lundi, 05 mars 2012

Bruxsells

En complément au billet précédent, et pour clarifier certains points, voici comment je vois Bruxelles.

Dans un cadre belge
C'est une ville cosmopolite. Personne ou presque ne peut se revendiquer "pur bruxellois", ce qui est une excellente chose. Il y a à Bruxelles une très forte proportion d'étrangers. Bruxelles-ville n'est pas la capitale de la Flandre (parce que située sur un autre territoire), ni des communautés flamande ou française (parce qu'inconstitutionnel), mais bien le siège de ces deux communautés qui y sont les bienvenues. Bruxelles-ville est la capitale de la Belgique, et à ce titre, les trois communautés doivent y être représentées et disposer d'un accueil correct. Aucune communauté ou région n'a droit à revendiquer le territoire de la Région Bruxelloise et seules ses instances internes sont compétentes pour décider de sa structure interne ou de son avenir.

La surreprésentation politique est un abus. Il n'est pas normal qu'un pourcentage très minoritaire de la population ait autant de voix que la majorité, quelle qu'elle soit, pour des décisions non-culturelles. Il n'est pas normal, par exemple, qu'une ministre élue par quelques milliers de personne ait un pouvoir qui dépasse celui de partis représentant une majorité de citoyens et puisse décider de l'infrastructure routière. Il n'est pas normal que des politiciens wallons et flamands décident à l'avantage de leur propre région d'infrastructures ou de politiques bruxelloises. Il est encore moins normal qu'il y ait des différences de traitement ou d'imposition ou encore d'avantages entre les uns et les autres. Je n'accepte ni l'assurance sociale communautaire flamande, ni les transports en commun semi-gratuits pour les élèves d'une "communauté" française au détriment des autres. Ce sont des pratiques d'apartheid à proscrire, a fortiori dans cette Europe-ci.

En revanche, la surreprésentation communautaire pour tout ce qui concerne la culture, l'éducation, le rayonnement de la langue néerlandaises est un devoir. Elle doit être étendue le plus intelligemment possible et le plus honnêtement possible pour que tout néerlandophone, par exemple, puisse être servi le plus souvent possible dans sa langue. Mais à ce titre, les quotas éventuels doivent tenir compte de la réalité (via des sondages ou comptages linguistiques). Il est ridicule d'exiger un bilinguisme total dans une commune où il n'y a que 2 % de néerlandophones (Watermael-Boitsfort, par exemple) et il est inadmissible de ne pas avoir un bilinguisme très large, sinon total dans une commune qui compte un quart de néerlandophones, voire plus la journée (Jette, par exemple). Les services d'urgence doivent pouvoir offrir un service trilingue correct en termes d'efficacité (français, néerlandais, anglais) — j'ai pu vérifier que c'était très généralement le cas. Je soutiendrais aussi que dans la mesure des possibilités, les hôpitaux doivent prévoir une permanence médicale généraliste en anglais et en néerlandais, au besoin par association/échange avec des hôpitaux alterlinguistes. Dans les cas où ce n'est pas possible, une permanence téléphonique doit permettre une traduction sûre, facile et gratuite. Ce sont des aspects pratiques à mettre en œuvre sur des bases pratiques et non théologiques. Il en va de même pour les services de police, mais là encore, prévoir un bilinguisme total dans une commune où il ne sera pratiquement jamais requis, et le faire au détriment d'autres connaissances n'est pas efficace, d'où la nécessité d'un recensement régulier.

Il faut aussi rendre les cartes d'identités bilingues et supprimer l'adhésion à une communauté ou une autre. Chacun doit pouvoir faire son shopping librement dans les propositions culturelles de l'une ou de l'autre, y compris dans l'administration. Idéalement, les instances culturelles devraient tendre vers un trilinguisme des services et de l'offre culturelle. Cela inclut un système éducatif bilingue ou d'immersion partielle ou totale répondant aux demandes des Bruxellois.

Enfin, il est impératif pour tous de reconnaître que Bruxelles est une ville d'histoire brabançonne, à majorité autrefois flamande, mais où le français a de tout temps été parlé par une importante minorité, et que c'est cette mixité qui en a fait la ville internationale qu'elle est aujourd'hui. Il faut reconnaître aussi que la langue véhiculaire actuelle des Bruxellois est le français, mais qu'en journée, le néerlandais revêt une importance que les chiffres de la population ne reflète pas, du fait de l'arrivée de naveteurs et parce qu'une partie importante de l'entreprise bruxelloise est au moins partiellement néerlandophone. On ne peut revendiquer la francité bruxelloise sans reconnaître l'importance économique du néerlandais, et inversement. L'anglais est désormais la seconde langue la plus utilisée professionnellement et à ce titre, ainsi que du fait qu'il est l'une des langues de travail de l'UE, il doit être promu au rang de langue régionale. Il permet aussi la communication entre non-néerlandophones et non-francophones et doit pouvoir être considéré comme un mode de communication tout aussi honorable que les langues nationales. Ce serait bien aussi de promouvoir notre troisième langue nationale, à savoir l'allemand.

Voilà en gros comment je vois un avenir équitable pour une Bruxelles dont le centre, Bruxelles-ville, est capitale de la Belgique, de la Région bruxelloise et siège de l'Union européenne.

En cas de séparation
Si la N-VA gagne les élections de 2014, la Belgique cessera d'exister. Les projets de confédération que ce parti a dans ses cartons ne peuvent convenir à Bruxelles, et reviennent en fait à provoquer la sécession. Dans ce cas, il est certain que la situation de Bruxelles fera l'objet d'un conflit. Dès à présent, il faut donc prévenir qu'il serait intolérable que Bruxelles soit enclavée dans un État flamand qui a sur elles des visées territoriales en mesure de l'amener à avoir une attitude économiquement et géostratégiquement nuisible envers le centre urbain. De ce fait, si une telle agressivité devait s'avérer durable, il y aurait lieu de revendiquer un espace minimal vital qui engloberait le tracé du Ring et des autoroutes vers le Sud (Namur, Lille, Paris), ainsi qu'un accès (partagé) à l'aéroport de Zaventem qui deviendrait binational. Toute autre solution pourrait s'avérer fatale pour l'autonomie bruxelloise et sa viabilité.

Ce type de conflit risque de créer une opposition également conflictuelle à l'intérieur de Bruxelles. Cela signifie qu'il faudrait impérativement "souder" les communautés internes avant qu'une éventuelle séparation n'ait lieu. Autrement dit, donner de sérieuses garanties à la communauté néerlandophone et à la continuité de la sur-représentation culturelle, éducative et linguistique. C'est pour ça que je n'admets pas le concept de "nation francophone", ni pour Bruxelles, ni pour Wallonie-Bruxelles (qui a du reste une minorité germanophone) et que je prône une définition de l'État non pas au moyens d'une identité linguistique, mais bien exclusivement par des valeurs démocrates.

Les partis néerlandophones admis au Parlement bruxellois devraient en revanche être nationaux, et dès lors détachés de leurs alter-egos de l'État flamand. L'impôt serait payé sur le lieu de travail, et des accords bilatéraux doivent être envisageables avec l'État flamand pour lui reverser une partie de ces impôts, à la condition qu'il respecte le droit de ses minorités (ce qui implique évidemment que Bruxelles devrait s'ériger en modèle factuel à cet égard). Bien entendu, le parlement flamand et l'administration idoine devraient quitter le nouvel État bruxellois, et un parlement culturel néerlandophone autonome le remplacerait, avec des compétences étendues. Enfin, Bruxelles devrait constitutionnellement autoriser l'entrée de l'État dans une fédération avec les anciennes régions belges, si les Bruxellois le souhaitent, mais sur base d'une égalité constitutionnelle et d'une reconnaissance de l'État bruxellois par les autres entités qui souhaiteraient s'y associer. Ainsi, la Flandre et/ou la Wallonie pourraient après une séparation décider de former une fédération (et en aucun cas une confédération : on a déjà l'Union Européenne) avec Bruxelles, traitant toutefois d'égale à égale. Aucune coopération ne serait envisageable avec des états (Flandre ou Wallonie) qui ne respecterait pas le droit des minorités historiques ou agiraient de manière hostile, économiquement ou structurellement.

Enfin, les instances communautaires représentatives des diverses communautés seraient invitées à collaborer tant au niveau de l'éducation que des autres faits culturels, et tout centre culturel, musée ou théâtre devrait prévoir une proportion d'activités en néerlandais et en anglais. L'objectif étant un échange régulier et une promotion de l'autre communauté, afin de recréer l'espace multilingue qui existait avant la création de la frontière linguistique, mais désormais avec une égalité de statut pour les deux/trois langues nationales bruxelloises. 

Ceci n'est pas un manifeste, je conçois bien que beaucoup de choses sont onbespreekbaar, mais c'est simplement ma vision de Bruxelles dans les deux potentialités, celle d'une capitale belge qui se respecte et se fait respecter, d'une part ; celle d'une Flandre autonome d'autre part, face à laquelle Bruxelles doit être non pas une zone de revanche, mais un exemple de cohabitation. À chaque Bruxsellois(se) de se prononcer sur ce papier qui veut surtout être une base d'échanges de vues.

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dimanche, 04 mars 2012

Cartes sur table

La carte de Bruxelles de l’Open VLD a fait beaucoup de bruit. Olivier Maingain a parlé d’une vision nationaliste. D’autres ont eu peur que le cosmopolitisme révélé par la carte ne servît qu’à minimiser la présence francophone. D’autres encore ont fait comme si l’Open VLD avait des intentions similaires à celles de la N-VA ou du Vlaams Belang. On a aussi regardé cette carte d’un œil très jacobin, arguant qu’elle était stigmatisante, parce qu’elle «instaurait» des communautés. Et personne ne s’est visiblement intéressé préalablement aux auteurs de la carte, ou du moins à ceux qui la signent. Ni au texte qui l’accompagne. Or, c’était par là qu’il fallait commencer. Revue et correction…

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lundi, 27 février 2012

20 petits Belangers

La N-VA a donc recruté récemment une vingtaine d’élus locaux du Vlaams Belang. Freya Van den Bossche (SP.a — socialistes flamands) s’en est émue sur Twitter. «Vingt mandataires, ça fait beaucoup». Réponse de Bart De Wever : «Mais de quoi elle se mêle ?». En effet, on se demande bien pourquoi une démocrate avérée comme Freya s’inquièterait de l’arrivée dans le plus grand parti flamand de deux dizaines d’ex-membres d’un des rares partis fascistes d’Europe qui osent commémorer publiquement des nazis tout aussi avérés. De Wever se fend aussi d’un message qui se veut rassurant : «les extrémistes de droite n’ont aucune chance [d’entrer à la N-VA]»

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dimanche, 26 février 2012

Débat avec Pierre Mertens à la Foire du Livre (et signatures)

Ce vendredi 2 mars, à 19h30, j'aurai le plaisir de débattre avec Pierre Mertens sur le thème "Ecrivains et hommes politiques : où commence la censure ?" L'occasion du débat est bien entendu la décision judiciaire récente suite aux poursuites lancées par Bart De Wever contre l'écrivain pour diffamation. La chambre du conseil du tribunal correctionnel de Bruxelles a en effet émis un non-lieu pour cause de prescription. Mais elle ne s'est pas prononcée ni n'a émis le moindre commentaire sur le fond, à savoir, au vu des circonstances, Pierre Mertens avait-il le droit de qualifier Bart De Wever de «négationniste»?  En l'absence d'une telle précision, le président de la N-VA aura eu et aura encore tout loisir d'accuser Pierre Mertens de l'avoir diffamé et d'être sorti des limites du droit à la liberté d'expression. Ce qui est étrange, c'est que parallèlement, Bart De Wever se prétend le chantre d'une liberté d'expression soi-disant absolue. Mais la pression qu'il exerce sur la presse particulièrement (mais pas uniquement) francophone dès qu'elle sort de ce qu'il considère comme admissible en fait un cas d'école d'incitation à l'autocensure de la part des journalistes et écrivains qui "l'attaquent".

À l'occasion de ce débat, nous aborderons entre autre la question de la frontière entre calomnie, diffamation, critique et atteinte à la vie privée et celle de la liberté d'expression en Belgique. Nous nous demanderons aussi où la censure politique commence et quelles nouvelles formes elle revêt.

Nous répondrons bien entendu aux questions du public.

À la suite du débat, je signerai pour ceux qui le voudront Les Secrets de Bart De Wever, où je consacre notamment un chapitre à "l'affaire De Wever-Mertens" et à son utilisation par le leader nationaliste, et un autre à la pression de la N-VA sur les journalistes francophones en particulier, du Monde au Soir en passant par Libération, Sud Presse, la RTBF. Mon livre, dédié à Els Ampe (Open VLD) fait aussi la part belle aux femmes et hommes politiques flamands qui osent sortir du carcan du "journalistiquement correct" lorsqu'ils évoquent la N-VA et ont du mal à trouver dans la presse du Nord la possibilité de s'exprimer.

Le débat aura lieu à la Foire du Livre, stand 330, le vendredi 2 mars à 19h30 (nocturne). 

Contact presse : Lucile Poulain, attachée de presse des Éditions Jourdan et des Éditions de l'Arbre, 0496 177 422. Mail : presse@editionsjourdan.com


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samedi, 25 février 2012

L'index ? Je dis "pouce".

Jean-Sébastien Lefebvre (Euractiv) a eu la bonne idée de twitter la carte de l’évolution des salaires minimaux en Europe. Et c’est très intéressant à regarder. Car que constate-t-on ? Que le système de l’indexation en Belgique n’a absolument pas pour effet de faire croître le salaire minimum au-delà de celui de nos voisins immédiats. Ainsi, depuis 1999, l’évolution de ce salaire de base en Belgique est quasi identique à ce qu’elle est aux Pays-Bas ou en France. Elle est même très similaire à la courbe irlandaise, mais en dessous. Si l’Allemagne n’est pas reprise dans ce graphique, le salaire moyen brut mensuel qui y est pratiqué est aujourd’hui encore supérieur au nôtre (3.007 € SPA chez Merkel contre 2.784 chez nous). Le salaire horaire est toutefois très légèrement supérieur en Belgique (21,87 contre 21,23). Mais le salaire net, lui, est moins élevé chez nous, rage taxatoire aidant. Mais il y a mieux. Ou pire…

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mardi, 21 février 2012

De la Hollande à la France, l'extrême droite passe par la Flandre.

Chers amis, je dois vous avertir que nous avons un gros problème. L'extrême droite wallonne est en effet d'une inefficacité crasse. On le découvre à la lecture du livre de Thierry Légier, ex-garde du corps de Jean-Marie Le Pen actuellement muté à «la» Marine. On y découvre que les contacts entre le PVV hollandais et le FN français peuvent quelquefois passer par un parti néerlandophone belge, qui pourrait être le Vlaams Belang, plutôt que par les frontistes francophones. Eh oui. Car le garde du corps nous confie : « J'ai été très secoué par l'assassinat de Pim Fortuyn (chef de la droite populiste néerlandaise, NDLR) en 2002, qui avait refusé toute protection policière. Après avoir été prévenu de cette nouvelle par téléphone par des députés flamands, j'ai été voir Jean-Marie Le Pen à son domicile. Il m'a répondu : "Maintenant, il va falloir ouvrir l'oeil."» Eh oui, vous avez bien lu : des députés flamands, et non wallons. Comme quoi, quand il s'agit de garder de bons contacts entre droite extrême, ce sont toujours les mêmes qui travaillent !


Note : les billets "rhumeurs" sont à prendre au second, si pas au quatorzième degré.

Une info Le Point qui m'a été transmise par Karine.

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jeudi, 16 février 2012

Saint-Pierre, l’école qu’on jette (un peu vite).

Résumé : le Sint Pieterscollege de Jette a été au centre d'une polémique sur l'interdiction du français dans la cour de récréation. Pourtant, cette école ne fait qu'adopter avec un certain retard des pratiques déjà en vigueur dans de très nombreuses écoles néerlandophones. De plus, elle va beaucoup moins loin qu'un nombre certain d'instituts du réseau flamand. Enfin, les problèmes auxquels les écoles néerlandophoens de Bruxelles doivent faire face ne sont pas immédiatement compréhensible sans une mise en contexte de leur situation très particulière. Pour autant, l'interdiction du français ou d'autres langues à la récréation n'est pas la bonne solution. Il y en a bien d'autre, et il est assez étonnant, voire inquiétant, que le corps professoral n'ait pas adopté d'autres voies moins coercitives. Plus qu'une critique (même si je ne suis pas tendre), je cherche en définitive des voies de réflexion pour des pratiques plus en phase avec le développement de nos chères têtes blondes, quelle que soit leur langue maternelle.


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La pauvre école Saint-Pierre de Jette s’est pris tout dans la tronche. Des articles dans la presse francophone, jusqu’en France et au Canada (Québec) l’ont présentée — erronément — comme le collège qui a «inventé» la punition linguistique. Pourtant, le nouveau règlement «discriminatoire» instauré par la direction de l’école néerlandophone bruxelloise n’est certainement pas le premier exemple du genre, et encore moins le «pire». Rappelons les faits. Il y a quelques jours, l’école néerlandophone primaire Sint-Pieterscollege (Jette, l’une des communes de la Région bruxelloise) adresse aux «parents et élèves» une «déclaration d’engagement» titrée «Le néerlandais est obligatoire dans notre école !» Le texte rappelle : «Vous avez choisi une école néerlandophone. Pour les enfants qui parlent une autre langue à la maison, ce n’est pas un chemin facile. Toute l’équipe scolaire veut donner aux enfants les mêmes chances de progression et trouve positif que les enfants «de langue autre» acceptent de s’exprimer [exclusivement] en néerlandais [dans l’enceinte de l’école]. Nous, l’équipe d’enseignants, constatons que les enfants parlent beaucoup français dans la cour de récréation. Nous voulons que les élèves découvrent eux-mêmes la nécessité d’utiliser le néerlandais comme langue véhiculaire [dans l’école] (…) Nous lançons donc une nouvelle politique linguistique : aux enfants qui parlent français dans la cour de récréation, nous donnons un ‘bon linguistique’. Si, au cours de la période allant du 2/2 au 30/0, un élève reçoit trois ‘bons linguistiques’, il devra se rendre à une étude linguistique qui se déroulera le mardi 26/03 de 15h15 à 17h45.» Allons bon !

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vendredi, 10 février 2012

Geert Wilders. Populiste-raciste et fier de l’être.

À ceux qui pensaient que Geert Wilders était simplement quelqu’un qui disait «des vérités» sur l’islam, et qui étaient déjà coupables d’un aveuglement insensé suite à son «Fitna», un pamphlet extrêmement violent contre les islamistes, mais aussi tous les musulmans, je peux aujourd’hui répondre, sans trop me tromper : oui, Geert Wilders est un raciste, et oui, Geert Wilders est un populiste. Je crois que ça fait de son parti, le PVV, une formation d’extrême droite de plus. Car figurez-vous qu’il vient d’ouvrir un site de délation destiné à enregistrer les «plaintes» des gens qui subissent — tenez-vous bien — les «nuisances» de personnes originaires d’Europe centrale et de l’Est. Wilders assume. «Le PVV était l’un des rares partis à s’opposer dès le début à l’ouverture du marché du travail aux Polonais et autres européens du Centre et de l’Est. Vu tous les problèmes qui accompagnent l’arrivée massive de Polonais plus précisément, notre attitude est apparue sensée. Récemment, le PVV a donc également voté contre l’ouverture du marché du travail aux Roumains et Bulgares». La page de garde du site est décorée de divers «extraits de presse» aux titres pas tristes, du style : «les Polonais, les Roumains et les Bulgares de plus en plus nombreux dans les chiffres de la criminalité». Ou «Voleurs et fiers de l’être». Ou encore «Tu ne ferais pas mieux de retourner chez toi ?» Bigre. 

 

Geert Wilders, tout sourire, donne le ton dans un encadré : «Diminue les nuisances, signale-les ici !» Et dans la page même, il n’a pas peur des mots, le bougre : «cette immigration laborieuse massive amène de nombreux problèmes : nuisances, pollution […]» Et de conclure par «Subissez-vous des nuisances de la part [d’immigrés] d’Europe centrale ou de l’Est ? Ou avez-vous perdu votre travail à cause d’un Polonais, d’un Bulgare, d’un Roumain ou d’une autre personne originaire d’Europe centrale ou de l’Est ? Nous vous écoutons. Le Parti pour la Liberté (PVV) (sic) vous offre sur ce site une plateforme où vous pouvez faire vos réclamations. Nous les rassemblerons et remettrons les résultats au ministre des Affaires sociales et du Travail».

 

On peut difficilement faire mieux en matière de xénophobie. La Pologne a d’ailleurs déjà vigoureusement protesté, à juste titre, je crois. Mais le plus beau — pour ceux qui l’ignorent — c’est que ce parti résolument islamophobe et désormais ouvertement raciste (pollution, nuisances…) est toujours dans la majorité néerlandaise, même s’il n’est pas au gouvernement. On saura dans les prochaines semaines si le gouvernement néerlandais réagira comme il se doit en rejetant cet obscène personnage dans l’opposition, ou si elle se complaira dans une situation qui n’est pas sans rappeler celle de l’Autriche il y a quelques années, avec Jorg Haïder, tout aussi démagogue, mais un chouïa moins débridé. Plus généralement, l’Europe politique ferait bien de se réveiller dans le quart d’heure qui suit. Alors que les populistes (mais aussi quelques partis démocrates) ne s’attaquaient jusqu’ici «qu’aux» Roms, musulmans et Wallons, c’est désormais les citoyens d’autres pays d’Europe qui sont visés, ceux qui ne ressemblent pas immédiatement à un Hollandais bon teint. 

 

Citoyens européens, vos yeux qui se sont complaisamment fermés de 1918 à 1939, voulez-vous bien les ouvrir aujourd’hui ? Ou allez vous, une fois encore me prier de me taire, fermer vos paupières, boucher vos oreilles et dormir en attendant le prochain cataclysme ? L’Europe vire à l’extrême droite, c’est aussi simple que ça. Il ne tient qu’à nous d’alerter nos contemporains, d’expliquer, d’argumenter, de résister. Pensons à  Benjamin Franklin : à un citoyen qui lui demandait, au sortir de la Convention constitutionnelle de 1787: «Eh bien, Docteur, qu’avons-nous [obtenu]? », il répondait : «Une république. Si vous êtes capables de la préserver». La même question se pose aujourd’hui à nous, citoyens d’Europe. Qu’avons-nous ? Une démocratie. Mais serons-nous capables de la préserver ? Qu’en restera-t-il si nous continuons à laisser faire les pires parmi nous ?

 

Allez, là dessus, je vous souhaite une bonne journée !

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jeudi, 09 février 2012

Burqa blabla ou le jeu avec nos libertés.

Caroline Fourest est une journaliste. Elle a écrit un livre sur Tariq Ramadan et débattu avec lui dans Ce Soir ou Jamais sur France 3. Un débat disponible sur YouTube que vous devez regarder attentivement du début à la fin pour comprendre ce qu’on reproche à Caroline Fourest dans certains milieux. Mais surtout pour réaliser que du début à la fin de l’émission, Tariq Ramadan donne (sans le vouloir) raison à la journaliste, en la coupant sans arrêt, en décrédibilisant son livre à partir de détails ridicules (je sais ce que c’est…), en bottant en touche dès qu’elle met le doigt là où ça fait mal (je connais, j’ai l’habitude…), en prétendant qu’elle tronque des citations qu’elle n’a pas tronquées (on me l’a fait aussi…). Il n’a juste pas pu lui reprocher de ne pas l’avoir interviewé (tiens, ça me rappelle quelqu’un…) parce qu’elle a répondu d'emblée : quand on interviewe Le Pen pour lui demander s’il est raciste, il répond évidemment «non», et ça n’a aucun intérêt. Autant dire que cette femme me fascine…

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mardi, 07 février 2012

Civilisation. Un trou Guéant.

La civilisation, ça n’existe pas. La civilisation est, en principe, un but à atteindre. Un objectif visant à créer une société juste en partant du citoyen, civis en latin. Et non pas de l’État. Ainsi, le fascisme, instituant un idéal étatique par opposition à un idéal citoyen est le contraire de la civilisation. Le communisme, dans son application (soviétisme, castrisme, etc.), en est l’échec. Le nationalisme (identitaire), dès lors qu’il réserve la civilisation aux citoyens identifiés, s’en écartera au fur et à mesure qu’il deviendra lui-même. Bref, la civilisation est, aujourd’hui, un trou béant. Ou plutôt, depuis quelques jours, un trou Guéant.

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01:54 Publié dans Humeurs d'Ailleurs | Lien permanent | Commentaires (132) | |  Facebook |  Imprimer | | | |