mardi, 06 avril 2010

Les idées reçues de la VRT.

Dans le reportage de Panorama, vu par beaucoup comme une dénonciation de certaines pratiques des communes flamandes de la Périphérie, la VRT n'a pas manqué de diffuser quelques idées reçues qui collent à l'idéologie nationaliste flamande comme un sparadrap. Ainsi, le commentaire dit notamment «La commune à facilité de Linkebeek était autrefois néerlandophone, mais avec l'immigration de Bruxellois et de Wallons fortunés, les maisons sont devenue impayables et les Flamands sont partis» . Eh bien non :

- L'immigration de Bruxellois et de Wallons fortunés supposerait que les Flamands venus d'autres régions ne seraient pas des "immigrés" mais des autochtones… Etrange vision des choses dans un pays unitaire.

- Les Bruxellois et les Wallons arrivés après les années 60 n'étaient pas plus fortunés que les Flamands (le salaire moyen n'était pas sensiblement différent après 1970). Or, si un premier boom a eu lieu après guerre (de 26 à 40% de 1930 à 1947) — dû en partie à la francisation de certains habitants suite, pour certains, à la collaboration avérée de "beaucoup de Flamands", pour d'autres, à la réputation de collaboration massive faite injustement par les Francophones de Bruxelles, mais certainement par souci de beaucoup de Flamands de la capitale d'accéder à un niveau social supérieur associé au français — ce serait plutôt dans les années 60 que Linkebeek a changé de majorité. Quant à dire que tous les Flamands sont partis, ce n'est pas tout à fait correct : la population ayant plus que doublé depuis 1947 (ce qui prouve que la création de lotissements a été redoutablement productive!), ce sont surtout des Francophones et des expats qui se sont ajoutés, et sur les 1715 Flamands de 1947, il en resterait 800 aujourd'hui, et l'on peut supposer qu'un certain nombre des autres se seraient francisés. Linkebeek est quand même un exception qui ne confirme pas grand chose, tant la commune est petite (moins de 5000 habitants !)

- L'insinuation que des "riches" Francophones auraient fait grimper les prix à Linkebeek est ridicule : de 1973 à 2002 environ, les maisons étaient sensiblement aussi chères à Linkebeek, à-côté de la Capitale qu'à… Gooik, à 20 km de là, en plein Brabant exclusivement flamand (si ça existe). La différence n'a commencé à se faire réellement sentir que lors du boom immobilier bruxellois, à partir de 2002.

- Les Flamands ne sont absolument pas partis parce que les maisons étaient devenues impayables : la plupart d'entre eux étaient propriétaires et ont vendu leur maison à bon prix…à des Francophones. Ce sont aussi des Flamands qui ont construit et vendu une partie des lotissements et de nombreuses maisons neuves. L'arrivée de Bruxellois fortunés (en sus d'autres personnes) représentait, dans la mesure où elle a eu lieu, un apport économique important pour la "Flandre". De toutes façons, si les maisons de Linkebeek étaient devenues impayables pour les Flamands, quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi, au moment de cet exode, les prix des maisons étaient à peu près similaire dans tout le Brabant flamand, y compris dans les villages (et même les hameaux) où n'habitaient que des néerlandophones ?

- Aujourd'hui, à Gooik, il y a autant de salaires de plus de 40.000 euros par an qu'à Linkebeek, mais il y a plus de bas salaires à Linkebeek, ce qui prouve que les "Bruxellois fortunés" ne sont pas vraiment plus nombreux que les "Flamands fortunés", même à Linkebeek !

Tout ceci montre qu'en une phrase, le reporter de la VRT reprend sans s'en rendre compte un argument purement nationaliste qui ne se vérifie pas des masses, ce qui évidemment n'aide pas à se regarder le nombril avec la sincérité et le sens critique que la vénérable maison prétend mettre en avant. Mais bon. Il faut un début à tout.

Ah oui : quant à la "menace" que représente la francisation pour la culture flamande, reprise également en long et en large dans ce reportage, amusons-nous un peu : en 1910, 54% de la population était néerlandophone. En 1947, malgré la francisation de Bruxelles, ils étaient 55,1%. Aujourd'hui, ils seraient 58%. En cent ans, de 3.800.000 habitants, les Néerlandophones sont passés à plus de 6 milllions ! Menacé, le néerlandais ? Pas en Belgique, en tout cas : la culture flamande ne s'y est jamais mieux portée. Mais évidemment, avec des moyenâgeux du genre des bourgmestres CD&V du Brabant flamand, ça ne se voir même pas, qu'elle est forte, notre Vlaamse Kultuur !

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dimanche, 04 avril 2010

Des communes flamandes trient leurs habitants. Mise à jour du 6/4

Mise à jour : Geert Bourgeois, ministre flamand compétent, soutient ses bourgmestres bien que de nombreux politiciens, Marino Keulen en tête, précisent que les accords secrets entre communes et promoteurs en vue de discriminer sont illégaux. Mais Johan Vande Lanotte précise que les promoteurs (et propriétaires) auraient le droit de réserver les maisons et appartements à des Néerlandophones au micro de la VRT ce matin : « Est-ce que les lotisseurs pourraient dire : je vais uniquement vendre à des Néerlandophones ? Je pense que la réponse est encore toujours : oui !» Vande Lanotte est professeur de droit public.

Dans l'émission Panorama de ce soir à la VRT, l'on découvre que des communes flamandes (notamment Vilvorde, Gooik, Overijse) autour de Bruxelles trient les futurs habitants éventuels en nouant des «gentelmen''s agreements» avec les promoteurs, qui doivent soumettre les candidats-acheteurs à l'administration communale. Celle-ci se charge alors de voir s'ils sont néerlandophones ou s'ils peuvent devenir «de bons flamands» C'est M.Doomst, bourgmestre de Gooik, qui le dit : «Nous nous mettons d'accord avec les promoteurs pour établir qui ils… euh… font rentrer… et que bien entendu, nous pourvons dès lors voir d'où ces gens proviennent, où ils habitent, et qu'en général, connaissant la région [d'origine], nous savons environ de quelle origine [est la personne], de sorte que nous pouvons estimer s'il s'agit de personnes qui sont prêtes à s'intégrer normalement.» M. Doomst parle ici des non-néerlandophones, à savoir aussi des Francophones belges et des Européens.

Est-ce légal, demande la journaliste. Le reporter lui répond : «Ce sont des accord informels, rien n'est mis sur papier, donc il est difficile d'interdire quelque chose qui n'existe pas, mais c'est évidemment un peu à la limite [de la légalité]». A la limite ? C'est ça l'information objective de la Flandre ? Ces accords informels relèvent de la ségrégation raciale, tout simplement. Ils sont en plein dans la zone interdite. C'est un scandale pur et simple, et ce qui est parfaitement inquiétant, c'est que la Flandre présente ça comme une «petite entorse» à une légalité que le même journaliste avoue cependant bien utile pour la discrimination : «Les bourgmestres ont par ailleurs d'autres instruments légaux : le Wooncode, les tests linguistiques, depuis peu il y a également cette loi Wonen in eigen Streek, qui a aussi subi les foudres des politiciens francophones. Cela, se sont des instruments légaux, celles-ci [les mesures prises par les bourgmestres] ne le sont pas, mais, disent ces bourgmestres, elles sont nécessaires pour lutter contre la francisation.

Et d'ajouter ensuite que le Quebec est nettement plus sévère en matière linguistique. Je ne suis pas sûr que le Canada apprécie. Pour information, chacun a le droit d'habiter où il veut en Belgique. Monsieur Doomst est membre du parti de M. Herman Van Rompuy, qui ne s'est jamais distancié de ce personnage au racisme pitoyable.

Source : http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws/regio/vlaamsbrabant...

Commentaires en vrac : « Les autres communes sentent la pression de la francisation. Elles essayent de l'empêcher en appliquant la loi linguistique de manière stricte, entre autre en parlant exclusivement néerlandais aux guichets des communes (…) (un employé communal à un client Francophone : nous vous comprenons bien, mais vous devez nous comprendre aussi. Notre langue est le néerlandais, pas l'anglais, pas l'allemand, seulement le néerlandais) (…) Pour s'opposer à la francisation, des communes de la périphérie bruxelloise se mettent aussi d'accord avec des promoteurs pour vendre des appartements et des terrains de préférence à des Néerlandophones. L'on demande aux promoteurs de transmettre la liste des candidats-acheteurs à la Commune»

Marc Van Asch, bourgmestre de Vilvorde  (CD&V) : «il y a des gentlemen's agreement qui jouoent. Il est demandé de donner de l'information [à l'égard des candidats] de sorte que nous puissions aussi contacter ces gens et les inciter à apprendre le néerlandais.» Commentaire du journaliste : « Sur base de ces listes, la Commune examine si les acheteurs «de langue autre» sont prêts à apprendre le néerlandais (cette obligation revient à suivre 240 heures sur 2 ans ndt)»

Dirk Brankaer, bourgmestre d'Overijse (CD&V) : «dès lors que les lottissements comprennent plus de 4 habitations, les promoteurs doivent soumettre les acheteurs à [l'avis de] la Commune.»

Le journaliste demande alors à Dirk Brankaer s'il s'agit d'un tri, et le CD&V répond : «oui, c'est une sorte de tri». On se demande ce qu'en pense Herman Van Rompuy…

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jeudi, 01 avril 2010

Pour entrer en primaire, être flamand, c'est plus facile.

(mis à jour le 1e avril 2010 et ça n'a rien d'un poisson).

A partir de cette année, les petits de 6 ans qui ne sont pas de langue maternelle néerlandaise, et qui n'auront pas fait leur dernière maternelle dans l'enseignement néerlandophone, à raison d'au moins 220 demi-journées dans l'année, devront, pour être admis en première primaire, réussir devinez quoi ? Un examen de néerlandais, bien sûr ! Selon la circulaire sur les conditions d'accès à l'enseignement primaire (sic), ceux qui rateront ce «taaltest» ne pourront pas avoir accès à l'enseignement primaire néerlandophone jusqu'à l'année suivante. C'est une mesure socialiste (Vandenbroucke, soutenu par Pascal Smet), ou plutôt sociale-nationaliste, comme dirait un certain Olivier. Mille quatre cents élèves à Bruxelles, autour de Bruxelles et un peu partout en Flandre sont concernés, tous «de langue autre» (anderstaligen), Belges, Européens, extra-européens. Allez, les enfants, qu'est-ce qu'on dit à notre terre d'accueil qui s'occupe si bien de nous et se soucie très, très fort de nous transformer en parfaits petits flamands ? Dank U Moeder Vlaanderen !

Que dit la source ?
«À partir du 1er septembre 2010, les enfants de six ans ne pourront entrer dans l'enseignement primaire d'une école primaire ou de base néerlandophone que si, au cours de l'année précédente, ils ont été présents en suffisance dans une classe de maternelle néerlandophone, ou s'ils ont réussi un test linguistique» (Toelatingsvoorwaarden leerlingen in het gewoon basisonderwijs). Ceci signifie que, partout en Flandre, les enfants dont la connaissance du néerlandais n'est pas «suffisante» n'ont pas accès à l'enseignement.

Et pourtant :
"L'enseignement est libre; toute mesure préventive est interdite (…) Chacun a droit à l'enseignement dans le respect des libertés et droits fondamentaux. L'accès à l'enseignement est gratuit jusqu'à la fin de l'obligation scolaire." (article 24 de la Constitution belge)

"Toute personne a droit à l'éducation (article 14 de la Charte des Droits Fondamentaux de l'Union européenne)

"Nul ne peut se voir refuser le droit à l'instruction" (article 2 du Protocole n°1 de la Cour Européenne des Droits de l'Homme)

(corrigé après un commentaire de Pieter-Jan)

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lundi, 29 mars 2010

Flandre : cauchemar en vue.

D'après un sondage publié ce week-end dans la Libre Belgique, les partis indépendantistes flamands (N-VA + VB + LDD) recueilleraient, si l'on devait voter aujourd'hui, la bagatelle de 40,6 % des suffrages ! Bart De Wever est la personne la plus populaire, suivi d'Yves Leterme et Kris Peeters. Si l'on considère qu'une moitié du CD&V est confédéraliste convaincue (ce qui à mon avis est plus néfaste à Bruxelles et à la Wallonie que l'indépendance pure et simple de la Flandre sans Bruxelles, cela va de soi), plus de la moitié des députés flamands peuyent être considérés comme voulant la fin de la Belgique d'aujourd'hui. La Libre titre Bon courage M. Leterme. C'est le moins qu'on puisse dire. Dans le chat du Soir de ce vendredi, Béatrice Delvaux répondait à ma question « pouvons-nous encore concilier les deux projets de société, l'un nationaliste, l'autre humaniste » par l'affirmative, prônant qu'on était cousins (ce à quoi j'adhère effectivement) et qu'en jetant des ponts, on pourrait… peut-être… encore…

Le résultat du sondage de La Libre n'est qu'une indication momentanée, et beaucoup de choses peuvent encore changer, mais à quelques encablures de la négociation BHV (pour autant que Jean-Luc Dehaene arrive avec du négociable), la nouvelle est véritablement catastrophique : la Flandre réitère son choix d'une société nationaliste, centrée sur la langue et la francophobie. Amis journalistes, ouvrez les yeux. L'homme que la Flandre préfère est celui qui vient de traiter Verhofstadt de crétin pour avoir osé avertir la France et la Flandre des dangers du recroquevillement (et pourtant, Verhof ava!t raison à en juger par le succès du FN ! ) C'est ce Bart qui a traîné le plus important des journaux francophones dans la boue dans des termes insupportables dignes d'un régime totalitaire (voir mon article). Ce monsieur est et reste l'idéal flamand. Quarante pourcent pour le projet nationaliste, sans compter l'obsession pour Moeder Vlaanderen affichée par les CD&V du gouvernement et du parlement flamand, cela signifie précisément qu'il n'y aura pas de majorité des deux tiers dans ce pays pour une révision de la Constitution qui se respecte. C'est donc aussi qu'il ne sera pas simple, pour autant que ce soit possible, de régler BHV autrement que par un vote, en mai, Flamands contre Francophones, à la chambre. Juste avant la présidence européenne, il me semble que Jean-Luc, en attendant si tard pour entamer la discussion, parie un peu trop sur le fait que les partis francophones cèderaient à un diktat de dernière minute pour garder Yves Leterme à la tête du gouvernement, ou plutôt, pour qu'il y ait encore quelqu'un à la tête d'un gouvernement au moment de prendre la présidence. A moins que Dehaene ne sorte un miracle de son chapeau, ou encore que les Flamands qui veulent garder la Belgique n'aient un sursaut patriotique et votent « non » à la scission unilatérale de BHV. Faute de quoi, bye bye Belgium !

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jeudi, 25 mars 2010

Le Soir propage la haine antiflamande. Dixit De Wever.

[Suite à un commentaire justifié de Pieter-Jan, je publie un erratum à la fin de cet article]
L'attaque est cinglante. Bart De Wever sait utiliser les médias. Il n'a pas peur des mots et des mécaniques. Il connaît par cœur les méthodes politiques, fussent-elles d'obédience totalitaire. Le mensonge, l'amalgame, faire dire à l'interlocuteur ce qu'il n'a jamais dit, mélanger les « ennemis », lancer des insultes et dire que c'est l'autre qui sème la haine, tout ça, il connaît. L'ennemi, il connaît aussi : l'anti-nationaliste, celui qui lance un appel vibrant pour l'union des peuples, comme Verhofstad, qu'il a alors accusé de gâtisme, ou encore, hier matin, celui qui lance un autre appel vibrant à ne pas répondre à des Lois « pré-modernes » par d'autres Lois « pré-modernes ». En l'occurrence, Jean-Paul Marthoz, journaliste spécialisé dans les Droits de l'Homme. C'était dans Le Soir, qui se prend pour le coup la technologie antifrancophone très développée de Bart De Wever en pleine poire. Il n'a pas hésité à expliquer à l'antenne de Radio Een (La Première ou encore la France Inter flamande) que Le Soir était un journal haineux qui présente les Flamands comme des criminels et des assassins de masse. Ça nous rappelle Radio Mille Collines, ça, non ? Ce n'est pas un hasard ! Analyse du speech de Bartje.

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dimanche, 21 mars 2010

Le gouvernement flamand à 100% derrière Dilbeek.

D'après Het Nieuwsblad, le cabinet du ministre flamand Geert Bourgeois, en charge des questions liées à la Périphérie « flamande », la commune de Dilbeek fait exactement ce qu'il faut. Et le représentant du gouvernement flamand y va de la propagande habituelle, crypto-flamingante. Florilège, avec bien sûr mes remarques entre crochets :  « Celui qui contacte l'administration communale doit le faire comme partout en Flandre en Néerlandais. [la connaissance du néerlandais est donc implicitement requise pour résider sur le sol flamand, ce qui est contraire aux règles européennes] Comme ils le font dans toute la Wallonie [ce qui est faux, une émission de la VRT vient de démontrer qu'à un mail en NL, 42% des administrations wallonnes répondairent en NL, contre seulement 32% des administrations flamandes en FR] C'est la loi linguistique [faux : c'est une interprétation de la Loi linguistique qui, elle, n'interdit nullement de répondre dans une langue ou une autre, interprétation entérinée par le fameuse circulaire Peeters]  Seuls les touristes peuvent être aidés dans une autre langue, en français, anglais ou allemand.]

Quand à la grande séance de mensonge du bourgmestre, on y a eu droit à la radio flamande : « Nous n'avons pas de problèmes communautaires. Les Néerlandophones et les Francophones vivent ici en paix et en amitié. Et vous savez pourquoi ? Parce que nous appliquons la Loi. C'est aussi simple que ça. » Faux, faux, archifaux : j'ai pu écrire tout un chapitre de Walen Buiten rien que sur Dilbeek tant la pression est forte. Un simple exemple : il y a trois ou quatre ans, des jeunes représentants de Belgacom se sont fait foutre dehors du marché par des Flamingants à la limite de la violence physique parce que leurs dépliants étaient bilingues. Et un jour, certains habitants ont reçu un dépliant des plus sympathiques avec un rat et l'indication « rats français, dégagez ».

Plus loin dans la propagande : le journal lui-même est d'une légèreté hallucinante avec la réalité. La traduction néerlandaise, après avoir simplement expliqué que le fonctionnaire avait répondu « je peux pas de mon chef » passe immédiatement à : « "Alors, demandez l'accord de votre chef. Ou dois-je peut-être faire de ceci un incident diplomatique", menaça le pseudo-consul. » Or, et ça me paraît quand même fondamental, il se passe une bonne minute d'une conversation grandguignolesque avant que le pseudo consul ne dise « C'est dommage de créer un incident diplomatique entre nos pays pour une histoire de règlement interne de votre bureau, je ne comprends pas vraiment le sens diplomatique de la Belgique sur ce coup-là. » Ce qui n'est pas exactement — loin s'en faut.

Et pour finir, comme dit le bourgmestre de Dilbeek, Stefaan Platteau, du même parti que Guy Verhofstad, mais manifestement beaucoup, beaucoup plus nationaliste, « Où est le problème ? Chez RTL où à la commune de Dilbeek ». Et… euh… non, il ne plaisantait pas !

Heureusement, il y a Guido. Je veux parler de Guido Fonteyn, qui donne une leçon d'accueil à ses compatriotes. C'est dans les blogs de la VRT, où il y a quelquefois le pire, et cette-fois-ci, le meilleur.

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lundi, 08 mars 2010

Freya ou le social-flamingantisme.

La jolie Freya Van Den Bossche est la ministre flamande de l'Habitat (entre autres). Elle est socialiste. A Vilvoorde, on vendait une douzaine de maisons sociales (à bas prix). L'une des conditions pour y avoir droit était de réussir un examen de néerlandais, que le conjoint éventuel devait réussir aussi (ach! on ne fa guand même bas ze mélancher afek tes édranchers* !) Un Flamand épousant une jeune Italienne, une Anglaise ou une Belge francophone n'y aurait pas eu droit. L'inspection du logement flamand a donc réagi, au bout de plusieurs années, en qualifiant le règlement de discriminatoire et demandant sa suppression, montrant ainsi qu'il y a encore des fonctionnaires courageux et respectables en Flandre. La commune a protesté auprès de la ministre : « on nous empêche de discriminer, godverdomme », a dit le bourgmestre, successeur de M. De Haene. Freya Van Den Bossche, qui est socialiste, a tranché : la commune ne peut pas exiger un examen. Ouf ! Freya serait-elle sincèrement socialiste ? Voire : au lieu de l'examen, elle impose 240 heures de cours de néerlandais à tout non-néerlandophone qui souhaiterait acheter l'une de ces maisons. C'est du reste déjà la même obligation imposée par le Wooncode (voté notamment par les socialistes flamands) dans toute la Flandre sans facilités. Discrimination oblige. Ah oui. Je crois avoir oublié de préciser que Freya Van Den Bossche était socialiste !

En réalité, Vilvoorde s'apprête à vendre l'an prochain plus de 200 (deux cents, twee honderd) maisons à un prix très bas de préférence sur base d'un examen linguistique, et au mieux en imposant deux ans de cours hebdomadaires aux candidats et/ou à leur conjoint, pour s'assurer que celles-ci aillent, selon le bourgmestre, à des gens « de la région ». Ceci implique que pour Vilvoorde, les très nombreux Francophones qui y habitent depuis parfois plus de 60 ans, ne sont pas « de la région ». L'ampleur des ventes de l'an prochain (plus de 200 maisons) montre qu'il ne s'agit pas de logements sociaux, mais bien de maisons offertes par la commune à prix avantageux, à condition de parler, ou d'apprendre activement le néerlandais. Un Francophone ou un expat est de moins en mois égal à un Néerlandophone en périphérie bruxelloise. Et c'est cette fois grâce à une dites-le avec moi : socialiste !

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jeudi, 25 février 2010

Verhofstadt. Président européen des idées.

Guy Verhofstadt a écrit un brillant plaidoyer contre les dérives identitaires, dans Le Soir et De Standaard. Il a fait fort, comme il se doit, en affirmant que le stade ultime de l'identitaire, c'était Auschwitz. Il fallait du courage pour le dire — atroce constat ! C'est donc un des rares politiciens d'envergure aujourd'hui en Europe, et peut-être le seul belge. Il apporte des idées au débat, il ose appeler un chat un chat, et il tient tête à rien de moins que la force de frappe par excellence : la pensée unique sarkozienne. Guy Verhofstadt est un libéral qui ose tancer les libéraux égarés dans l'identité, et les coince au point que la réponse doit venir d'un (ex-) socialiste, Bernard Kouchner, pas gêné une seconde de la dérive puante que le débat a pris sous la direction d'un autre (ex-) socialiste, Eric Besson, sorte de Poujade new-look en devenir. Pourtant, Kouchner, qui a pas mal œuvré pour la paix au Kosovo, devrait le savoir mieux que ça, que l'identitaire poussé au paroxysme mène à Auschwitz.

Guy Verhofstad a toutefois commis une erreur. Il a oublié que quand on critique l'autre, il faut d'abord être propre sur soi. Et la région qui l'a élu est loin de l'être. Mais avait-il le moindre choix ? Non. Bart De Wever et Eric Van Rompuy sont là pour défendre coûte que coûte l'identité nationale. Et vous savez quoi ? Ils sont fâchés !

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mardi, 16 février 2010

Kris Peeters : la presse réductrice ? Des Flamands scandalisés.

Qu'a dit exactement Kris Peeters hier ? Dans Het Laatste Nieuws, il aurait dit « C'est encore un jour noir pour la Flandre ». Hier, De Standaard reprenait la même phrase. Aujourd'hui, il est écrit dans le même journal : « C'est encore un jour noir pour la Flandre ou la Belgique ». Trois possibilités : soit des journaux flamands ont omis de reprendre le mot « Belgique » en fin de phrase et les journaux francophones ont suivi, soit Kris Peeters a demandé discrètement au Standaard de changer le texte, et le journal aura fait œuvre charitable envers son chef spirituel, soit Kris Peeters a redit la phrase.

Toujours est-il que les internautes de Het Laatste Nieuws ne sont pas tendres du tout pour leur ministre président. Extraits.

Le ministre wallon Rudy Demotte qui est venu directement sur place a dit que c'était un drame pour les 2 régions, une expression bien plus sympathique. Si Peeters trouve que c'est un jour si noir pour la Flandre, pourquoi n'interrompt-il pas sa visite…

Un jour noir pour la Belgique ! OK, Hal est en Flandre, mais beaucoup de Francophones passent par là ou y prennent le train…

Peeters était un zéro de petit esprit. Cette affirmation de sa part le montre encore plus.

Il n'y a pas de mots pour cette attitude. De tels gens doivent diriger (leiden) notre pays. Je dirais plutôt le faire souffrir (lijden).

Vous voulez dire « un jour noir pour la BELGIQUE.» C'est triste qu'en période de souffrance et de tristesse l'on ose encore mettre en avant la scission de ce petit pays. Nous sommes tous belges, Flamands, Bruxellois et Francophones et allophones aussi. Réveillez-vous donc, les gens ! (s'ensuit une présentation de condoléances).

Un jour noir pour la Belgique ! Invraisemblable que devant pareils événements, on ose encore faire une différence !

En gros, une immense majorité de commentateurs sont indignés. Il y a parmi eux quelques Francophones (il y a beaucoup de Francophones qui interviennent — en néerlandais — dans les commentaires de HLN.BE), mais une écrasante majorité de Flamands. Ceci confirme que je ne me trompe pas quand je souligne la distance qu'il y a entre l'extrémisme nationaliste de politiciens de l'entourage de Kris Peeters, et les comportements belgophiles de la population flamande.

Parmi les excuses, on trouvera quelques rares supporters de Kris Peeters, avec une déclaration qui montre bien l'absurdité du nationalisme flamand :

- Il ne faut pas confondre le rôle d'un ministre-président flamand et celui d'un belge.

- Kris Peeters ne peut officiellement dire que le mot « Flandre ».

 

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lundi, 08 février 2010

Le président du parlement flamand traite les résistants de « crapules ».

Ça colle comme du sparadrap. On a beau se promettre de ne plus aller chercher la collaboration avec les nazis à chaque fois qu’on parle de flamingantisme, ça revient tout seul. Le coupable, ce week-end ? Jan Peumans, président du parlement flamand, rien de moins ! Il s’était déjà fait remarquer en refusant de se rendre avec les autres Corps constitués aux vœux royaux annuels, qui se sont donc déroulés sans représentant des élus flamands. Ce samedi, dans Le Soir, Jan Peumans traitait carrément les résistants de la Seconde Guerre mondiale de lâches.

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