dimanche, 27 janvier 2013
Anschluß, le point Ben Weyts
Est-ce le fait d’avoir absorbé 60 ex-Vlaams Belangers ? La N-VA a-t-elle en même temps absorbé une partie de la rhétorique de l’extrême droite nationaliste flamande ? Ben Weyts a dit «Anschluß». Il parlait de la soi-disant volonté des Francophones (et du PS) «d’annexer» Bruxelles. La phrase est dans De Morgen : «Nous pensons qu’il y a une plus-value pour une Bruxelles en relation avec la Flandre mais aussi inversement. Je ne comprends pas que des politiciens francophones soient occupés à [organiser] l’Anschluß de Bruxelles à la Wallonie». Pour rappel, l’Anschluß désigne l’annexion brutale de l’Autriche par l’Allemagne, en 1938, qui permit la nazification de la première avec toutes ses conséquences. Assassinats politiques, déportation et assassinats des Juifs et Tziganes, etc. Le rapport avec le Vlaams Belang ? Eh bien, c’est simple : auparavant, ce genre de godwinnerie était plutôt l’apanage d’un Gerolf Annemans (à la Chambre, par exemple). Et lorsque lui ou un autre membre de ce parti néo-nazi (1) se permettait de comparer les Francophones aux nazis, il y avait un tollé, à la Chambre d’abord, dans la presse ensuite. Mais là, ce n’est pas pareil, voyez-vous.
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mardi, 22 janvier 2013
La Belgique se prend la porte au nez.
«Merci, monsieur Laporte […] Le sentiment que la scission devient petit à petit la seule possibilité est de plus en plus fort.» Ou bien : «Il est rafraîchissant et courageux qu’un journaliste francophone ose enfin dire ce que les Flamands savent depuis longtemps [sur le PS].» Ou encore : «Que les Francophones puissent vivre avec un État-PS pareil, je peux le respecter. Mais pas que ceci nous soit imposé, à nous les Flamands, car dans ce cas, nous devons en tirer les conséquences. Peut-être Bart De Wever avait-il déjà connaissance de cet article [avant sa parution] (sic) mais sa déclaration de ce week-end disant que la belgitude des Francophones passe par l’estomac est ici confirmée. Je suis personnellement de plus en plus partisan que nous nous occupions chacun de nos affaires avec une solidarité objective (sic) et transparente (sic).» Ou finalement : «Une critique acerbe sur l’État-PS, et cette fois de la plume d’une source vierge de tout soupçon […] Cette polarisation, et une prise de conscience plus forte au Nord (comment est-ce possible autrement), mènent à la constitution de deux normes de gestion de l’État basées sur une philosophie différente. Il n’est aujourd’hui même plus nécessaire de faire la liste des thèmes qui nous séparent totalement les uns des autres dans nos façons de penser et d’agir.»
Voilà quelques réactions à la dernière «opinion» du journaliste de La Libre Christian Laporte, parue ce jour sur le site de la VRT. Et quelle opinion !
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mercredi, 16 janvier 2013
Un euro (ou Nous sommes tous des Yves Desmet)
Pas encore de trace sur le site du Soir. Une dépêche Belga dans La Libre. La RTBF pour l’instant encore aux abonnés absents. Pareil à l’AJP (Association des Journalistes de Presse). Je me doute bien que les papiers vont bientôt tomber, mais merde. Qu’est-ce que vous foutez (1€) ? Là, ça vous concerne directement ! Ça nous concerne directement ! Seulement, apparemment, ça ne se passe pas en Belgique, mais en Flandre. Yves Desmet, rédacteur en chef du Morgen, a été condamné à l’euro symbolique pour avoir… émis une opinion ! Et le temps que l’information passe la frontière linguistique est cette fois péniblement long. On me dira qu’il ne s’agit que d’un euro. Faux. Il s’agit de prendre un avocat, de perdre du temps, d’assurer une défense, de régler les frais de justice et surtout, de se demander avec angoisse jusqu’à quand on laissera la liberté d’expression se faire ratatiner par des juges qui n’ont rien compris à la liberté d’expression (100 x 1€) dans ce pays. J’ajouterai : «par une justice de classe» (1€) et ces seuls mots pourraient me coûter un euro et les frais qui vont avec. Ne dites pas, ne dites jamais «justice de classe».
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mardi, 15 janvier 2013
Sel en Suisse.
Un peu de détente ne fait pas de tort et c'est ce que je vous propose aujourd'hui. Deux animateurs suisses (Duja et Philippe Ligron) bien décalés produisent chaque semaine un programme intitulé Bille en Tête sur la première (RTS). Ils sont passés à Bruxelles, pour 5 reportages très sympathiques. Le principe : on enregistre d'une traite, où qu'on soit, sans chercher la qualité technique. Le son est réel, et c'est très beau. Tant pis pour les incidents de parcours, peu importe, il faut que ça vive. Pour leur cinquième et dernière émission "chez nous", ils m'ont demandé de parler un peu de nos querelles communautaires, d'une Bruxelles un peu différente, de la verte vallée populaire uccloise, en l'occurrence. Je les ai donc emmenés dans les bois sous une drache nationale pas triste. On a parlé champignons, communautaire, les villages qui changent de langue, la structure absurde de la Belgique, et fin du fin, je leur ai fait prononcer "Broekweg" pour voir ce qu'ils allaient en faire. Mouhaha. Euh… pardon.
Et vers la fin du reportage, il y a un scoopinet. Ceux qui écouteront sauront déjà plus ou moins de quoi parlera mon prochain livre. Plus ou moins. Pour les détails, héhé, je vous ferai encore patienter !
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dimanche, 13 janvier 2013
Moi, le député et les pédés.
Juin 2010. Je suis invité sur LCI à un débat sur l’avenir de la Belgique, face à un journaliste flamand, Luc Van Der Kelen. Dispute de Belges. À mon «côté», il y avait Jacques Myard, député UMP des Yvelines qui défendait le rattachement de la Wallonie à la France. Comme il n’avait pipé mot de ce curieux engagement pendant le débat (qu’est-ce qu’un député de la Région parisienne allait faire dans cette galère rattachiste d’une région située à plus de 300 km ?), je profitai du moment où nous prenions l’ascenseur ensuite pour lui poser la question. Il y avait une petite dizaine de personnes dans l’ascenseur.
— Vous êtes partisan du rattachement de la Wallonie à la France ? dis-je donc à Myard.
— Absolument ! répondit le député.
— Mais vous savez qu’en Wallonie, le cannabis est plutôt toléré, que l’euthanasie est légalisée et que les homosexuels peuvent se marier ?
— Ce n’est pas grave, lança-t-il d’un ton bravache, on les civilisera !
Hilarité générale. J’ai cru à une plaisanterie bien franchouillarde, un excès de chauvinisme un peu surjoué. Mais non…
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mercredi, 09 janvier 2013
Stoemp saucisse
Voilà. C’est baraque. On y est. Cédant aux incantations nietzschéennes les plus basiques et les plus définitives, la Belgique politique est enfin devenue ce qu’elle est : un stoemp saucisse, un waterzooi, une salade liégeoise, un Gemischte Grill (pour contenter les quatre futures régions potentiellement impotentielles), un machin informe que plus personne ne comprend, à commencer par les partis et leurs présidents, sans citer notre Albert national. Côté journalistes, les idées se figent et ne se ressemblent pas. Au Nord, on pense que l’agressivité d’Elio Di Rupo sert Bart De Wever, et on oublie pieusement que les 5 ans d’agressivité professionnelle de Bart De Wever envers Elio Di Rupo ont surtout desservi l’intelligence nationale. On oublie aussi que ce n’est pas tant ce que Di Rupo dit de Bart qui est susceptible de réveiller le flamingant qui sommeille en vous, que ce qu’une certaine presse en fait. Au Sud, on oscille entre déni-oui-oui et catastrophisme, comme le montre un débat que j’hésite à qualifier d’hilarant ou de pathétique entre Jules Gheude et Vincent Laborderie (sur TV Bruxelles), le premier partant du principe que la Belgique est foutue, le second que tout va bien madame la Marquise. Qu’on se le dise, en fait, sur ce qui va se passer en 2014, on ne sait rien, rien de rien, et personne.
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mercredi, 26 décembre 2012
Le discours royal ? Lost in trans-nation !
La N-VA se sent visée par le discours du roi. Du moins, officieusement. Officiellement, elle dit que non. Mais Eric Defoort est scandalisé. Et Ben Weyts annonce qu’Elio Di Rupo sera bientôt «interrogé» au sujet du texte du roi qui a forcément eu l’aval du premier ministre. Étranges réactions d’un parti qui ne se sent «pas visé» ? Non. Ce déni est une simple position tactique. Le ramdam causé par le discours royal au nord du pays sert si bien De Wever qu’il n’a même pas besoin de réagir personnellement. Il laisse donc les cris à ses sergents. Albert II et Di Rupo ont ainsi réussi à relancer le psychodrame belgo-belge ou flamando-belge ou francophono-belge, appelez-le comme vous le voulez, c’est le même.
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mercredi, 19 décembre 2012
Départdieu
Ah ! Ça vous emmerde, hein, qu’on parle de Depardieu, encore Depardieu, toujours Depardieu ! Qu’est-ce qu’on lui veut à ce patapouf d’Obélix, à ce magnifique Cyrano, à ce roquet banlieusard des Valseuses qui est venu s’installer en Belgique par amour de Néchin ? Franchement, on ne voit pas. Il est libre, après tout, non ? Ce citoyen européen n’a-t-il pas droit à la liberté d’établissement dans n’importe quel pays de l’Union ? Comme n’importe quel Polonais, pourvu qu’il ait un travail, n’importe quel Rom, pourvu qu’il soit bien caché, n’importe quel Grec ou Espagnol, pourvu qu’il ait un doctorat et ne transpire pas trop la misère importée de son pays surendetté ? Sauvez Gérard, bon sang ! Sauvez donc Obélix, Cyrano, Loulou, Mickey, Jean-Claude, Danton, Rodin, Porthos, Vatel, Vidocq, D’Artagnan, Bérurier, Boudu, Dumas, Balzac, Valjean, Salluste, Mazarin, Volpone et Raspoutine ! Il est si sympa, putain ! Il est si tout ! Mèèèrde !
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dimanche, 16 décembre 2012
Exclu : N-VA = België barst.(Tweetalig/bilingue)
Un mail de la N-VA confirme qu'elle a bien pour ambition première l'indépendance flamande. Version française de cet article dans la suite. (Voor de Nederlandse versie : gelieve mij bij voorbaat te verontschuldigen voor de mogelijke taalfouten.)
Een mailtje voldoet om te weten wat de N-VA eigenlijk wilt. Je moet maar doen alsof je met haar akkoord gaat en joepie! een vrij duidelijk antwoord op je vragen komt er dadelijk aan. Ik kreeg daar per ongeluk het bewijs van in mijn mailbox. Op een vraag (van een Waal) of de Franstaligen zich niet beter aan Frankrijk zouden aansluiten antwoordde de Vlaams-Nationalisten als volgt: «De N-VA heeft als einddoel een onafhankelijk Vlaanderen als lidstaat van Europa, maar de weg daar naartoe is geleidelijk en moet zich op een democratische manier voltrekken. Daarom pleit de N-VA als eerste stap voor de omvorming van België tot een confederatie. Daarbij denken we aan een confederatie met twee deelstaten (Vlaanderen en Wallonië). De deelstaten kunnen met elkaar afspreken welke taken ze nog samen willen doen in de confederatie.»
Indien u dacht dat de N-VA tegen de aansluiting van Wallonië aan Frankrijk was, lees dan het vervolg : «Hoe de Franstaligen hun toekomst zien en invullen, laten we aan hen over. Het strookt niet met onze principes om ons daarin te gaan mengen. Wij geloven in elk geval dat beide deelstaten beter worden van meer autonomie.» Dus, beste Vlaamse vrienden, voor de N-VA maakt het niet uit of Vlaanderen straks grenst met Frankrijk. Dat dit ook economisch nadelig wordt voor Vlaanderen is blijkbaar niet echt haar zaak. Een Frans Wallonië zal minder in Vlaanderen kopen, en minder via Zaventem of Antwerpen exporteren. Wallonië is vandaag de eerste klant van Vlaanderen…
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mercredi, 05 décembre 2012
Que Bibi l'aie dans le baba.
Suite à l'entrée de la Palestine en tant que membre observateur à l'ONU, Benyamin Netanyahou a donc commencé à planifier les "mesures de rétorsions" à l'égard des Palestiniens. Relisez bien la phrase précédente : Israël est un État qui se dit démocratique, et qui toutefois considère la simple entrée de la Palestine à l'ONU comme une agression ! Comment mieux dire que le Likoud est un parti qui ne veut en aucun cas qu'un État palestinien existe jamais ? Même Ehud Olmert, ex-premier ministre de Kadima (fondé par un Sharon pourtant vu comme radical) a soutenu ce siège palestinien d'observation à l'ONU ! Sans parler de la gauche israélienne et de nombreux mouvements pacifistes. Ce ne sont donc pas "les politiciens israéliens" qui sont contre, mais ceux qui sont aujourd'hui au pouvoir, qui affirment être pour la paix, et font cependant tout pour qu'elle n'arrive jamais. L'association du Likoud avec un parti d'extrême droite est un des thermomètres de sa dérive. Aujourd'hui, la dérive commence à bien faire.
L'une des mesures de rétorsion du Likoud, qui sera bientôt mise en œuvre, consiste à construire des "implantations" juives, et réservées aux Juifs, à l'entrée est de Jérusalem. Ceci annihilera toute possibilité d'établir un lien entre les Palestiniens et leur capitale partagée. Pire : l'ampleur de ces constructions et le mur qui les entourera couperont la Cisjordanie palestinienne en deux, elle qui est déjà un véritable gruyère de par les innombrables colonies que les pouvoirs israéliens ont toléré dans le passé — dame, ça limitait déjà terriblement tout espoir d'un État palestinien digne de ce nom pour pas trop cher.
Si la communauté internationale était un tant soit peu attentive à ce qui se passe, elle réagirait férocement. Il y a une différence entre comprendre la détresse des Israéliens et accepter n'importe quelle mesure antipalestinienne. Celles concoctées par le Likoud ne servent aucunement la population israélienne : elles la condamnent au contraire à vivre sous les menaces de roquettes ou d'attentats pour les siècles des siècles. Lorsqu'on voit qu'aujourd'hui l'Irlande du Nord est toujours sous la menace de la renaissance d'un conflit interne dû à une colonisation commencée en… 1541, il paraît évident que le "dernier moment de la paix" est arrivé au Proche-Orient. Et que les actions prévues par le Likoud reviennent à profiter d'une situation diplomatique qui n'a rien d'agressif pour fermer définitivement la porte à une résolution du conflit.
L'Union européenne est le prix Nobel de la Paix de cette année. Si elle veut être à la hauteur de ce titre, que certains défendent avec acharnement (ce n'est pas mon cas, mais si ce prix pouvait servir à quelque chose, je pourrais changer d'avis), elle doit se départir fissa de sa vieille mollesse et montrer qu'elle peut faire mieux qu'observer guerres et massacres depuis les salons de Bruxelles en devisant pieusement de la couleur du futur plafond du Caprice des Dieux. Qu'elle agisse ! Bien sûr, on a pudibondement protesté, on a dit que ce n'était pas bien, l'Italie convoque l'ambassadeur d'Israël pour le sermoner, et ouhlàlà, il a eu très peur ! Bibi a même failli sursauter — ah non, c'était à cause d'un camion qui passait dans sa rue.
Alors, chers gouvernements du Nobel, s'il y a une chose que vous devez encore faire en cette fin d'année pour ne pas être totalement ridicules, minables, lamentables, c'est de rappeler vos ambassadeurs en Israël. De montrer que vous existez, et qu'il y a une puissance politique et diplomatique en Europe. De refuser de soutenir un gouvernement nationaliste, jusqu'au-boutiste, qui sinon ne s'arrêtera plus de provoquer, de coloniser, et d'empêcher toute paix pour quelque chose comme le demi-millénaire à venir, ou plus. Non pas convoquer les ambassadeurs d'Israël, mais les renvoyer. Non pas demander à notre diplomatie de gentiment s'incliner devant Netanyahou en lui demandant, rouge de honte, avec stupeur et tremblement, de ne pas faire son méchant, en le menaçant de pan pan culcul tout en sachant qu'on ne sortira ni la fessée ni le bâton. Mais se dresser, opposer un mur à son mur, et exiger du gouvernement israélien qu'il respecte le reste du monde. Aujourd'hui, il lui crache dessus.
En adoptant une position aussi ferme, radicale, que celle que le Likoud adopte aujourd'hui avec une brutalité invraisemblable, ce n'est pas Israël que l'on attaque. Au contraire, on donne un espace aux innombrables bonnes volontés qui, dans le pays, ne trouvent plus aucun espace pour revendiquer un appaisement, un avenir, une sortie de crise. Alors, chers membres du prix Nobel de la Paix, si vous ne voulez pas ajouter à vos innombrables culpabilités passées celle-ci qui vous poursuivra et vous ridiculisera pour les générations à venir, vous savez ce qu'il vous reste à faire. À bon entendeur, shalom !
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