jeudi, 30 mai 2013

Bruxelles va construire le Stade de… Flandre.

Le gouvernement bruxellois s’est donc réuni à Ostende pour décider de construire le futur grand stade de la région bruxelloise en… région flamande. Ils ont dû trop écouter les mouettes. Elles ne doutent de rien, les mouettes des ports d’ici ! Et les voilà tout guillerets nous défendant cette formidable solution, la seule capable de nous fournir un grand stade pour la coupe de foot de 2020. On a même osé nous parler d’un «fédéralisme moderne». Oh ! mais quelle grande nouvelle ! Enfin, la Belgique a un fédéralisme moderne, intelligent, ouvert, sympa ! Fini ce crétinisme communautaire, ces oppositions constantes sur tous les dossiers, cette véritable mine à faire mal fonctionner le pays, entretenue pendant des décennies par le CD&V, et reprise depuis par la N-VA ! Et tout ça, grâce aux petits poings du nouveau ministre-président bruxellois, Rudy Vervoort. Pour parfaire la caricature, Vincent Laborderie a fustigé «l’esprit de clocher» de ceux qui, comme moi, ont un sérieux doute quant à l’idée d’aller implanter un stade bruxellois en Flandre. Un coup dans l’eau, encore. Parce qu’en ce qui me concerne, je trouverais super de pouvoir faire ce genre de choses. Sauf que la politique, c’est aussi un chouïa de réalisme. Et force est de constater qu’on a planté une frontière et que ça a comme qui dirait des implications.

Lire la suite

13:35 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (121) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

vendredi, 24 mai 2013

La N-VA baisse, le Belang remonte. Je vous l'avais bien dit.

Deux sondages à paraître ce week-end confirment ce que je dis depuis déjà quelque temps (sachant qu'un sondage n'est qu'une photo très imparfaite). Le premier (LaLibre/RTBF/Dedicated) voit chuter la N-VA de… 6 points, à 32,8%. Le second (De Standaard) la voit s'amortir à 32,1%. Apparemment, le parti a fait le plein des électeurs qu'il était en mesure de séduire, et un certain nombre d'entre eux, qui attendaient beaucoup de De Wever, trop probablement (il a aussi trop promis) commencent à chercher ailleurs. Ça ne nous dit toujours pas si 2014 sera un grand soir ou un nouveau matin, mais je parie sur une victoire mitigée. Toujours premier parti de Flandre, mais moins dominateur. Quant à savoir si cela lui permettra, depuis le gouvernement flamand, de pourrir le pays, je vous renvoie, comme auparavant cette semaine, à Madame Soleil.

Le deuxième enseignement est que, comme je le dis depuis très longtemps, le Vlaams Belang n'est pas encore mort. Je n'ai jamais cru à cette histoire de N-VA qui tuait "volontairement" le Belang. On a toujours besoin d'un plus nationaliste que soi, encore faut-il qu'il ne déborde pas trop. La N-VA n'a pas je pense une moralité suffisamment blanche que pour voiloir la fin du parti fasciste par engagement démocrate. J'ai toujours pensé que le Belang avait plutôt chuté du fait de plusieurs facteurs internes dont la N-VA a tiré profit : lassitude de voter pour un parti qui n'est jamais au pouvoir, perte du fondateur "charismatique", présidence octroyée à un idéologue sans relief, dissensions internes gravissimes… ça suffit à vous laminer un parti. Mais avec 10% dans les deux sondages, de laminage il n'est pas encore question.

Pendant ce temps, Bart De Wever, très pointilleux sur l'importance de l'économie pour notre avenir, grand pourfendeur du clientélisme wallon, est parti à l'assaut d'un… grand club de foot pour Anvers. On cherche de nouveaux électeurs comme on peut, hein !

19:22 Publié dans Humeurs brèves, Humeurs du Nord | Lien permanent | Commentaires (48) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

jeudi, 16 mai 2013

La DH ridiculise Bruxelles, Peumans ridiculise la Flandre

Suite à l'article de Jean Quatremer dans Libé, La Dernière Heure réagit au travers d'un "dossier". La révolte gronde. Sus à Paris, donc (qui n'est même pas la ville d'origine de Quatremer, du coup on se demande un peu de quoi il retourne, Bruxelles se compare mieux à Lille, Bordeaux, Lyon ou Vierzon). Et un édito qui titre et conclut "Casse-toi, p'tit con" à l'attention du "correspondant français". Hélas, ce qui transpire le plus de cet ensemble, c'est le manque de hargne, l'absence de rythme. On attendait du panache, on a eu du Panach'. Une limonade sans piquant, cette réponse, et une critique de Paris qui s'étale par manque de tabasco. Les "étrangers" qui liront ces papiers trouveront que même dans la "revanche", le Belge est petit. Pourtant, des grandes plumes, on en a. Il fallait leur demander. Du coup, voilà Bruxelles, déjà pas très belle, qui s'avoue ridicule.

Mais ne nous morfondons pas de ce constat. Car, une fois épanchée notre francophobie d'occasion, il nous reste la flamandophobie, et par souci de basse vengeance sournoise, je m'en vais vous l'alimenter. La suite montre que la revanche sans l'élan est aussi un sport national ou plutôt, nationaliste. Jan Peumans (N-VA), président du Parlement flamand nous le rappelle (la suite est une info du Standaard qui, au moins, quand il attaque, le fait avec des vraies plumes). L'assemblée néerlandophone a décidé d'organiser en son intérieur une exposition sur la BD. Et sur l'une des faces de la brochure de l'expo, les curateurs ont eu l'idée infâmante de mettre un dessin de François Schuiten. Oui, mais l'un des personnages "parle" sur ce dessin. Il y a une bulle avec du texte. Et ô rage, ô godverdomme désespoir, les mots qu'il dit sont en… français ! La langue taboue au Vlaams Parlement où "rien que juste de la nederlands perfekt a qua même une droit de la cité" dixit un N-VA imaginaire que j'ai pu contacter. Et donc, Jan Peumans a demandé et obtenu que l'on efface le contenu de la bulle ! Schuiten amputé, Schuiten massacré, Schuiten laminé, mais Schuiten publié !

La Flandre ne sera une grande nation, si elle le souhaite, que le jour où elle cessera d'avoir peur d'une langue qu'elle croit étrangère mais qui fait partie de son histoire. Bruxelles sera une belle ville le jour où elle pourra sourire d'un article incendiaire, reconnaître ses torts, et montrer qu'elle a du sens critique et surtout — c'est ce qu'on attend maintenant — une capacité à réagir.

Allez, je vous laisse, je vais aller me laver le cerveau, il est un peu collant depuis deux ou trois jours…


10:27 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (29) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mercredi, 15 mai 2013

Piétons dehors, proverbe bruxellois.

Mise à jour : j'appelle Bruxelles mobilité à 17h 15 pour signaler le danger des travaux et voici ce que j'obtiens en réponse…
podcast

(note : on a ensuite la traduction en français : c'est ouvert de 9h à 12h et de 14 à 16h. Mobilité quand tu nous tiens).
 

Scoop : depuis ce matin, la Chaussée de Saint-Job est interdite aux piétons entre la rue basse et la pont du chemin de fer. Ou c’est à vos risques et périls : j’ai vu une dame avec une poussette et deux petits enfants croiser un… bus. Les photos, vous allez voir, sont une fois de plus édifiantes et montrent que, même dans une des communes les plus riches de notre belle capitale, le pouvoir politique n’en a rien à foutre de la sécurité du citoyen. Vous me trouvez vulgaire ? Non, ce sont ces attitudes de matamores autosatisfaits de certains de nos dirigeants (en l’occurrence mon très noble bourgmestre Armand De Decker qui navigue à 48 milliards de kilomètres du vulgum pecus mais ça n’est pas une question de parti…) qui sont vulgaires. Scandaleuses. Minables… revue de détail…

 

Capture d’écran 2013-05-15 à 12.48.31.png(Photo : chantier installé ce matin. Les piétons peuvent aller se faire voir sur la rue)

Lire la suite

13:50 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (16) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

vendredi, 03 mai 2013

«Luc Trullemans est un raciste», m'sieur Modrikamen !

La liberté d’expression, dans les partis de droite «décomplexée», c’est sacré… Mais seulement quand il s’agit d’eux-mêmes. Et très sélectivement : ils voudraient qu'on abatte la Loi qui interdit l'expression de la haine raciale, mais hurlent à la mort quand Sharia4Belgium crie à la haine antichrétienne. Il faut savoir. La liberté absolue ne peut être absolue. Et c'est la même Loi qui interdit (fort heureusement) aux extrémistes à barbe de diffuser leur haine, et aux extrémistes à tête glabre de faire de même. Dans un État de droit, il n'y a pas d'alternative. La soi-disant défense de la liberté d'expression au Parti Populaire est donc une belle arnaque.


Si l'on avait besoin d'une preuve, après avoir reproché à RTL-TVI de limiter la liberté d’expression de Luc Trullemans (alors qu’un avocat devrait savoir qu’elle n’existe pas comme telle dans l’entreprise), d’après Nathan Skweres (Radio Nostalgie), Mischaël Modrikamen aurait asséné lors de sa conférence de presse de ce matin: «Nous saisirons en justice tout journaliste qui traitera Trullemans de raciste». Bien sûr, Modrikamen part du principe que le texte et les images publiés par Luc Trullemans sur son Facebook (le texte ayant été également twitté, ce qui rend la chose tout à fait publique) n’étaient «pas racistes». J’ai montré le contraire dans mon antépénultième billet de blog. Et le gibier de potence que je suis a même affirmé que le texte était bien raciste (ou xénophobe, c’est au choix). De même que l’attitude de Trullemans devrait être considérée comme telle à mes yeux s’il s’avère qu’il serait récidiviste, ou qu'il aurait gonflé l’incident qui lui sert d’excuse pour rejeter «sa faute», son texte de haine et son dérapage sur des automobilistes «musulmans» — c'est ce que semble indiquer la version de Philippe Delusinne. Mais voilà, dans ce cas, je ne pourrai pas le dire, car je risque d’être traîné en justice par le président du PP qui, sans avoir peur du mélange des genres, est à la fois le mentor d’une pétition pour sauver Trullemans et son avocat en justice du travail. Autrement dit, ses déclarations en tant que défenseur dépassent largement le cas Trullemans.

Pour info, on «n’est» pas raciste. Le racisme n’est pas un trait de caractère. C’est une expression. On a une attitude raciste. Et c’est temporel. On a tenu des propos racistes, ce qui ne signifie pas qu’on les maintienne ensuite.

Mais surtout, Maître Modrikamen, l’avocat défenseur de «nos» libertés d’expression en vient aujourd’hui à menacer «les journalistes», à savoir le quatrième pouvoir, les commentateurs de la société, les opinionistes et les chroniqueurs. Il les menaces d’une «saisie en justice». Ce faisant, il prend une position politique, autoritaire, sans s’encombrer des arguments que ces journalistes pourraient développer ou des faits qui pourraient apparaître. C’est un viol de l’opinion qu’il nous impose là. Une censure par avance. Une menace insupportable pour tout démocrate. Et donc, cher Mischaël Modrikamen, même si la phrase que vous nous interdisez d’écrire n’a pas de sens (voir paragraphe précédent), provoc pour provoc, et dans le but de préserver le droit à la libre opinion dans ce pays, j’écris ci après : «Luc Trullemans est un raciste».


À présent, j'attends de pied ferme votre convocation au tribunal. Et je me réjouis d'avance de la censure que, par là même, vous tenterez d'imposer à mon opinion, sous la menace verbale de "saisie". Cela montrera au moins à vos électeurs potentiels quel genre de libertés vous leur offrirez le jour où trop de gens auront voté pour vous

Aah oui, j'oubliais. Aujourd'hui, c'est la journée de la liberté de la Presse. Belgium one point. De moins!

13:03 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (39) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

lundi, 29 avril 2013

Ces médias qui font la N-VA

On m'a fait le reproche mille fois. Il est énervant. À lire les militants de la N-VA et quelques journalistes francophones qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez, je serais l'une des causes du succès de Bart De Wever. C'est mathématiquement impossible, vu que moins d'1% des électeurs flamands sait que j'existe. Pouf, légende clôturée. On a ensuite dit que c'était la faute au PS. Là, je ne dis pas que c'est faux, mais il faut ajouter que ce n'est pas tant l'action des socialistes qui a joué que l'usage qui en a été fait dès 2004 par le parti nationaliste flamand, avec beaucoup de cohérence et la complicité d'un certain nombre de politiciens traditionnels (Leterme, par exemple) et de journalistes plus enclins à calculer combien de sous traversaient la frontière dans un sens qu'à observer la réalité économique globale (comme le fait que le chômage flamand est partiellement camouflé derrière la prépension assez massive là-haut). Depuis quelques jours, la N-VA "accuse" cette fois le SP.a de les avoir fait grossir. Ça en devient presque drôle : on pourrait presque conclure que les responsables de la N-VA n'en ont pas glandé une, dès lors qu'à chaque succès, elle "remercie" ses opposants pour sa propre victoire. La N-VA ne fonctionnerait donc que "contre". Pas "pour". 

Allons, allons. Il y a une autre explication, qu'on trouve aujourd'hui dans Sud Presse. S'il y a un phénomène qui, plus que tous les autres, a permis à la N-VA de passer de miniparti à grosse formation en à peine quelques années, c'est tout simplement la place extravagante qu'elle a prise dans les médias (francophones comme flamands, sauf que seuls les Flamands peuvent voter pour elle), comme SudInfo.be l'explique très bien. Ouf. Voilà une partie du mystère résolu. Et une source d'espoir : dès lors qu'un certain nombre de journalistes ont, depuis l'élection de Bart De Wever à Anvers, adopté une attitude bien plus critique envers le parti nationaliste, il se peut, si l'influence des médias sur les élections est bien prépondérante (après la séductivité du discours du parti), que celui-ci ait atteint son maximum et ne menacera pas, en 2014, le pays d'un nouveau blocage. Mais ça n'est évidemment qu'un espoir. L'avenir nous dira le reste.

18:08 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (33) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

jeudi, 25 avril 2013

Twittez en néerlandais ou buiten !

L'info est donnée par la revue des fonctionnaires flamands DertienSelon le bureau linguistique de la Flandre, un fonctionnaire qui twitte dans une autre langue que le néerlandais dans le cadre de ses fonctions risque un blâme, voire "le renvoi dans des cas graves". Qu'est-ce qu'un cas grave ? Ce n'est pas expliqué, mais on suppose que twitter en dialecte wallon de Charleroi est un cas plutôt plus grave que de twitter en dialecte flamand ou en anglais scientifique. On s'attend à une levée de boucliers pour ce "nouveau cas" d'unicité linguistique, à tort : le règlement qui impose l'usage unique du néerlandais à tous les fonctionnaires date de 1963(1) (et certains curés se prennent pour des fonctionnaires et se refusent à tout usage de langue autre même lors d'un enterrement où tout le monde parle français, par exemple). Il a été voté par une très large majorité de députés(2) flamands, de gauche et de droite (contre moins d'un tiers des députés wallons). Aujourd'hui, ce que le chef du bureau linguistique Thomas Leys explique n'est qu'un rappel de la Loi. C'est avant qu'il fallait protester…


Lire la suite

17:16 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (42) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mardi, 23 avril 2013

La Belgique, passoire je-m'en-foutiste.

C’était un peu moins d’un an après l’affaire Julie et Mélissa. Un couple prend l’avion avec son enfant de 4 ans. À Zaventem, l’on demande les papiers des parents, pas la carte de l’enfant qui les accompagne. Les gendarmes du cru ont un flair surdéveloppé livré à la naissance qui leur permet de reconnaître d’instinct les liens familiaux entre une petite fille et deux personnes. Les parents sont sidérés de la facilité avec laquelle ils sont montés dans l’avion sans que quiconque ne leur demande si c’est bien leur enfant qu’ils trimballent. Le couple passe dix jours de vacances au Portugal, en Algarve. Au retour, à l’aéroport, surprise : alors qu’ils sont quatrièmes ou cinquièmes dans la file d’attente au check-in, l’employée décroche son téléphone. Le père (qui comprend le portugais) l’entend distinctement préciser «il y a un enfant». Dans les cinq minutes, un policier arrive et se poste près du check-in. Les parents arrivent au guichet, l’employée leur demande les papiers de l’enfant et les leurs. Elle contrôle. Tout est en règle. Elle fait un signe discret au policier, qui s’en va. Il était apparemment là au cas où, rien de plus. Les parents se disent que décidément, bien des pays ont des leçons à donner à la Belgique, où la police et les ministres concernés s'en foutent comme de l'an quarante. 

 

Je vous raconte cette histoire véridique parce que je viens de voir le reportage de la RTBF où l’on voit deux jeunes de 14 et 16 ans passer sans encombre et sans autorisation parentale toute la sécurité de l’aéroport, et monter tranquillement dans un avion pour la Turquie. Aucune Loi n’interdirait aux mineurs de voyager seuls, dit le reportage. Hallucinant ! Proprement hallucinant ! Ça signifie que si votre enfant fait une fugue (et ça peut arriver à tout enfant, pas forcément parce que les parents sont nuls), il peut, s’il trouve quelque monnaie, se retrouver au bout du monde, et même dans une zone de combat, en quelques heures !

 

Les uns et les autres accuseront Joëlle Milquet qui n’a en effet pas fait son boulot. Mais la réalité est bien pire que ça. Avant elle, et depuis l’affaire Julie et Mélissa, il y a eu deux ministres socialistes et la bagatelle de 4 libéraux. Et aucun, aucune, pas un, pas une, n’a eu la présence d’esprit de vérifier les modalités de passage des mineurs aux frontières. Dans une entreprise privée, un tel laxisme vaut la faute grave et la mise à pied immédiate sans préavis ni rémunération. On pourrait évidemment demander la démission immédiate de Joëlle Milquet. Mais il faudrait aussi trouver un moyen d’amender Annemie Turtelboom, Guido De Padt, Patrick Dewael, Antoine Duquenne, Luc Van Den Bossche et Louis Tobback, les ministres de l’Intérieur d’après l’affaire Dutroux (qui aurait dû les réveiller). Ils n’ont pas fait leur job correctement. Ils mettent nos enfants en danger.

 

Mais avant tout, il n’y a qu’une chose à exiger de cette imbécile qui a le verbe fort et le geste absent (au même titre que les 6 imbéciles précédents) (1) : l’obligation immédiate pour tout mineur de disposer d’un papier signé des parents et validé par la commune pour tout voyage en avion ou en train international, et la vérification systématique à au moins deux reprises à l’aéroport. Au besoin, pour les enfants qui doivent voyager régulièrement (familles recomposées internationales), on peut prévoir une autorisation multiple avec des destinations précises.

 

Un tel laxisme sur des principes aussi évidents n’a pas sa place dans un État de droit, fut-ce celui du je-m’en-foutisme généralisé, où la délégation des compétences aux «régions» ou «communautés» a fini par prendre plus d’importance que la sécurité des enfants.

 

(1) Chers ministre et ex-ministres, ceci n’est pas de la vulgarité, mais le minimum de grossièreté que vous méritez. La vulgarité, c’est d’avoir laissé cette situation perdurer et d’avoir fait pris des risques insensés à des mineurs, dont ceux qui sont partis en Syrie et ne reviendront peut-être jamais. Vous en êtes tous coresponsables.

01:24 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (64) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mardi, 16 avril 2013

Boulevard Voltaire, la xénophobie appliquée.

Faisons une supposition. Vous allez sur le journal en ligne Boulevard Voltaire. Vous y lisez une chronique d’une agrégée de Lettres classiques  — et collaboratrice régulière du journal. Vous découvrez qu’elle y évoque un rêve qui ressemble à un cauchemar (accrochez-vous) : 

 

«Nos gouvernants, en toute cohérence, ont voté une loi interdisant la pratique du judaïsme sur notre sol, la distribution de la Torah et l’enseignement de celle-ci, mais ont garanti, bien entendu, la liberté de croire en Dieu, qu’il s’appelle Yahve ou pas. Les Juifs, qu’ils soient Français ou pas, auront donc le choix. S’ils veulent rester en France, ils seront dans un pays où disparaîtra toute visibilité du judaïsme, la kippa, la kashrout, les prénoms juifs, les synagogues… Les nés-juifs pourront alors librement abdiquer le judaïsme et devenir apostats ou pratiquer leur culte de façon totalement privée, chez eux, sans en faire état (…) Bien sûr, il y aura contestations, émeutes et même menaces terroristes. Le pouvoir y mettra fin grâce à sa détermination sans faille, et, s’il faut sacrifier quelques extrémistes pour redonner à 65 millions d’habitants paix et protection, il faudra faire savoir que l’armée, dépêchée à chaque menace, n’hésitera pas à tirer dans le tas.»

 

Appel au meurtre, donc.

 

Continuons notre supposition : vous avez lu ce texte. Alors, que faites-vous ? Vous haussez les épaules et dites : «bof, c’est pô grave» ? Ou vous envoyez plutôt l’auteur au tribunal, en vous inquiétant de la nouvelle montée de l’antisémitisme ? Tout en vous disant que décidément, on est en 1936 en Allemagne, en 1938 en Italie ou en 1941 en France ?

 

Ou alors, vous me dites : «Marcel Sel, personne n’oserait publier un torchon pareil sur un site de grande visibilité». Ah bon ? Et pourtant, si ! Il s’agit bien d’un texte publié par Christine Tasin, présidencte de Résistance républicaine sur le site de Boulevard Voltaire, en date du 1er mars 2013 et presque personne n’y a fait attention. Oui, cet article existe bien, à ceci près que pour vous rendre sa monstruosité plus évidente, j’y ai remplacé les mots islam, Coran, halal, etc. par judaïsme, Talmud, kashrout, etc. Pourquoi me suis-je permis cet artifice ? Tout simplement parce qu’aujourd’hui, si le rejet de l’antisémitisme fait heureusement l’unanimité dans le discours public politique (mais hélas toujours pas chez certains individus), il est laissé une liberté écœurante à son pendant visant une autre «minorité», l’islamophobie. À telle enseigne que le texte original n’a pas choqué grand monde : c’est juste, interprète-t-on, un coup un peu rude dans l’air du temps, et puis tout n’est pas faux, dira vot’ voisin un peu facho mais sympathique quand même…

 

En réalité, ce texte montre non pas l’utilité, mais bien la nécessité impérieuse de prendre acte de l’existence d’une islamophobie radicale, aux accents meurtriers, qui prend les musulmans pour des réceptacles à balles réelles, et que, si nous devons nous opposer avec la dernière énergie à l’antisémitisme de certains milieux islamistes, nous devons nous opposer avec la même fougue à l’islamophobie de certains milieux xénophobes, soi-disant «républicains» qui osent tout au nom de la Liberté. Faute de quoi nous ne vaudrons pas un pet de cochon de plus que ceux qui ont, dans les années trente, laissé sans rien dire se publier des pamphlets immondes d’antisémitisme jusque dans nos plus grandes collections. Avec cette circonstance aggravante qu’en 1930, on pouvait encore faire croire «qu’on ne savait pas»(1). Aujourd’hui, on sait.

 

P.S. belge : le journal Boulevard Voltaire est l’un de ceux dont le journal en ligne Le Peuple, du Parti Populaire de Modrikamen, reprend régulièrement les articles. Christine Tasin est collaboratrices régulière de Boulevard Voltaire. Si les amis de mes amis sont mes amis, alors…

 

(1) «on ne savait pas» que l’antisémitisme allait provoquer l’extermination industrielle des Juifs d’Europe ; mais on savait pertinemment que depuis plus d’un millénaire, il avait provoqué pogroms, meutres de masse et assassinats inquisitoires.

13:58 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (126) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

vendredi, 12 avril 2013

Un passeport expiré est valide, mais pas très.

(Mis à jour)

Un peu négligent de par ma condition d'artiste, j'avais prévu de faire renouveler ma carte d'identité dans le courant de cette semaine, sachant que j'attendrais deux à trois semaines de recevoir mon nouveau document. Négligent, car ma carte d'identité est expirée depuis quelques jours. Mais j'ai un passeport qui prouve mon identité. Négligent, oui. sans papiers, non. Détail gênant : ce passeport est expiré lui aussi — depuis quelques jours. Problème, me direz-vous ? Mais non : pour circuler dans Schengen et un certain nombre d'autres pays, un passeport belge expiré depuis moins de cinq ans est parfaitement valable, comme l'atteste cette convention du Conseil de l'Europe. En d'autres termes, un policier belge dispose, avec ma carte d'identité, d'un document à jour (mon adresse est la bonne, mon numéro national aussi, et ma photo est super-sexy). Quant à un douanier français, italien, suisse ou turc, il doit accepter mon passeport, même expiré, pendant encore un petit cinq ans. Négligent, mais pas délictueux.

Sauf que non.

Il y a quelques jours, j'apprends que je dois aller en Irlande la semaine prochaine. Sûr de mon bon droit, et certain que si la Turquie et la Suisse acceptent mon passeport un peu périmé, l'Irlande aussi, je ne m'inquiète pas — je n'avais d'ailleurs pas remarqué que ma carte avait dépassé la date limite de fraîcheur : elle ne dégageait aucune mauvaise odeur. Mais une semaine avant de partir, je passe de négligent à pro, je vérifie rapidement les dates, je relis la convention internationale ci-dessus, je me convainc (à tort) qu'elle concerne l'ensemble des pays membres du Conseil de l'Europe, et au moins ceux de l'Union européenne, et je me confirme à moi-même que tout va bien. Négligent, mais scrupuleux, je me dis tout de même "on ne sait jamais que tu tombes sur un douanier mal informé, prends quand même tes précautions, mon gamin" (c'est comme ça que j'appelle l'ado qui sommeille en moi, toujours tenté par la procrastination). Je vais donc voir déjà ce que disent les webs.

Ambassade d'Irlande : il vous faut un passeport valable (non expiré, donc, quoique légalement, je suis persuadé qu'un passeport expiré est encore "valable" pendant cinq ans, mais bon). Même topo chez Aer Lingus et à l'IATA. J'écris donc à l'ambassade et à Aer Lingus. Une source consulaire féminine me répond dans un français ma foi charmant qui me donne une folle envie d'aller louer "The wind that shakes de Barley" et de le regarder en boucle jusqu'à mon départ : "Ici ont dit toujours qu'un passeport ou carte d'identité doit etre en validité pour voyager.  L'immigration dans l'aeroport est stricte et ils ont toujours le dernier mot…" Ireland, I love the way you talk ! Quelques minutes plus tard, je reçois la réponse d'Aer Lingus, et là, déception : c'est d'une efficacité un peu trop sobre pour avoir été rédigé par quelqu'un qui serait tombé dans un tonneau de Guinness étant petit : "Nous vous informons que vous avez besoin de votre passeport en cours de validité." Point. Emballez, c'est pesé.

De fait — et un peu distrait par le soleil — ce n'est que lorsqu'un premier commentateur m'invite à examiner la liste des pays signataires (que je n'ai finalement trouvé qu'en… Suisse) que je me rends compte que l'Irlande n'en fait pas partie. La Turquie, oui. Le Liechtenstein, oui. La Suisse, oui, l'Ukraine, oui. L'Irlande, non.

Je me dis que l'Union européenne a un talent fou pour rendre tout très, très compliqué pour le citoyen.

Il ne me reste donc plus qu'à demander, soit un passeport, soit une nouvelle carte d'identité en urgence (130 euros pour la carte, 270 pour le passeport). L'urgence, c'est trois jours ouvrables. Je me dis donc que, tant pis, je perdrai une septantaine d'euros (la différence entre le prix de la CI normale avec une première amende de retard, et l'urgence). Sauf qu'à ces trois jours ouvrables, il faut ajouter une demi-journée de carence, une journée d'envoi, une journée de renvoi… Bref, trois journées ouvrables belges égale cinq. Et dans cinq jours ouvrables, je vais me retrouver menotté par les autorités de l'Eire libre pour avoir, rouge de colère, exigé que mes droits de citoyens européens soient respectés, brandissant, sûr de moi, la convention européenne que l'Irlande n'a jamais ratifiée, mon passeport fraîchement rabougri, criant "freedom for the Belgian", exigeant qu'on me laisse entrer dans la verte Irlande, envahir ses pubs, me saoûler de Guinnes et d'accent dublinois, m'ennivrer d'Irish stew et siroter enfin un Irish Coffee fait avec du Jameson et pas avec le premier whisky venu, for Christ's sake !

Friday, bloody Friday, je me dis. Évitons les vaines discussions, le constable inflexible, les menottes et le renvoi au pays et faisons ce qu'il faut. Car il reste une solution : la carte d'identité en extrême urgence (deux jours, qui en sont trois), à 200 euros. Voilà, problème réglé, à moins d'une révolution, j'aurai mon document largement dans les temps. Mais je l'aurai payé un peu cher.

Alors voilà. D'accord, j'ai été négligent. D'accord, j'ai été un rien trop optimiste quant à l'ouverture des frontières à l'intérieur de l'Europe. D'accord, je n'aurais pas dû penser que ce qui est valable en Suisse, en Ukraine ou en… Turquie ne l'est pas en Irlande ou au Royaume-Uni. Mais depuis, une personne m'a raconté qu'avec un passeport français expiré depuis moins de 5 ans — donc valable dans Schengen — elle n'a même pas pu prendre l'avion à Charleroi Sud pour se rendre à… Brest ! Sans compter qu'il est impossible à un citoyen européen de s'en sortir dans le spaghetti des résolutions, traités, conventions, tous et toutes assortis de réserves, commentaires, exceptions nationales et tant d'autres délicatesses qui ne servent finalement qu'à convaincre l'ambassadeur lambda qu'il a "obtenu" quelque chose pour ses nationaux. Il n'a obtenu qu'une emberlificotation pour tous ! On se demande alors pourquoi des armées de fonctionnaires et mandataires préparent, discutent, révisent, brandissent et défendent des traités qui, au final, ne servent pas à grand chose. Au final, il serait plus clair d'exiger partout un passeport valide. Je n'ai qu'à me mettre en règle, après tout !

Du reste, lorsqu'on examine les annexes du document, on se dit que le nombre d'exceptions est tel qu'il faudrait aux services de douane cinq bonnes années plus un doctorat pour assimiler toutes les nuances du système qui n'ont fait que s'accumuler au fil des ans. L'objectif de la convention était de faciliter la circulation des personnes à l'intérieur de notre espace européen (Schengen ou pas). Et à l'arrivée, eh ben, faut bien reconnaître que ça ne marche pas et que ça complique tout.

16:23 Publié dans Humeurs brèves | Lien permanent | Commentaires (22) | |  Facebook |  Imprimer | | | |