samedi, 29 juin 2013

«On est venus finir le travail des nazis»

20130628183558055.jpgElle ouvre sa porte garnie d’une mezouzah. Face à elle, le couple de jeunes voisins bien propres sur eux qui, depuis des semaines, hurlent dans l’escalier que les Juifs n’ont rien à foutre ici. À une heure du matin, à trois heures du matin, à cinq heures du matin, ils tambourinent à la porte pendant de longues minutes, hurlent «sales Juifs», «Juifs puants» et tout ce que l’antisémitisme a pu produire comme horreurs… Mais ce 24 mai, c’est à 10h30 qu’ils frappent à la porte. La femme est dans son chez-soi, au téléphone avec sa grand-mère. Elle raccroche, va à la porte. Elle se demande ce qu’ils veulent. Elle est seule dans l’appartement. Elle ouvre. «On est venus finir le travail des nazis», disent le garçon et la fille qui sont face à elle. Incrédule, n’ayant pas bien compris ce que ces jeunes voulaient, la femme répond «faites ce que vous avez à faire». Alors, les deux se ruent sur elle. La femme la prend à la gorge, l’homme la cogne, ils la jettent au sol. Elle perd conscience. 

Quand la femme reprend ses esprits, le couple de voisins est tranquillement rentré chez lui, un étage en dessous. Elle ne parvient pas à rassembler ses idées. Elle est couverte de son propre sang, son corps n’est plus qu’hématomes, elle a mal au ventre, elle a le nez cassé, une large coupure au poignet. À côté d’elle, un miroir brisé, tombé ou jeté d’une armoire. Elle ne sait pas, elle était inconsciente. Elle appelle sa grand-mère, qui appelle la police. La police ne vient pas. 

Ne voyant rien venir, ni police, ni ambulance, la femme appelle elle-même le central.

Finalement, l’ambulance arrive. La police aussi. Mais elle n’établit aucun constat. Elle n’interroge personne. Elle ne dresse pas de PV. Il ne s’est rien passé, pensez-vous, des Juifs ! En bas de l’immeuble, une policière bavarde même avec les deux jeunes proprets, et rit avec eux alors qu’on emmène la femme couverte d’hématomes, de sang, le nez cassé, se tenant le ventre, qui ne parvient pas à parler clairement, en état de choc. Quant à la presse, elle met des semaines à se réveiller, et s’en tient à la version du commissaire de police : c’est bien sûr la femme qui a agressé les deux jeunes, dans le hall, et d’ailleurs, elle était ivre. La seule plainte que la police locale enregistre, c’est celle des deux jeunes proprets. La femme n’y a pas droit. Affaire sans importance, elle n’est même pas classée, elle n’existe tout simplement pas !

Vous l’aurez compris, cette histoire se passe bien sûr à Aachen, en Allemagne, en 1936. 

Ah non, pardon, je me trompe. Cette ratonnade a en fait eu lieu à Aartselaar, en Belgique, le 24 mai 2013. 

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vendredi, 21 juin 2013

Les 4 agents musulmans et les ispice di counasses

Sommes-nous bêtes ? Le Belge (ou le Français ou le Suisse) est-il incapable d'intégrer la notion d'exception ? Nos journaux sont-ils encore en état intellectuel de nous l'expliquer ? Les faits : dans la police de Bruxelles, quatre agents musulmans refuseraient, selon Het Laatste Nieuws, de saluer les femmes, qu'il s'agisse de leurs collègues ou de citoyennes. Voilà. À partir de là, les petits xénophobes islamophobes habituels tiennent et brandissent un exemple de la nocivité de l'islam. Pendant ce temps, à Reims, un islamophobe arrache le voile d'une jeune musulmane et lui lance des invectives. J'imagine qu'un journal occidentophobe soudanais pourrait sans peine s'emparer à son tour de ce genre d'incident xénophobe pour affirmer que la chrétienté ou l'occident sont nocifs par nature…

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mercredi, 19 juin 2013

Belgique à Papa, y’a pas !

On m’a souvent reproché d’en être resté à la «Belgique à Papa». Cryptoreproche qui équivaut en politique belge à la fameuse «pensée unique» ou au «politiquement correct» si chers à certains droitistes, envoyés dès que quelqu’un (de gauche) a des arguments un rien trop déstabilisants. C’est commode. La «Belgique à Papa», c’était la Belgique unitaire, bien sûr. Aujourd’hui, chez certains, le concept s’est étendu à la Belgique fédérale. «Cher petit Belge, tu dois accepter que les Flamands sont la majorité dans ce pays et comprendre qu’ils aient envie de faire ce qu’ils veulent chez eux.» Mais bien sûr ! C’est la moindre des choses. Pour autant que le «chez eux» en question s’arrête à la frontière linguistique. Sinon, la seule chose que j’accepte de comprendre, c’est qu’ensemble, nous sommes chez nous et qu’ensemble, nous faisons des compromis équitables, aussi pour les Wallons et les Bruxellois.

Le plus drôle, aujourd’hui, c’est que certains analyses et politiciens qui nient obstinément le «danger» que la N-VA représente pour la Belgique (j’ai dit «pour la Belgique» pas «pour les Belges»…) et assurent que, ni les prochaines réformes de l’État, ni les prochaines élections n’auront raison de mon beau pays (mon beau bordel de pays serait plus juste), n’hésitent pas une seconde à prétendre que l’implantation d’un stade belgo-bruxellois en Flandre (à Grimbergen) est une solution formidable qui va annihiler les communautarismes, mettre à mal les flamingants rabiques, en gros, rapprocher les régions et les communautés, hallelujah, wadesmadana ! 

 

 

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dimanche, 16 juin 2013

Quatremer : Laanan persiste et insiste à m'obliger à voter Reynders.

J'avais révélé (enfin, si l'on peut dire) les tweets "nationalistes" de la ministre de la Culture (et de la presse) de la Belgique francophone, Fadila Laanan, à l'encontre de Jean Quatremer. Ce midi, sur RTL-TVI, Pascal Vrebos est revenu sur la question et la ministre a persisté et signé : les déclarations de Jean Quatremer sont "caricaturales", s'il est vraiment malheureux à Bruxelles, rien ne l'oblige à y rester et cerise sur le gâteau, il se verra adresser une "réponse culturelle". Autrement dit, les deniers publics serviront à remettre le correspondant français à sa place ! C'est du moins comme ça que je le comprends.

Alors là, c'est le pompon. Non seulement le gouvernement n'accepte pas la critique justifiée de Quatremer, mais en sus, la ministre reprend le même refrain (pas d'excuse, pas d'atténuation du message), qui revient à prier les journalistes de s'adapter à la ligne directrice du PS faute de quoi ils s'entendraient suggérer un départ. Il ne s'agit pas là de l'opinion d'un quidam, mais de l'invitation, par un membre du gouvernement, à penser que Jean Quatremer n'a pas sa place en Belgique ! Ha-lu-ci-nant !

Et enfin, la ministre de la culture outrepasse apparemment largement ses prérogatives en répondant à un journal indépendant par une "réponse culturelle" qui l'implique (si elle sait qu'un tel projet est en cours et qu'elle ne peut "pas en dire plus", c'est dire à quel point elle est impliquée. C'est la démocratie à la Samaras (ou à la Poutine, choisissez), en Belgique, ou la démonstration qu'ici aussi, on profite de sa position d'élu mandataire pour régler ses querelles personnelles. C'est aussi une démonstration de l'arrogance devenue insupportable d'un parti qui est depuis beaucoup trop longtemps au pouvoir et se permet tout.

Pendant ce temps, les délires du gouvernement bruxellois (stade de Bruxelles en Flandre, projet colossal Néo qui va détruire l'un des pôles touristiques de la capitale, manque de protestations sinon complicité dans la mise en place d'un centre commercial au… Palais de Justice, échec dans la fusion des services de propreté et j'en passe) montrent que les acteurs sont plus occupés à tenter de laisser une trace brillante dans le firmament de la capitale qu'à la gérer. La nomination politique de Rudi Vervoort à la tête de la Région, dont les réactions ont montré qu'il soutenait lui-aussi la politique du "zéro critique" envers sa région bordélique (je pèse mes mots), le soutien inadmissible de Rudy Demotte à Fadila Laanan, qui a dit au Parlement de la Communauté française qu'une ministre avait le droit de twitter ce qui lui plaisait (ah bon ? Et la responsabilité ministérielle ?), achèvent de me convaincre qu'une nomenklatura socialiste s'est installée et que ce parti a besoin d'une sérieuse cure d'opposition.

Or, en 2014, si j'examine les votes possibles pour un Bruxellois qui permettraient de changer de majorité, je constate que si je vote écolo ou CDH, je vote pour une coallition avec le PS. Si je vote pour Els Ampe ou un(e) autre néerlandophone, je vote hors du cercle majoritaire. Le FDF ne m'assure pas non plus d'une rupture de l'autorité socialiste. Je n'aurai donc qu'un seul choix pour tenter d'envoyer ce parti autocrate et obtus dans l'opposition, voter Didier Reynders. Et ceux qui me connaissent savent à quel point cette perspective me frustre. Mais il y a des limites qu'il ne fallait pas dépasser, et avec cette interview de Fadila Laanan sur RTL-TVI, elles le furent toutes. 

Là-dessus, je vais continuer à travailler à mon projet multiculturel, qui finira sur le bureau de la ministre. On verra alors si l'opinion est encore libre dans ce pays ou si les acteurs de culture ont intérêt à penser comme elle et à la soutenir dans ses excès qui, en France, lui aurait valu un tollé. Tollé que j'attends toujours en Belgique. Mais il faut dire que la presse n'a pas intérêt à trop en faire. Elle est aussi sous sa responsabilité.

Sous la vidéo de "L'invité" avec Pascal Vrebos, je vous invite à découvrir comment on traite les piétons dans cette ville qui, parfois, ressemble plus à un foutoir qu'à une capitale.

Pour le plaisir, donc : Uccle installe un Slalom géant pour piétons (et envoie les poussettes et les moins valides sur la rue. Vive le sport ! 

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lundi, 10 juin 2013

Flemish Somers (Été flamand)

Fascist ! Extremist ! Franskiljon ! Voilà les commentaires qu'Olivier Maingain aurait probablement entendus s'il avait évoqué la fin de la parité linguistique au gouvernement bruxellois. Rien de tel envers Gwendolyn Rutten ou Bart Somers qui ont, eux, proposé de supprimer la parité linguistique au gouvernement fédéral, le second y ajoutant la suppression de la "sonnette d'alarme" qui permet à une communauté de bloquer une Loi votée unilatéralement par l'autre. Comme les partis Flamands ont la majorité au parlement, cette procédure de dernière minute — qui a permis de bloquer la Loi BHV unilatéralement concoctée par Herman Van Rompuy et qui aurait potentiellement sonné (sic) la fin du pays si elle était passée — protège plutôt les Francophones. Côté flamingant, on considère cette légère surreprésentation francophone comme antidémocratique (c'est d'ailleurs l'argument utilisé par Bart Somers). Dans ce cas, celle de Bruxelles le serait cinq ou dix fois plus, où 5 à 12 % de la population, selon les estimations très vagues des uns et des autres, disposent de la moitié des postes ministériels. Mais quelle mouche a piqué les libéraux flamands ?

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vendredi, 07 juin 2013

Clément Méric : un proche de Serge Ayoub annonce d'autres morts antifascistes. (MàJ)

Sur sa page Facebook, le national-solidariste flamand, Kris Roman, réagit à l'annonce du décès de Clément Méric en ces termes : «'Un militant de gauche décède après une bagarre à Paris' Les petits antifascistes pervertissent à nouveau la réalité. Je ressens la frustration du citoyen normal devant l'antifa. À juste titre. Si les antifas continuent à harceler les gens, d'autres mommies de "gauche" suivront…» Autrement dit, « on va en tuer d'autres ». Et ça, c'est sans parler de l'absence totale de regrets pour le décès de Clément Méric. 

Capture d’écran 2013-06-07 à 18.44.07.png

Kris Roman (à gauche) est un ex-membre de la N-SA (Alternative néo-solidariste), groupe néo-nazi flamand qui a notamment assisté à un concert prônant la haine des juifs, avec saluts nazis et tout le toutim. Mais ce qui est plus intéressant ici, c'est que Roman a intégré le mouvement belge Nation cette année. Or, Nation est l'antenne belge (francophone) de la Troisième Voie de Serge Ayoub. Il était l'un des quatre orateurs lors d'une conférence de presse de Nation en mars 2012 annonçant une manifestation à Bruxelles le 11 du même mois, comme je le révélais dans cet article. Serge Ayoub et Kris Roman étaient aussi deux des personnalités les plus en vue à la manifestation nationale-solidariste du premier mai, cette année à Bruxelles. La photo montre l'un filmant l'autre. Ils se sont encore retrouvés, selon le Front antifasciste, à la manif nationale-solidariste du 12 mai à Paris. Ils se connaissent, c'est le même mouvement, la même idéologie, la même pensée. Au point que Kris Roman ait osé, sur son Facebook belge, ce que Serge Ayoub ne peut pas se permettre de dire à la télévision française ? À vous de juger…

MàJ : ce matin, sur son site, Nation se plaignait d'avoir été agressée par une trentaine de militants antifascistes, menaçant d'un "drame" potentiel si ce genre d'attaque se reproduisait. Cette menace est à prendre très au sérieux. Le mouvement antifasciste doit impérativement réfréner ses ardeurs, refuser toute vengeance, ne pas s'approcher de skins ou membres de ces mouvements d'extrême droite, ne pas les insulter ni les provoquer, laisser la société, la justice, la presse travailler. Nous n'avons pas besoin d'autres drames, Troisième Voie a montré son visage hideux, à nous de développer pacifiquement l'information. c'est par celle-ci que nous pouvons lutter contre le néo-solidarisme, une variante du nazisme, la violence ne peut qu'agraver les choses.

Lire aussi le blog du Front Antifasciste belge (en néerlandais).

 

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samedi, 01 juin 2013

Belgium-"bashing" : Laanan dérape.

laanan.jpgMais qu’est-ce qu’il lui a pris hier soir à Fadila Laanan ? Les faits : Jean Quatremer twitte : «Une ‘dame’ belge me traite de ‘sale con’ dans un restau et veut me renvoyer à ‘Boulogne’… Heu, c Uccle Boulogne… #bxlpasbelleetpaspolie.»

 

Fadila Laanan, ministre de la Culture, de l'Audiovisuel, de la Santé et de l'Égalité des Chancesde la Fédération Wallonie-Bruxelles (la communauté francophone de Belgique), lui répond : «Vous allez tous nous traiter de mal poli ! (sic) Ce serait bien d’arrêter ces raccourcis, non ? Ou d’aller voir l’herbe verte ailleurs ?»

 

À un twittos qui protestait contre le «retourne dans ton pays» sous-entendu dans le twit de la ministre, celle-ci répond : « Dans la vie, quand on n’aime plus on change, non ? Cela existe en amour pourquoi pas dans sa résidence ? »

 

Quatremer : «Un journaliste fait son travail et une politique lui suggère de rentrer dans son pays. C ça la démocratie en Belgique ?»

 

Laanan insiste : «Je n’ai pas dit ça mais si vous êtes si malheureux à Bruxelles ma belle, mettez fin à votre douleur. Vous êtes un homme libre»

 

Quatremer conclut : «Donc je résume : ‘Bxl, tu l’aimes ou tu la quittes’ C’est digne de l’extrême droite. Bravo !»

 

Lora Nivesse, présidente des jeunes MR accuse alors Quatremer d’avoir sorti «le point Godwin» (qui est atteint lorsque dans une conversation qui n’a rien à voir, l’un des protagoniste fait référence à Adolf Hitler), assurant que «Bruxelles, tu l’aimes ou tu la quittes» «n’est pas ce que Fadila Laanan [lui] a dit». Ah bon ? Ma lecture, c’est que c’est exactement ce que la ministre a twitté au correspondant français… 


(Photo © Patrick Séverin. Une allusion au clip "Nounours" qui disculpe la ministre : ce n'était pas elle qui twittait !)

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mercredi, 29 mai 2013

Bruxelles, ville de merde en bord d’eau.

Capture d’écran 2013-05-29 à 16.06.12.pngD’abord, il y a la colère. Pour la quatrième fois en deux ans, ma cave, située 5m au-dessus de la vallée du Geleytsbeek (autrement dit, la chaussée de St-Job) a été inondée. Tout comme celles de la plupart des habitants du quartier. Oh, pas inondée par de l’eau qui venait de l’extérieur, non, ce serait trop chic. Ce sont une fois encore les égouts qui ont débordé. L’eau a envahi les caves, violemment, pour s’en retourner quelques minutes plus tard dans l’égout, laissant un paquet, eh oui, de merde, de boue, de crasses diverses au sol. On a envie d’arroser la commune, le bourgmestre, la majorité en place depuis des lustres (articulée autour du MR — libéraux). D’autant que depuis deux ans, les travaux — horriblement mal organisés — gênent tout. Le commerce place St-Job, la circulation des voitures sur la chaussée de St-Job, et celle des piétons un peu partout. Mais quand il s’agit de chercher des responsables, c’est le renvoi de balle tous azimuts. La commune accuse la région, qui renvoie à l’intercommunale, qui elle, renvoie à la commune ou à la région, selon l’interlocuteur. Comme le disait Jean Quatremer dans un billet qui lui a valu pas mal d’insultes, ce n’est pas le «tous coupables», c’est le «aucun responsable». Kafka appliqué à la lettre. Chacun a sa bonne excuse. Entre-temps, les faits sont là.

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vendredi, 24 mai 2013

La N-VA baisse, le Belang remonte. Je vous l'avais bien dit.

Deux sondages à paraître ce week-end confirment ce que je dis depuis déjà quelque temps (sachant qu'un sondage n'est qu'une photo très imparfaite). Le premier (LaLibre/RTBF/Dedicated) voit chuter la N-VA de… 6 points, à 32,8%. Le second (De Standaard) la voit s'amortir à 32,1%. Apparemment, le parti a fait le plein des électeurs qu'il était en mesure de séduire, et un certain nombre d'entre eux, qui attendaient beaucoup de De Wever, trop probablement (il a aussi trop promis) commencent à chercher ailleurs. Ça ne nous dit toujours pas si 2014 sera un grand soir ou un nouveau matin, mais je parie sur une victoire mitigée. Toujours premier parti de Flandre, mais moins dominateur. Quant à savoir si cela lui permettra, depuis le gouvernement flamand, de pourrir le pays, je vous renvoie, comme auparavant cette semaine, à Madame Soleil.

Le deuxième enseignement est que, comme je le dis depuis très longtemps, le Vlaams Belang n'est pas encore mort. Je n'ai jamais cru à cette histoire de N-VA qui tuait "volontairement" le Belang. On a toujours besoin d'un plus nationaliste que soi, encore faut-il qu'il ne déborde pas trop. La N-VA n'a pas je pense une moralité suffisamment blanche que pour voiloir la fin du parti fasciste par engagement démocrate. J'ai toujours pensé que le Belang avait plutôt chuté du fait de plusieurs facteurs internes dont la N-VA a tiré profit : lassitude de voter pour un parti qui n'est jamais au pouvoir, perte du fondateur "charismatique", présidence octroyée à un idéologue sans relief, dissensions internes gravissimes… ça suffit à vous laminer un parti. Mais avec 10% dans les deux sondages, de laminage il n'est pas encore question.

Pendant ce temps, Bart De Wever, très pointilleux sur l'importance de l'économie pour notre avenir, grand pourfendeur du clientélisme wallon, est parti à l'assaut d'un… grand club de foot pour Anvers. On cherche de nouveaux électeurs comme on peut, hein !

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samedi, 18 mai 2013

Bruxelles pas belle ? Touche pas à mon immobilisme !

Des Bruxellois vexés par l'article de Jean Quatremer continuent à prétendre que son papier était à charge et à lui renvoyer le cas de Paris. D'où une réponse de sa part, plus atterrante encore (dans les faits) : Bruxelles est une ville dangereuse pour les usagers les plus faibles. Point. Et mobile comme une tortue sur une planche à savon. Et ça fait des années, et ça dure, et rien ne change, et à la limite, tout le monde s'en fout, puisque c'est pire à Paris (ben non, il y a moins de cyclistes tués à Paris par million d'habitants), à Londres (ben non, les Anglais meurent près de trois fois moins sur les routes), à… euh… bon… c'est pire à Kinshasa. Mais ça suffit à cette catégorie de Belges, surtout à un certain nombre de politiciens, qui hurlent quand un journaliste — surtout français — critique la gestion de la ville, mais haussent les épaules quand on leur met le nez dans… je vais le dire comme ça… leur caca. Déni, refus de regarder la réalité en face, c'est en fait de ça que souffre notre capitale, ma ville.

Preuve en images, toujours sur le même tronçon de la Chaussée de St-Job que j'ai évoqué dans deux articles précédents. Pour rappel, des travaux rendent le trottoir le plus large inaccessible et envoient les piétons… sur la chaussée. Quant au trottoir d'en face, il est encombré et pas suffisamment large pour une simple poussette. Mais cette fois, après avoir sans succès diffusé des images sur mon blog, twitté, facebooké (ce qui représente un total d'une trentaine de milliers de lecteurs dont aucun n'a une responsabilité quelconque en matière de mobilité à Uccle, bien sûr, ma bonne dame…), j'ai décidé de faire un geste de communication.

On m'a en fait dit d'arrêter de twitter des situations abracadabrantes, il y a des points infos pour ça. Et l'on m'a conseillé de contacter Bruxelles-mobilité… Réponse à 17h30 : 
podcast. Suit le même message en français. Bon, les anglophones repasseront. Les gens qui bossent aussi (une messagerie vocale, c'est si dur à installer ?)

Là-dessus, on me dit d'utiliser le site fixmystreet. Les résultats affichés ne sont guère encourageants : 965 incidents signalés les 30 derniers jours pour 184 incidents clôturés sur la même période (mais le site est tout neuf). La vitesse est… bon : l'incident n°000801 a été signalé le 30 avril 2013. Il s'agit d'un marquage effacé. La ville est au courant. Les convoyeurs attendent. Mais au moins, il se passe quelque chose, me dis-je, et quelques incidents sont "réparés" dès le lendemain. Je décide donc de signaler la situation sur la Chée de St-Job. Le site m'arrête immédiatement : bon sang, ne savez-vous pas qu'Uccle ne participe pas à FixMyStreet ? Sur le bordel institutionnel bruxellois, Quatremer a mille fois raison !

OK. J'appelle l'administration d'Uccle, qui ne répond plus. Ni répondeur, ni messagerie vocale disponible. Reste le 101 (les urgences). On décroche en néerlandais, je réponds en français, on me passe un agent qui parle français avec un fort accent. Il me demande où se situe le problème, je lui réponds "au carrefour de la Chée de St-Job et de la rue Basse". Il me demande "Comment vous écrivez "basse" ? J'épèle. Il n'a pas compris. Je lui donne l'information en néerlandais : "Diepestraat". "Ah ja !" me répond-t-il. Toujours très aimable et prêt à aider, je le précise. Je lui décris le problème, il est 100% d'accord avec moi : ce n'est pas admissible. Il m'assure qu'il va contacter immédiatement la police d'Uccle. 

Je pars du principe qu'un citoyen n'a pas à réitérer cinquante fois le signalement d'un incident, c'est à l'administration de s'assurer de la bonne gestion de la communication intérieure. Le lendemain, à la mi-journée, je repasse au même endroit et la situation n'a absolument pas été réglée : elle a au contraire empiré : 

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Cette fois, un camion s'est ajouté au schmilblick. Les voitures n'ont plus qu'une bande… pour les DEUX sens de roulage, à côté du trottoir le plus étroit qu'on puisse imaginer. 

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Les gestionnaires de travaux ont eu la bonne idée de placer les interdictions de stationner sur ce trottoir. Les haies y prennent déjà une certaine place, ce qui fait qu'il est impossible de marcher à deux de front. Bien sûr, ce n'est pas la faute de la société qui travaille, c'est la faute à je m'en suis foutu comme de l'an quarante depuis… l'an quarante.

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L'espace laissé ici au piéton est d'environ 40 cm.

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Les habitants eux, doivent traverser à leurs risques et périls, 200m séparent les deux passages cloutés.

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Ici, les branches ne permettent pas de passer sur le trottoir sans égratignures. Les voitures passent à vive allure. Avançons un peu…

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Et il vous reste 40cm (au poteau) et 20 (à la barrière abandonnée). Quelques mètres plus loin…

 

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…je compte environ 30 cm. Les serial deniers me diront que bof, c'est pas grave. Alors, OK, je suppose que c'est plus parlant comme ça : 

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Ah, là, c'est déjà plus comique, évidemment. Ah ! le souffle du bus qui passe ! Quel sentiment de sécurité, ça vous donne ! Il vaut mieux ne pas avoir deux enfants à amener dans ce genre de coin.

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Ah ! Ces trottoirs ! Comme ils sont utiles pour signaler aux voitures qu'elles peuvent à nouveau rouler à 50… Sauf qu'auparavant, aucun poteau ne disait le contraire…

Enfin voilà. Bruxelles a une superbe grand-place, un sublime parc en face d'un palais royal moyen (dont la chaussée s'est effondrée suffisamment pour avaler un 4x4, et ce, quelques jours seulement après l'article de notre courageux journaliste français… J'attends toujours une photo de chaussée effondrée juste devant l'Élysée…), de nombreux espaces verts qui la rendent attrayante, des maisons charmantes coincées entre des chancres immondes datant de la Bruxellisation. Et de temps en temps, en plein centre ville, un immeuble qui pourrait faire penser à Beyrout (mais non, mais non — voir photo ci-dessous). Mais elle est gérée par trop de politiciens qui ne s'intéressent qu'à leur petit siège au conseil municipal. Bien sûr, elle a hérité d'un déni d'existence de la part du gouvernement flamand, et elle ne sera correctement financée que dans quelques années, si tout va bien. Mais avec 19 communes, leurs représentants, leurs bourgmestres, un parlement, un gouvernement régional, tout ce que je viens de montrer n'est pas digne d'une capitale européenne, et encore moins de celle qui héberge le siège de l'OTAN, de la Commission, du Conseil et, partiellement, du Parlement européens. Je ne vis pas à Paris, je vis à Bruxelles. Ne pas accepter que la situation n'est pas seulement anormale, mais alarmante, ce n'est plus du déni de la réalité exprimée par Libé, c'est carrément le déni de la responsabilité politique. À bon entendeur…

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