mardi, 15 mars 2011

Nucléaire : rien à signaler

La RTBF diffuse ce soir à 20h15 des extraits du documentaire Nucléaire : RAS (rien à signaler) d'Alain de Halleux. Ce documentaire, que j'ai vu, témoigne — et c'est rarissime — d'une situation proprement atterrante dans le microcosme des travailleurs du nucléaire, ceux qui entretiennent les centrales, notamment. Ce film, que j'ai pu voir il y a quelques mois, doit être vu avant de prendre position sur la question. Il montre à quel point les "impératifs économiques" pèsent sur la sécurité des centrales. Si la situation au Japon réveille aujourd'hui certains débats, et particulièrement celui du nucléaire, c'est bien parce qu'en l'absence de catastrophe, ceux-ci sont généralement mis de côté, les antinucléaires présentés comme des idéalistes à la barbe fleurie, et le thème réservé aux "gens sérieux". Mais justement, Alain de Halleux est quelqu'un de très sérieux : c'est un ingénieur nucléaire, devenu réalisateur. Il sait filmer, et il sait de quoi il parle. Mieux que les politiciens arc-boutés sur des idéologies ou des partis(-pris), il va au fond de la question, il présente une vision pragmatique, quotidienne du problème. Celle qu'il faut connaître avant d'en parler. Avec effroi.

Parce que ce que montre le drame japonais, c'est que — quelles que soient les certitudes des scientifiques, les marges de sécurité ou les assurances données par le monde médiatico-politique (malgré les résistances au sein de ce monde) — la qualité d'une chaîne dépend toujours de la qualité de son maillon le plus faible. Au Japon, c'était la résistance sismique. En Europe, c'est peut-être la gestion du personnel. Les discours des ingénieurs, des scientifiques engagés dans l'industrie seront toujours rassurants. C'est là que le bât blesse. On fera toujours appel, en télévision, aux experts, qui seront souvent des gens convaincus, puisqu'employés d'une manière ou d'une autre par l'industrie électrique. Ils sont juge et partie. Face à eux, les écologistes, les Greenpeace feront toujours figure de rigolos excités, qu'ils aient raison ou non. Il faut alors qu'une catastrophe survienne — malheureusement — pour contrebalancer cette inégalité dialectique. Ce fut le cas pour quelques catastrophes ferroviaires qui ont fait avancer, mais trop tard, la sécurité. Loin des auditoires, des studios, des expertises, des certitudes scientifiques, il y a le réel. Les choses arrivent. Fukushima nous le rappelle. C'est un rappel qu'il faut prendre à la lettre. Si nous ne nous posons pas sérieusement la question aujourd'hui, nous ne nous la poserons jamais.

17:59 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (35) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

dimanche, 13 mars 2011

Lapsus ?

Le 10 mars, dans le journal de la nuit de la VRT, le présentateur Jan Becaus, un vétéran respecté, a fait un lapsus pas piqué des verts. À propos de la manifestation de la NSV qui se déroulait à Gand, il a dit : «Dans le centre de Gand, l'association d'étudiants nationalistes SS… S… (hésitation)… NSV, plus justement dit, tenait ce soir sa manifestation annuelle.» 

Les étudiants de la SS… euh non, de la NSV étaient quelques 300 à scander leur «België barst» habituel. La contre-manifestation, de gauche, regroupait plus de 700 sympathiques jeunes Flamands qui avaient décidé de montrer qu'à Gand, on se bouge volontiers pour contrer les SS… euh, non, les NSV. 

Pour une fois que ce n'est pas moi qui atteins le point Godwin en premier, je vous propose de revoir ce joli lapsus en boucle, dans la videozone du site d'info de la VRT. Un régal ! 

Merci à D.L. pour l'info !

23:04 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (55) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

jeudi, 10 mars 2011

La N-VA veut interdire le CD&V

En vertu de la séparation entre l'Église et l'État, la N-VA veut interdire le port de signes ostentatoires religieux dans l'hémicycle. Or, il me semble évident qu'il n'y a rien de plus ostentatoire que de porter un nom évoquant la religion quand on siège dans le Parlement fédéral. Faire ôter le voile, les kippas, les croix, les bures, les chapelets et les étoiles de David ? C'est un choix de société. Mais dans ce cas, il faudra évidemment aussi prier le CD&V (Christelijk, Democraten en Vlaams) de changer d'acronyme. Ce "christelijk" ne plaira assurément pas à ces N-VA qui brandissent la noble cause de la séparation Êglise-État. Ou alors, on chassera ces méchants ostentateurs et prosélytes de notre scène politique. Heureusement, le CDH a senti le vent tourner, et a pris les devants. Joëlle Milquet, on le voit, est la sagesse même.

Enfin un bon geste de la N-VA, car je vais de ce pas annoncer à tous les curés flamingants de la Périphérie que dorénavant, il ne leur est plus du tout interdit de parler français ou anglais dans les églises de Flandre comme ils le prétendaient précédemment : comment pourraient-ils encore être considérés comme des fonctionnaires dès lors que dans notre bon royaume de Belgique, l'Église et l'État sont officiellement scindés ? On regrettera le Te Deum, et l'on enfermera Jean-Michel Javaux dans une geôle, au pain et à l'eau, jusqu'à ce qu'il promette de ne plus jamais faire état de son église. Quant à Bart De Wever, certains murmurent qu'il ne se laissera plus filmer dans la Cathédrale d'Anvers. Logique oblige. Allez, tous ensemble : "Vive la Belgique laïque !"

 

Note : Des et Franck Pastor me font remarquer qu'il y a aussi des députés MR qui demandent l'interdiction du voile dans les services parlementaires. J'y suis évidemment tout aussi opposé de par mes convictions. Mais le MR n'a pas été en cartel avec le CD&V et est un parti de tradition laïque, ce que la N-VA ne semble pas être, du moins pas visiblement. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas inclus le MR dans ce billet. Ceci peut faire croire que je serais moins vindicatif envers le parti francophone, ce qui n'est aucunement mon intention. J'adopte simplement une position que le SP.a pourrait tout aussi bien adopter : mettre la N-VA face à ses propres contradictions. Ce billet est dans la catégorie "rhumeurs" qui est plutôt badine et impertinente.

14:43 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (90) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mercredi, 02 mars 2011

L'appel de la gaufre

Christos Doulkeridis (Écolo) est secrétaire d'Etat en charge du Logement et du Siamu et ministre-président du Gouvernement francophone bruxellois, en charge du Tourisme, de l'Enseignement et du Budget. Ce matin, sur Twizz, il a lancé "l'Appel de la Gaufre", une initiative toute personnelle, et dois-je dire une façons délicieuse de rappeler à Bart De Wever qu'à être trop gourmand, on finit le ventre vide. Parce qu'il cible la cause du marasme institutionnel actuel, parce qu'il le fait avec humour, parce que sa barbe ne dénote pas, je reprends ci-dessous avec délectation l'appel du secrétaire d'État et ministre-président francophone bruxellois et vous invite à ne pas en perdre une miette !


19:11 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (90) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

lundi, 21 février 2011

Foire du livre ou foire d'empoigne ?

Par Carmel Mel, notre envoyé spécial à Tour et Taxis.

Tremblant, hésitant, Marcel Sel entra à la Foire du Livre, après la messe de ce dimanche où il était allé se confesser. On ne sait jamais. Car il avait rendez-vous, à l'aube (à midi, donc) pour un duel belgo-belge sur le stand de Filligranes : un périlleux échange de dédicaces avec Charles Bricman. Celui-ci, armé de Comment peut-on être belge (Flammarion) lança vivement sa plume bleue à l'assaut de la page blanche. L'affaire serait vite conclue. Une feinte, une botte secrète, et voilà Marcel Sel mordant presque la poussière. C'est alors que l'épicé personnage dégaina son Walen Buiten (Jourdan) et se mit à le cuisiner au stylo bille, sabrant de page en page une de ces dédicaces kilométriques dont il avait le secret.

On ne se refait pas !

Si l'annotation de Charles tint sur un quart de pages, Sel entamait la douzième lorsque Bricman porta l'estocade. Il était temps. Car, ayant rempli les marges et colonnes, interlignes et espaces des onze premiers feuillets, Sel avait déjà rendu le premier chapitre illisible. Craignant que l'affaire ne dure la semaine, c'est donc par une botte en touche que Bricman le força à déposer son stylo : «dis, Marcel, tu ne serais pas en train d'essayer de m'empêcher de l'annoter, ton bouquin ?» s'amusa-t-il. Et là, le plus jeune des deux, inexpérimenté, épuisé, préférant l'abandon du combat à un trivial trépas, baissa la garde, et signa enfin son méfait, et son «best-Seller» (un mot de néerlandais qui pourrait se traduire par : «le meileur Selleur») du «S» de «Sans rancune».

Une fois les accords de Tour & Taxis signés, les deux auteurs n'avaient plus qu'à s'échanger leurs œuvres dûment paraphées. Comme on peut le voir sur la photo, prise par Kwaice, fidèle lecteur, ce ne fut pas facile. Cet échange était-il bien équitable, se demandaient les duellistes ? N'allaient-ils pas perdre chacun leur âme à lire l'autre ? Une nouvelle lutte s'engagea. Le combat fut âpre, et c'est à bout de force et d'arguments, sous l'œil des photographes venus en masse pour couvrir l'événement (Voici, Closer, Vanity Fair, Metro, Kwaice) que fourbu, chacun lâcha son livre, et ses mots pleins de caractères, et le laissa seul et sans défense au jugement de l'autre.

ImageShack, share photos, pictures, free image hosting, free video hosting, image hosting, video hosting, photo image hosting site, video hosting site

13:14 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (36) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mercredi, 22 décembre 2010

Quand les journalistes flamands donnent raison à Di Rupo. (mise à jour du 23/12)

(Mise à jour tout en bas de l'article)

Elio Di Rupo reproche à certains journalistes flamands leur engagement nationaliste, ou du moins de défendre celui-ci plus que de raison. Le même jour, Bart De Wever reproche aux Wallons de tolérer plus facilement les malversations de leurs élus que les Flamands. Voilà ce qu'on peut apprendre dans la presse francophone. Les deux sons de cloche. Aussi bien dans Le Soir que dans La Libre.

Les journalistes flamands traitent apparemment, du moins pour certains, l'info différemment. Ainsi, il n'est pas question dans De Standaard Online de l'insinuation de De Wever, qui est tout de même un grossier amalgame envers une population. En revanche, il est bien question de la critique de Di Rupo, un constat qui n'a rien d'un amalgame, et qu'on peut probablement vérifier. Dans Het Nieuwsblad online, pareil. Dans De Morgen itou. 

Lire la suite

19:46 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (286) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

lundi, 13 décembre 2010

Selstradamus© (Prophéties et oracles en tout genre)

La science, l’empirisme, consistent à établir des hypothèses, et à les confronter ensuite à la réalité afin de voir si elles se vérifient. Quand c’est le cas, les théories deviennent des phénomènes. En relisant mes thèses de juin, je crois que l’on peut établir que celles-ci se sont transformées en quasi-certitudes scientifiques. Faute de quoi il faudrait m’appeler Selstradamus. Or, je ne suis pas un prophète. Je suis simplement parti du principe que le nationalisme et l’eurodémocratie sont deux doctrines incompatibles. Jusqu’ici, j’ai eu raison. Au moment où je prédisais tout ce qui est en train d’arriver, la plupart des analystes politiques, dont des journalistes éminents (Luc Van Der Kelen, Charles Bricman, et tant d’autres) se nourrissaient encore de méthode Coué, expliquant que, puisqu’une entente entre la N-VA et le PS était la seule chance de la Nation belge, Bart et Elio finiraient par s’entendre.


Dès avant les résultats électoraux, je me suis inscrit en faux contre cette vision. Quand, sur LCI, j’ai expliqué en juin que la N-VA menait une stratégie de pourrissement, Luc Van Der Kelen a balayé mes affirmations. En septembre, toujours chez Michel Field, il a même affirmé que la Belgique aurait un gouvernement avant les Pays-Bas ! Je maintins le contraire. Gros coup dans l’eau pour Luc ! Jusqu’en septembre, mes prédictions (et celles de Jean Quatremer, entre quelques autres) ont souvent été prises peu ou prou pour les délires d’un francolâtre (ce que je ne suis certes pas). Aujourd’hui, les précités feraient bien de reconnaître que nous avions raison, et qu’ils avaient tort. Pour vous en convaincre, j’ai repris quelques-unes de mes citations faites in tempore non suspecto… revue de détail.


Lire la suite

15:40 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (286) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mercredi, 08 décembre 2010

La Daerdenférence.

On dit que Michel Daerden a encore frappé. Figurez-vous qu'il a encore parlé lentement, articulé bizarrement. Et cela, dans un cadre européen. Chacun relaye le scandale. Comme à la Chambre, quand il a parlé du Groenboek et du Witboek, il donnerait une image catastrophique de la Belgique, de la Wallonie, de Liège, enzovoort. Il fait, une fois encore l'unanimité contre lui. Belle unanimité. Il faut toujours se méfier de l'unanimité. Me voilà avocat d'un (petit) diable.

Lire la suite

15:35 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (37) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

jeudi, 25 novembre 2010

Siegfried braque.

Petite querelle rapide et amusante. Depuis qu'il a traversé la ligne, Siegfried  — la ligne qui sépare la télévision de la politique, n'allez pas mal interpréter mes propos — les journalistes sont à l'affût de chacune de ses interventions devant le lion noir (celui des indépendantistes). Et Le Vif a aujourd'hui cru comprendre lors d'une réunion de militants N-VA, que Bracke recommandait de nommer les bourgmestres francophones. Si ça c'est pas une info, se dit le magazine. Et zou, publication d'un article dont le titre donnerait à penser que le Bracke se serait tout à coup mis à aboyer moins fort (et n'allez pas imaginer que je compare le néerlandais à un aboiement, je ne connais pas ce Brel dont tout le monde me parle !) Le titre : «Bracke, ténor de la N-VA, plaide pour une nomination des bourgmestres de la périphérie». Pas sympa, Le Vif : j'ai renversé tout mon café sur un pantalon de lin tout neuf et je déteste la tête de la nana du pressing. «Quoi», sursautais-je ? «Le Siegfried serait un vrai démocrate qui tenterait de ramener la N-VA dans le concert des nations eurodémocrates ?» 

J'avouerai, un peu penaud, que j'avais sauté de joie, moi qui me souviens encore d'une interview où Siegfried mettait Frank Vanhecke (Vlaams Belang) sur la sellette pour un site consacré à la délation des professeurs «de gauche» (entendez : ceux qui, de Groen! à l'Open VLD trouvent qu'on n'a pas le droit de reprocher au Vlaams Belang son racisme et son homophobie). Un site où l'un des commentateurs signait, en 2005 «Heil en Zege», autrement dit «Sieg Heil». Quand il s'est associé à Bart De Wever, et a laissé dire son voisin sur un plateau de la VRT que les militants N-VA étaient libres d'aller se rouler dans la boue de l'Ijzerwake (où l'on honore des nazis, mais ça, mes lecteurs le savent, je l'ai déjà si souvent répété), la Flandre a probablement perdu un humaniste. Alors, lire qu'il y aurait au fond de la pierre noire de son cœur solidifié pour avoir trop mangé de lion encore un fond de démocratie, ça peut faire plaisir.

Las. Ça n'a duré que quelques heures. Siegfried s'est senti obligé de démentir. Les bourgmestres n'ont pas respecté la Loi, ils doivent être punis. Il a toutefois oublié de préciser que les bourgmestres flamands du Brabant flamand, qui trient leurs habitants (c'est illégal), qui affichent des panneaux racistes (c'est illégal), qui refusent d'organiser des élections (c'est illégal), qui interdisent les affiches en français (c'est illégal) ou encore qui violent la Loi et l'Esprit de l'Union en écrivant carrément à leurs citoyens qu'il ne faut pas voter pour des partis francophones (c'est archi-illégal, antidémocratique, purulent, antédiluvien, du niveau de la «démocratie» algérienne dans ses pires errements), il a oublié que ces bons Flamands, donc, ne sont jamais punis. C'est à peine s'ils se prennent une remarque d'Eric Van Rompuy (qui parfois se rappelle que son parti se dit démocrate*), avant que Geert Bourgeois, autre ponte de la même N-VA, les encourage presque, parce qu'en définitive, ils le font pour le nationalisme flamand, ce nettoyage de la Terre Promise de tout ce qui serait trop franskiljon.

Finalement, l'article du Vif n'était pas si mauvais. Il montre bien que la N-VA, jusqu'aux bouts des ongles (des griffes ?) du Bracke, est un parti antisolidaire, qui veut le bien des enfants et petits-enfants… flamands. Il y a juste le titre qui ne convient pas. Au lieu de faire croire que Siegfried braque (vers les démocrates), il fallait titrer : «Siegfried se Bracke». Comme quoi un pronom (bien) réfléchi peut faire… toute la différence. 

*comprendra-t-il un jour, celui-là, que je l'ai attaqué parce que justement ses déclarations sur l'ONU étaient du niveau d'un régime totalitaire, alors qu'il a en lui les ressources pour faire beaucoup mieux ?

22:51 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (3) | |  Facebook |  Imprimer | | | |

mardi, 23 novembre 2010

Z comme Zemmour, F comme Flamingant.

Dans sa chronique de ce jour, Eric Zemmour, que certains prennent pour un intellectuel cultivé et un économiste subtil (alors que ce serait plutôt un culturiste intello et un subtil économiste), a fait preuve, soit d'une connaissance crasse du pays le plus proche de la France, soit d'une empathie tout à fait étrange pour les théories de la N-VA. La phrase : «(…) Soit on veut construire une monnaie unique, par l'économie, et il faut alors déterminer une zone économique optimale. Or, seuls les Pays-Bas, l'Autriche et la Flandre (sic) ont un mode de développement cohérent avec celui de l'Allemagne. Ce sont d'ailleurs les seuls pays (sic) d'Europe dont la croissance est repartie depuis 2008. Tout le reste plonge.»

Eh oui, vous l'avez bien lu : pour Eric Zemmour, la Flandre est un état membre de l'Union européenne au même titre que les Pays-Bas, l'Autriche et l'Allemagne. On ose espérer qu'il aura tenu compte des résultats économiques de la Padanie, de l'Écosse, et pourquoi pas, de Hambourg ou du quartier Nord-Est de Copenhague avant de décerner ses lauriers. L'idéologie qui pointe le bout du nez dans le billet (c'est le cas de le dire) du comique français — le prendre au sérieux le rendrait par trop antipathique — est celle d'un euro réservé aux régions les plus riches, les autres pouvant alors, on le suppose, «crever la gueule ouverte». Voilà notre Zemmour : un économiste bricolo qui aimerait faire l'économie (justement) de tout ce qui n'est pas économiquement ultraperformant et se range donc, de lui-même, tout naturellement, dans le même placard que les nationalistes flamands qui, eux aussi, voudraient se débarrasser de tout ce qui n'est pas «performant». Un placard dans lequel on prendra soin de placer des boules de naphtalines. Je sais, ça ne sent pas bon, la naphtaline. Mais ça sent toujours moins mauvais que ces idéologies-là !

Mon cher (très cher) Zemmour, puisque vous en êtes à réserver l'euro aux régions financièrement les plus profitables et que vous donnez, l'air de rien, crédit au séparatisme nationaliste éconophile, je vous propose de militer dès à présent pour la scission de l'Allemagne : figurez-vous que les Länder issus de l'ex-DDR font encore moins bien que la Wallonie ! Et puis, pourquoi se limiter à l'étranger ? Quand la France se débarrasser-t-elle des DOM-TOM, du Nord, du Languedoc-Roussillon, ou mieux encore, de tout ce qui n'est pas le bassin parisien, ou Paris intra-muros, autant de régions qui font dangereusement baisser la productivité française ? A moins, bien sûr, que vous ne soyez janséniste que quand il s'agit de la République, et opportuniste quand vos idées peuvent s'appliquer ailleurs.

On notera que le clown blanc de Ruquier signe audacieusement «Z comme Zemmour» en référence à «Z comme Zorro». Il y a des jours où l'on se demande si ce n'est pas plutôt «Z comme Zéro».

18:53 Publié dans Rhumeurs | Lien permanent | Commentaires (97) | |  Facebook |  Imprimer | | | |