samedi, 30 octobre 2010

Haro sur Maingain.

Oh, le méchant homme ! Figurez-vous qu'en pleine «pacification», Olivier Maingain a osé déposer une proposition de Loi qui organise une consultation populaire (qui revient uniquement à demander l'avis de la population) visant à intégrer les communes et quartiers périphériques qui le souhaitent à la Région bilingue de Bruxelles-Capitale. Un Suisse en perdrait son latin (et son romanche, menacé de disparition) : comment peut-on critiquer pareille proposition, qui revient ni plus ni moins à appliquer en Belgique le principe suisse, ô combien démocrate, de démocratie participative ? D'autant que la consultation populaire, contrairement au référendum, n'entraîne aucune obligation pour le Législateurs : ce n'est qu'un avis. Or, que disent Le Soir et La Libre ? Que ce n'est pas le bon moment, parce que la N-VA n'a finalement pas demandé le traitement en urgence de la Loi sur la scission unilatérale de BHV. Quel geste noble, hein, de la part des nationalistes !

Bon, faut dire qu'ils n'avaient pas le choix. Sinon, ils votaient avec le Vlaams Belang, et donnaient du crédit à l'idée que ces deux partis-là auraient quelque chose en commun — ce que Bart De Wever ne peut pas se permettre, parce que la majorité de son électorat n'est pas nationaliste, mais pense qu'il est le seul homme en Flandre en mesure de régler les problèmes communautaires.  Autrement dit, l'abstention de la N-VA n'est en aucune façon un signe de bonne volonté, mais un retrait tactique. Ils ont, comme je l'ai montré dans mon article précédent, été acculés au bout de leur logique, et ça ne les arrangeait pas. Du coup, ils ont fait ce que tout bon joueur d'échec fait quand on provoque une situation délicate : il choisit la moins difficile des positions, punt aan de lijn.

Et dans ce cas, le plus avantageux était de ne pas voter l'urgence pour leur propre proposition de Loi. Avantageux ? Mais oui, à plusieurs titres. Tout d'abord, ils se donnent un rôle positif, celui de la modération. Ensuite, ils retournent la situation : après avoir été mis en cause sur la sincérité de leur désir de négocier, cette volte-face donne l'illusion qu'ils sont bien plus ouverts qu'on ne le dit. Enfin, ils ne touchent pas à l'essentiel : la Loi est déposée. Elle peut toujours servir. Or, cette Loi est une monstruosité au sens unioneuropéen du mot, qui vise à retirer des droits à une minorité historique, quand celle de Maingain veut lui en donner. Mauvais moment ? Méchant FDF contre gentille N-VA ? D'accord : le moment est mal choisi. Mais uniquement pour le FDF, qui prend le risque d'être perçu et présenté comme une bande d'«extrémistes».

Pour rappel, le FDF n'est pas partie prenante des négociations. Il peut donc se permettre de «provoquer». C'est même son rôle. Parallèlement, l'extrême droite flamande n'hésite pas à sortir un livre sur l'indépendance de la Flandre. Et là, mutisme francophone ! Sans compter que pour présenter ce livre, le journaliste de la VRT commence par préciser que la scission du pays n'est plus un tabou, et par rappeler que Laurette Onkelinx aurait évoqué un plan B. Vous avez bien lu, les vrais séparatistes, au fond, ce serait aujourd'hui les Francophones ! Rassurez-vous, la presse de langue française n'en parlera pas. Ça pourrait mettre de l'huile sur le feu. Le seul problème, c'est que même quand les Francophones ne jettent rien sur le feu, les nationalistes le font pour eux, en leur nom. L'information, à savoir la transmission du «full picture» à ses lecteurs, c'est quand même de tout dire, non ? La Belgique serait-elle devenu un pays tellement con dans sa tête qu'un référendum démocratique y est présenté comme une provocation, alors qu'une Loi radicale flamingante (ce qu'est la scission de BHV) poursuit tranquillement, discrètement son chemin. Croyez-moi, on en reparlera, de BHV !

Le retrait de la N-VA, je le répète, est purement tactique. Cela signifie que dans un mois au plus — je miserais plutôt sur trois semaines — la N-VA trouvera le moyen de refaire capoter les négociations, dès qu'elle sera sûre qu'elle pourra faire peser suffisamment la faute sur les Francophones pour qu'au moins un autre parti flamand (suivez mon regard) les suive. À propos, les Francophones sont décidément devenus coupables de tout, en Flandre : Rik Torfs, du CD&V rappelle à qui veut l'entendre que les chrétiens flamands n'ont pas à s'identifier au primat de… Belgique, Mgr Léonard (dites-le avec moi ? Un Francophone). Sous-entendu, un monseigneur Flamand n'aurait pas eu de tels propos (le clergé flamand est bien meilleur, of course !). Bien sûr, Torfs critique aussi la papauté, mais quand même, on se demande ce que les Flamands auraient pensé si un théologien francophone avait un jour déclaré que les chrétiens wallons n'avaient pas à se soumettre à Mgr Daneels.

Le même jour, Brigitte Grouwels s'est fait agresser verbalement parce qu'elle veut imposer aux taxis une bande jaune et noir, les couleurs de la Flandre, alors que les taximen ont «bien d'autres problèmes», et qu'une telle bande imposera des traces qui, forcément, réduiront la valeur de revente de leurs belles bagnoles. Et le taxi-modèle s'est vu garnir d'œufs pourris dès après qu'il eut été dévoilé ! L'intention nationaliste de Grouwels des flamandiser nos taxis l'a menée à proposer une mesure débile, et le retour de manivelle a bien failli lui valoir d'être agressée physiquement : la police a dû intervenir. Chaud, les marrons ! Et je ne parle même pas de la crise de nerfs du frère et copartisan d'Herman Van Rompuy, notre Président bien aimé. Vous ne le sentez pas ? Tout est devenu communautaire ! Depuis la couleur des taxis jusqu'à la gestion même de la parole de Dieu, en passant par l'humour de Geluck. Dans un tel contexte, celui qui croit à une «pacification» venue de la N-VA est d'une naïveté confondante.

S'en prendre à une mesure d'inspiration helvétique (qui, en Suisse, ne poserait aucun problème, c'est même la base de la démocratie alpine — et au contraire, l'on utiliserait alors le référendum, qui a force de loi, et non la consultation populaire!) d'Olivier Maingain montre une fois encore à quel point, dès qu'un calme apparent apparaît, certains commentateurs francophones perdent tout sens de l'orientation, au point d'encenser le nationaliste et d'houspiller le démocrate. C'était déjà le cas en juin, lorsqu'on nous annonçait qu'on aurait un gouvernement en septembre. Les remarques contrariantes des sceptiques, Jean Quatremer notamment, et moi-même, furent balayés par un argument plutôt marrant : puisqu'ils étaient condamnés à s'entendre, le PS et la N-VA s'entendraient. Naïveté, méthode Coué, souci de garder l'église qui va s'écrouler au milieu du village qu'elle va écraser de son clocher massif ? Welkom in Belgium… Mais à mon humble avis, plus pour très longtemps !

 

Note : article modifié suite à une remarque très pertinente de B.: il ne s'agit pas d'un référendum mais d'une consultation populaire. A priori, j'avais considéré que l'un valait l'autre, dès lors que même un référendum serait certainement contesté par les partis flamands qui ne reconnaissent pas, en l'occurrence, la démocratie locale. De Wever n'accepte ainsi aucune autre consultation de la population que l'avenir de Bruxelles, que celle de l'ensemble de la population belge. Ainsi, ce qu'il impose à la Flandre, le droit à l'autodétermination, il le refuse à Bruxelles et aux communes périphériques. La démocratie de Bart De Wever est décidément très sélective. Alles Voor Vlaanderen.

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dimanche, 24 octobre 2010

Republiek Vlaanderen à Anderlecht et à Evere (mise à jour)

La provocation continue. Cette fois, ce serait à Anderlecht (apparemment rue de Scheut) et à Evere (chaussée de Haecht, dans le sens Flandre-Bruxelles — merci à Gilles qui m'a fait parvenir la photo) que le Vlaams Belang aurait décidé de défier les Bruxellois avec son «Republiek Vlaanderen» et de séduire le navetteur flamand, vu la localisation géographique de ses panneaux. L'afficheur est l'entreprise Think Media, à Anvers. Vous pouvez les remercier pour leur sens de l'à-propos en leur envoyant un mail courtois ou humoristique à l'adresse suivante : info@thinkmedia.be . Refusez absolument tout message haineux ou revanchard, qui ne vous fera pas honneur. Soyez sympa, subtil et piquant

Voici mon message, envoyé ce 25102010015.jpgdimanche.

Beste,

Nous prenons bonne note de la suggestion du Vlaams Belang que vous relayez à Bruxelles de déclarer la République de Flandre. Nous vous prions toutefois de noter que, si cette république devait naître, vos panneaux d'affichage bruxellois se situeraient à l'étranger de votre nouvel État. En tant que parti étranger, le Vlaams Belang ne pourra donc plus alors afficher à Bruxelles. Nous nous réjouissons d'avance du manque à gagner que cela représentera pour vous.

Bien cordialement,

Marcel Sel.

Citoyen belge.

 

img01196-20101023-0900.jpg

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jeudi, 14 octobre 2010

Belgicaanse Manifestation ople 11 novembere

Klik hier voor meer informatie over een a-politieke en a-communautaire mars op 11 november, Paleizenplein : een initiatief van Bibi Maxou en Sandra Zidani op Facebook.

Dit evenement zal éénieder die België genegen is interesseren. Een mars lors van elke politieke partij of beweging en die alle gemeenschappen van dit land overstijgt: het initiatief wordt in de twee landstalen voorgesteld (het Duits ontbreekt spijtig genoeg) en elke politieke slogan of poging tot politieke recuperatie is uit den boze. De mars wordt opgevat als een reactie van de burger op de huidige politieke crisis. Tot nog toe hebben 218 mensen laten weten dat zij zouden deelnemen, en “350” misschien. Het is nu nog wachten op de tien duizend anderen om een duidelijk signaal te geven. Ik nodig iedereen uit die begaan is met ons land om op straat te komen. Eenmaal gedaan is nog geen gewoonte.

Met onze aanwezigheid zullen we immers duidelijk maken dat wat er ook gebeurt, en voordat het einde van België een onomkeerbaar feit is geworden, dit tegen de wil in van de bevolking van ons land gebeurd is.

***

Voici un événement lancé sur Facebook qui intéressera les Belgicains, lancé par Bibi Maxou et Sandra Zidani. Il s'agit d'une marche apolitique et acommunautaire, le 11 novembre, place des Palais. C'est parce qu'il est proposé en deux langues (il manque l'allemand, mais au point où on en est) qui interdit les calicots politiques, et propose un simple rassemblement de réaction à la crise belge. Pour l'instant, 218 participants et 350 «peut-êtres» ont répondu à cet appel tout frais. Il manque juste une dizaine de milliers d'autres pour marquer le coup. J'encourage tous ceux qui le souhaitent à se déplacer, une fois n'est pas coutume. La préservation de notre nation est peut-être une vue de l'esprit, mais au moins, avant que sa fin ne soit irrémédiable, un geste citoyen nous permettra d'exprimer que quoiqu'il arrive, ce sera arrivé en dépit de la volonté des habitants de ce pays.

(Le titel is en Belgiëcain, een languetaal originaele dat idereentoulmonde doitmoet compreneren. Met dank aan L.J. pour la vertaling)

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Umanité, et le Flip.

Sur le blog de «notre» vidéo «Do you want to know more about Belgium» sur Viméo, quelqu'un a laissé un mot. Il disait de regarder la vidéo d Uman feat. Flip Kowlier, «Bienvenue en Belgique». Où l'on découvre que dans ce pays polyglotte, on parle aussi bien français que westvlaams. Et où l'on découvre aussi que le westvlaams, s'il n'est pas très adapté à la chanson d'amour, fontionne parfaitement bien dans le rap. Même mieux que le français (désolé, hein Uman, c'est pas ta faute, ton rap est nickel chrome). C'est dur, rugueux, et près de l'os. Flip Kowlier nous invite dans son bled. On y est bien.

C'est umaniste, juste, carré, décalé. A échanger, à acheter, à répandre. On me demande de regarder ? Non, j'ai besoin de faire mieux que ça : diffuser. Bienvenue in Balgië. Un Flip pour un flip.

ORIGINAL UMAN feat. FLIP KOWLIER - "BIENVENUE EN BELGIQUE" (tweetalig) from CHRONYX TV on Vimeo.

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vendredi, 08 octobre 2010

Elio ! Elio ! Prends Didier de nous !

Le MR pousse au portillon. Fort. Reynders, Michel, les grosses pointures sont lâchées. C'est sûr, elles vont résoudre la question. Un déjeuner chez Bruneau et quelques autres recontres gastronomiques auraient ouvert des pans de tolérance à la N-VA. Côté droits des Francophones, Olivier Maingain critique (à juste titre à mon avis) la trop grande souplesse d'Elio, qui a cédé à la grrrrrrande réforme avant même de commencer à négocier sérieusement. Comique : c'est exactement ce que font Reynders et Michel quand ils parlent dans les médias flamands. La stratégie est toutefois différencte. Le MR part du principe (apparemment) qu'en donnant à la Flandre la grrrrrande réforme copernicaine, ils obtiendraient des droits pour les Francophones de la périphérie, voire un élargissement de Bruxelles. Pas con, en apparence.

Sauf que la N-VA et le CD&V n'ont en aucun cas l'intention de céder des choses aussi symboliques. Et ce qui arrivera, si le MR remplace, mettons le CDH et Ecolo dans la négociation, c'est qu'on se retrouvera bloqué à nouveau dans quelques semaines. Car pour la N-VA, la perspective de revoir les libéraux arriver dans les négociations est alléchante : contre une Milquet qui n'est plus tout à fait madame non, ils auraient un Maingain qui est toujours présenté par certains (y compris à la VRT) comme pire que le Vlaams Belang. C'est vrai que le FDF organise chaque année une commémoration à Degrelle devant 5.000 Wallons collabos (smiley ici). La N-VA aurait aussi un MR qui ne peut que soutenir les élus de Flandre (comme Van Eycken), et les Bruxellois francophones, et serait hué s'il lâchait les trois bourgmestres et les droits citoyens, plus encore que ne l'est le PS. De quoi provoquer des crises encore plus crispantes que celle que nous sommes en train de vivre. Et de quoi démontrer à l'électeur flamand que décidément tous les Francophones sont des rabiques avec lesquels il est impossible de s'asseoi-a-a-ar. La francophonie est un cactus.

Ce qui me paraît étrange, c'est qu'aujourd'hui que le PS est arrivé à la conclusion que je prédisais en juin, à savoir qu'il n'y a aucune négociation possible avec la N-VA, le MR le nie toujours, pour des raisons probablement purement politiques. Or, il a un rôle à jouer aujourd'hui, fondamental, qui est celui de l'opposition constructive. À savoir, de dire ce que le PS ne dit pas, de critiquer les avancées des Francophones qui négocient (PS, CDH, Ecolo) un pays encore plus détricoté, et de mettre en avant un fédéralisme constructif. Autrement dit, de dire aux Flamands qu'ils sont fous de ne pas signer des deux mains ce que les négociateurs francophones leur proposent, et aux Francophones qu'ils sont fous de proposer tout ça aussi facilement. On appelle ça l'opposition. Elle est vitale. Au lieu de ça, on bat du vent dans tous les sens. D'un côté, on affirme qu'il ne faut pas faire peur aux Belges en évoquant la séparation (Louis Michel), d'un autre, on entre dans le jeu flamingant de l'article 35 (Didier Reynders). C’est en fait du grand n'importe quoi. Le plus comique, c'est que Reynders, qui a eu la place de chef des Francophones pendant 3 ans de crise, et qui sait de quoi la N-VA est (in)capable, arrive à reprocher au PS de ne pas opposer un projet francophone au projet flamand. Celui-ci étant né en 1999, on se demande ce que Didier a fait pendant tout ce temps !

Quand les partis francophones seront prêts à reconnaître que le nationalisme s'oppose à la doctrine démocrate, parce qu'il s'oppose à la doctrine du droit universel et inconditionnel à l'égalité pour tous citoyens, que les partis flamands majoritaires refusent d'entériner, et n'appliquent pas (Wooncode, la non-nomination des Bourgmestres, la Circulaire Peeters, le filtrage des habitants à Gooik, Overijse, Vilvoorde, etc., ainsi que la future Charte pour la Flandre, sans compter les projets d'apartheid social à Bruxelles), ils pourront enfin regarder la N-VA en face et progresser. Tant que cette reconnaissance n'aura pas eu lieu, du PS au MR, en passant par le CDH qui tergiverse et Ecolo qui a laissé Groen! imposer la N-VA dans son groupe parlementaire européen (pourquoi pas le VB tant qu'ils y étaient ?), les partis francophones joueront le jeu de Bart De Wever et continueront à lui donner des points.

Cela étant, s'il s'avère (comme je le pense) que nous ne sommes pas en train de négocier un gouvernement, mais bien un nouveau projet belge, il est parfaitement logique que la politique s'efface pour faire place aux idéaux. Et que je sache, tous les partis francophones partagent les idéaux européens, qui intègrent clairement le droit des minorités (et il est indispensable que les Flamands de Bruxelles et de Wallonie soient plus clairement intégrés dans ce projet qui ne peut pas être «francophone», mais bien universel, à plus forte raison s'il est émis par des Francophones. Il doit donc renforcer les «facilités spontanées» et prévoir un accroissement de l'offre culturelle et éducative des Flamands de Bruxelles et de Wallonie, y compris au niveau communal).

Il n'est donc pas illogique qu'on quitte la logique de la négociation gouvernementale, pour entrer dans une logique de refondation nationale. Et cela ne peut se faire sans le premier parti bruxellois, et sans la force majeure que représente le MR. Que tous ces ambitieux, de Di Rupo à Reynders, laissent tomber leurs rêves politiques, l'envie d'être le premier premier francophone depuis trente ans, on la comprend, mais le pays a besoin d'autre chose aujourd'hui. L'alliance de tous les partis francophones, sur base d'un projet commun, pouvant associer des partis néerlandophones non-flamingants (mais il n'en reste que deux, maigrissimes, le SP-A et Groen! — et encore, il y a des rabiques jusque chez les verts !), n'est pas illogique dans la perspective de la refondation. Ne dit-on pas que l'union fait la force ?

Mais tant qu'on en est à négocier politiquement (c.-à-d. tant que la négociation vise la mise en place d'un gouvernement et pas la refondation nationale), ce n'est pas envisageable : tandis que le PS tente une stratégie qui se résume à «on va vous donner quasi tout pour voir si vous êtes sincère», qui a montré le vrai visage de la N-VA, il est sain que le MR et le FDF restent en réserve, car eux seuls peuvent aujourd'hui revenir avec les exigences fondamentales et démocratiques des «partis francophones» : intégration à Bruxelles des communes qui le souhaitent, dans le respect de ce qui sera alors une minorité néerlandophone à protéger ; adéquation de la Flandre à la charte des minorités ; suppression de la circulaire Peeters ; maintien des droits juridiques des Francophones de BHV ; maintien des droits électoraux des Francophones de BHV. Je pense toutefois qu'il est aujourd'hui évident que tout ceci n'est pas admissible pour une équipe politique flamande qui a perdu de vue l'idée européenne, à force de laisser certains de leurs membres s'enfoncer dans les commémos nazies sous prétexte de patriotisme flamand.

Et donc, la négociation politique devrait faire place à autre chose. La N-VA propose de laisser le gouvernement en affaires courantes jusqu'en 2012 ? Pourquoi pas, au fond ? Vu que les Flamands ont décidé de ne plus former de nouveau gouvernement tant que les Francophones n'auront pas adoubé les résolutions unilatérales de leur parlement en 1999, il faudra bien un an pour réinstaurer le respect, et présenter un projet qui contre celui, nationaliste, antidémocratique (dès lors qu'il nie le droit au choix structurel des Francophones de ce pays) de la Flandre qui fait tant briller l'Europe, mais d'un éclat assassin. MM. les chefs de partis francophones, unissez-vous, dites ce que vous voulez pour le pays, et montrez donc à la Flandre qu'on peut être «francophone» et avoir un projet généreux, non communautaire, européen. Et si ça échoue, tant pis. On aura au moins un beau projet pour nous-mêmes.

Aujourd'hui, les représentants de près de 80 % des Flamands reconnaissent que la Flandre va vers une indépendance (une confédération est une association d'États indépendants). Il n'est vraiment pas temps de céder quoi que ce soit qui oblitérerait plus tard la viabilité et la dignité de Bruxelles et de la Wallonie.

 

©Marcel Sel 2010. Reproduction libre à la condition de citer la source et d'établir un lien vers ce blog.

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jeudi, 30 septembre 2010

Wild, wilder, Wilders

Les libéraux démocrates populaires du VVD, et les chrétiens du CDA ont signé un accord gouvernemental pour un gouvernement minoritaire, qui fonctionnera avec le soutien extérieur du PVV, le parti «pour la liberté» de Geert Wilders. Le PVV est considéré par la Fondation Anne Franck comme un parti d'extrême droite. Wilders est surtout connu comme auteur d'un pamphlet islamophobe titré Fitna, une version moderne des pamphlets antisémites qui fleurirent avant-guerre, dont la cible est cette fois l'islam. Dans ce «documentaire» qui n'a peur d'aucun raccourci, Wilders stigmatise l'ensemble du monde musulman à partir d'extraits soigneusement sélectionnés du Coran, prétendant que la seule ambition de tout musulman est de détruire l'Occident et la Chrétienté.

En 2009, les autorités anglaises ont interdit à l'importun l'accès au territoire d'Albion, pas toujours perfide, où il venait présenter son pamphlet au parlement britannique, à l'invitation du parti indépendantiste anglais UKIP, parti nationaliste, eurosceptique, conservateur et plutôt populiste, pour être gentil. C'est le parti du désormais célèbre Nigel Farage, qui avait traité Herman Van Rompuy de «serpillère». Mais il y a mieux : le 4 octobre commence le procès du président du PVV pour racisme au tribunal d'Amsterdam. Le verdict sera connu le 2 novembre. On s'attend à ce que le procès Wilders tourne au procès du Coran, comme au plus belles heures de la répression antiprotestante, qui vit naître la nation hollandaise, née havre de tolérance religeuse. Les deux partis coallisés n'ont pas attendu de connaître l'avis de la justice sur l'éventuel racisme de leur nouveau compagnon. Étant donné le contenu de Fitna assimile littéralement tous les musulmans à des terroristes, et considérant les déclarations de Wilders sur le Coran («un livre fasciste»), l'éventualité que le sulfureux blondinet soit condamné est loin d'être une vue de l'esprit. Si c'était le cas, on imagine le mal-être de cette toute nouvelle coallition dès après sa mise en route, cela, après une centaine de jours de crise gouvernementale.

On peut voir ici les retombées du 11 septembre, 9 ans après l'attentat : la communauté musulmane fait un peu partout l'objet de brimades, suspections, et de débats qui profitent d'un des travers de l'islam, l'obligation imposée par certains maris ou certaines familles de porter le voile — les femmes qui le font par conviction ne font néanmoins qu'exercer leur liberté religieuse. On voit bien que l'objectif que de plus en plus de pays semblent vouloir atteinde est de mettre toute une communauté au ban de la société occidentale. Minarets imaginaires, voiles scandaleux, jusqu'au contenu du Coran réinterprétés à la sauce PVV, VB ou FN, sont autant de soi-disant «preuves» de la volonté d'une religion (qui, bien sûr, doit faire son examen de conscience mais ce n'est pas aux extrémistes de le faire à sa place), d'abolir les valeurs de l'Occident. Et d'Éric Besson à Geert Wilders en passant par Filip Dewinter, les bouteurs de feu ont, depuis le crime épouvantable d'Al Qaeda, et le fuel, et les torches qu'il leur manquait auparavant pour incendier ceux de nos concitoyens qui ne seraient pas aussi blonds et chrétiens qu'il siérait à une Nation au sens racial et égoïste du terme.

De l'identité nationale à la soi-disant préservation de l'Occident, qui soit dit en passant, s'est construite sur le même Dieu que l'Islam et le Judaïsme, il n'y a qu'un pas. Il est révélateur que la société qui ait décidé de le franchir aujourd'hui soit justement celle qui s'est fondée sur les valeurs de tolérance religieuse qu'elle avait su préserver pendant des siècles. Les sous-entendus derrière des débats comme le voile intégral, qui concerne en France tout au plus 300 ou 400 femmes, alors que l'urgence est à l'économie et à l'environnement, doivent éveiller nos consciences : les combats des humanistes contre l'obscurantisme religieux ou politique ne sont jamais gagnés. Toutes nos sociétés ont en elles le potentiel de fonder de nouvelles opressions. Cette coalition hollandaise ahurissante est un signal qui appelle au réveil d'un Occident embourbé dans ses pires démons. C'est parce qu'il faut s'opposer à l'Iran quand il assassine des jeunes manifestantes ou qu'il s'apprête à lapider des femmes, que nous devons nous lever contre l'intolérance chez nous, dont Wilders est l'une des figures de proue. Khomeiny, Wilders, le Hamas ou Avigdor Lieberman sont les visages variés d'un seul et même monstre pernicieux.

 

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lundi, 27 septembre 2010

Van Quickenvlaams.

Vincent Van Quickenborne (Open VLD), notre ministre pour l'Entreprise et la Simplification, est un fana de Twitter. C'est un précurseur. Le premier à avoir annoncé la chute d'un gouvernement par un tweet : «alea jacta est». Autant dire qu'avec lui, Twitter est devenu un outil de communication politique, et ce n'est pas pour rien que certains journaux ont, quelque temps, affiché automatiquement les tweets des politiques sur leurs versions en ligne. Pour ceux qui ne le sauraient pas, les tweets (ou «twits») sont des messages courts de 140 caractères maximum, lisibles par les «abonnés» au compte de l'intéressé. Depuis la chute du gouvernement, ceux de «Van Quick» (et d'autres) sont donc l'un des canaux de la communication politique, et en ce sens, ils ont perdu leur «innocence» — je pense notamment aux photos de conseils de ministres que Leterme envoyait sur le sien l'an passé. C'est là que le bât blesse. Parce que Vincent n'est pas du genre léger. Et il semble avoir un profil de plus en plus radicalement Vlaams.

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vendredi, 17 septembre 2010

Le nationalisme dans le Viseur.

Le nationalisme est une chose contagieuse. Il ne faut pas le confondre avec l'indépendantisme. C'est pourtant ce que semble faire Jean-Jacques Viseur aujourd'hui aux fêtes de Wallonie. Estimant que la Flandre atteindra tôt ou tard l'indépendance, il a déclaré que «la Wallonie doit oser la carte d'un nationalisme wallon» qui serait «ouvert, sans complexe (…) autour d'un développement solidaire.»

Quoi ? Un nationalisme qui ne serait pas centré sur l'identité wallonne ? Mais mon cher Viseur, ça n'est pas du nationalisme, ça. Le nationalisme cherche à construire un État autour d'un «peuple», qui bénéficierait d'une préséance de fait (comme les Flamands exclusivement néerlandophones en Flandre). L'indépendantisme revient à demander pour une population volontaire, qui peut être «un peuple» ou une «population mixte volontaire», un État séparé basé, non pas sur une identité commune, mais sur des valeurs communes. Ce que Viseur prône n'a donc rien à voir avec du nationalisme. Il ferait bien de peser ses mots. Au mieux, il donne l'impression que le nationalisme est une doctrine «innocente», alors qu'elle est radicalement en opposition avec la doctrine européenne de Robert Schuman. Au pire, il autorise les vieux nationalistes wallons pas exempts d'un racisme certain (présent dans tout nationalisme selon la définition ci-dessus) à ressortir les démons anciens qui n'ont rien à envier à la N-VA et autres. Au tragique, il rend vigueur à un indépendantisme Bruxellois, qui existe dans les cœurs (voir sondages) et ne demande qu'à être réveillé.

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Qu'une personnalité comme Jean-Jacques Viseur, bourgmestre de Charleroi et membre éminent du CDH, reprenne à son compte dans un discours public le fameux «Sire, il n'y a plus de Belges» de Jules Destrée, donne à penser qu'autour de la table de négociations, Bart De Wever aura au moins réussi à scinder clairement la Belgique politique. Reste à convaincre la population. Sur quel ton ? De Standaard ose «guerre ouverte». Espérons que Mohandas Karamchand Gandhi s'est réincarné en un citoyen belge. Ce serait notre Dalaï-Lama à nous. Concrètement, on recherche une personne née après le 30 janvier 1948.

Ah oui : la citation du jour sur le site de la N-VA aujourd'hui : «De l'argent flamand pour une ville qui déteste les Flamands ?» Ce titre, digne d'un parti d'extrême droite, est de Paul Geudens, du Gazet Van Antwerpen.

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À Lokeren, la ségrégation, c'est classe.

Selon TV Oost*, le collège «Onze-Lieve-Vrouw» (Notre-Dame) de Lokeren (Flandre orientale) a décidé de séparer les «allochtones» des bons Flamands** dans les classes primaires. La présence des premiers décourageraient les parents des seconds d'inscrire leurs chères têtes blondes (aux yeux bleus)*** dans l'institut, et ferait baisser le niveau scolaire. En primaire, 70 % des élèves de l'institut sont d'origine étrangère. Guney Hulya, maman d'une élève placée dans l'une des classes réservées aux «bougnoules» (désolé, ça m'a échappé)****, avec d'autres petits «de nationalités diverses», s'insurge contre le procédé. Elle parle parfaitement néerlandais, et même avec un accent lokerenois.

A sa demande de revenir sur cette ségrégation d'un autre temps, tout du moins pour sa petite fille, le directeur lui aurait répondu qu'elle pouvait toujours la changer d'école. Apparemment, le collège placerait les «allochtones» d'office dans des classes différentes de celles des petits Flamands de race****, sans test (linguistique ou autre) préalable. Pendant ce temps, M. Leterme rappelait les droits des Roms en France. On lui recommanderait bien de s'intéresser plutôt aux droits de l'Homme en Flandre.

 

Note : ceci est un billet de colère. Il n'est ni raisonnable, ni objectif. Je ne le modifierai pas, parce que la colère ne se modère pas, sinon, elle tombe à plat. Je suis persuadé que l'action de partis comme le Vlaams Belang (et une terrible complaisance de certains autres partis et médias envers l'extrême droite raciste) ont créé en Flandre un espace de tolérance à certaines formes de xénophobie qui les rend plus facilement défendable qu'ailleurs (la France et la Hollande, ainsi que la Suisse semblent suivre le même chemin.) Toutefois, suite à des remarques de mes commentateurs, et afin de ne pas en faire un billet qu'on pourrait interpréter comme antiflamand primaire, ce qui me ferait tomber dans le travers que je dénonce, voici quelques précisions quant à mes intentions.

* TV Oost est une chaîne flandrienne. Je cite volontairement la source en tête de billet pour préciser que le lièvre a été levé par une chaîne néerlandophone et pour montrer que le scandale a bien été dénoncé d'abord par des Flamands.

** si cela s'était passé à Charleroi, j'aurais évidemment écrit «de bons Wallons».

*** cette allusion ne vise pas les parents, mais le principe de ségrégation. Il est évident que les parents francophones sont tout aussi prompts à rejeter les écoles trop «allochtones».

**** ici encore, j'aurais écrit «de race wallonne» s'il s'était agi d'une école francophone.

 

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jeudi, 09 septembre 2010

Flamands, Européens, et résidents bruxellois se lèvent ensemble.

L'inquiétude est vive en Belgique. Si vive que, chaque jour, un universitaire apporte sa pierre à l'édifice baroque que l'information sur la scission du pays est en train de devenir. L'un annonce qu'elle est possible, l'autre qu'elle est totalement irréalisable, le troisième, qu'elle est inévitable, le quatrième qu'elle est indispensable. Mais quoiqu'il advienne, tandis que certains esprits s'échauffent de toute évidence devant le marasme politique (organisé ?) clairement communautarisé, d'autres regardent la situation sans a priori, ne s'intéressant qu'à l'intérêt bien pensé du citoyen. C'est le cas de cette lettre ouverte à Kris Peeters, ministre-président de la Région flamande, que je publie ici exceptionnellement dans son intégralité, et en version anglaise (merci à Caro Van Wynsberghe qui l'a transmise sur Twitter), tant je puis (presque) la signer des quatre mains. Elle a été écrite par un groupe de citoyens qui se décrit comme «Flamands, Européens et résidents de Bruxelles», qui interviennent «en qualité de membres de la société civile». Elle est envoyée en copie au gratin politique belge et européen, aux ambassades, à la presse nationale et internationale. J'ose espérer que la presse belge publiera cet appel à la une. Rien ne compte plus que le maintien de la paix à l'intérieur de la société civile. Rien ne compte plus, à Bruxelles, que la préservation des droits de la minorité néerlandophone historique, vecteur culturel incontournable, et le maintien et la mise en place d'administrations ouvertes sur le monde, polyglottes, reflet de cette ville cosmopolite s'il en est. On l'aura compris : je salue cette initiative courageuse, je la soutiens. Elle m'incite néanmoins à penser que si les consciences se réveillent aujourd'hui, c'est parce que nous vivons une crise gravissime, donc personne ne peut imaginer les conséquences à moyen terme. Les points supplémentaires que, selon un sondage de La Libre, la N-VA aurait engrangés depuis les élections, incitent à voir quelque désespoir dans le geste de ces citoyens, une bouteille à la mer d'un Nord qui se perd.

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