mercredi, 01 mai 2013
Le Trullemansgate n'est pas une question de liberté d'expression.
MàJ du 2 mai (1)
L’affaire Trullemans prend des proportions invraisemblables. Depuis son renvoi, la droite décomplexée (qui est de moins en moins «la droite», les réactions de bien des libéraux l’ont montré) met tout son poids dans la balance pour obtenir d’un certain nombre de citoyens qu’ils «soutiennent» le météorologiste. Les initiatives fleurissent comme en un printemps antiarabe. C’en est au point que j’ai reçu deux fois la «lettre de Trullemans» par email aujourd’hui. Alors, je pense qu’il est temps qu’on revoie calmement les tenants, les aboutissants, les faits et les enjeux.
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lundi, 29 avril 2013
Ces médias qui font la N-VA
On m'a fait le reproche mille fois. Il est énervant. À lire les militants de la N-VA et quelques journalistes francophones qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez, je serais l'une des causes du succès de Bart De Wever. C'est mathématiquement impossible, vu que moins d'1% des électeurs flamands sait que j'existe. Pouf, légende clôturée. On a ensuite dit que c'était la faute au PS. Là, je ne dis pas que c'est faux, mais il faut ajouter que ce n'est pas tant l'action des socialistes qui a joué que l'usage qui en a été fait dès 2004 par le parti nationaliste flamand, avec beaucoup de cohérence et la complicité d'un certain nombre de politiciens traditionnels (Leterme, par exemple) et de journalistes plus enclins à calculer combien de sous traversaient la frontière dans un sens qu'à observer la réalité économique globale (comme le fait que le chômage flamand est partiellement camouflé derrière la prépension assez massive là-haut). Depuis quelques jours, la N-VA "accuse" cette fois le SP.a de les avoir fait grossir. Ça en devient presque drôle : on pourrait presque conclure que les responsables de la N-VA n'en ont pas glandé une, dès lors qu'à chaque succès, elle "remercie" ses opposants pour sa propre victoire. La N-VA ne fonctionnerait donc que "contre". Pas "pour".
Allons, allons. Il y a une autre explication, qu'on trouve aujourd'hui dans Sud Presse. S'il y a un phénomène qui, plus que tous les autres, a permis à la N-VA de passer de miniparti à grosse formation en à peine quelques années, c'est tout simplement la place extravagante qu'elle a prise dans les médias (francophones comme flamands, sauf que seuls les Flamands peuvent voter pour elle), comme SudInfo.be l'explique très bien. Ouf. Voilà une partie du mystère résolu. Et une source d'espoir : dès lors qu'un certain nombre de journalistes ont, depuis l'élection de Bart De Wever à Anvers, adopté une attitude bien plus critique envers le parti nationaliste, il se peut, si l'influence des médias sur les élections est bien prépondérante (après la séductivité du discours du parti), que celui-ci ait atteint son maximum et ne menacera pas, en 2014, le pays d'un nouveau blocage. Mais ça n'est évidemment qu'un espoir. L'avenir nous dira le reste.
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dimanche, 28 avril 2013
Le Destexhisme est une escroquerie intellectuelle.
Dans sa dernière carte blanche dans La Libre (adressée à Carlos Crespo, socialiste), Alain Destexhe présente l’antiracisme comme «une escroquerie intellectuelle» de gauche. Ça lui permet de décrier à la fois la gauche «bien pensante» (ben tiens !) et l’antiracisme. Dans le premier cas, ça lui attire des électeurs. Dans le second ? Voyons voir : l’antiracisme, c’est évidemment une attitude qui vise à combattre le racisme sous toutes ses formes. Ne pas être antiraciste, c’est tolérer le racisme. Ça sert les laxistes qui pensent que l’insulte communautaire et l’incitation à la haine «raciale» ne sont pas graves et n’ont aucun effet négatif. Et puis, ça sert les racistes qui se sentent libres de dire tout ce qu’ils pensent, entre deux bulletins météo par exemple. C’est d’ailleurs ce qui rapproche le météorologue de certains coiffeurs : ils parlent du temps et de cette pauvre madame Vandepruik que deux «basanés» forcément «musulmans» ont traité de vieille bique, vous rendez-vous compte, m’sieur Dupont-Lajoie !
Dit autrement: associer l’antiracisme à un combat politique (antisocialiste en l’occurrence) est une escroquerie intellectuelle dangereuse et déplacée. Elle revient à jouer avec un principe fondamental de notre civilisation — la non-discrimination inscrite au préambule du Traité de Lisbonne, notre «constitution» européenne — pour satisfaire une ambition électorale.
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jeudi, 25 avril 2013
Twittez en néerlandais ou buiten !
L'info est donnée par la revue des fonctionnaires flamands Dertien. Selon le bureau linguistique de la Flandre, un fonctionnaire qui twitte dans une autre langue que le néerlandais dans le cadre de ses fonctions risque un blâme, voire "le renvoi dans des cas graves". Qu'est-ce qu'un cas grave ? Ce n'est pas expliqué, mais on suppose que twitter en dialecte wallon de Charleroi est un cas plutôt plus grave que de twitter en dialecte flamand ou en anglais scientifique. On s'attend à une levée de boucliers pour ce "nouveau cas" d'unicité linguistique, à tort : le règlement qui impose l'usage unique du néerlandais à tous les fonctionnaires date de 1963(1) (et certains curés se prennent pour des fonctionnaires et se refusent à tout usage de langue autre même lors d'un enterrement où tout le monde parle français, par exemple). Il a été voté par une très large majorité de députés(2) flamands, de gauche et de droite (contre moins d'un tiers des députés wallons). Aujourd'hui, ce que le chef du bureau linguistique Thomas Leys explique n'est qu'un rappel de la Loi. C'est avant qu'il fallait protester…
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FEMEN, je vous aime (presque).
Mise à jour : corrigé : les coups de pieds à l'ULB seraient de Patrice Dartevelle (ex-vice-président du Centre d'Action Laïque).
On vous décrie, on vous rabroue, on vous reproche de ne pas être décentes, alors que votre propos est justement d’être indécentes. On vous prie de ne pas déranger, vous qui secouez nos idées rangées dans un placard verrouillé à double tour. Vous opposez à nos tabous vos sales caractères, ces mots tatoués sur votre peau qu’on vous impose douce. Vos Roberts sont votre dictionnaire, fuck your morals, God save the gouines, my body belongs to me, stop homophobia, death for patriarchy, in gay we trust, freedom to all women, sextremism. Oui, vous êtes sextrémistes, vous le savez, vous le dites. Vous l’êtes tant, que vous avez réussi — en peinturlurant vos seins, objets de désir, de mots volontairement agressifs — à nous bloquer la libido tout en exposant ce qui, normalement, la fait exploser. Vous avez réussi l’exploit d’utiliser ce que nous, mecs hétéros, désirons le plus, en vous rendant indésirables, le temps d’une protestation. Vous hurlez, vous courez, vous sautez sur tout patriarche qui bouge encore, vous appelez la presse, on vous prend en photo, on vous filme, dame ! vous criez ce que nul ne crie, vous attaquez où nul n’attaque, les journalistes avides de clichés sont toujours au rendez-vous, même quand vous faites un peu n’importe quoi. Ça, c’est votre force…
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Le top de GauldmanSaechs en route pour sauver le monde
Un petit clip en exclu…
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mardi, 23 avril 2013
La Belgique, passoire je-m'en-foutiste.
C’était un peu moins d’un an après l’affaire Julie et Mélissa. Un couple prend l’avion avec son enfant de 4 ans. À Zaventem, l’on demande les papiers des parents, pas la carte de l’enfant qui les accompagne. Les gendarmes du cru ont un flair surdéveloppé livré à la naissance qui leur permet de reconnaître d’instinct les liens familiaux entre une petite fille et deux personnes. Les parents sont sidérés de la facilité avec laquelle ils sont montés dans l’avion sans que quiconque ne leur demande si c’est bien leur enfant qu’ils trimballent. Le couple passe dix jours de vacances au Portugal, en Algarve. Au retour, à l’aéroport, surprise : alors qu’ils sont quatrièmes ou cinquièmes dans la file d’attente au check-in, l’employée décroche son téléphone. Le père (qui comprend le portugais) l’entend distinctement préciser «il y a un enfant». Dans les cinq minutes, un policier arrive et se poste près du check-in. Les parents arrivent au guichet, l’employée leur demande les papiers de l’enfant et les leurs. Elle contrôle. Tout est en règle. Elle fait un signe discret au policier, qui s’en va. Il était apparemment là au cas où, rien de plus. Les parents se disent que décidément, bien des pays ont des leçons à donner à la Belgique, où la police et les ministres concernés s'en foutent comme de l'an quarante.
Je vous raconte cette histoire véridique parce que je viens de voir le reportage de la RTBF où l’on voit deux jeunes de 14 et 16 ans passer sans encombre et sans autorisation parentale toute la sécurité de l’aéroport, et monter tranquillement dans un avion pour la Turquie. Aucune Loi n’interdirait aux mineurs de voyager seuls, dit le reportage. Hallucinant ! Proprement hallucinant ! Ça signifie que si votre enfant fait une fugue (et ça peut arriver à tout enfant, pas forcément parce que les parents sont nuls), il peut, s’il trouve quelque monnaie, se retrouver au bout du monde, et même dans une zone de combat, en quelques heures !
Les uns et les autres accuseront Joëlle Milquet qui n’a en effet pas fait son boulot. Mais la réalité est bien pire que ça. Avant elle, et depuis l’affaire Julie et Mélissa, il y a eu deux ministres socialistes et la bagatelle de 4 libéraux. Et aucun, aucune, pas un, pas une, n’a eu la présence d’esprit de vérifier les modalités de passage des mineurs aux frontières. Dans une entreprise privée, un tel laxisme vaut la faute grave et la mise à pied immédiate sans préavis ni rémunération. On pourrait évidemment demander la démission immédiate de Joëlle Milquet. Mais il faudrait aussi trouver un moyen d’amender Annemie Turtelboom, Guido De Padt, Patrick Dewael, Antoine Duquenne, Luc Van Den Bossche et Louis Tobback, les ministres de l’Intérieur d’après l’affaire Dutroux (qui aurait dû les réveiller). Ils n’ont pas fait leur job correctement. Ils mettent nos enfants en danger.
Mais avant tout, il n’y a qu’une chose à exiger de cette imbécile qui a le verbe fort et le geste absent (au même titre que les 6 imbéciles précédents) (1) : l’obligation immédiate pour tout mineur de disposer d’un papier signé des parents et validé par la commune pour tout voyage en avion ou en train international, et la vérification systématique à au moins deux reprises à l’aéroport. Au besoin, pour les enfants qui doivent voyager régulièrement (familles recomposées internationales), on peut prévoir une autorisation multiple avec des destinations précises.
Un tel laxisme sur des principes aussi évidents n’a pas sa place dans un État de droit, fut-ce celui du je-m’en-foutisme généralisé, où la délégation des compétences aux «régions» ou «communautés» a fini par prendre plus d’importance que la sécurité des enfants.
(1) Chers ministre et ex-ministres, ceci n’est pas de la vulgarité, mais le minimum de grossièreté que vous méritez. La vulgarité, c’est d’avoir laissé cette situation perdurer et d’avoir fait pris des risques insensés à des mineurs, dont ceux qui sont partis en Syrie et ne reviendront peut-être jamais. Vous en êtes tous coresponsables.
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vendredi, 19 avril 2013
Un économiste surpris en pleine réflexion sur l'austérité…
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mardi, 16 avril 2013
Boulevard Voltaire, la xénophobie appliquée.
Faisons une supposition. Vous allez sur le journal en ligne Boulevard Voltaire. Vous y lisez une chronique d’une agrégée de Lettres classiques — et collaboratrice régulière du journal. Vous découvrez qu’elle y évoque un rêve qui ressemble à un cauchemar (accrochez-vous) :
«Nos gouvernants, en toute cohérence, ont voté une loi interdisant la pratique du judaïsme sur notre sol, la distribution de la Torah et l’enseignement de celle-ci, mais ont garanti, bien entendu, la liberté de croire en Dieu, qu’il s’appelle Yahve ou pas. Les Juifs, qu’ils soient Français ou pas, auront donc le choix. S’ils veulent rester en France, ils seront dans un pays où disparaîtra toute visibilité du judaïsme, la kippa, la kashrout, les prénoms juifs, les synagogues… Les nés-juifs pourront alors librement abdiquer le judaïsme et devenir apostats ou pratiquer leur culte de façon totalement privée, chez eux, sans en faire état (…) Bien sûr, il y aura contestations, émeutes et même menaces terroristes. Le pouvoir y mettra fin grâce à sa détermination sans faille, et, s’il faut sacrifier quelques extrémistes pour redonner à 65 millions d’habitants paix et protection, il faudra faire savoir que l’armée, dépêchée à chaque menace, n’hésitera pas à tirer dans le tas.»
Appel au meurtre, donc.
Continuons notre supposition : vous avez lu ce texte. Alors, que faites-vous ? Vous haussez les épaules et dites : «bof, c’est pô grave» ? Ou vous envoyez plutôt l’auteur au tribunal, en vous inquiétant de la nouvelle montée de l’antisémitisme ? Tout en vous disant que décidément, on est en 1936 en Allemagne, en 1938 en Italie ou en 1941 en France ?
Ou alors, vous me dites : «Marcel Sel, personne n’oserait publier un torchon pareil sur un site de grande visibilité». Ah bon ? Et pourtant, si ! Il s’agit bien d’un texte publié par Christine Tasin, présidencte de Résistance républicaine sur le site de Boulevard Voltaire, en date du 1er mars 2013 et presque personne n’y a fait attention. Oui, cet article existe bien, à ceci près que pour vous rendre sa monstruosité plus évidente, j’y ai remplacé les mots islam, Coran, halal, etc. par judaïsme, Talmud, kashrout, etc. Pourquoi me suis-je permis cet artifice ? Tout simplement parce qu’aujourd’hui, si le rejet de l’antisémitisme fait heureusement l’unanimité dans le discours public politique (mais hélas toujours pas chez certains individus), il est laissé une liberté écœurante à son pendant visant une autre «minorité», l’islamophobie. À telle enseigne que le texte original n’a pas choqué grand monde : c’est juste, interprète-t-on, un coup un peu rude dans l’air du temps, et puis tout n’est pas faux, dira vot’ voisin un peu facho mais sympathique quand même…
En réalité, ce texte montre non pas l’utilité, mais bien la nécessité impérieuse de prendre acte de l’existence d’une islamophobie radicale, aux accents meurtriers, qui prend les musulmans pour des réceptacles à balles réelles, et que, si nous devons nous opposer avec la dernière énergie à l’antisémitisme de certains milieux islamistes, nous devons nous opposer avec la même fougue à l’islamophobie de certains milieux xénophobes, soi-disant «républicains» qui osent tout au nom de la Liberté. Faute de quoi nous ne vaudrons pas un pet de cochon de plus que ceux qui ont, dans les années trente, laissé sans rien dire se publier des pamphlets immondes d’antisémitisme jusque dans nos plus grandes collections. Avec cette circonstance aggravante qu’en 1930, on pouvait encore faire croire «qu’on ne savait pas»(1). Aujourd’hui, on sait.
P.S. belge : le journal Boulevard Voltaire est l’un de ceux dont le journal en ligne Le Peuple, du Parti Populaire de Modrikamen, reprend régulièrement les articles. Christine Tasin est collaboratrices régulière de Boulevard Voltaire. Si les amis de mes amis sont mes amis, alors…
(1) «on ne savait pas» que l’antisémitisme allait provoquer l’extermination industrielle des Juifs d’Europe ; mais on savait pertinemment que depuis plus d’un millénaire, il avait provoqué pogroms, meutres de masse et assassinats inquisitoires.
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L’islamophobie est une xénophobie.
Richard Miller (MR, l’UMP belge) vient de cosigner une proposition de résolution(1) (avec les socialistes et les verts) invitant à reconnaître l’islamophobie comme une forme de xénophobie. Objet de cris d’orfraie de la part des usual suspects, le texte établit pourtant clairement la différence entre l’islamophobie — xénophobe — et la critique de l’islam qui doit être bien entendu autorisée, comme doit l’être la critique de toute religion, pratique philosophique, idéologie. La signature de Richard Miller sous ce texte est courageuse de par l’opposition qu’il rencontre au sein de son propre parti (notamment de la part du député Alain Destexhe). Voici ce qu'on peut opposer… aux opposants.
(1) Contrairement à une Loi, une résolution n'a pas de caractère contraignant, mais fait état d'une volonté, d'une intention (d'éventuellement légiférer). Modification faite suite à une remarque de mon bon François De Smet : j'avais d'abord parlé de Proposition de Loi, pensant simplifier le propos, mais autant être didacte : le fait qu'il ne s'agisse pas d'une Loi mais d'une résolution est également intéressant dans ce cadre : il s'agit d'ouvrir un débat plutôt que d'oser tout de suite aller vers une évolution législative.
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