vendredi, 15 octobre 2010

Parlement belge ou Vlaams parlement ?

Dans Terzake d'hier soir, un reportage assez étonnant sur la rentrée parlementaire. On y présente les interventions du SP-A, de l'Open VLD, du CD&V, du Vlaams Belang et la position de la N-VA. À regarder la VRT, on a la méchante impression que le parlement belge n'a d'intérêt qu'en tant que succursale du Vlaams parlement. Ou alors, corrigez-moi si je me trompe, aucun Francophone n'aurait pris la parole ? L'idée que le gouvernement et le Parlement nationaux sont au service de la Flandre (politiquement parlant) serait-elle si bien ancrée à la VRT qu'elle n'arrive plius à penser autrement ?

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jeudi, 14 octobre 2010

Heil Elio !

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est un flamingant de première qui a sous-titré le célèbre épisode de la carte du fabuleux film «Der Untergang» pour faire passer les (partis) Francophones pour des nazis. Dans cette vidéo diffusée sur YouTube, dont j'ajoute ici le lien sous toute réserve, et uniquement à titre d'exemple, Hitler s'appelle Elio. Lorsque le général Krebs l'appelle «Mein Führer», les sous-titres traduisent «Elio». Juste avant, Krebs dit : «Nous pouvons encore rattacher Bruxelles à la Wallonie, mais l'Europe ne nous laissera pas les communes à facilités, sauf si nous achetons à nouveau le vote des Suisses au Conseil de l'Europe.» Elio/Hitler répond : «Si Bart De Wever cède, tout ça s'arrangera».  Jodl répond : «Elio, Bart … Bart a mis fin aux négociations».

Bart De Wever a bien sûr le beau rôle. C'est Steiner, le général qui a refusé d'obéir à Hitler, et fut libéré en 1948 de l'inculpation de crimes de guerre. Quand Hitler fait sortir tout le monde en demandant aux généraux Keitel, Jodl, Krebs et Burgdorf de rester, le sous-titrage affiche, à la place des noms des généraux : «Milquet, Javaux, Onkelinx et Magnette». Ils seront ravis : Keitel fut condamné à mort pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, Jodl de même ; Burgdorf et Krebs se sont suicidés dans le bunker du Führer.

Elio hurle alors à ses généraux : «C'était un ordre, vous deviez semer la propagande dans les journaux flamands. Ces conneries sur la solidarité et les clochers… jusqu'il y a peu, les Flamands avalaient ces couleuvres, mais nom de Dieu, que s'est-il passé maintenant ? De Standaard, De Morgen et la VRT ne marchent apparemment plus [là-dedans] .» Krebs rétorque : «Elio ('Mein Führer'), le SP.a et Groen sont toujours avec nous pour diaboliser la N-VA». Elio/Hitler : «C'est absurde ! Ils ont tout avalé jusqu'à aujourd'hui. Tout. Que Leterme n'était pas à la hauteur, qu'il fallait des compensations pour BHV, qu'ils étaient des racistes et des fascistes quand ils nous contredisaient. C'était comme s'ils le croyaient purement et simplement. Et maintenant, j'entends que Bart De Wever progresse encore de 5 %. Jusqu'où cela va-t-il aller ? On va finir par devoir vivre dans un pays au fonctionnement démocratique. Une majorité de 60 % qui peut décider au Parlement. Nous, qui incarnons la culture française, sommes évidemment plus importants et avec 40 %, nous fournissons la moitié des ministres, et que demandent-ils en retour ? 12 milliards d'euros par an, ce n'est quand même RIEN ? Tu as voté N-VA, peut-être ?»

Elio/Hitler s'apaise. Avec une homophobie de bon aloi, le concepteur du sous-titrage porte l'estocade : «Les Flamands ne sont plus des Jeannettes. Nous allons devoir vivre avec le fait qu'ils (nous) sont égaux. Ça a échoué. La Belgique devient démocratique. Un homme, une voix sans barrière et sans parité… avant qu'on en arrive là, j'arracherai un corridor à l'incendie.Et je ferai un deal avec Sarkozy à l'Élysée».

Voilà une production d'un certain «vlonnu». Si nul ne peut le rattacher à un parti, le message diffusé est conforme à l'opinion véhiculée aujourd'hui par de nombreux personnages de la N-VA et du Vlaams Belang. La comparaison entre Elio Di Rupo et Hitler n'est pas une première dans la mythologie flamingante, mais jamais à ma connaissance, elle n'a été évoquée avec autant de force et, allez, j'ose le jeu de mots qui tue : de führer. Si les Francophones veulent comprendre le mode de pensée du flamingant de base aujourd'hui, voilà, j'ai traduit, c'est fait.

Dans mon «roman réel» Walen Buiten, un commentateur de télé dit à un moment assez violent «Mais qu'est-ce qui nous arrive ?». J'ai écrit cette phrase en 2008. Je ne pensais pas que cette idée me viendrait à l'esprit avec autant de violence deux ans plus tard. Je ne pensais pas que le «roman» avait autant de chances de devenir «réel». Aujourd'hui, l'hystérie est au coin de la rue, autant le savoir.

 

Merci à L.J. qui m'a transmis le lien vers cette vidéo.

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mardi, 12 octobre 2010

Pourquoi la Belgique va disparaître.

En 1999, le Parlement flamand a voté cinq résolutions qui décidaient de l'avenir de la Belgique. Sans consulter les Francophones. À ce moment-là, les partis du Sud auraient dû porter plainte à la Cour d'Arbitrage (actuelle Cour Constitutionnelle) parce que les parlements régionaux ne peuvent pas, constitutionnellement, voter des «résolutions». Le choix de ne pas voter de décret sur le thème de la structure de l'État belge s'explique d'ailleurs pas le fait que le Parlement flamand n'était pas, et n'est toujours pas compétent pour décider de notre avenir commun. Le vote de ces résolutions, soutenu par la quasi-unanimité du Parlement flamand à l'époque, avait tout d'un pacte de sang : voici ce que nous voulons, et que nous exigerons des Francophones. Ces résolutions sont l'un des actes les plus antidémocratiques jamais posés en Belgique. Les Francophones ont cru à une crise passagère, et l'on voit aujourd'hui que, pression nationaliste aidante, ils ont eu tort.

Depuis 2007, Leterme, De Wever, Kris Peeters, Jan Jambon, n'ont eu de cesse que de faire accepter ces résolutions par les Francophones. Les principes ? Une autonomie proche de l'indépendance pour la Flandre. Et pour les autres régions ? Rien. C'est là que le bât blesse. Étant donné que Bruxelles est déjà défavorisée aujourd'hui dans le cadre fédéral belge très concurrentiel (une vision particulière : depuis le début du fédéralisme, la Région bruxelloise est passée de 8% à 22% de chômeurs), ce que proposent les partis flamands ne peut être qu'un pire. En réalité, il s'agit de soumettre l'ensemble du pays aux besoins économiques de la seule Flandre. La «responsabilisation» le montre bien : on amenderait les régions qui ne parviendraient pas à remplir certains objectifs de mise à l'emploi. Sachant qu'on ne met pas les gens au travail sans de lourds investissements (et l'exemple de l'Irlande ou des Länder d'ex-Allemagne de l'Est montre que même ça, ce n'est pas toujours suffisant), et que les leviers politiques ne sont pas forcément en mesure de résorber le chômage (sinon, il n'y aurait pas un chômeur nulle part), amender les régions qui ne parviendraient pas à se redresser toutes seules revient à les enfoncer encore quand elles sont en difficultés. Je passe sur le fait que parler systématiquement de «responsabilisation» quand on est un politicien flamand qui parle des Francophones à la Flandre donne l'impression que les Francophones sont des irresponsables.

Mais le principal n'est pas là. Le fait que le MR devrait examiner de près aujourd'hui, c'est que les Flamands (politiciens) n'ont pas compris une chose fondamentale : on n'obtient rien si une négociation ne peut mener qu'à l'étouffement de la partie adverse ou présentée comme telle. Or, les prétentions flamandes suite aux résolutions de 1999 ne sont pertinentes que pour la Flandre. Et donc, elles ne passeront jamais, lisez bien «jamais» au sein de l'État belge. Le résultat ? Si les partis flamands continuent à exiger que les Francophones adoubent leur dogme de la réforme de l'État (alors que 30 % des Flamands y sont opposés, malgré le battage médiatique et politique dont bénéficie ce dogme, un véritable matraquage depuis trois ans), ils n'obtiendront que l'immobilisme absolu. En fait, en voulant le meilleur, ils vont droit au pire, une scission, la perte de Bruxelles, et probablement des communes à facilités. Et des problèmes susceptibles d'amener une certaine violence, ou du moins une oppression policière, comme l'expropriation du Parlement flamand de Bruxelles, qui ne peut se faire que militairement. Pour rappel, le local de la N-VA s'appelle «De Barricade».

Wouter Beke, actuel président du CD&V n'a soit pas compris l'enjeu, ou soit n'est pas capable de se mettre dans la peau d'un négociateur francophone. Parce qu'hier, il disait qu'un homme qui prône l'élargissement de Bruxelles ne peut pas devenir premier ministre, parce qu'il touche au principe de territorialité établi, selon lui, par la Constitution. Or, aux articles 4 et 7, celle-ci prévoit la modification des frontières de régions et des frontières linguistiques. Il n'y a donc rien d'inconstitutionnel à proposer un élargissement, au contraire, c'est le bon droit des Francophones, et un gouvernement belge ne s'entend pas sans Francophones. L'on voit dans cette réaction à quel point les partis flamands fonctionnent en vase clos autour d'une obsession dogmatique dont on ne les fera probablement plus changer. Ils n'obtiendront donc rien par la négociation, puisqu'ils ne laissent pas d'espace aux demandes d'autrui. Et ils n'obtiendront rien par la brutalité d'un dépôt de Loi au Parlement sans recourir à des techniques juridiques relevant du coup d'État. Ce n'est qu'en se libérant de la Note Octopus et des Cinq Résolutions que les politiciens flamands peuvent encre obtenir une plus grande liberté d'action sur leur soi-disant «territoire». Le seul espoir pour la Belgique serait donc que les partis flamands apprennent que leurs vues ne sont pas les seules, et qu'on ne conçoit pas de (con)fédéralisme tout seul dans son coin. Cette leçon-là, ils ne sont apparemment pas près de l'apprendre. On l'a bien vu ce week-end au Zevende Dag : tous les partis flamands sont d'accord pour dire que le chemin le plus court vers une scission de BHV est la négociation, et tous sont d'accord de mettre, dans dix jours, la Loi imposant scission de BHV à l'agenda de la Chambre, alors que les trois années précédentes ont bien montré qu'une telle loi bloquait les… négociations. Certains se demandent si toute la classe politique flamande est folle. Non, elle n'est pas folle, mais elle tourne fou !

La réalité, c'est qu'à fonctionner autour de pensées uniques, elle est en train d'amener le pays à sa fin, n'en déplaise à Louis Michel. Dans une chronique parue en 2008, Jean Quatremer relevait ce qu'aucun journal francophone belge n'osait dire à cette époque : «il n'y a rien à négocier». Deux ans plus tard, l'histoire lui donne raison, lui à qui d'aucuns reprochent de ne pas parler néerlandais. Petit à petit, les consciences s'éveillent en région francophone, mais peut-être pas encore assez : alors que le PS a compris que le blocage ne venait pas uniquement de la N-VA, mais bien de l'ensemble du système politico-médiatique flamand, le MR joue un jeu purement politique, pratiquement électoraliste, et flirte avec l'indécence en tentant de tirer la couverture à lui alors qu'il a un rôle bien plus intéressant à jouer. Didier Reynders, le jour où vous serez premier ministre de la Belgique, la Flandre ne fera plus partie de ce pays. Louis Michel, une population a le droit de savoir quand un pays est au bord d’un gouffre institutionnel et pourquoi — et en passant, vu l'isolement que vous avez imposé à l'Autriche pour avoir mis Haider au gouvernement, l'on est choqué de voir que la proximité de la N-VA et du VVB qui va commémorer August Borms et Staf De Clercq ne vous dérange pas plus que ça. Charles Michel, le jour où les partis négociants vous donnent le contenu de la négociation avec les partis flamands, celle-ci est définitivement morte.

Et enfin, à tous trois, faire les yeux doux à De Wever, c'est exactement ce qu'a fait Elio Di Rupo en juin. Vous tombez dans le même panneau, et vous discréditez les Francophones, en apportant, face caméra, au public flamand, l'illusion que la N-VA est un parti avec lequel on peut obtenir quelque chose, tout en approuvant implicitement le dogme flamingant de la réforme de l'État que vous ne pourrez jamais leur offrir réellement, parce que les conditions signeront la mort clinique de la Wallonie et l'annihilation de la Région bruxelloise.

Arrêtez aussi de nous faire croire que la méthode est mauvaise. Ce qui est mauvais, ce n'est pas la méthode, c'est le dogmatisme du Nord, et ça, vous n'y changerez rien, même pas en faisant manger des émincés de fricadelles de Malines (Vlaanderen) à la truffe d'Albe (Padanie) chez Bruneau à Bruxelles (Hoofdstad van Vlaanderen). Alors, oui, la nation belge n'a, sans changement radical de la classe politique flamande, aucun, mais alors aucun avenir. J'avais proposé un resserrement des rangs autour des partis démocratiques du Nord et du Sud, mais il faudrait pour cela que le CD&V revienne à une position quatre fois moins radicale, et ça n'arrivera pas. La seule question qu'on se posera, au moment de la scission, ou quand les premiers troubles apparaîtront, sera : «les membres du CD&V, ainsi que certains de l'Open VLD avaient-ils conscience qu'en agissant comme ils le faisaient, ils ne laissaient pas la moindre chance de survie à la Belgique ?»

Autrement dit, comme les Afrikaners de l'époque de l'Apartheid, où des démocrates ne comprenaient pas ce que les étrangers leur voulaient, tant l'Apartheid était présenté comme une valeur positive pour les Noirs ; comme les Serbes de Milosevic qui se croyaient agressés par les musulmans, les Croates et les Kosovars, la Flandre ne fonctionne-t-elle pas aujourd'hui en vase clos, aveuglée par ses propres légendes et sa propre interprétation de la démocratie, des droits de l'homme et des minorités, et donc par une vision de l'Europe qui fait purement et simplement abstraction de ses droits fondamentaux ?

À titre personnel, je réponds «oui» pour les députés flamands les plus sincères (et même pour Siegfried Bracke). Les autres, je réponds «non» (Jambon, Bourgeois, De Wever): ceux-là savent parfaitement ce qu'ils font. Ça s'appelle casser un pays.

Hier, dans Reyers Laat (VRT), Siegfried Bracke était interviewé sur sa prestation sur RTL-TVI. On parlait de la chaîne comme d'une télévision étrangère, où l'on pose des questions étranges, où l'on présente la N-VA de façon bizarre ("impressionnante"). À pied, il faut cinq minutes pour aller de la VRT. Politiquement, des années-lumière. Il n'y a plus de Belgique médiatique. Il n'y a plus de Belgique politique. Il y a toujours des Belges, toutefois, et il y en a beaucoup. Mais ils ne manifestent pas, ils ne protestent pas, ils ne regimbent pas. Dans deux ans, cinq ans, ou dix ans, on dira probablement que les Belges, autrefois citoyens heureux dans un pays de cocagne, auront perdu leur pays par négligence.

Dans quelques jours, vous irez visiter l'exposition «L'Amérique, c'est aussi notre histoire» à Tour-et-Taxis. Vous y entendrez une citation de Toqueville qui mérite qu'on s'y attarde : «Ce qui menace la société, ce n'est pas la corruption de quelques-uns, c'est le relâchement de tous». À méditer.

 

Voilà ce qui arrive quand on écrit des chroniques tout en faisant mille autres choses. J'ai écrit «Koen Wouters, le président du CD&V» alors que c'est bien évidemment Wouter Beke. Koen Wauters (avec «a») n'a rien à voir dans l'histoire, c'est le chanteur de Clouseau ! À ma décharge, pendant que j'écrivais, je travaillais sur un mixage musical… en néerlandais. Merci à Michel Henrion qui me surveille du coin de l'œil. Autre coquille, j'avais écrit que Siegfried Bracke était sur Terzake hier, alors que c'était dans Reyers Laat, programme de la même chaîne VRT.

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mardi, 05 octobre 2010

Effet Bart : les Francophones séparatistes

Pour être réussi, c'est réussi. Aujourd'hui, dans La Libre Belgique, dans un sondage sans valeur scientifique, sur un peu plus de 3.500 répondants à la question «comment sortir de la crise actuelle», un peu plus de la moitié d'entre les internautes ont choisi de cocher «en accélérant la séparation du pays». Un tel résultat, même s'il est au sondage affiné (one to one) ce qu'une grenouille est au réseau satellite météo, est quand même révélateur d'un changement de mentalités radical en Francophonie. Certains s'en réjouiront, moi pas. Parce qu'amener les Francophones à lâcher prise, pour leur mettre sur le dos la responsabilité de la scission, c'est exactement la stratégie développée voici quelques années par les plus extrémistes des Flamingants, ceux de l'Ijzerwake, dont le manifeste indépendantiste radical a été signé par plusieurs dizaines de membres et responsables locaux de la N-VA, et que Mark Demesmaeker, mandataire N-VA de Hal et député, fréquente chaque année cet événement qui réunit aussi les néo-nazis du Nord.

La N-VA et le CD&V, le Vlaams Belang, soit la majorité des rabiques, ne lâcheront jamais Bruxelles. Autant dire qu'une séparation ne se fera jamais pacifiquement. Il n'y a qu'à voir les réactions suite à une affiche du Vlaams Belang avenue Van Volxem, où à  «La Flandre brille par l'Europe, l'Europe brille par la Flandre», slogan d'une arrogance époustouflante (si c'est Herman Van Rompuy, cette Flandre qui fait briller l'Europe, faudrait le dire, hein. Ça ne se voit pas !), collée sur deux bus STIB qui, comme par hasard, relient des communes à facilités au centre. Deux provocations parmi tant d'autres, d'Eric Van Rompuy présentant, en 2007, les médias francophones comme un outil de propagande antiflamand mondial à Bart De Wever et ses nains de jardin, ses enfantillages, jusqu'au simple mot de «responsabilisation», comme s'il fallait responsabiliser les Francophones ! Il ne peut y avoir de séparation paisible, parce qu'il y a menace d'Anschluss, que les institutions flamandes sont à Bruxelles, et que leur expropriation mènera au chaos. Il ne peut y avoir de séparation paisible, parce que les partis Flamands suivent tous la ligne du sol flamand, d'une terre sacrée pour un peuple supérieur, et que de telles visions vont à l'encontre du droit des gens, et ceux-ci se défendent, et se défendront.

Il n'y a aucune, pas la moindre raison de se réjouir. Le blocage est total, et des blocages de ce genre, tout peut sortir. La Flandre tourne fou, il n'y a plus que Groen! et le SP (un quart des électeurs) qui ont encore un petit quelque chose de raisonnable à proposer et avec lesquels ont peut discuter. Bien sûr, Yves Leterme, Herman Van Rompuy portent une responsabilité écrasante dans la crise actuelle, eux qui ont fait connaître et grandir un parti nationaliste avec lequel, ne vous faites pas d'illusions, ils partagent la majeure partie du programme. C'est d'ailleurs ce que disait Eric Van Rompuy encore ce matin sur RTL. Bart De Wever disait sur Terzake qu'on le diabolisait. Oui. Suite logique de sa perpétuelle victimisation. Ne pas lui adresser la parole, ne pas parler de lui serait aussi à ses yeux une forme de diabolisation. Quand les diaboliques sont dans la place, la démocratie n'a aucun recours. Il est trop facile de dire que les torts sont partagés. Ils ne le sont pas. Il n'y a pas une logique de droite en Flandre et une logique de gauche en Francophonie, il y a des démocrates et des nationalistes des deux côtés. Mais les démocrates du Sud ont commis la grave erreur de négocier avec des nationalistes. On voit où cela aura mené. Quelles que furent les concessions des partis francophones, aujourd'hui, elles se retournent contre eux. Allez, sur ce, je m'en vais gagner de quoi transférer de Bruxelles à la Flandre-Orientale ou au Limbourg. À demain. En Belgique. Peut-être.

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lundi, 04 octobre 2010

Repartir à zéro. Et enfin dire les choses !

Le 28 juin, j'ai écrit la chronique "Dead Calm". Je conseille à chacun de la relire. Toute négociation avec la N-VA est vouée à l'échec. Ce parti irresponsable se fiche éperdument que la Belgique perde des points de PIB, qu'elle ait une dette de plus en plus chère, que Bruxelles ne puisse plus gérer sa mobilité, que la Wallonie se retrouve asphyxiée au moment où elle semble redémarer. Tout ce qui va à l'encontre de la Belgique l'intéresse, et plonger la nation dans un marasme politique, citoyen, économique, ne le dérange pas une seconde.

Il s'est passé quelque chose de très grave cet été : l'Olivier a concédé des avancées invraisemblables, sans avancer son propre projet. Or, il était impossible de conclure avec la N-VA, parce qu'à aucun moment, celle-ci ne s'intéresse aux conséquences des accords pour lla Wallonie et Bruxelles. De fait, les policitiens qui y auront travaillé devront ensuite payer leurs concessions excessives lors d'élections où le progrès du PS seraient inversément proportionnels à ceux que le parti a enregistré cette année. La bérézina. Et donc, un accord avec la N-VA n'était pas imaginable, et ce dès le premier jour des négociations. Renforcer Bruxelles est pour eux onbespreekbaar. Et quoi qu'on leur propose, ils iront toujours un peu plus loin. Bart De Wever exige aujourd'hui de faire table rase. Prenons-le au mot. Que tous les partis francophones opposent désormais un front de refus à la N-VA. Fini, out, buiten, stop. Les Flamands ne le comprendront peut-être pas. Mais vu l'attitude de la presse du Nord, quoique les Francophones feront, cela leur retombera dessus. On a proposé la grande réforme, ils n'en ont pas voulu. S'il n'y a pas là la preuve éclatante que le mot compromis n'est pas un mot flamand aujourd'hui ! Exigeons simplement nos droits et celui des minorités, francophones, flamandes, germanophones. Soyons enfin justes avec nous-mêmes. Il y a des traités internationaux, le Traité de Lisbonne, la Charte des minorités.

Commençons par exiger que la N-VA coupe définitivement les liens avec toutes les célébrations où elle côtoie des néo-nazis, et en interdise l'accès à ses membres. Montrons le vrai visage du nationalisme. La N-VA refusera, et à ce moment-là, nous disposerons d'éléments qui feront au moins réfléchir quelques Flamands. Peut-être pas assez. Tant pis, on n'a plus le choix.

Illustration pour les irresponsables qui ânonnent que la N-VA est démocrate : Bart De Wever donnant cours au cercle NSV néo-nazi en 2008. Le 15 mai 2010, comme chaque année, la NSV commémorait les Waffen SS. Je vous recommande de lire mon article où je montre en 13 points pourquoi la NSV doit être considérée comme néo-nazie.

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dimanche, 03 octobre 2010

Je l'avais bien dit !

Quand Walen Buiten est sorti, en mars, on m'a regardé comme une bête curieuse, parce que le livre montrait comment les ultraflamingants, dont la N-VA, organiseraient le pourrissement de la situation politique en Belgique pour, à terme, démontrer à la population flamande qu'il n'était plus possible de gérer la Belgique avec les Francophones, et donc que la séparation du pays n'était pas une question de volonté, mais la seule issue possible. L'on voit aujourd'hui que cette manœuvre se concrétise. À chaque nouvelle proposition francophone, la N-VA fait mine d'accepter, puis recule au dernier moment, avec des arguments qui, présentés à la télévision, par exemple par Siegfried Brack (sur De Zevende Dag aujourd'hui à la VRT) paraissent «raisonnables». Bien entendu, personne n'explique aux Flamands qui s'ils cessaient de «transférer» au Limbourg, par exemple, et s'ils «responsabilisaient» la province, celle-ci se retrouverait très vite asphyxiée.

On en voit la démonstration avec les régions d'ex-RDA qui, après 20 ans d'investissements 20, 30 fois plus massifs que ceux consentis en région wallonne, ont pratiquement toutes un PIB par habitant inférieur à celui du Hainaut, soit la province wallonne de loin la plus pauvre. On ne redresse pas une région par la «responsabilisation», mais par des investissements massifs, comme ceux qui ont permis à la Flandre de devenir, d'une des régions les plus défavorisées d'Europe, l'une des plus riches (quoique…) Port d'Anvers, Zeebrugge, autoroute de la côte, ring d'Anvers, sont le fondement de la bonne santé relative de la Flandre (la plupart des régions de Hollande, du Danemark, de Suède font bien mieux que la Flandre en matière de PIB/ha). Aujourd'hui, la N-VA pose un ultimatum, le énième, aux «Francophones», présentés comme un bloc opposé aux «Flamands». Cette vision est ethnocentrique. Mais au-delà, l'on voit bien que le procédé risque d'amener à de nouvelles élections anticipées pour les uns, précipitées pour les autres, désespérées en ce qui me concerne. Une fois de plus, comme au temps de Leterme, un parti flamand présente une exigence soi-disant acceptable aux Francophones, avec l'obligation de répondre par oui ou par non. Le refus francophone sonnera la fin de la négociation sous sa forme actuelle. Accepter serait insensé, parce que les concessions déjà faites dépassent de loin le raisonnable, l'admissible. Refuser amènera la N-VA à récolter encore plus de voix, dès lors qu'elle aura pu «démontrer» à l'électeur flamand qu'il n'est décidément pas possible de négocier avec ces Francophones rabiques. La stratégie de pourrissement est évidente, me semble-t-il : l'ultimatum n'est pas un outil de paix, d'apaisement, de fraternité, mais un outil de querelle, de conflit, d'opposition. Reste aux Francophones à comprendre ce qui est en jeu aujourd'hui. Les médias flamands ont depuis longtemps cessé d'informer leur public correctement. Ils porteront une responsabilité écrasante dans tout ce qui va suivre, un saut dans l'inconnu.

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mercredi, 29 septembre 2010

La Charte pour la Flandre. Une constitution très "walen buiten".

Kris Peeters a remis hier soir le projet de Charte pour la Flandre à Jan Peumans, président nationaliste du Parlement flamand. Elle arrive comme par hasard au moment où des négociations cruciales pour l’avenir du pays, dont on sait absolument tout grâce aux indiscrétions habiles de la N-VA (Bart De Wever rompait hier matin encore le silence assourdissant en déclarant qu’il était sceptique quant au résultat de tractations dont il est l’un des deux meneurs). Elle devrait faire l’effet d’une bombe. Ou plutôt d’un pétard mouillé, les Francophones n’osant plus dire ce qu’ils pensent, tant les médias flamands s’emparent du moindre prétexte pour se scandaliser (et scandaliser les Flamands par la même occasion, c’est le but) de toute résistance du Sud. Or, lancer maintenant le prélude à la Constitution flamande est bien une provocation, et elle est de taille.

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lundi, 27 septembre 2010

Flandre : les indépendantistes proches de la majorité.

Le dernier sondage de la Libre Belgique donne une petite idée de ce que serait le paysage politique au Nord si on allait, comme le pense Jean-Marie Dedecker, revoter cette année. J'ai additionné les scores des partis indépendantistes (N-VA de Bart De Wever, Vlaams Belang et Lijst De Decker) et j'en ai fait un graphique, en intégrant les élections de 2007, qui marquent le début de «la crise belge». En ajoutant le CD&V, j'ai créé une catégorie «Confédéralistes + indépendantistes», en considérant que l'alternative offerte par les premiers, un maximum de pouvoir pour la Flandre, ne pourra pas aboutir sans léser gravement les droits d'au moins certains Francophones et que donc, leur seule option sera, à terme, une indépendance. Du reste, une confédération est une association d'états indépendants. Enfin, j'ai classé l'Open VLD (libéraux), le SP-A (socialistes) et les écologistes de Groen! dans la catégorie «antinationalistes», même si des signes inquiétants de nationalisme nous force à relativiser. Ainsi, c'est Van Quickenborne (libéral du parti de Guy Verhofstadt, dont le brillant message européen est donc sabordé par son propre camp) qui, dans un tweet, relançait le terme de «fédéralisme d'argent de poche» inventé par son président, Alexander De Croo, et utilisait à nouveau le terme méprisant de «Wallonisation» pour fustiger le surcoût de l'Oosterweelverbinding (dernier tronçon du périphérique d'Anvers). J'en parle par ailleurs.

En trois ans, la poussée des indépendantistes est le fait le plus impressionnant. Ils représenteraient aujourd'hui près de la moitié des électeurs flamands. Quand on sait que seuls 16 % d'entre eux se disent indépendantistes, il y a de quoi se poser des questions quant à la transmission de l'information au lecteur et au téléspectateur flamand. Ou alors, il faut admettre que ceux qui se disent pour plus de pouvoir aux entités fédérées (43 % selon La Libre Belgique) seraient prêts, s'ils n'obtiennent pas satisfaction, à rejoindre les 16 % d'indépendantistes, ce qui nous donnerait un total de 59 % de confédéralistes et indépendantistes, plus proche des intentions de vote.

Toujours est-il que la poussée des nationalistes et protonationalistes (CD&V) en Flandre est affolante. Pire : comme je l'avais prévu en juin, alors que tous les commentateurs se réjouissaient de «l'écroulement» du Vlaams Belang, celui-ci recommence à se redresser, légèrement, il est vrai, mais lorsque tous les partis démocrates (j'exclus de ce cadre la N-VA, qui est nationaliste) chutent d'un bon tiers, le maintien de l'extrême droite, qui s'ajoute au Bartie-Boom indépendantiste, ne peut pas être négligé. En cas d'échec patent de la N-VA, on peut penser qu'une part inquiétante des 31,8 % de la N-VA rejoindraient le parti raciste. L'évolution de l'électorat flamand va d'ailleurs clairement dans le sens d'une radicalisation. Bart Maddens, qui rappelait que les vlaams-nationalisten ne récoltaient qu'un maigre 5 ou 6 % avant-guerre, et atteignaient aujourd'hui des records historiques ne s'y est pas trompé : on se rapproche dangereusement du moment de vérité. Une plongée dans l'inconnu, angoissante, dangereuse. Et pour l'Europe, la perspective d'être un conglomérat de centaines d'États croupions indépendants, ingérable, et de disparaître, peut-être, un jour, dans un big bang aussi violent que celui qui l'a fait naître.

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jeudi, 16 septembre 2010

Pour la VGC, le FDF est un parti francolâtre et haineux.

Sur le site Bruselo.info, qui appartient et est conçu par l'assemblée de la Commission Communautaire Flamande (VGC ou Vlaamse Gemeenschapscommissie), une page raconte Bruxelles. Rédigée par l'historien anversois Harry Van Velthoven, elle commence par évoquer «le climat anti-flamand qui régnait avant la Seconde Guerre mondiale», oubliant bien entendu d'en évoquer la cause : les excès trop visibles d'une certaine collaboration (notamment le VNV, lors de l'enterrement de son Leider à Bruxelles, à travers des rues noires de monde et de bras tendus qui ont pu donner l'impression que la collaboration était plus intense en Flandre), et la sélection des prisonniers de guerre, les Flamands ayant pu rentrer près de quatre ans avant les Francophones.

Tout ceci n'incitait pas à se dire flamand à Bruxelles après guerre, en effet. Mais le pompon n'est pas dans le texte, même s'il est très orienté, mais bien dans une photo d'un tract du FDF datant de 1965, avec une légende qui accuse carrément le parti de M. Maingain d'être haineux, et anti-flamand. «Le parti "francolâtre" FDF qui émerge à partir de 1965 ne reculait devant aucun moyen pour faire passer son message anti-flamand, comme le montre cette affiche haineuse. » Aucune mention, bien sûr, de la violence et de l'extrémisme de certains flamingants, dont l'idéologie était directement issue du nazisme, comme le VMO dont 16 membres furent condamnés en 1953 pour possession illicite d'armes et insultes aux héros de guerre et aux résistants, et paradaient en uniforme dans Bruxelles et ailleurs. Outre l'absence totale de contextualisation de l'affiche présentée, il est inadmissible et contre toutes les règles démocratiques qu'une administration publique se permette ainsi d'afficher des opinions, surtout aussi radicales, envers un parti, quel qu'il soit. Voici l'image extraite du site, un bel exemple de propagande flamingante qui fait clairement partie de ce que j'appelle «le fond de résonnance flamingant» dans l'enseignement, et dans l'information publique émise depuis les instances flamandes de Bruxelles. Ou devrais-je dire «flamingantes» ?

 

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mercredi, 15 septembre 2010

Le débat de ce lundi sur LCI est en ligne.

Une bonne âme a mis le débat animé par Michel Field ce lundi 13 septembre en ligne ici. Invités : Pascale Joannin (Fondation Robert Schuman), Luc Van der Kelen (Het Laatste Nieuws) et votre serviteur. Bonne vision !

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