donc, on ne peut pas vouloir que tous ces enfants puissent s'adresser à l'enseignement flamand? C'est quand même arrivé assez loin, puisque les parents néerlandophones ne réussissent pas à inscrire leurs enfants dans l'enseignement néerlandophone dans une école de proximité. Je trouve qu'on ne peut pas accepter ça ». C'est donc bien que ce socialiste préconise une préférence dans l'école flamande aux enfants « de souche » flamande ? Aujourd'hui déjà, 45 % des places sont réservées aux enfants de langue maternelle néerlandaise.

Quant à Jean-Luc Vanraes, membre de l'Open VLD (libéral) et ministre bruxellois, il a une étrange vision de « sa » ville : « Autrefois, il y avait ici [à Bruxelles] des Néerlandophones et des Francophones. Aujourd'hui, plus de 50 pourcent des habitants parlent à la maison une autre langue que le néerlandais et le français. » Il a dû confondre : il y a quatre ans, une étude de la VUB relevait 68 % de personnes de langue maternelle française et 12 % de lanugue néerlandaise (y compris les membres de familles mixtes) Si je compte bien, ça nous fait 80 % et pas 50.  Drôle de portrait que ces politiciens proposent là, une fois encore, à la presse flamande !

11:49 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (96) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

dimanche, 21 février 2010

Plaidoyer pour un simple cheminot.

Depuis hier, c'est sûr, enfin du moins à 99,99 %, le conducteur du train en provenance de Leuven a brûlé un feu. C'est un syndicaliste qui le dit. Le parquet ne confirme pas. La presse ne peut pas voir la vidéo. Mais un syndicaliste le dit. Il précise que seuls des experts pourront toutefois établir si le feu a bien fonctionné, ce qui doit, on le suppose, représenter un autre pourcentage à considérer en sus de ces 99,99%. La presse nous informe encore que le jeune conducteur (wallon, précisait De Standaard Online il y a une semaine déjà !) avait brûlé un feu rouge auparavant. Petit à petit, on voit se dessiner un coupable. D'ailleurs, il nie. Les coupables, c'est bien connu, nient toujours. Pendant ce temps-là, la SNCB, Infrabel et SNCB Holding font figure de spécialistes mais déjà plus trop de coupables. Il faut dire qu'ils ont toutes les chances de s'en sortir : les experts, c'est eux. Et si ce n'est pas la SNCB qui va mener l'enquête, c'est le ministère de M. Schouppe qui a, lui même, dirigé la compagnie jusqu'à plus ou moins l'époque de l'accident mortel précédent.

Or, nous connaissons déjà un, ou plutôt deux coupables de cette catastrophe ferroviaire : la SNCB et Infrabel. Leurs excuses ne tiennent pas. Le citoyen, l'usager ne s'intéresse pas aux démêlés (très, très) éventuels entre la société nationale et l'Europe. C'est à ça que servent les administrateurs des entreprises : à faire fonctionner nos trains en toute sécurité, même se ce n'est pas facile et même si les informations n'arrivent pas au bon moment de l'Union européenne. C'est aux grand patrons de se foutre de la Commission si celle-ci impose une situation dangereuse. Et c'était aux ministres belges de crier un bon coup pour arrêter cette infernale course à la privatisation et à la concurrence.

C'est parce qu'il y a des gestionnaires efficaces qu'il y a un système de protection en France et en Hollande, depuis des décennies. Ce système, la SNCB était déjà coupable de l'avoir négligé en 2002. Elle est aujourd'hui totalement, absolument, invraisemblablement coupable de n'avoir pas, en 8 ans, résolu un problème urgentissime. Oui, quand on se rend compte qu'une inattention, une vue brouillée, un éternuement, voire une coupable absence d'attention de la part d'un pilote peut coûter la vie à 8, 20, 100 personnes, on agit, et tout de suite encore ! il est inacceptable, en 2010, qu'une erreur humaine, qu'il s'agisse d'aiguillage ou de feu, ait pu tuer 18 personnes. Et il est inimaginable qu'un cheminot, pressurisé par des horaires infernaux, avec un salaire de cadre inférieur, se voie chargé de la responsabilité d'un terrible accident où tout est affaire de gros sous. Ceux-là même qu'il n'aura jamais.

Evidemment qu'on ne saura ce qui s'est passé réellement qu'après enquête, et encore : si les entreprises incriminées jouent le jeu en toute transparence, ce qui a très peu de chances de se produire, vu l'écran de fumée qui a commencé à s'installer. Mais quand j'allume ma télé pour regarder le journal, je vois surtout le reflet d'un monde médiatique très organisé. Or, le cheminot qu'on accable aujourd'hui n'a pas d'attaché de presse. Il n'a pas de programme de défense. Il n'a pas dix équipes bilingues qui se démènent pour sortir les deux entreprises et le holding de la mouise par des communiqués alambiqués, des conférences de presse, il n'a pas d'équipes d'avocats, ni le soutien d'un ministre qui a été à sa place il y a moins de dix ans. Il n'a, éventuellement, que la possibilité, depuis son lit d'hôpital, de dire qu'il n'a pas fauté, histoire de ne pas avoir cette honte à porter devant ses parents, ses amis. Et peu importe qu'il mente ou non. Les mensonges des administrateurs délégués qui se sont succédés à la têtes de ces entreprises sont déjà, aujourd'hui, bien plus assassins que tous les bobards qu'un petit conducteur de train blessé dans sa chair par un drame qui dépasse l'humain peut raconter pour qu'on arrête de l'accabler. Qu'il mente ou qu'il dise vrai, qu'il se trompe ou pas, nous lui devons la solidarité de l'usager, du citoyen, du travailleur.

Chacun de nous a droit à l'information, c'est évident. Et les journalistes sont lancés par leurs rédactions dans une recherche effrénée du flash info que le journal d'en face n'aura pas. C'est comme ça que ça marche, il n'y a pas d'autre solution si l'on veut une presse indépendante et il n'y a pas de démocratie sans presse indépendante. Mais il faudrait néanmoins prendre le temps, chaque matin, dans les rédactions du Sud et du Nord, de se demander ce qu'on est en train de faire à une personne esseulée, dans l'incapacité totale de se défendre. Et que les médias arrêtent pour quelques semaines de braquer leurs projecteurs sur un homme seul, démuni, gravement blessé, et meurtri à vie.

Merci pour lui.

02:47 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (25) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

vendredi, 19 février 2010

Crainhem : seuls les Flamands ont le droit de parler français !

Pour empêcher le vote d'une augmentation d'impôts, des conseillers communaux néerlandophones de Crainhem avaient parlé français pendant le conseil. D'autres conseillers néerlandophones avaient alors déposé une plainte pour violation de la circulaire Peeters. Celle-ci interdit strictement l'usage du moindre mot d'une langue autre que le néerlandais pendant les conseils communaux (y compris de communes à 90% francophones) en Flandre. Tout conseil entaché de langue autre est purement et simplement annulé, et toutes les décisions prises au cours d'un tel conseil le sont aussi. De nombreux conseils de communes à facilités ont ainsi été rendus caduques pour un mot ou un autre en français. Voulant profiter de cette sévérité flamande, les conseillers néerlandophones ont donc voulu utiliser ce règlement qui les privilégie aux dépens de l'autre, en parlant français, haut et fort, pendant ce fameux conseil de Crainhem. Mal leur en a pris : le gouverneur du Brabant, Lodewijk De Witte, pourtant prompt à fustiger les bourgmestres à facilités, les a renvoyés à leurs sièges municipaux, parce qu'en justice, nul ne peut invoquer sa propre turpitude. Autrement dit, les Néerlandophones ne peuvent se plaindre qu'on porte atteinte au caractère néerlandophone de leur commune si c'est eux-mêmes qui y parlent français. Si la décision du gouverneur est toute à son honneur, elle pose toutefois un problème majeur : elle revient à dire que dorénavant, pendant les conseils communaux, seuls les Flamands auront le droit de parler français sans risque de faire annuler toutes les décisions du jour. Si ça, ce n'est pas de l'apartheid !

02:11 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (63) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mardi, 16 février 2010

Un jour noir pour Kris Peeters.

Deux trains se percutent. L'un vient de Quiévrain et va à Liège, à l'autre bout de la Wallonie. L'autre vient de Louvain (Leuven), en Flandre et va à Braîne-le-Comte, en Wallonie aussi. L'accident s'est produit là où les trains passent en Flandre, l'espace de dix petits kilomètres, entre Bruxelles et la région wallonne. En fin de matinée, on apprend qu'il y aura sûrement dix morts, que des corps sont coincés dans le métal, que des blessés très graves doivent être amputés sur place. Des témoins parlent, écrasés par une identique émotion, dans leur langue ou dans la langue de l'autre. Le ministre-président de la Wallonie était parmi les premiers à apporter son soutien, sur place, et s'est adressé aux caméras des télévisions flamandes en beau néerlandais. C'est à ce moment-là que la télévision nous apprend que Kris Peeters, ministre-président de la Flandre, aurait dit, depuis les USA où il cherche de nouveaux clients potentiels :  « c'est un jour noir pour la Flandre ».

Pour la… Flandre ? Pas pour la Belgique, donc ? Pas pour la Wallonie, votre voisine, monsieur Peeters ? Pas pour Bruxelles ? Pas pour l'Union européenne ? Non. Uniquement pour cette chose qu'il croit devoir brandir à tout escient : la Flandre. Et pourtant, il paraît que les secours, venus des trois régions, ont superbement collaboré. Il paraît que les hôpitaux, des trois régions, ont fait un très bon boulot. Il paraît que les pompiers se parlaient framand et flançais. Il paraît que les blessés, pour la plupart wallons, étaient accueillis comme chez eux par le personnel de la gare et les gens du coin, pour la plupart flamands. Il paraît donc que la Belgique existait, ensemble, fonctionnait. Et Kris Peeters ne pensa qu'à sa Flandre.

L'article de la Libre qui révèle la phrase est suivi de commentaires virulents, violents, même, évidemment exacerbés par ces instants tragiques, où les dérives de langage font plus mal que jamais. Un internaute écrit simplement « smeerlap » (salopard). Un autre « il y a de quoi être honteux d'être flamand! ». D'autres encore, en rafale : « c'est un jour noir pour l'intelligence », « l'ignoble Peeters », « Kris Peeters, la médiocrité incarnée. Une insulte aux victimes… Sale petit bonhomme. Un tas de m… dans un bas de soie comme aurait dit ?Napoléon. »

Et j'ai besoin d'ajouter celui-ci : « Je ne veux même pas lire les autres avis tant j'ai BESOIN de dire mon écoeurement. Un jour noir pour la "FLANDRE" ???? non Mr le Ministre... un jour noir pour la BELGIQUE. Faut-il vraiment comptabiliser combien de wallons, combien de flamands dans le total des blessés ou des morts... ? Ou le nombre total de victimes BELGES ? Quelle honte ! Je vient d'entendre Rudy Demotte à la télé, qui LUI au moins parle de belges, et d'une catastrophe pour la Belgique ! Il parle même de se réunir dans la douleur, d'oublier le tissus communautaire... et à côte de cà ce connard de Kris Peeters .... » Ce n'est pas un commentaire, c'est un cri de détresse. Révélateur de la virulence des sentiments que provoque une certaine politique.

Il nous reste peut-être à tirer une leçon. Je ne doute pas une seconde que chacun, en voyant les images d'aujourd'hui, s'est senti profondément solidaire de tous ces gens descendus du train, choqués, épouvantés. Il suffirait peut-être de cultiver ce sentiment d'empathie pour créer un nouveau pays. On l'appellerait « Belgique ».

 

01:52 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (41) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

lundi, 15 février 2010

Conflit droit

Ce vendredi, dans une indifférence apparemment générale, la N-VA annonçait qu'elle demanderait encore un conflit d'intérêt contre le gouvernement fédéral ce mercredi au Parlement flamand. Le CD&V suivrait. En d'autres (Le)termes, la partie flamande de ce parti décidément sans tête irait prier la partie fédérale du même machin difforme de changer sa politique de l'emploi, sous prétexte qu'elle n'est pas purement flamande. On peut s'attendre à ce que le premier ministre use d'ici mercredi de son influence pour obliger Mme Milquet à modifier une fois de plus la Loi et appliquer le principe hallucinant qui revient à ce que les Lois négociées au fédéral ne deviennent valables que lorsque, de surcroît, la Flandre donne son feu vert. Ce véto de fait donne en réalité à la Flandre un pouvoir intolérable sur les politiques fédérales pour lesquelles elle n'est pas compétente. Si les Francophones pensent qu'en acceptant de tels actes, on sauve le pays, ils se trompent lourdement. La seule manière de faire changer le CD&V, c'est de le mettre devant ses responsabilités : s'il veut voter le conflit d'intérêt, qu'il le fasse. Et que le gouvernement tombe. De toute manière, cette direction fédérale est absolument impuissante et le problème de sécurité à Bruxelles le montre : les ministres flamands sont coincés par leurs dogmes nationalistes. En Flandre, Bart De Wever fait le siège de la VRT, assurant que tout ça, c'est à cause des Francophones, incompétents, hautains et bien entendu ennemis de la Flandre. Chaque échec, chaque faiblesse fédéral ajoute de l'eau à son moulin séparatiste. Son argument est irréfutable : le pays n'était pas moins géré au moment de la crise qu'il ne l'est aujourd'hui !

Depuis trois ans, les partis Flamands percent trou après trou dans la barque Belgique. Les Francophones remplissent. On s'épuise à tenir cette chose à flots. Si au contraire, on la laissait couler, peut-être que les partis démocrates flamands se rendraient compte qu'il faut d'abord arrêter de percer la coque. Ou couler ensemble.

02:35 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (9) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

jeudi, 11 février 2010

La presse flamande et le Vlaams Belang d'une seule voix !

C'est involontaire, évidemment, mais c'est révélateur. De quoi parlait la presse flamande dans ses grands titres depuis deux semaines ? De la sécurité à Bruxelles. Aucun journal de la VRT, que moins de 5% des Bruxellois regardent, ne passait à-côté du sujet. De Standaard et Het Nieuwsblad en ont aussi fait leurs choux gras. Les politiciens et les médias flamands ont la solution: tolérance zéro, d'une part (si peu appliquée en Flandre qu'un jeune voleur à main armée à Termonde a été relâché le jour même de son arrestation par… manque de place !) et zone unique d'autre part (alors que personne n'a jusqu'ici démontré des dysfonctionnements policiers). L'arrestation, lors du braquage à l'origine de tout, d'une dame âgée, avec une brutalité toute policière, ainsi que les insultes racistes qui auraient été proférées par des policiers néerlandophones — «pour moi, les Arabes peuvent tous se prendre une balle dans la tête » —, ont fait l'objet d'un tout petit reportage sur Terzake, puis ont été oubliés.) Les autres éléments de solution n'intéressent pas la VRT. Que Bruxelles soit sous-financée non plus. Dès qu'on touche aux nœuds du problème (justice sans moyens, manque d'effectifs policiers, cadres linguistiques obsolètes) et aux compétences de ministres néerlandophones, on constate le blocage, le terrible blocage de Bruxelles. On entend alors des petites voix prétendre que si les Francophones acceptaient une réforme de l'État, Bruxelles aurait droit à un refinancement. Ah bon ? Dans ce cas, il y aurait tout à coup de l'argent ? Donc, les partis flamand avouent avoir pris Bruxelles en otage ? Et leur presse trouve ça normal ? C'est bien ça qui mériterait dix pages ! Dans Le Soir, par exemple !

Parallèlement, la hausse de 60% de la criminalité contre les personnes à Anvers n'a pas valu à la ville les manchettes ni de reportage brutal qu'une kalach a valu à la Capitale. Sur Terzake d'hier, le bourgmestre de la ville est venu expliquer que, oui, il y avait des problèmes, et qu'on s'en occupait. En gros, il a dit la même chose que Moureaux. Sauf que Moureaux est francophone et que donc, il n'est pas crédible. La différence de traitement entre l'insécurité à Anvers et l'insécurité à Bruxelles fait peur.

Enfin, sachez que pour la VRT et la plupart des politiciens flamands, tous les problèmes de sécurité à Bruxelles se concentrent en un seul point : Cureghem. C'est à rire, même. Des journalistes émérites prétendent que les coups de feu ont eu lieu à Cureghem. Ouf! Laeken, Molenbeek, Schaerbeek, Saint-Josse, Saint-Gilles et le bas de Forest sont épargnés par l'ire flamande. C'est donc bien un mot qu'il leur fallait : Cureghem. Simplifications utile pour populisme féroce : zone unique, Cureghem, tolérance zéro, le peuple est content, les journalistes s'enfoncent. Mais le braquage manqué a eu lieu boulevard Adolphe Max, et l'arrestation, dans une rue de Laeken. Avis aux commentateurs flamands : avant de parler de Cureghem comme si vous vous y promeniez chaque jour, venez visiter Bruxelles, on vous apprendra qu'entre l'atomium (ou presque) et la gare du Midi, il y a une sacrée différence. Et oui, les problèmes de sécurité se posent dans un tiers des communes bruxelloises. Et oui, c'est dramatique. Mais pratiquement tous les acteurs de l'histoire sont… flamands. Et ça, à aucun moment, je ne l'ai lu dans les colonnes du Nord. Alors, je me demande si l'on n'est pas tombé très bas là-haut…

Parce que comme je le disais, ils ne l'ont même pas fait exprès : cette semaine, la même une fédérait un journal centriste, une télé publique et le magazine du Vlaams Belang « Brusselse Feiten » (Réalités bruxelloises) : La criminalité à Bruxelles. Mieux encore : l'article  du parti raciste date de bien avant la vague médiatique flamande ! Bien sûr, les journalistes sont généralement anti-vlaams belang. Raison de plus pour réfléchir un peu à la vague médiatique qui vient de submerger la Flandre (et la ville dont elle pense encore qu'elle est sa capitale), car l'on imagine qu'ils ont dû bien saliver, au siège du Vlaams Belang de Bruxelles, quand ils ont vu la VRT et quelques journaux de premier plan foncer tête en avant dans la brèche ouverte par quelques syndicats de policiers (dont on me dit qu'une proportion importante vote extrême droite, ce n'est peut-être pas tout à fait anodin) et par trois autres partis, la NVA, LDD et la S-PA, tous trois évincés de la majorité bruxelloise. Tous les autres partis ont foncé dans le même tas. Ça doit être un sacré problème de voter en Flandre. Quand un journal centriste écrit grosso modo la même chose sur Bruxelles qu'un journal d'extrême-droite, l'électeur n'a plus trop le choix des cartes. Ou alors, il se dit que ces Francophones, décidément, c'est une belle bande de nuls ! La preuve : à Anvers, tout va bien. Si bien que la zone unique a été divisée en districts.

12:30 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (23) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

Peumans peut mieux.

Après une intervention insupportable de Filip Dewinter qui, au parlement flamand exigeait d'une jeune femme se trouvant au balcon des observateurs qu'elle retire le voile musulman (très seyant au demeurant) qu'elle portait sous prétexte que c'était un signe d'appartenance politique, le président du parlement, Jan Peumans, a montré que son parti n'était pas islamophobe en priant l'extrémiste raciste de se taire, ce qui lui a valu une volée d'applaudissement. Il ne reste plus à Jan Peumans d'admettre que les membres du VNV n'étaient pas de bons patriotes et que leur exécution était un acte de guerre. Ensuite, il lui restera à comprendre que les Francophones de ce pays n'ont rien à voir avec les Fransquillions d'autrefois, et enfin à comprendre qu'en Union européenne, les minorités ont des droits.

Peumans peut mieux. Il le montre. Quoique.

11:32 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (7) | |  Facebook |  Imprimer | | | |